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Insee Première · Juillet 2025 · n° 2062
Insee PremièreLe compte provisoire de l’agriculture en 2024 Récoltes en berne, retombée des prix des produits et des intrants

Claire Géry, Félix Lucas (Insee)

En 2024, d’après les estimations du compte provisoire de l’agriculture, la production agricole baisse de 8,8 % : la retombée des prix s’accompagne d’une réduction en volume.

La production végétale baisse de 10,0 % en volume ; des conditions météorologiques défavorables ont particulièrement affecté la production de vin et celle des grandes cultures. Les prix reculent de 6,4 %, conduisant à une baisse exceptionnelle de 15,7 % en valeur. La production animale fléchit de 0,9 % en valeur. Après une forte élévation les années précédentes, les prix sont désormais en recul (–1,7 %), et ne permettent pas de bénéficier du très léger rebond des volumes (+0,7 %).

Les consommations intermédiaires baissent de 4,7 % en valeur. La diminution désormais sensible de leur prix permet leur reprise en volume. Comme l’année précédente, la valeur ajoutée de la branche agricole serait en diminution : la production se replie alors que les consommations intermédiaires s’élèvent. Au total, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels diminuerait de 13,0 % après une baisse de 9,9 % en 2023. Elle avait progressé de 8,7 % en 2021, puis de 15,3 % en 2022.

Avertissement : Le compte de l’agriculture présenté ici décrit les performances de l’agriculture en tant qu’activité économique sur le territoire national. Il ne constitue pas une mesure du revenu disponible des ménages dont la personne de référence est agriculteur [Apers et al., 2024]  (encadré 1).

La production diminue en valeur, avec une baisse marquée pour les produits végétaux

En 2024, la production de la hors baisse de 8,8 % en valeur (figure 1). Elle avait déjà diminué de 0,1 % en 2023, mettant fin à la forte augmentation des deux années précédentes, durant lesquelles les prix s’étaient fortement appréciés dans un contexte de sortie de crise sanitaire puis du déclenchement de la guerre en Ukraine. Les prix marquent un nouveau recul de 3,8 %, proche de celui de l’année précédente (-3,7 %). En 2024, s’y ajoute une baisse des volumes de 5,2 %, alors qu’ils avaient progressé de 3,7 % en 2023. Cette évolution est pour l’essentiel le fait de la production végétale, dont la valeur baisse de 15,7 %, sous l’effet d’une diminution conjointe des volumes (-10,0 %) et des prix (-6,4 %) (figure 2figure 3, figure 4figure 5). La production animale connaît des évolutions moins marquées : elle fléchit de 0,9 % en valeur, le redressement des volumes (+0,7 %) s’accompagnant d’une diminution des prix (-1,7 %).

Figure 1 − Évolution de la production agricole hors subventions en 2023 et 2024

en %
Figure 1 − Évolution de la production agricole hors subventions en 2023 et 2024 (en %) - Lecture : En 2024, la valeur de la production agricole hors subventions recule de 8,8 % par rapport à 2023.
Production 2023/2022 2024/2023
Prix -3,7 -3,8
Volume 3,7 -5,2
Valeur -0,1 -8,8
  • Lecture : En 2024, la valeur de la production agricole hors subventions recule de 8,8 % par rapport à 2023.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Figure 1 − Évolution de la production agricole hors subventions en 2023 et 2024

