Insee Flash Occitanie · Mars 2025 · n° 142

Les femmes ont des métiers moins rémunérateurs mais aussi des salaires inférieurs pour un même métier

En Occitanie comme en France, les femmes sont moins bien rémunérées que les hommes pour leurs activités salariées dans le secteur privé. Ainsi, en France en 2022, le revenu salarial annuel des femmes est de 19 980 € nets contre 26 110 € pour les hommes pour les salariés exerçant leur emploi principal dans le secteur privé, soit un écart de 23,5 % [Godet F., 2024 ; pour en savoir plus (2)].

Les femmes ont davantage de périodes sans emploi que les hommes et lorsqu’elles ont un emploi, elles l’occupent plus souvent à temps partiel, situations pouvant aussi bien relever d’un choix qu’être subies. Leur volume de travail annuel moyen est inférieur de 10,1 % à celui des hommes.

En Occitanie, à temps de travail équivalent, l’écart de salaire est encore de 14,0 % en défaveur des femmes, proche de l’écart national. Le salaire des femmes en équivalent temps plein (EQTP) est inférieur de 350 € par mois à celui des hommes. La profession est très déterminante pour le salaire : ce dernier varie fortement d’un métier à l’autre et pour le même métier, celui des femmes n’est pas le même que celui des hommes.

En 2022 en Occitanie, les 87 familles professionnelles (FAP) offrent des rémunérations par EQTP allant du simple au triple. Les aides à domicile et les aides ménagères gagnent par exemple 1 550 € par mois en moyenne alors que le salaire moyen des médecins salariés dépasse 4 850 €. Les professions les moins rémunératrices sont très féminisées. Dans les 10 % des professions offrant les salaires les plus bas (moins de 1 650 euros mensuels), six emplois en EQTP sur dix sont occupés par des femmes. Au contraire, dans les 10 % des professions offrant les salaires les plus élevés (au moins 3 500 euros mensuels), quatre emplois en EQTP sur dix le sont par des femmes (figure 1).

Les professions faiblement rémunérées concentrent ainsi une part importante des femmes salariées de la région : 25 % des emplois en EQTP des femmes sont exercés dans une profession dont le salaire mensuel moyen est inférieur à 1 732 €. Elles sont agents d’entretien, caissières, aides à domicile, employées dans l’hôtellerie ou la restauration, coiffeuses, esthéticiennes. Seuls 18 % des emplois en EQTP des hommes sont exercés dans une profession du même niveau de rémunération. Ces derniers sont alors plus rarement aides à domicile, coiffeurs ou esthéticiens mais davantage ouvriers non qualifiés. À l’inverse, les professions les mieux rémunérées, dont le salaire mensuel moyen est supérieur à 2 710 €, occupent 18 % des femmes salariées et 25 % des hommes (en EQTP). Ce sont les médecins, les dirigeants d’entreprises, les ingénieurs et les cadres techniques de l’industrie, les cadres commerciaux, les personnels d’études et de recherche.

Cette répartition des femmes et des hommes au sein des différentes professions explique 40 % des écarts de salaire, soit 140 € mensuels.

Les différences salariales entre femmes et hommes pour une même profession expliquent l’écart de salaire restant (210 € mensuels). Plusieurs facteurs peuvent y contribuer : l’ancienneté du salarié, le type d’entreprise employeuse, le niveau de responsabilité du poste occupé, la discrimination liée au sexe…

L’écart de salaire est minime pour les professions les moins rémunératrices, le salaire restant proche du salaire minimum pour les femmes comme pour les hommes. Par exemple, les caissiers sont payés 50 € de plus par mois que les caissières. Mais dans plusieurs métiers parmi les mieux rémunérés, la différence de salaire dépasse 1 000 €. Ainsi les dirigeants d’entreprises perçoivent chaque mois 1 110 € de plus que les dirigeantes.

