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Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Septembre 2024 · n° 114
Insee Flash Nouvelle-AquitaineLes consommations d’énergie dans l’industrie en Nouvelle-Aquitaine : Papier-carton-bois concentrent la moitié de la consommation énergétique industrielle

Virginie Regnier (Insee)

L’industrie néo-aquitaine est la quatrième industrie régionale la plus consommatrice de France, hors combustibles utilisés en tant que matière première. Du fait de sa spécialisation forestière, les industries du papier, carton et du bois concentrent plus de la moitié de la consommation énergétique de l’industrie de la région. Les autres secteurs les plus consommateurs sont l’industrie chimique, la fabrication de produits minéraux non métalliques et les industries alimentaires.

Comme au niveau national, l’industrie dépend principalement de l’électricité et du gaz en Nouvelle-Aquitaine. La liqueur noire et le bois sont également très utilisés du fait des industries du papier, carton et bois.

L’emploi salarié marchand régional dépend à 5,9 % des industries appartenant à un secteur énergivore. Cette dépendance est particulièrement forte dans les zones d’emploi de Saint-Junien, Thouars, Dax.

Insee Flash Nouvelle-Aquitaine
No 114
Paru le :Paru le12/09/2024

La Nouvelle-Aquitaine, 4e région consommatrice d’énergie

En excluant les combustibles utilisés en tant que matière première, comme le bois pour la fabrication de papier ou le gaz en pétrochimie pour la fabrication d’engrais, l’industrie néo-aquitaine (hors artisanat commercial et industrie de l’énergie) consomme 2,6 millions de , soit 10 % de la consommation française. La Nouvelle-Aquitaine est alors la quatrième région avec la plus grande consommation à usage énergétique (pour comprendre), derrière Hauts-de-France, Grand-Est et Auvergne-Rhône-Alpes.

Papier-carton : 43 % des consommations d'énergie de l'industrie néo-aquitaine

L’industrie du papier et du carton concentre 43 % de la consommation à usage énergétique de l’industrie néo-aquitaine (11 % au niveau national) (figure 1). En effet, la région est fortement spécialisée dans ce secteur du fait de la présence de forêts sur une grande partie de son territoire. De grandes usines d’emballage carton et de papier y sont implantées, comme Smurfit Kappa, Gascogne Paper ou Sylvamo ou Rayonier. Ce dernier est à la limite de la chimie du bois  : il se définit comme une bioraffinerie qui transforme les déchets des scieries utilisant du pin des Landes.

L’industrie du bois est aussi un secteur consommateur d’énergie, spécifique à la Nouvelle-Aquitaine (8,5 % de la consommation à usage énergétique régionale).

Les autres secteurs sont l’industrie chimique (13 % de la consommation) et la fabrication de produits minéraux non métalliques (12 %). Cette dernière rassemble les fabricants de verre, de béton et deux gros établissements de ciment (Calcia).

Avec 9 % de la consommation à usage énergétique de l’industrie régionale, les industries alimentaires regroupent par exemple Delpeyrat, Labeyrie, et Lindt.

En dehors de la spécificité du papier-carton, de la présence de l’industrie du bois et de l’absence de la métallurgie dans l’industrie de la région, les secteurs industriels consommateurs de Nouvelle-Aquitaine ressemblent à ceux de l’industrie française dans son ensemble.

De par sa spécialisation sectorielle, la Nouvelle-Aquitaine représente plus du tiers des consommations d’énergie nationales de l’industrie du papier et du carton et de l’industrie du bois. C’est la région la plus consommatrice pour ces secteurs, devant Grand-Est et Bourgogne-Franche-Comté. La région concentre aussi 14 % des consommations nationales dans la fabrication d’autres matériels de transport, secteur des grands constructeurs de la filière aéronautique et spatiale.

Figure 1Consommation énergétique en Nouvelle-Aquitaine et en France en 2021 dans les secteurs énergivores

(en %)
Consommation énergétique en Nouvelle-Aquitaine et en France en 2021 dans les secteurs énergivores ((en %))
Secteurs Nouvelle-Aquitaine France
Industrie du papier et du carton 43,3 11,3
Industrie chimique 13,3 22,8
Fabrication d'autres produits minéraux non métalliques 12,4 14,0
Industries alimentaires 9,1 18,5
Travail du bois; fabrication d’articles en bois, vannerie 8,5 2,6
Fabrication de produits métalliques sauf machines et équipements 2,0 2,9
Métallurgie 1,8 11,2
  • Champ : Établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, EACEI 2021.

