Insee Analyses Corse · Avril 2025 · n° 56

En Corse, de plus en plus d’habitants et de moins en moins de naissances Bilan démographique 2024

Au 1^er janvier 2025, 360 200 personnes résident en Corse (sources). En France, la population atteint 68,6 millions d’habitants dont 2,3 millions dans les cinq départements d’outre-mer. La région représente ainsi 0,5 % de la population française (figure 1).

Entre 2015 et 2025, l’île gagne 32 900 habitants. La population régionale croît de +1,0 % par an, un rythme trois fois plus rapide que celui du niveau national (+0,3 %). Cette dynamique repose exclusivement sur un solde migratoire excédentaire. Ce solde s’établit à +3 900 personnes par an sur la période.

La Corse est la région métropolitaine ayant la plus forte croissance démographique, devant l’Occitanie (+0,7 % par an). À l’inverse, certaines régions, comme la Bourgogne-Franche-Comté et les Hauts-de-France sont en déclin démographique (-0,1 % par an).

Ces dix dernières années, la croissance de population ralentit sur l’île. Entre 2005 et 2015, elle était de +1,2 % par an. Pour cause, la hausse de l’apport migratoire ralentit pendant que le déficit des naissances par rapport au nombre de décès prend de l’ampleur.

Depuis 2013, le solde naturel de la région est négatif. En 2024, il est de -1 100 personnes (-500 en Corse-du-Sud et -600 en Haute-Corse), soit le plus bas niveau enregistré ces cinquante dernières années. Ce déclin résulte à la fois d’une baisse de 18 % des naissances et d’une augmentation de 15 % des décès entre 2013 et 2024 (figure 2).

Ce phénomène, apparu initialement en Corse il y a dix ans, s’étend désormais à la majorité des régions françaises. Dans l’Hexagone, l’Île-de-France, les Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes sont les seules régions où le nombre de naissances demeure supérieur à celui des décès. Ces territoires ont une population jeune et nombreuse qui permet à la France de maintenir un solde naturel global à l’équilibre.

En 2024, 2 400 bébés sont nés en Corse, 1 300 en Haute-Corse et 1 100 en Corse-du-Sud. Ce nombre de naissances est le plus bas enregistré depuis 1976. Or, à cette époque, l’île comptait un tiers d’habitants de moins qu’aujourd’hui.

Si depuis 2011, le nombre de naissances ne cesse de diminuer dans la région (-1,3 % par an), l’année 2024 est marquée par une chute de la natalité de 4,0 %. Ce recul est deux fois plus élevé qu’au niveau national (-2,2 % par rapport à 2023).

La baisse de la natalité concerne toutes les régions. L’évolution des mentalités et l’allongement des études supérieures influent sur les désirs de parentalité.

La crise sanitaire ou les incertitudes économiques incitent aussi de nombreux couples à différer leurs projets familiaux.

Le nombre de naissances dépend, d’une part, du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants et, d’autre part, de leur taux de fécondité. Depuis 2011, la population féminine corse âgée de 20 à 40 ans est en hausse (+4,4 %). La baisse des naissances s’explique donc uniquement par le recul de la fécondité.

En 2024, en Corse, la fécondité se situe à son plus bas niveau depuis 1975. L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) s’établit à 1,19 enfant par femme. Ce niveau, ne permet pas d’assurer le remplacement des générations que ce soit en Haute-Corse (1,26) ou en Corse-du-Sud (1,13). La Corse, à l’image des autres pays du bassin méditerranéen, s’inscrit ainsi dans une tendance de faible natalité. En effet, Malte affiche le taux de fécondité le plus bas de l’Union européenne (1,08 enfant par femme en 2022), suivie de l’Espagne (1,16) et de l’Italie (1,24). En Sardaigne, île voisine de la Corse, la fécondité est encore plus faible avec à peine un enfant par femme.

Depuis 1996, la fécondité en Corse est la plus faible de France, avec une différence marquée par rapport à la moyenne nationale qui s’élève à 1,62 enfant par femme en 2024. En métropole, elle varie de 1,45 en Nouvelle-Aquitaine à 1,70 en Île-de-France.

Seuls trois départements d’outre-mer maintiennent une fécondité suffisante pour assurer le renouvellement des générations dont le seuil est fixé à 2,05 enfants. En 2024, les femmes de Mayotte ont en moyenne 3,58 enfants, celles de Guyane 3,05, et celles de La Réunion 2,12.

