Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur · Juillet 2024 · n° 104

Bilan démographique 2023 – Forte chute de la natalité

Au 1^er janvier 2024, selon les estimations provisoires (sources), 5 200 000 personnes habitent en Provence-Alpes-Côte d’Azur, soit près de 8 % de la population de France métropolitaine. Avec 2,08 millions d’habitants, les Bouches-du-Rhône concentrent à elles seules 40 % de la population régionale. Les départements du Var et des Alpes-Maritimes sont autant peuplés l’un que l’autre (un peu moins de 22 % de la population régionale chacun). Le Vaucluse (569 000 habitants) représente 11 % de la population régionale, les Alpes-de-Haute-Provence (168 000) et les Hautes-Alpes (142 000) environ 6 % à elles deux.

Après un léger rebond en 2021 (+1,4 %) et une baisse contenue en 2022 (-1,2 %), le nombre de naissances en Provence-Alpes-Côte d’Azur diminue fortement en 2023 (-7,6 %, soit environ 4 000 naissances de moins que l’année précédente). Depuis 2013, le nombre de naissances a tendance à baisser, mais en 2023 la diminution est bien plus franche et plus forte qu’en France métropolitaine (-6,8 %). Conséquence de cette baisse quasi continue, alors qu’environ 60 000 bébés étaient nés dans la région en 2013, ils ne sont plus que 50 800 dix ans après. Ainsi, le taux de natalité de Provence-Alpes-Côte d’Azur passe sous la barre des 10 ‰, ce qui n’était jamais arrivé au cours des cinquante dernières années. En 2023, on comptabilise 9,8 naissances pour 1 000 habitants ; il y en avait 12,1 ‰ en 2013 et encore 10,7 ‰ en 2022. Le taux de natalité de la région, habituellement plus élevé, est désormais très proche de celui de la France métropolitaine (9,7 ‰).

Tous les départements de la région sont concernés par la diminution tendancielle de la natalité. Au cours des dix dernières années, le nombre de naissances diminue de 15 % dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes, de 10 % dans le Var. La diminution est encore plus prononcée dans les départements non littoraux. Dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes, le nombre de naissances a diminué d’environ 20 % depuis 2013. La plus forte baisse est observée en Vaucluse, avec un quart de naissances en moins. En 2023, les Bouches-du-Rhône sont le seul département de la région à conserver un taux de natalité supérieur à 10 ‰, avec 11,0 naissances pour 1 000 habitants. Les taux de natalité les plus faibles sont enregistrés dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes (7,8 ‰).

L’évolution du nombre de naissances est déterminée d’une part, par le nombre de femmes dites en âge de procréer (de 15 à 49 ans), et d’autre part, par leur fécondité. Entre 2010 et 2019, la baisse du nombre de naissances était la conséquence à la fois d’une baisse de la population des femmes en âge de procréer et d'une diminution de leur fécondité. Depuis 2020, le premier facteur semble moins jouer. En effet, de 2020 à 2023, la population féminine âgée de 15 à 49 ans est globalement stable. En 2023, la baisse du nombre de naissances s’explique principalement par le recul de la fécondité.

En 2023, l’indicateur conjoncturel de fécondité poursuit, et même amplifie, son cycle de baisse entamé il y a dix ans. Il s’établit désormais à 1,74 enfant par femme (figure 1). C’est plus qu’en France métropolitaine (1,64 enfant par femme) mais bien moins qu’en 2013 (2,07 enfants par femme). Sur un an, la baisse de la fécondité est particulièrement forte : elle était encore de 1,89 enfant par femme en 2022.

Contrairement aux tendances passées, la baisse de la fécondité en Provence-Alpes-Côte d’Azur concerne en 2023 toutes les classes d’âges. Les femmes les plus fécondes demeurent celles ayant entre 25 et 34 ans mais leur taux de fécondité baisse désormais nettement. En 2013, 100 femmes âgées de 30 à 34 ans donnaient naissance à 13,3 enfants puis à 12,9 enfants en 2022 ; elles n’en ont plus que 12,0 en 2023 (données complémentaires 1). La baisse est plus forte encore pour les femmes de 25 à 29 ans. La fécondité des femmes de 40 ans ou plus, en hausse continue depuis 2015, diminue elle aussi en 2023. Quant aux femmes de moins de 25 ans, leur taux de fécondité poursuit la baisse entamée depuis dix ans : 100 femmes âgées de 15 à 24 ans donnaient naissance à 3,0 enfants en 2013, elles n’en ont plus que 1,7 en 2023.

L’âge moyen à la maternité, c’est-à-dire l’âge des mères à la naissance de leurs enfants, demeure à 31 ans et six mois en Provence-Alpes-Côte d’Azur, soit environ deux mois de plus qu’en France métropolitaine.