  • Lecture : En 2024, la valeur de la production agricole hors subventions recule de 8,8 % par rapport à 2023.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Figure 2 − Contributions à la variation en valeur de la production hors subventions en 2023 et 2024

en point de %
Figure 2 − Contributions à la variation en valeur de la production hors subventions en 2023 et 2024 (en point de %) - Lecture : Lavaleur de la production agricole totale hors subventions recule de 8,8 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 4,5 points.
Postes 2023 2024
Ensemble (en %) -0,1 -8,8
Produits végétaux Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 0,5 0,9
Fruits 0,4 0,1
Autres plantes industrielles1, y.c. betteraves 0,1 -0,2
Oléagineux et protéagineux -1,1 -0,2
Fourrages 0,6 -1,2
Céréales -3,4 -3,5
Vin 0,2 -4,5
Produits animaux Bétail 0,8 -0,4
Volailles et œufs 0,5 -0,1
Lait et autres produits de l'élevage 0,5 0,1
Services 0,7 0,2
  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : Les produits sont classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution 2024/2023. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Lavaleur de la production agricole totale hors subventions recule de 8,8 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 4,5 points.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Figure 2 − Contributions à la variation en valeur de la production hors subventions en 2023 et 2024

  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : Les produits sont classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution 2024/2023. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Lavaleur de la production agricole totale hors subventions recule de 8,8 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 4,5 points.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Figure 3 – De la production à la valeur ajoutée

Figure 3 – De la production à la valeur ajoutée - Lecture : La production de la branche agricole hors subventions s’élève à 89,1 milliards d’euros. La valeur ajoutée brute recule de 15,0 % en 2024.
Principaux postes du compte de l’agriculture en 2024 Valeur 2024
(en milliards d'euros)
Évolution 2024/2023
(en %)
Volume Prix Valeur
Production hors subventions (a) 89,1 -5,2 -3,8 -8,6
Produits végétaux 45,4 -10,0 -6,4 -15,7
Céréales 9,7 -16,8 -11,5 -26,3
Oléagineux et protéagineux 2,9 -13,5 8,0 -6,6
Autres plantes industrielles¹ 1,9 22,2 -26,4 -10,0
Fourrages 5,8 13,6 -27,0 -17,1
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 9,7 2,7 6,9 9,8
Fruits 4,5 -0,3 2,5 2,1
Vin 10,9 -28,8 0,1 -28,7
Produits animaux 34,4 0,7 -1,7 -0,9
Bétail (bovins, porcins, ovins, caprins, équidés) 14,3 -1,7 -0,8 -2,5
Volailles et œufs 6,2 8,0 -9,0 -1,7
Lait et autres produits de l'élevage 13,9 0,0 1,0 1,0
Services² 7,5 0,1 2,3 2,4
Production des jardins familiaux 1,8 1,7 2,7 4,5
Subventions sur les produits (b) 1,1 1,3 -5,9 -4,7
Production au prix de base (c) =
(a) + (b)
90,3 -5,1 -3,8 -8,7
Consommations intermédiaires, dont : (d) 57,6 3,3 -7,7 -4,7
Achats 50,2 2,7 -5,1 -2,6
Valeur ajoutée brute (e) =
(c) - (d)
32,6 -18,3 4,1 -15,0
Subventions d'exploitation 8,5 np np 3,6
Autres impôts sur la production, dont : 1,1 np np -11,4
Impôts fonciers 1,0 np np -12,7
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs 40,0 np np -11,7
Emploi agricole³ np -0,6 np np
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif np np np -11,2
Prix du produit intérieur brut np np 2,1 np
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels np np np -13,0
  • np : non pertinent.
  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • 2. Production des entreprises de travaux agricoles, des coopératives d’utilisation de matériel agricole, services entre agriculteurs, agritourisme, etc.
  • 3. Mesuré en unités de travail annuel (équivalents temps plein de l’agriculture).
  • Lecture : La production de la branche agricole hors subventions s’élève à 89,1 milliards d’euros. La valeur ajoutée brute recule de 15,0 % en 2024.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Figure 4 − Contributions à la variation en volume de la production hors subventions en 2023 et 2024

