Insee Focus · Octobre 2024 · n° 336

3,4 millions d’électeurs ont établi une procuration pour les élections législatives de 2024

Parmi les 49,1 millions d’électeurs français inscrits sur les listes électorales en France et à l’étranger (hors Nouvelle-Calédonie ; Sources et méthodes), 3,4 millions, soit 7,0 %, ont donné une procuration de vote pour au moins l’un des deux tours des élections législatives anticipées de 2024 (figure 1). Les électeurs inscrits sur une liste communale principale ont eu davantage recours à cette modalité de vote (7,2 %) que les électeurs inscrits sur une liste consulaire à l’étranger (1,3 %). Pour les élections européennes qui se sont déroulées trois semaines auparavant, seuls 874 000 parmi les 49,3 millions d’électeurs français et européens inscrits sur les listes électorales, soit 1,8 %, ont eu recours au vote par procuration.

Le nombre de procurations valides a été plus élevé lors des élections législatives de 2024 que lors des scrutins présidentiel et législatifs de 2022, pour lesquels 3,3 millions d’électeurs (6,7 %) avaient établi une procuration pour au moins un des tours de ces deux élections (au nombre de quatre en 2022 au lieu de deux en 2024) [Stéphan, 2022].

Près de deux millions d’électeurs, soit 58 % des mandants, n’ont donné une procuration que pour un seul des deux tours des élections législatives de 2024. 1,2 million d’autres (34 % des mandants) ont donné des procurations pour les deux tours et 300 000 (9 %) ont prévu ce mode de vote pour une période plus longue pouvant regrouper davantage de scrutins.

Sur les 3,4 millions de mandants qui ont donné procuration pour au moins l’un des tours des élections législatives de 2024, 2,5 millions, soit 75 %, l’ont établie en ligne sur le site Ouvrir dans un nouvel ongletMaProcuration du ministère de l’Intérieur (figure 2). Pour les élections européennes, 73 % des mandants ont choisi d’établir une procuration en ligne. Pour les scrutins de 2022, cette part était de 69 %.

Quel que soit le scrutin, les électeurs les plus jeunes ont nettement privilégié l’utilisation du service en ligne : 88 % des électeurs entre 18 et 39 ans ont effectué la démarche sur Internet. À l’inverse, les électeurs de plus de 65 ans ont majoritairement rempli un formulaire papier.

La vérification de l’identité des mandants par un officier de police judiciaire ou son délégué désigné ou par un agent de police judiciaire, étape indispensable à la validation de la procuration, a été assurée en majorité par un policier (51 %) ou par un gendarme (43 %). Ce contrôle a été plus rarement réalisé par un agent habilité du ministère des Affaires étrangères (3 %) ou d’un tribunal judiciaire (0,6 %). Une des nouveautés des scrutins de 2024 était la possibilité de réaliser une procuration de vote entièrement dématérialisée en utilisant l’application Ouvrir dans un nouvel ongletFrance Identité pour valider son identité, sans avoir à se déplacer dans un commissariat ou une gendarmerie : 2 % des procurations ont été certifiées par ce moyen.

Le recours au vote par procuration est plus fréquent chez les jeunes électeurs : 10 % des électeurs âgés de 18 à 24 ans et 9 % des 25-39 ans ont donné mandat à un autre électeur pour voter à leur place pour les législatives, alors qu’ils sont 6 % entre 40 et 79 ans et 4 % au-delà (figure 3). Cette différence de comportement selon l’âge se retrouve pour les élections européennes pour lesquelles 3 % des jeunes électeurs ont donné une procuration de vote contre 1 à 2 % pour les plus de 40 ans.

Lors des élections législatives, 42 % des électeurs âgés de 40 à 54 ans et 43 % de ceux âgés de 65 à 79 ans ont choisi un électeur de la même classe d’âge pour mandataire (figure 4). De nombreux électeurs ont aussi désigné un mandataire d’une classe d’âge correspondant à celle de leurs parents et parfois de leurs enfants. Près de la moitié des mandants âgés de 18 à 24 ans (45 %) ont donné procuration à un mandataire âgé de 40 à 54 ans. Quant aux électeurs entre 55 et 64 ans, 22 % ont donné mandat à des jeunes âgés de 25 à 39 ans. Les mandants âgés de 80 ans ou plus ont naturellement davantage donné procuration à un mandataire plus jeune : 23 % ont désigné un mandataire âgé de 55 à 64 ans et 35 % un électeur âgé de 65 à 79 ans.

Par ailleurs, les femmes ont été plus nombreuses que les hommes à établir une procuration : pour les législatives 7,5 % des femmes ont choisi cette possibilité, contre 6,4 % des hommes. Cet écart est marqué pour les plus jeunes (4,1 points d’écart pour les 18-24 ans) mais se réduit avec l’âge.

Dans six cas sur dix, les femmes ont donné procuration à une autre femme. En revanche, les hommes ont autant donné procuration à des femmes qu’à des hommes.

En France, hors consulat, le recours au vote par procuration est un peu plus fréquent dans les communes de plus de 10 000 habitants que dans les plus petites : 8,0 % contre 6,6 % aux élections législatives et 2,0 % contre 1,7 % aux européennes.

Dans les départements métropolitains, le taux de procuration présente de grandes disparités territoriales. Pour les élections législatives, il varie ainsi de 3,9 % dans l’Aisne à 15,4 % à Paris ; il dépasse 10 % dans quatre autres départements, les Hauts-de-Seine, les Hautes-Alpes, le Rhône et les Yvelines. Dans les départements d’outre-mer et dans les collectivités d’outre-mer hors Nouvelle-Calédonie, il oscille entre 1,6 % en Martinique et 9,4 % à Wallis-et-Futuna.

Par ailleurs, pour les législatives, 16,7 % des mandants ont fait le choix de donner procuration à un mandataire inscrit dans une autre commune que la leur. Ce recours à un mandataire hors de sa commune a été plus fréquent que lors des scrutins de 2022 où il avait été autorisé pour la première fois (13,1 %). Pour les européennes, cette possibilité a été choisie dans 11,6 % des cas.