La région est plus âgée qu’en moyenne nationale : au 1^er janvier 2024, les 60 ans ou plus représentent 31 % de la population (28 % en France métropolitaine), tandis que les moins de 40 ans sont proportionnellement moins nombreux (respectivement 43 % et 46 %, figure 2). Le vieillissement de la population est également plus marqué en Provence-Alpes-Côte d’Azur : en dix ans, entre 2014 et 2024, la part des 75 ans ou plus dans la population a progressé plus vite qu’en France métropolitaine (+2,1 points contre +1,4). La part des plus jeunes diminue au même rythme dans la région et en France métropolitaine. Sur dix ans, elle baisse de 1,6 point pour les moins de 20 ans et de 1,2 point pour les 20 à 39 ans.

En 2023, 53 100 habitants de la région sont décédés. C’est 3 900 de moins qu’en 2022 (-6,9 %), année encore marquée par les épidémies de grippe et de Covid et des épisodes caniculaires. Cela reste plus qu’avant la crise sanitaire (+1 600 décès par rapport à 2019). En 2023, l’épidémie de grippe est apparue moins intense que l’année précédente et les épisodes caniculaires nettement moins meurtriers. Comme au niveau national, l’épidémie de Covid perdure mais avec une incidence moindre.

La baisse de la mortalité concerne l’ensemble des départements de la région. Le nombre de décès baisse de 8 % dans les Bouches-du-Rhône, de 7 % dans le Var et les Alpes-de Haute-Provence et de 6 % dans les Alpes-Maritimes et le Vaucluse. Il ne diminue que de 4 % dans les Hautes-Alpes, la mortalité de ce département ayant commencé à se réduire dès 2021.

Seules les Alpes-de-Haute-Provence présentent un nombre de décès plus faible qu’en 2019 (-1 %). Pour les autres départements de la région, les décès demeurent plus nombreux en 2023 qu’avant la crise sanitaire, en particulier dans les Alpes-Maritimes (+6 %) et le Var (+5 %), où la population âgée a nettement augmenté ces dernières années.

Au-delà de cette hausse récente, la région connaît, comme la France, une hausse tendancielle des décès sur les dix dernières années du fait de l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité, que la baisse globale des quotients de mortalité ne suffit pas à compenser. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le nombre de décès pour 1 000 habitants est passé de 9,5 en 2013 à 10,2 en 2023 (de 8,7 ‰ à 9,3 ‰ en France métropolitaine).

En 2023, l’espérance de vie à la naissance augmente fortement. Après avoir reculé durant la crise sanitaire, elle a amorcé un rebond en 2022, qui s’amplifie nettement en 2023. L’espérance de vie des hommes a gagné six mois en 2022 puis sept mois en 2023 ; celle des femmes a gagné deux mois en 2022 puis huit mois en 2023. Ainsi, l’espérance de vie des hommes est passée de 79 ans et 1 mois en 2021 à 80 ans et 7 mois en 2023, soit quatre mois de plus qu’en 2019 avant la crise sanitaire. Celle des femmes est passée de 85 ans et 1 mois en 2021 à 86 ans, soit cinq mois de plus qu’en 2019. L’espérance de vie régionale demeure plus élevée qu’en France métropolitaine, de six mois pour les hommes et de deux mois pour les femmes.

Le taux de mortalité infantile de Provence-Alpes-Côte d’Azur est le plus faible des régions françaises : pour 1 000 naissances vivantes, 2,9 enfants décèdent avant leur premier anniversaire en moyenne sur la période 2019-2021 (3,5 en France métropolitaine).

En dix ans, entre les 1^er janvier 2014 et 2024, la région a gagné en moyenne 22 200 habitants par an, soit une croissance annuelle de 0,4 %, un rythme légèrement supérieur à celui de France métropolitaine (0,3 %). L’essor démographique de la région est relativement constant sur cette période. Il ne s’explique désormais plus que par le solde migratoire (pour comprendre), c’est-à-dire par l’excédent des installations dans la région sur les départs. Les naissances sont en effet moins nombreuses que les décès ces quatre dernières années.

Depuis 2020, le solde naturel de Provence-Alpes-Côte d’Azur est ainsi négatif (figure 3). Ce déficit survient après une période de baisse tendancielle du solde naturel, passant de +13 000 par an au début des années 2010 à +5 000 en 2019. Les décès ont pour la première fois dépassé les naissances en 2020. Depuis, le solde naturel est négatif : il passe de -2 100 en 2022 à -2 300 en 2023. En France, le solde naturel demeure positif mais se réduit nettement depuis 2020. En 2023, seulement trois régions de France métropolitaine conservent un excédent naturel : l’Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et les Hauts-de-France.

Le solde migratoire d’une année est mesuré indirectement par différence entre l’évolution de la population mesurée à deux recensements successifs et le solde naturel déduit de l’état civil. Les évolutions de ce solde migratoire peuvent refléter des fluctuations des entrées et des sorties, mais également l’aléa de sondage du recensement. Le dernier recensement disponible étant celui du 1^er janvier 2021, les soldes migratoires de 2021, 2022 et 2023 sont estimés provisoirement par la moyenne des trois derniers soldes connus.