en point de %
Figure 4 − Contributions à la variation en volume de la production hors subventions en 2023 et 2024 (en point de %) - Lecture : Le volume de la production agricole totale hors subventions recule de 5,2 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 4,5 points.
Postes 2023 2024
Ensemble (en %) 3,7 -5,2
Produits végétaux Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 0,1 0,2
Fruits 0,4 0,0
Autres plantes industrielles1, y.c. betteraves -0,1 0,5
Oléagineux et protéagineux 0,1 -0,4
Fourrages 1,7 1,0
Céréales 1,3 -2,3
Vin 0,5 -4,5
Produits animaux Bétail -0,5 -0,3
Volailles et œufs 0,1 0,5
Lait et autres produits de l'élevage -0,3 0,0
Services 0,5 0,0
  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2024/2023) est identique à celui de la figure 2. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Le volume de la production agricole totale hors subventions recule de 5,2 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 4,5 points.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Figure 4 − Contributions à la variation en volume de la production hors subventions en 2023 et 2024

  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2024/2023) est identique à celui de la figure 2. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Le volume de la production agricole totale hors subventions recule de 5,2 % en 2024. La production de vin contribue négativement à cette variation à hauteur de 4,5 points.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Figure 5 − Contributions à la variation du prix de la production hors subventions en 2023 et 2024

en point de %
Figure 5 − Contributions à la variation du prix de la production hors subventions en 2023 et 2024 (en point de %) - Lecture : Le prix de la production agricole totale hors subventions recule de 3,8 % en 2024. La production de céréales contribue négativement à cette variation à hauteur de 1,4 points.
Postes 2023 2024
Ensemble (en %) -3,7 -3,8
Produits végétaux Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 0,3 0,7
Fruits 0,1 0,1
Autres plantes industrielles1, y.c. betteraves 0,2 -0,7
Oléagineux et protéagineux -1,2 0,2
Fourrages -1,0 -2,3
Céréales -4,5 -1,4
Vin -0,3 0,0
Produits animaux Bétail 1,2 -0,1
Volailles et œufs 0,4 -0,7
Lait et autres produits de l'élevage 0,7 0,2
Services 0,2 0,2
  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2024/2023) est identique à celui de la figure 2. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Le prix de la production agricole totale hors subventions recule de 3,8 % en 2024. La production de céréales contribue négativement à cette variation à hauteur de 1,4 points.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Figure 5 − Contributions à la variation du prix de la production hors subventions en 2023 et 2024

  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Notes : L’ordre des produits (classés par ordre décroissant de leur contribution à l’évolution en valeur 2024/2023) est identique à celui de la figure 2. L’ensemble inclut la production des jardins familiaux, dont la contribution n’est pas représentée.
  • Lecture : Le prix de la production agricole totale hors subventions recule de 3,8 % en 2024. La production de céréales contribue négativement à cette variation à hauteur de 1,4 points.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Production végétale : forte baisse des volumes de vins et de céréales

En volume, la production végétale (hors subventions) baisse de 10,0 %. La production de vin est la plus touchée avec une chute de 28,8 % en volume, toutes les régions viticoles ayant subi des conditions météorologiques défavorables, depuis la floraison jusqu’aux vendanges. La baisse est de 20,4 % pour les vins d’appellation hors champagne, de 27,2 % pour les vins sans appellation, et atteint 42,4 % pour le champagne. Les vagues de chaleur et les épisodes orageux de l’été ont également pénalisé les céréales, dont les récoltes reculeraient de 16,8 %. En particulier, la production de blé tendre chute de 27,3 %, aux conséquences des conditions météorologiques venant s’ajouter une réduction de la surface cultivée (-11,6 % par rapport à 2023). Les récoltes d’oléagineux sont dans le même cas avec une baisse de 15,1 %. À l’inverse, la production de fourrages s’accroît de 13,6 %, les rendements étant en forte augmentation grâce à une pluviométrie abondante. La production de fruits reste stable (-0,3 %), du fait d’effets antagonistes. En particulier, la production d’abricots chute de 31,9 %, avec une réduction de la surface cultivée et de moindres rendements. La production de prunes diminue de 18,7 % après une année 2023 record. À l’inverse, la collecte de pommes augmente de 5,9 %, grâce à de bonnes conditions climatiques dans le sud de la France. Après les mauvaises récoltes de 2023, les productions de raisins et de poires connaîtraient de vifs rebonds (respectivement de +15,2 % et +15,1 %). La production de légumes augmente de 0,7 %, en raison principalement de meilleures récoltes de tomates (+7,0 %) et de champignons (+21,7 %) que lors de la très mauvaise campagne précédente. Les récoltes seraient en revanche en baisse pour les poireaux (-7,6 %), les courgettes (-6,8 %) et l'ail (-3,3 %). Les récoltes de pommes de terre augmentent de 8,8 %, grâce notamment à l’augmentation des surfaces cultivées pour les variétés de conservation et demi-saison (+11,3 %), pour répondre à une demande croissante suite à l’implantation de nouvelles usines de transformation dans les Hauts-de-France.