L’écart entre le salaire en EQTP des hommes et celui des femmes est supérieur à 20 % pour les dirigeants d’entreprises, les médecins, les cadres des transports, de la logistique et les navigants de l'aviation, mais également pour les artisans et les ouvriers artisanaux (figure 2). Il atteint 36 % pour les professionnels de l’action culturelle et sportive. Dans cette famille professionnelle, les salaires des sportifs professionnels des grands clubs de football et de rugby de Toulouse, de Montpellier, de Perpignan et de Castres contribuent fortement au niveau élevé du salaire moyen des hommes.

Le salaire moyen par EQTP des femmes est inférieur à celui des hommes dans la quasi-totalité des EPCI de la région (figure 3).

Les écarts de salaire sont forts dans les grandes agglomérations comme la métropole de Toulouse ou celle, voisine, du Sicoval au sud-est de Toulouse, qui concentrent des métiers parmi les plus rémunérateurs. Certaines de ces professions, ingénieurs de l’informatique ou personnels d’études et de recherche, emploient bien plus d’hommes que de femmes (75 % d’hommes), ce qui conduit à des différences salariales plus importantes que dans les autres EPCI. De même, les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie sont nombreux dans le secteur de l’aéronautique à Toulouse et à Blagnac et les trois quarts sont des hommes.

Les écarts de salaire entre femmes et hommes sont moins marqués dans la métropole de Montpellier où ces différentes activités sont moins développées.

Dans des EPCI où le nombre d’emplois est bien plus faible, l’implantation d’une activité économique spécifique peut accentuer les différences de salaire. Il peut s’agir d’activités bien rémunérées mais très peu féminisées comme celles des techniciens et agents de maîtrise du secteur nucléaire à Golfech dans la communauté de communes des Deux Rives. Ces emplois, plus présents que dans les autres EPCI, contribuent à un salaire moyen des hommes plus élevé qu’ailleurs. Autre exemple, les postes d’ouvriers qualifiés des industries de process dans la communauté de communes du Plateau de Lannemezan sont aussi occupés principalement par des hommes (97 %). Ils travaillent notamment dans l’industrie chimique et dans la fabrication de fibre de verre, qui emploient un nombre important de salariés.

Dans certains territoires, l’activité économique locale offre des métiers peu rémunérateurs essentiellement occupés par des femmes comme les ouvrières non qualifiées de la mécanique particulièrement présentes dans la communauté de communes Thoré – Montagne noire. Dans la communauté de communes de la Haute Ariège, les activités peu rémunératrices dédiées à l’accueil des touristes sont très développées et très féminisées. Ces spécificités contribuent à un salaire moyen plus faible des femmes et donc à un écart de salaire plus marqué sur le territoire.

Dans d’autres EPCI, les forts écarts de salaire s’expliquent par des différences salariales entre femmes et hommes au sein d’une même profession, qui pourraient résulter de discrimination liée au sexe mais aussi de différence d’ancienneté du salarié, de type d’entreprise employeuse, de niveau de responsabilité du poste occupé.

Dans la communauté de communes du Gard rhodanien, les personnels d’études et de recherche sont en proportion bien plus nombreux qu’ailleurs dans la région. Leurs emplois, bien rémunérés, le sont davantage pour les hommes que pour les femmes. Une part importante de ces chercheurs sont employés par le Commissariat à l’énergie atomique et d’autres sociétés spécialisées dans le domaine de l’énergie nucléaire. Les écarts de salaire sont encore plus élevés dans les industries de process et la maintenance, secteurs également très développés autour du site nucléaire de Chusclan.

Dans la communauté de communes de Petite Camargue, la part des salariés occupant un emploi de cadre est supérieure à la moyenne régionale : deux fois plus élevée pour les femmes et une fois et demie pour les hommes. La majorité travaillent à Aimargues. Les inégalités salariales entre femmes et hommes cadres sont deux fois plus marquées dans cet EPCI qu’ailleurs. Les salaires des cadres sont plus élevés qu’en moyenne dans la région et davantage encore pour les hommes que pour les femmes.