Insee Flash Ile-de-France · Octobre 2024 · n° 95

Ville de Paris : un portrait de ses habitants

Capitale de la France, Paris accueille 17 % de la population francilienne sur moins de 1 % du territoire régional. Avec 19 900 habitants au km², la densité de population y est la plus élevée de France. Selon les estimations de population les plus récentes, en 2024, 2 087 600 personnes habitent à Paris, soit 45 500 de moins que trois ans plus tôt. Cette baisse démographique s’inscrit dans une tendance enclenchée dès les années 1950-1960. Ainsi, de 1968 à 1999, la population parisienne diminue de 0,6 % en moyenne par an (soit 15 000 habitants de moins chaque année), avant de repartir à la hausse au cours des années 2000 (+0,5 %, soit +10 800 habitants par an). La population parisienne se replie à nouveau entre 2010 et 2015 (-0,3 %, soit -7 500 habitants par an). Sur la période récente, de 2015 à 2021, Paris perd en moyenne 12 200 habitants chaque année, soit 0,6 % de sa population. Ainsi, en 2021, Paris représente 30 % de la population de l’ensemble des communes de la métropole du Grand Paris (MGP) contre 39 % en 1968.

Les évolutions démographiques à Paris s’expliquent par un solde migratoire négatif. À l’exception des années 2000, le solde naturel excédentaire ne suffit pas à compenser le déficit lié aux migrations résidentielles, les arrivées sur Paris depuis la province ou l’étranger étant nettement inférieures aux départs de la capitale. De 2015 à 2021, l’excès des naissances sur les décès contribue à faire augmenter la population de 0,6 % chaque année mais, à l’inverse, le déficit migratoire la fait diminuer de 1,2 %. Le solde migratoire est déficitaire pour toutes les classes d’âge, à l’exception de celle des 18-24 ans, ce qui traduit des arrivées importantes chaque année de jeunes actifs et d’étudiants à Paris.

Paris n’échappe pas au vieillissement de la population observé dans la métropole du Grand Paris et sur l’ensemble du territoire national. La présence des seniors y est même un peu plus forte : 23 % de la population parisienne est âgée de 60 ans ou plus contre 20 % dans la MGP. A contrario, les enfants y sont proportionnellement moins nombreux : 13 % des Parisiens ont moins de 15 ans, soit près de 5 points de moins que dans la MGP (18 %). En revanche, les jeunes de 15 à 29 ans représentent près du quart de la population parisienne (21 % pour la MGP). L’âge moyen des Parisiens est de 40,3 ans contre 38,3 ans pour les habitants de la MGP.

Près des deux tiers des Parisiens de 15 ans ou plus sont actifs, soit en emploi soit au chômage, tandis que 18 % sont retraités et 18 %, sans activité. Comparativement à la France et à la MGP, Paris se caractérise par une proportion bien plus élevée de cadres et professions intellectuelles supérieures au sein de la population active de 15 à 64 ans alors que les ouvriers et les employés y sont proportionnellement moins présents (figure 1). Cette prédominance, qui se renforce depuis plusieurs années, reflète notamment le niveau de diplôme plus élevé à Paris : la moitié des actifs parisiens en emploi (52 %) ont un diplôme d’enseignement supérieur de niveau Bac+5 ou plus. C’est 1,7 fois plus qu’en Île-de-France (30 %) et trois fois plus qu’au niveau national (17 %).

Les actifs parisiens travaillent très majoritairement dans la métropole du Grand Paris. Ainsi, près des deux tiers occupent un emploi à Paris même et un quart dans les autres communes de la MGP, dont principalement celles situées à la périphérie de Paris. Pour se rendre sur leur lieu de travail, les Parisiens privilégient, à plus de 60 %, les transports en commun. La proximité de leur lieu de travail et la densité du maillage des transports collectifs en favorisent l’utilisation, et de façon plus marquée que dans le reste de la MGP. Les mobilités douces (marche, trottinette, vélo...) progressent régulièrement alors que la place de la voiture décroît depuis les années 1990 dans la capitale. En 2021, à peine un ménage parisien sur trois est équipé d’au moins une voiture. C’est une proportion deux fois moindre que pour l’ensemble des ménages résidant dans la région.