Baisse des prix, sauf pour les fruits, légumes, pommes de terre et le champagne

En 2024, les prix de la production (hors subventions) diminuent pour les produits végétaux (‑6,4 %). En 2023, le prix des céréales avait chuté de 25,8 % en France, à la suite d’une récolte mondiale à un niveau record. Il baisse encore de 11,5 % en 2024 du fait de disponibilités toujours élevées. Dans un contexte de réduction de l’offre, le prix des oléagineux se redresse (+8,5 %), après la forte baisse de l’année précédente (‑29,8 %). Le prix des fourrages diminue nettement (-27,0 %), suivant celui des engrais qui en est le déterminant essentiel. En dépit d’une production en hausse, le prix des pommes de terre s'apprécie particulièrement (+15,7 %), sous l’effet d’une forte demande. Le prix des fruits s’apprécie (+2,5%), en particulier celui des prunes (+27,8 %) et des fraises (+10,5 %), tandis que celui des pêches baisse de 6,5 %, en raison d’une consommation atone en début de saison, tout comme celui des pommes (-2,1 %). Le prix des légumes s’accroît de 3,1 %. Les plus fortes hausses concernent l’ail (+21,3 %), les concombres (+18,2 %) et les endives (+17,8 %), alors que la baisse est prononcée pour les oignons (-14,1 %), les carottes (-8,0 %) et les tomates (-2,6 %). Pour le vin, les prix sont stables (+0,1 %), la chute des volumes permet de compenser la moindre demande, intérieure comme à l’exportation. De même que l’année précédente, le prix du champagne est le seul à rester orienté à la hausse (+1,0 %), tandis que le prix des autres vins d’appellation est stable (-0,1 %) et celui des vins sans appellation en légère baisse (-0,4 %).

Production animale : reprise pour les volailles, nouveau recul du cheptel bovin

En 2024, la production animale (hors subventions) augmente légèrement en volume (+0,7 %). Ceci tient à une forte hausse de la production de volailles (+12,9 %), après une année 2023 encore marquée au premier trimestre par l’épizootie aviaire. L’augmentation est plus marquée pour les canards et les poulets. La production d’œufs est en hausse modérée (+1,8 %). Après avoir diminué en France depuis une vingtaine d’années, la production de porcs se redresse légèrement (+1,6 %). À l’inverse, la production continue de baisser pour les gros bovins (-3,0 %), les veaux (-2,6 %) et plus encore pour les ovins-caprins (-4,7 %), frappés à partir de l’été par la fièvre ovine.

En 2024, les prix de la production (hors subventions) baissent de 1,7 % pour l'ensemble des produits animaux. La remontée de la production de volailles s’accompagne d’une baisse des prix (-9,9 %). Le prix des œufs diminue lui aussi (-7,7 %), après s’être apprécié de 8,2 % en 2023 et surtout de 70,1 % en 2022. De même, le prix du porc reflue de 8,6 %, après deux années de hausse (+25,2 % en 2022 et +21,8 % en 2023). Pour le reste du bétail, l’érosion du cheptel conduit en revanche à de nouvelles hausses de prix.

