Insee Analyses Hauts-de-France · Janvier 2025 · n° 184

En 2021, 400 000 enfants mineurs vivent avec un seul de leurs parents

En 2021, 1 345 700 enfants mineurs vivent au sein de 741 600 familles dans les Hauts-de-France (encadré 1). Sur 100 de ces enfants, 66 vivent dans une famille « traditionnelle » avec leurs deux parents, 21 dans une famille monoparentale avec un seul de leurs parents qui ne vit pas en couple et 13 dans une famille recomposée (respectivement 68, 21 et 11 en France métropolitaine). Parmi ces derniers, 8 sont issus d’une précédente union (7 au niveau national).

Dans les Hauts-de-France, 30 % des enfants mineurs vivant au sein de leur famille résident avec un seul de leurs parents (28 % au niveau national). C’est l’une des plus fortes proportions de France métropolitaine avec les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Sur les 400 000 mineurs concernés, 288 700 vivent dans une famille monoparentale et 111 300 dans une famille recomposée.

Les disparités s’avèrent importantes d’un département à l’autre de la région. L’Aisne se démarque avec la proportion d’enfants vivant avec un seul de leurs parents la plus élevée des Hauts-de-France (32 %) (figure 1), les enfants mineurs y vivent plus souvent dans une famille recomposée (15 % contre 13 % dans la région). À l’inverse, c’est dans l’Oise que cette part est la plus faible (27 %) du fait d’une plus forte présence d’enfants en famille traditionnelle (69 % contre 66 % dans la région) (données complémentaires).

Les enfants résidant avec un seul parent vivent en général avec leur mère. Dans les Hauts-de-France, 83 % d’entre eux, soit 332 300 enfants mineurs, sont dans cette situation (figure 2). Les enfants mineurs vivant avec un seul parent résident, pour près des trois quarts d’entre eux, dans une famille monoparentale.

Une partie des enfants mineurs vivant avec un seul parent sont en réalité dans une situation de garde alternée, c’est-à-dire qu’ils partagent de manière égale leur temps entre les deux domiciles de leurs parents séparés. Dans les Hauts-de-France, c’est le cas de 40 100 enfants, soit 10 % des mineurs vivant avec un seul parent. C’est l’une des plus faibles proportions de France métropolitaine, derrière la Corse (7 %) et l’Île-de-France (9 %). Dans la région, la part d’enfants en garde alternée varie de 9 % dans l’Aisne à 11 % dans l’Oise.

Avant 3 ans, 84 % des enfants mineurs vivent avec leurs deux parents (dont 76 % dans une famille « traditionnelle » et 8 % dans une famille recomposée) (figure 3). En raison des parcours de vie (séparations, décès d’un des parents…), cette proportion se réduit à 60 % chez les 15-17 ans. Les séparations suivies éventuellement de remises en couple ont pour conséquence une hausse, au fil de l’âge, du nombre d’enfants en famille monoparentale ou recomposée (enfant d’un des conjoints). Ainsi, si 14 % des enfants de moins de 3 ans vivent avec un parent isolé, cette proportion double quasiment pour les plus âgés (27 %). De même, les enfants vivant avec un seul de leurs parents dans une famille recomposée ne représentent que 2 % des moins de 3 ans mais leur part atteint près de 13 % des 15-17 ans.

Dans les familles recomposées, les enfants de moins de 6 ans sont le plus souvent issus du nouveau couple et cohabitent avec des enfants d’une précédente union (8 %). Cette part se réduit à 1 % pour les 15-17 ans puisque les enfants des précédentes unions grandissent et quittent le domicile. Ainsi, la famille recomposée devient alors une famille « traditionnelle ».

Enfin, la proportion d’enfants en garde alternée évolue également avec l’âge de l’enfant : elle augmente progressivement pour atteindre un pic chez les 9-11 ans (13 %) avant de baisser pour ne plus concerner que 8 % des 15-17 ans.

Les enfants des familles monoparentales sont plus souvent rattachés à un chef de famille au chômage ou inactif (40 %) que les enfants de familles recomposées (18 %) et « traditionnelles » (11 %) (données complémentaires). Du fait d’un contexte socio-économique moins favorable dans la région, ces proportions sont supérieures aux moyennes nationales, et ce quel que soit le type de famille. En France métropolitaine, 30 % des enfants vivant en famille monoparentale ont un parent sans emploi ou inactif, soit un écart de 10 points avec la moyenne régionale. Les écarts sont moindres en ce qui concerne les familles recomposées (4 points) et traditionnelles (2 points).