À Paris, le nombre moyen de personnes composant un ménage s’établit à 1,85 en 2021. Il est le plus élevé dans les 8^e et 19^e arrondissements et le plus faible dans les arrondissements centraux. Nettement inférieure à la moyenne de la MGP (2,16), la taille moyenne des ménages à Paris reflète leur structure, avec une part accrue des personnes seules et des couples sans enfant et une proportion plus faible de familles avec enfant(s), et en particulier des familles nombreuses (figure 2). Ainsi, un ménage parisien sur deux est constitué d’une seule personne.

Près de 14 % des logements sont suroccupés, c’est-à-dire que le nombre de pièces y est inférieur au besoin correspondant à la taille du ménage qui l’occupe. Ce taux de suroccupation est proche de celui observé dans l’ensemble de la MGP, mais il est plus important que dans d’autres grandes capitales régionales comme Marseille, Lyon ou Toulouse. De manière générale, en comparaison avec l’ensemble de la MGP et ces grandes villes, le parc de logements se caractérise par une surreprésentation des logements de petite taille, d’une ou deux pièces, et une plus faible présence de grands logements. Par ailleurs, les ménages parisiens sont moins souvent propriétaires de leur logement (33 % contre 39 % dans la MGP), les deux tiers étant locataires du parc privé ou social. Les logements occupés par des ménages représentent 81 % du parc ; les autres logements sont, à parts presque égales, vacants ou des résidences secondaires ou utilisés une partie de l’année pour des raisons professionnelles.

Paris est, avec les Hauts-de-Seine, le département où le niveau de vie médian est le plus élevé en France. En 2021, la moitié des ménages parisiens ont un niveau de vie supérieur à 29 730 euros, soit 2 480 euros par mois. Celui-ci est supérieur au niveau de vie médian francilien (25 210 euros, soit 2 100 euros par mois). Les arrondissements aux niveaux de vie médians les plus élevés se situent à l’ouest, avec en tête les 7^e et 8^e arrondissements. A contrario, ceux où il est le plus bas sont les arrondissements du nord-est parisien, le 19^e étant l’arrondissement au niveau de vie médian le plus faible.

Paris est un territoire de contrastes avec une forte hétérogénéité des revenus : les 10 % des habitants les plus pauvres ont un niveau de vie au moins six fois moins élevé que le niveau de vie minimum des 10 % les plus riches. Néanmoins, la moitié de la population parisienne vit dans des quartiers qualifiés de socialement mixtes, c’est-à-dire où la répartition par niveau de vie se rapproche de celle observée sur l’ensemble de la MGP. Ces quartiers sont majoritairement situés dans le croissant est parisien.

En 2021, 15,6 % de la population des ménages parisiens vit sous le seuil de pauvreté monétaire, correspondant à 1 150 euros par mois pour une personne seule. Ce taux de pauvreté est inférieur à celui de la MGP (18,3 %), mais supérieur à celui de la France métropolitaine (14,9 %). Les situations des ménages parisiens vivant sous le seuil de pauvreté monétaire sont diverses et peuvent être segmentées selon six profils. Ce sont des ménages retraités (22 % d’entre eux), des ménages insérés sur le marché du travail, mais aux revenus insuffisants (20 %) ou des ménages non insérés sur le marché du travail, que les personnes de référence aient moins de 30 ans (14 %) ou soient locataires du parc privé (21 %), du parc social (16 %) ou propriétaires (7 %).

D’ici 2040, si les tendances démographiques récentes se poursuivaient, la population parisienne continuerait de diminuer pour atteindre 2 064 000 habitants. À la différence de Paris, tous les autres départements franciliens verraient leur population poursuivre leur croissance jusqu’en 2040. La décroissance démographique parisienne serait liée à un solde migratoire déficitaire qui resterait important. Bien que positif, l’excédent naturel baisserait progressivement sur la période, sous l’effet notamment de la hausse des décès liée à l’arrivée des générations issues du baby-boom aux âges de grande mortalité. La part des plus jeunes (moins de 15 ans) continuerait de diminuer et le vieillissement de la population se poursuivrait (figure 3). En 2040, Paris serait l’un des départements franciliens où la part des personnes de 75 ans ou plus serait la plus élevée (12 %).