Malgré quelques sursauts, la baisse de la fécondité en Corse s’inscrit dans une tendance de long terme. En 1994, la fécondité insulaire était de 1,58 enfant par femme, soit 0,1 point en dessous de la moyenne nationale. Entre 1994 et 2010, elle stagnait en Corse tandis qu’elle progressait en France pour dépasser 2 enfants par femme, creusant ainsi l’écart à 0,4 point. Depuis, les deux courbes suivent la même tendance baissière (figure 3).

De plus, les femmes de la région deviennent mères de plus en plus tard. En 2024, l’âge moyen à l’accouchement est de 31 ans et 2 mois, contre 29 ans et demi en 2010. Cette évolution s’explique par une forte baisse de la fécondité chez les plus jeunes. Entre 1994 et 2024, le taux de fécondité des 15-24 ans est divisé par trois, tandis qu’il recule d’un quart chez les 25-34 ans, tranche d’âge où les naissances sont les plus nombreuses.

À l’inverse, la fécondité des 35-49 ans progresse nettement, traduisant un report des naissances vers des âges plus avancés.

En 2024, 3 500 habitants de la région sont décédés. Sur le long terme, le nombre de décès suit une tendance à la hausse. Cette augmentation s’explique par deux phénomènes. D’une part, l’effet structurel de vieillissement de la population. Les générations du baby-boom arrivent à des âges de plus forte mortalité. La part des personnes de 65 ans ou plus sur l’ensemble de la population corse passe de 20 % à 25 % en 20 ans. D’autre part, l’effet démographique. L’augmentation de la population insulaire fait mécaniquement augmenter le nombre de décès sur l’île (figure 4).

En 2024, le nombre de décès baisse néanmoins pour la deuxième année consécutive (-1,8 %) suite au pic lié à la crise sanitaire. Cette diminution s’explique par un retour au rythme saisonnier habituel des épidémies de grippe et des épisodes moins marqués de fortes chaleurs estivales. Aussi, leurs effets n’ont pas entraîné de hausse significative de la mortalité.

En 2024, l’espérance de vie à la naissance des résidents corses est de 85 ans et 7 mois pour les femmes et de 81 ans et 6 mois pour les hommes. Elle reste supérieure à la moyenne nationale de 2 mois pour les femmes, et de 1 an et demi pour les hommes (figure 5).

Après un recul lié à la crise sanitaire, l’espérance de vie se stabilise à un niveau élevé sur l’île.

La Corse est la région où l’espérance de vie à la naissance chez les hommes est la plus élevée après l’Île-de-France et elle se situe au 5^e rang des régions pour les femmes. L’espérance de vie est plus élevée notamment dans les régions méditerranéennes. Ce phénomène peut s’expliquer par un régime alimentaire plus sain (riche en fruits, légumes et graisses bénéfiques), un mode de vie actif en extérieur et des liens sociaux forts qui réduisent le stress et l’isolement. Le climat favorable contribue aussi à une meilleure santé.

Au cours des 25 dernières années, l’espérance de vie en Corse progresse au même rythme qu’en France. Cette hausse s’explique principalement par les avancées médicales et l’allongement de la vie chez les seniors. Cette tendance a été ponctuellement freinée par les crises sanitaires et climatiques : canicules, épidémies de grippe, et la pandémie de Covid en 2020. Cependant, l’espérance de vie à la naissance progresse de 6 ans pour les hommes et de 3 ans pour les femmes. Elle augmente moins vite chez les femmes en raison d’un effet plafond. De plus, les modes de vie des femmes et des hommes se rapprochent, qu’il s’agisse des durées de travail ou des types d’activité professionnelle, de consommation de tabac ou d’alcool notamment.

En 2024, 1 200 mariages sont célébrés en Corse, un niveau proche de 2019. Après une forte baisse en 2020 due aux restrictions sanitaires pesant sur leur organisation, le nombre de mariages connaît un rebond en 2021 et en 2022, avant de se stabiliser à partir de 2023 (figure 6).

Depuis l’an 2000, le nombre de mariages est en hausse dans l’île en lien avec la croissance de la population. En revanche sur la période, le taux de nuptialité diminue régulièrement pour s'établir à 3,4 mariages pour 1 000 habitants en 2024, un niveau inférieur à celui de la France métropolitaine (3,6 mariages). Cette tendance baissière pourrait être attribuée en partie à l'évolution démographique de la région caractérisée par un vieillissement de la population.