Consommations intermédiaires : baisse des prix et remontée des volumes

En 2024, les de la branche agricole diminuent de 4,7 % en valeur. Ceci tient à la baisse des prix (-7,7 %), qui permet une remontée des volumes (+3,3 %). Cette évolution amplifie celle de l’année précédente, où la stabilisation des prix (+0,9 %) avait rendu possible un redressement des volumes (+4,6 %). La rupture est opérée avec l’année 2022, où la très forte élévation des prix (+20,0 %) avait conduit à une baisse inédite des consommations intermédiaires en volume (-4,2 %).

Premier poste de dépense, les achats d’aliments pour animaux diminuent de 11,7 % en valeur. Les prix des aliments achetés en dehors de la branche agricole reculent de 9,3 %, conséquence de la baisse du prix des céréales. Le prix des aliments intraconsommés se réduit fortement (-22,3 %), sous l'effet de l’abondante production de fourrage et de la baisse du prix des engrais. En volume, la consommation d’aliments pour animaux progresse de 4,5 %, pour les aliments intraconsommés (+6,5 %), comme pour ceux achetés à l’extérieur de la branche (+2,7 %).

Les prix des engrais et amendements diminuent de 30,9 %. Ils s’étaient appréciés de 22,0 % en 2023, et surtout de 82,1 % en 2022 avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. En volume, à l'inverse, le recours aux engrais augmente de 11,0 %, après être remonté de 3,9 % en 2023. Il avait chuté de 23,3 % en 2022.

Le prix de l’énergie diminue de nouveau (-2,7 %, après -4,7 % en 2023). Cette baisse résulte de celle du gazole non routier utilisé pour les engins agricoles (- 11,2 % en 2024, après - 9,9 % en 2023) et de celle des autres carburants, tandis que l’électricité et le gaz sont de nouveau renchéris.

La valeur ajoutée au coût des facteurs reculerait à nouveau

En 2024, la de la branche agricole baisserait de 15,0 %. Ceci tient à une réduction de 8,7 % de la – c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits et déduction faite des impôts sur les produits – que la diminution des consommations intermédiaires ne permettrait pas de compenser. En 2023, la valeur ajoutée brute avait déjà diminué de 8,1 %. Ceci contraste avec les deux années précédentes, où elle avait fortement progressé (+9,0 % en 2021 et +26,3 % en 2022).

En 2024, les atteindraient 8,5 milliards d’euros. Leur montant augmenterait d’environ 300 millions d’euros par rapport à 2023, en raison notamment de la hausse des aides et indemnités liées aux intempéries.

En prenant en compte les subventions d’exploitation et les impôts à la production, la diminuerait de 11,7 % en 2024, prolongeant la baisse de 2023 (-7,8 %). L’emploi agricole continuant tendanciellement de décroître, la baisserait un peu moins (-11,2 % après ‑5,4 %). En par rapport aux prix de l'ensemble des biens et services produits en France, elle baisserait de 13,0 % en 2024, après avoir diminué de 9,9 % en 2023. Elle reviendrait ainsi près du niveau moyen observé sur la décennie 2010-2020, après avoir augmenté de 8,7 % en 2021, et de 15,3 % en 2022

Encadré 1– Rappel sur le compte 2024

Les données présentées ici concernent le compte 2024 provisoire de l’agriculture. Ces données seront mises à jour en juillet 2026 (version semi-définitive). Elles seront publiées simultanément avec les comptes 2023 définitif et 2025 provisoire. Ce compte provisoire de l’agriculture actualise le compte prévisionnel publié en décembre 2024. Une actualisation importante porte sur la disposition de plus nombreux résultats effectifs de collecte mensuelle au lieu d'hypothèses, pour les productions végétales qui sont valorisées sur des campagnes agricoles (de juillet de l’année n à juin de l'année n+1 pour les productions de l'année n).