Figure 1Consommation énergétique en Nouvelle-Aquitaine et en France en 2021 dans les secteurs énergivores

  • Champ : Établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, EACEI 2021.

Électricité, gaz et produits du bois sont les principales sources d’énergie des industries néo-aquitaines

L’électricité et le gaz sont les principales sources d’énergie de l’industrie de Nouvelle-Aquitaine, mais de manière moins intensive qu’au niveau national (49 % des énergies consommées contre 72 % au niveau national) (figure 2). Ces énergies sont en particulier utilisées dans les industries alimentaires (87 % de la consommation), la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques (62 %) et la métallurgie (77 % dépendent de l’électricité) et dans une moindre mesure dans les industries du travail du bois et de la chimie (40 % et 55 %).

En Nouvelle-Aquitaine, du fait de la spécialisation forestière de la région, deux autres sources sont aussi prépondérantes dans l’industrie : la liqueur noire (19 % de la consommation énergétique) et le bois (10 %). La liqueur noire est un sous-produit issu de la transformation du bois en kraft, dont la combustion permet la production de vapeur utilisée dans le processus de production. Elle est exclusivement utilisée par les papeteries, très présentes dans la région. Ainsi, la liqueur noire représente 44 % de la consommation énergétique de l’industrie du papier-carton (25 % au national), ce qui en fait la première région consommatrice.

Le bois compose plus de la moitié des consommations à usage énergétique des industries du travail du bois et 11 % pour les industries papier-carton. Il reste marginal dans les autres industries. La région consomme ainsi 30 % des ressources nationales de bois à usage énergétique, derrière Grand-Est (32 %).

Du fait du process de combustion notamment, la vapeur est utilisée aussi par l’industrie régionale comme source énergétique (13 % des consommations à usage énergétique). Les industries chimiques l’utilisent de manière particulièrement intensive (33 % des consommations, 17 % au niveau national), notamment celles en lien avec l’agriculture locale (DRT et Bioenergy du Sud-Ouest). La vapeur est aussi utilisée dans les industries papier-carton, grâce à la combustion de la liqueur noire (18 % des consommations).

Figure 2Répartition de la consommation à usage énergétique (hors matières premières) en Nouvelle-Aquitaine en 2021

(en %)
Répartition de la consommation à usage énergétique (hors matières premières) en Nouvelle-Aquitaine en 2021 ((en %))
Énergie Électricité Gaz Liqueur Noire Vapeur Bois Produits pétroliers Combustibles minéraux solides Autres
Nouvelle-Aquitaine 28,2 21,1 19,1 12,7 10,4 4 2,6 1,8
  • Champ : Nouvelle-Aquitaine, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, EACEI 2021.

Figure 2Répartition de la consommation à usage énergétique (hors matières premières) en Nouvelle-Aquitaine en 2021

  • Champ : Nouvelle-Aquitaine, établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, EACEI 2021.

80 100 emplois salariés dans les secteurs les plus consommateurs

En Nouvelle-Aquitaine, 80 100 salariés travaillent dans un secteur industriel parmi les cinq les plus consommateurs ou dans la métallurgie. Ainsi, 5,9 % des salariés néo-aquitains des secteurs marchands néo-aquitains travaillent dans ces six secteurs, une part un peu plus élevée qu’en France (4,7 %). La Bretagne dépend plus de ces secteurs (10 % de l’emploi) suivi des Hauts-de-France et des Pays de la Loire. À l’inverse, seul 1,4 % de l’emploi salarié marchand est concentré dans ces secteurs en Île-de-France.

Les emplois de ces industries se répartissent dans toute la région. Les zones d’emploi de Saint-Junien et Thouars sont les plus dépendantes de ces industries avec 26,3 % et 21,7 % des emplois salariés marchands (figure 3). La zone de Dax est en 3e position avec 17,3 % des salariés. Viennent ensuite les zones d’emploi d’Ussel, Oloron-Sainte-Marie, Bressuire, Mont-de-Marsan et Cognac. Pourtant première employeuse de la région, la zone d’emploi de Bordeaux, plus diversifiée, reste la moins dépendante de ces industries (1,9 %).