Les contraintes de garde d’enfants, plus fortes pour les parents élevant seuls leur(s) enfant(s), peuvent expliquer en partie leur plus grande difficulté à se porter sur le marché du travail. À cela s’ajoute un plus faible niveau de diplôme puisque 24 % des enfants de familles monoparentales vivent avec une personne de référence non diplômée contre respectivement 21 % et 15 % des enfants de familles recomposées et « traditionnelles ». Là encore, quel que soit le type de famille, les enfants de la région vivent plus souvent avec un parent pas ou peu diplômé qu’au niveau national.

Au sein des Hauts-de-France, les enfants des familles monoparentales sont surreprésentés dans les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) les plus urbains comme dans les agglomérations de Lille et Amiens, sur le littoral (Dunkerque, Calais, Boulogne-sur-Mer) ou encore dans le sud de la région (Beauvais, Compiègne, Soissons, Laon) (figure 4). Ainsi, dans la Communauté d’Agglomération (CA) d’Amiens Métropole, 28 % des enfants vivent dans une famille monoparentale. Cette situation concerne 27 % des enfants mineurs vivant en famille dans la CA du Boulonnais ou encore 25 % dans la Communauté Urbaine (CU) d’Arras. La part d’enfants vivant dans une famille monoparentale est également élevée dans quelques territoires ruraux de la Grande Thiérache, à l’exemple des Communautés de Communes (CC) du Cœur de l’Avesnois (24 %) et du Sud Avesnois (33 %).

Les enfants des familles « traditionnelles » résident quant à eux le plus souvent dans des intercommunalités périurbaines jouxtant les EPCI les plus urbains mentionnés précédemment. Ainsi, dans la Communauté de Communes (CC) du Canton d’Oulchy-le-Château, proche de Soissons, 82 % des enfants mineurs vivent dans une famille traditionnelle, 76 % dans la CC des Campagnes de l’Artois, limitrophe de la CU d’Arras, tout comme dans celle de Pévèle-Carembault, voisine de la métropole lilloise.

Enfin, les enfants des familles recomposées sont davantage présents dans les zones les plus rurales des Hauts-de-France, à l’exception de quelques EPCI urbains du bassin minier. Leur part atteint 24 % des enfants mineurs vivant en famille dans la CC des Portes de la Thiérache et 19 % dans la CC Interrégionale Aumale – Blangy-sur-Bresle. Certains EPCI de la région se démarquent avec une part élevée d’enfants vivant avec un seul de leurs parents (en famille monoparentale ou recomposée), notamment la CC du Sud Avesnois qui occupe la 3^e place de France métropolitaine (43 %), la CC des Portes de la Thiérache (40 %) ou encore la CA du Pays de Laon (38 %).

Dans les Hauts-de-France, 9 % des enfants mineurs vivant au sein de leur famille habitent dans un logement suroccupé contre 13 % en France métropolitaine (données complémentaires). La suroccupation, moindre dans la région, s’explique en partie par un parc de logements davantage composé de maisons (81 % contre 64 % au niveau national) dans lesquelles le nombre de pièces est généralement plus important. Le département de l’Oise se distingue nettement avec 13 % d’enfants résidant dans un logement suroccupé, en lien avec une part de logements individuels plus faible qu’ailleurs dans la région (73 %).

Les enfants de familles monoparentales vivent plus souvent dans un logement suroccupé (15 % d’entre eux) que ceux des familles recomposées (11 %) ou « traditionnelles » (6 %). En effet, les parents en situation de monoparentalité résident le plus souvent en ville et connaissent davantage des situations de pauvreté et de précarité que ceux des autres types de familles, notamment en raison de moindres niveaux de diplômes et d’une moins bonne insertion sur le marché du travail. Les caractéristiques du parc de logements et les contraintes budgétaires se traduisent in fine par des conditions de logement ne permettant pas de répondre complètement à leurs besoins. Ainsi, les enfants des familles monoparentales vivent nettement plus souvent dans un logement de type HLM (42 %) et en appartement (38 %) que ceux des familles recomposées (respectivement 25 % et 16 %) et « traditionnelles » (18 % et 13 %).

Dans le cas des familles recomposées, davantage localisées dans les espaces ruraux où les surfaces des logements sont moins contraintes, la taille de la fratrie peut aussi expliquer une partie des situations de suroccupation. En effet, 61 % des enfants vivant dans une famille recomposée font partie d’une famille nombreuse (3 enfants ou plus) contre 37 % des mineurs issus d’une famille « traditionnelle » et 34 % pour ceux issus d’une famille monoparentale.