Encadré 2 – Des prix agricoles peu dynamiques sur longue période, et très volatiles depuis quatre ans

Sur longue période, les prix des produits et services agricoles (au prix de base) se sont moins renchéris que ceux de l'ensemble des biens et services produits en France [Gery et al., 2025]. Entre les années 1980-1984 et 2020-2024, les prix agricoles se sont appréciés de 61,6 %, quand le prix du PIB a plus que doublé (+112,1 % (figure). L’appréciation est de 54,1 % pour les produits végétaux et de 70,4 % pour les produits animaux. En revanche, le prix des services agricoles s’est accru de 132,2 %. Alors que le prix du PIB et celui des services agricoles se sont élevés de façon continue, ceux des produits animaux et végétaux sont restés assez stables entre 1980 et 2010 avant d'amorcer un rattrapage. Depuis 2021, les prix agricoles connaissent une forte volatilité. Ils ont augmenté de 7,2 % en 2021, dans un contexte mondial marqué par la crise sanitaire puis la sortie de celle-ci. Leur hausse a atteint 17,8 % en 2022, sous les effets conjugués de la sortie de crise, de conditions climatiques pénalisantes et de la guerre en Ukraine. Une retombée s’opère désormais : les prix agricoles ont baissé de 3,7 % en 2023 et de 3,8 % en 2024.

Figure – Évolution des prix de base de la production agricole de 1980 à 2024, au prix de base

indice base 100 en 1980
Figure – Évolution des prix de base de la production agricole de 1980 à 2024, au prix de base (indice base 100 en 1980) - Lecture : L’indice du prix des produits agricoles, qui était de 100 en 1980, se situe à 199,1 en 2024.
Année Ensemble production agricole Produits végétaux Produits animaux Services agricoles Ensemble du PIB
Moyenne 1980-1984 120,5 118,8 122,5 122,3 123,1
Moyenne 2020-2024 194,8 183,1 208,7 283,9 261,1
Évolution entre 1980-1984 et 2020-2024 (en %) 61,6 54,1 70,4 132,1 112,1
1980 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
1981 112,0 112,0 111,8 112,2 112,0
1982 123,2 121,4 125,8 125,0 124,6
1983 133,2 131,6 134,7 136,8 134,8
1984 134,2 129,1 140,0 137,4 144,1
1985 137,8 132,2 143,9 140,0 151,3
1986 137,8 133,2 143,1 140,3 153,4
1987 132,4 124,1 142,6 136,4 155,2
1988 132,8 122,9 145,4 137,4 159,2
1989 145,2 136,7 156,2 148,7 165,4
1990 145,7 140,0 151,5 156,0 168,3
1991 143,4 138,6 147,1 161,3 171,7
1992 135,9 125,2 148,5 165,7 173,6
1993 134,9 125,0 145,9 169,0 175,1
1994 139,6 132,9 146,2 170,6 176,3
1995 142,4 139,1 143,9 174,2 178,7
1996 141,0 137,3 142,7 177,6 179,9
1997 141,7 136,7 145,6 179,5 181,4
1998 140,7 136,5 142,5 181,1 181,6
1999 135,0 130,1 137,4 184,9 182,3
2000 138,5 130,5 145,6 189,1 187,4
2001 145,5 139,5 149,7 193,1 191,0
2002 142,0 133,8 148,9 198,0 193,5
2003 151,4 150,2 149,1 202,4 195,9
2004 140,3 130,5 151,3 206,0 199,0
2005 142,5 133,2 152,8 209,9 203,7
2006 139,3 130,5 146,3 215,8 208,5
2007 151,1 148,3 149,6 222,7 213,3
2008 152,4 141,9 163,3 228,5 219,4
2009 140,5 130,1 149,0 234,1 218,8
2010 153,0 149,8 150,6 238,4 222,9
2011 160,5 156,0 161,7 241,7 227,2
2012 170,7 167,2 170,3 247,7 230,5
2013 167,3 158,1 175,6 253,7 231,0
2014 159,5 145,7 174,8 256,4 230,7
2015 160,6 153,1 164,6 259,7 230,4
2016 159,9 155,3 158,7 261,8 230,0
2017 161,5 151,0 170,3 263,8 232,2
2018 168,4 163,1 168,4 267,4 235,3
2019 168,8 159,8 174,4 271,0 237,6
2020 170,2 163,0 172,7 271,0 241,2
2021 182,4 179,6 179,4 277,6 248,5
2022 215,0 209,9 221,5 282,4 268,3
2023 207,0 187,6 237,0 291,0 273,4
2024 199,1 175,4 233,0 297,7 274,1
  • Lecture : L’indice du prix des produits agricoles, qui était de 100 en 1980, se situe à 199,1 en 2024.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.