Figure 3Part des emplois salariés appartenant aux secteurs industriels les plus consommateurs d’énergie à usage purement énergétique

(en %)
Part des emplois salariés appartenant aux secteurs industriels les plus consommateurs d’énergie à usage purement énergétique ((en %))
Zone d’emploi Part de l’emploi des établissements des secteurs consommateurs Code commune Libellé de l’établissement Secteurs d’activités Nombre d’emploi salariés
0063 16,5 16192 TERREAL 23 325
7501 6,6 17274 NATURENVIE 10 374
7502 5,3 17300 RHODIA OPERATIONS 20 314
7503 2,7 19007 STE GERSON 10 253
7504 8,5 19031 BLEDINA 10 399
7505 1,9 19073 CHARAL 10 266
7506 14,6 19275 CONSTELLIUM USSEL 24 274
7507 8,2 24053 SOBEVAL 10 359
7508 9,2 24129 MADEMOISELLE DESSERTS VALADE 10 411
7509 12,0 24229 CONDAT 17 413
7510 17,3 24256 FROMARSAC 10 347
7511 6,5 24309 INTERSPRAY 20 270
7512 4,3 33032 SIMOREP ET CIE 20 440
7513 6,9 33036 LDC AQUITAINE 10 267
7514 7,7 33051 SMURFIT KAPPA CELLULOSE DU PIN 17 443
7515 2,3 33122 MONDELEZ FRANCE BISCUITS PRODUCTION 10 468
7516 6,5 33449 ARIANEGROUP SAS 20 629
7517 5,0 33539 O-I FRANCE SAS 23 257
7518 9,0 40184 GASCOGNE PAPIER 17 328
7519 13,9 40243 EGGER PANNEAUX ET DECORS 16 516
7520 6,2 40261 LABEYRIE 10 1251
7521 14,7 40281 DELPEYRAT 10 574
7522 5,4 40282 LES FERMIERS LANDAIS 10 363
7523 9,3 40288 AQUALANDE 10 585
7524 3,1 40313 RAYONIER A.M. TARTAS 17 296
7525 3,1 40326 LES DERIVES RESINIQUES ET TERPENIQUES 20 430
7526 1,9 47323 DEUERER PETCARE FRANCE 10 308
7527 26,3 64003 TORAY CARBON FIBERS EUROPE 23 386
7528 3,0 64161 LABEYRIE 10 263
7529 6,7 64284 FROMAGERIES DES CHAUMES 10 360
7530 21,7 64300 ARKEMA FRANCE 20 349
7531 10,5 64305 FIPSO INDUSTRIE 10 280
7532 11,7 64396 ARKEMA FRANCE 20 288
// // 64421 PRECISION CASTPARTS CORP FRANCE 24 309
// // 64422 LINDT ET SPRUNGLI 10 633
// // 79137 POUJOULAT 24 645
// // 79179 GALLIANCE DINDE 10 274
// // 79195 GALLIANCE INDUSTRIE SEVRIENNE 10 503
// // 79195 LABORATOIRE SCIENCE ET NATURE LSN 20 514
// // 79246 COOPERL ARC ATLANTIQUE 10 509
// // 79276 EURIAL 10 290
// // 79299 SOC FROMAGERE DE RIBLAIRE 10 278
// // 79329 LOEUL-PIRIOT 10 367
// // 79329 CIE EUROPEENNE EMBALLAGE ROBERT SCHISL 17 482
// // 86111 ALVANCE ALUMINIUM POITOU 24 282
// // 86111 ALVANCE FOUNDRY POITOU 24 293
// // 86160 MARIE SURGELES 10 289
// // 87065 COMPAGNIE MADRANGE 10 349
// // 87126 DS SMITH PACKAGING CONSUMER 17 285
// // 87131 INTERNATIONAL PAPER 17 413
  • Note : Seuls les établissements d’au moins 250 salariés des secteurs les plus consommateurs sont affichés. Cela ne présume pas de leur consommation énergétique individuelle.
  • Champ : Nouvelle-Aquitaine, emploi salarié en fin d’année des établissements des secteurs marchands.
  • Source : Insee, EACEI 2021, Flores 2020.