Figure – Évolution des prix de base de la production agricole de 1980 à 2024, au prix de base

  • Lecture : L’indice du prix des produits agricoles, qui était de 100 en 1980, se situe à 199,1 en 2024.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté en juin 2025.
Publication rédigée par :Claire Géry, Félix Lucas (Insee)

Sources

Le compte français de l’agriculture est établi selon la méthode et les concepts du Système européen des comptes (SEC). Le compte prévisionnel 2024 repose sur les informations disponibles en novembre 2024.

Définitions

La branche agricole est le regroupement de toutes les unités d’activité économique qui exercent les activités suivantes : culture de végétaux (y compris maraîchage et horticulture), élevage d’animaux, activités de travaux agricoles à façon, chasse et activités annexes.

Les subventions à l’agriculture comprennent les subventions sur les produits (aides associées à certains types de production) et les subventions d’exploitation versées dans le cadre de la PAC ou au niveau national.

Les consommations intermédiaires correspondent aux biens et services qui entrent dans le processus de production.

La valeur ajoutée brute est égale à la production valorisée au prix de base diminuée des consommations intermédiaires.

La production au prix de base est égale à la production valorisée au prix auquel vend le producteur, augmentée des subventions sur les produits qu’il perçoit et diminuée des impôts spécifiques sur les produits qu’il reverse.

La valeur ajoutée brute au coût des facteurs est obtenue en ajoutant à la valeur ajoutée brute les subventions d'exploitation et en déduisant les impôts à la production. Son évolution peut être rapportée à celle du nombre d’unités de travail annuel total (ou équivalents temps plein) : on obtient ainsi l’évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif.

Les indicateurs de résultats sont présentés en termes réels : les évolutions à prix courants sont déflatées par l’indice de prix du produit intérieur brut (PIB), qui couvre l’ensemble du champ de l’économie. Ainsi, l’évolution d’un prix ou d’un résultat calculée en termes réels est positive si elle est supérieure à l’évolution générale des prix.

Un actif est un salarié ou non salarié qui contribue à la production de la branche agricole.

Pour en savoir plus

Géry C., Hecquet V., Lucas F., Moutaabbid A., « L’agriculture en 2024 − Les comptes nationaux provisoire de l’agriculture en 2024 », Documents de travail no 2025-15, Insee, juillet 2025.

Géry C., Hecquet V., Lucas F., « Le compte de l’agriculture depuis 1980 : recul de l’élevage, recours accru au capital et aux services agricoles », Insee Première no 2057, Insee, juin 2025.

Eurostat, Ouvrir dans un nouvel onglet "Performance of the agricultural sector" , mai 2025.

Apers É., Paquier F., Robert-Bobée I., Marcus V., « Combien gagne un agriculteur ? », le blog de l’Insee, décembre 2024.

Géry C., Hecquet V., Lucas F., « Le compte prévisionnel de l'agriculture en 2024 − Mauvaises récoltes et retombée des prix », Insee Première no 2029, Insee, décembre 2024.

Géry C., Hecquet V., Lucas F., « L’agriculture en 2024 − Les comptes nationaux prévisionnels de l’agriculture en 2024 », Insee, Documents de travail no 2024-26, décembre 2024.