Figure 3Part des emplois salariés appartenant aux secteurs industriels les plus consommateurs d’énergie à usage purement énergétique

(en %)
  • Note : Seuls les établissements d’au moins 250 salariés des secteurs les plus consommateurs sont affichés. Cela ne présume pas de leur consommation énergétique individuelle.
  • Champ : Nouvelle-Aquitaine, emploi salarié en fin d’année des établissements des secteurs marchands.
  • Source : Insee, EACEI 2021, Flores 2020.

Encadré 1 – Objectifs et leviers de réduction des GES dans l’industrie néo-aquitaine

Les industries intensives en consommation énergétique sont en première ligne de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de préservation de la biodiversité formulé par la stratégie bas-carbone. À l’horizon 2030, l’objectif est de réduire de 55 % les émissions industrielles nettes françaises par rapport à l’année 1990. En Nouvelle-Aquitaine, les émissions doivent baisser de 3,3 MtCO2eq dans l’industrie, ce qui en fait l’objectif de réduction le plus important après le transport, à hauteur de 18 % de l’effort de réduction régional.

La COP (Conférence des parties) Nouvelle-Aquitaine s’est tenue fin 2023, elle permet de définir des leviers de baisse des émissions industrielles qui peuvent être énergétiques (efficacité énergétique, substituer des sources d’énergie bas-carbone à des sources carbonées via l’électrification) ou système productif via des changements de procédés.

Certains établissements industriels font l’objet d’un accompagnement particulier. Parmi les cinquante sites nationaux les plus émetteurs de GES directement accompagnés par la DGE à travers des contrats de transition écologique spécifiques, deux sont présents en Nouvelle-Aquitaine : les cimenteries Calcia à Airvault et à Bussac-Forêt. Par ailleurs, une cinquantaine de sites régionaux font l’objet d’un suivi particulier des services de l’État en région.

Encadré 2 – Les établissements de plus de 20 salariés gros consommateurs d’énergie pèsent peu dans l’emploi

Pour les établissements de plus de 20 salariés uniquement, il est possible de connaître simultanément leur consommation énergétique et leur niveau d’emploi (sources). Comme en France, les plus gros consommateurs de l’industrie ne sont pas ceux qui regroupent le plus d’emplois dans la région. En effet, les établissements de plus de 20 salariés des cinq secteurs les plus consommateurs utilisent 87 % de l’énergie et représentent 38 % de l’emploi des établissements de 20 salariés ou plus (en France 78 % pour 30 %).

Publication rédigée par :Virginie Regnier (Insee)

Pour comprendre

La consommation brute d’énergie correspond à la somme des consommations en combustible et en électricité ainsi que les achats en vapeur. Elle inclut l’électricité auto-consommée mais aussi les consommations de combustibles pour la production d’électricité et de vapeur.

L’autoproduction de vapeur consommée n’est pas incluse.

Cette étude porte sur le seul usage énergétique, c’est-à-dire que les combustibles utilisés comme matière première sont retirés de la consommation totale pour obtenir la consommation à usage énergétique.

Sources

L’enquête annuelle sur les consommations d’énergie dans l’industrie 2021 (EACEI) mesure la consommation d’énergie dans les établissements industriels de 20 salariés ou plus en France (hors industrie de l’artisanat commercial et de l’énergie, mais y compris récupération).

Le fichier localisé des rémunérations et de l'emploi (Flores) permet d'obtenir le nombre d'emplois salariés dans chaque établissement selon le lieu d'implantation et son secteur d'activité.

Définitions

La tonne d’équivalent pétrole (tep) représente la quantité d’énergie contenue dans 1 tonne de pétrole brut, soit 41,868 gigajoules. Cette unité est utilisée pour exprimer dans une unité commune la valeur énergétique de diverses sources d’énergie.

Pour en savoir plus

(1) Vuillemin T. (Insee), « En 2022, le prix annuel moyen du MWh d’électricité a augmenté de 45 % et celui du MWh de gaz de 107 % », Insee Résultat, mars 2024.

(2) Vuillemin T. (Insee), « La facture énergétique augmente de 46 % dans l’industrie en 2021 », Insee Première no 1 933, décembre 2022.

(3) Genebes L., Wojciechowski N. (Insee), « L’industrie en Nouvelle-Aquitaine : Vingt ans d’industrie néo-aquitaine », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine no 116, mars 2022.