Insee Analyses Corse · Mai 2024 · n° 52

La Capa : une situation stratégique pour une influence qui dépasse l’intercommunalité

Située à l’ouest de la Corse, la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccien (Capa) couvre 269 km². L’intercommunalité se compose d’Ajaccio, principal pôle urbain de l’île, et d’une ceinture de neuf communes rurales. La Capa fait partie de la zone d’emploi (ZE) d’Ajaccio qui regroupe trois autres Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) : Celavu-Prunelli à l’est, Spelunca-Liamone au nord et La Pieve de l’Ornano et Taravo au sud (figure 1) [Bretel, Luciani, Pédinielli, 2018, pour en savoir plus (1)].

Forte de son emplacement stratégique, la Capa joue un rôle central dans les déplacements au sein de la région, vers la France ou même vers l’étranger. Elle dispose de l’aéroport le plus fréquenté de Corse avec 1,6 millions de passagers par an. S’y trouve également le port maritime (800 000 passagers) le plus important de l’île après Bastia, qui assure des liaisons quotidiennes avec le continent. De plus, l’intercommunalité bénéficie de la présence du chemin de fer qui la relie à Corte, Bastia et Calvi, et d’une gare routière qui la connecte, entre autres, à Porto-Vecchio.

Pour les acteurs publics en charge de développer le territoire de la Capa, connaître la population locale, son fonctionnement et ses déplacements, est un atout préalable à la mise en place de toute politique publique d’aide à la population ou de tout projet d’aménagement.

En 2020, parmi les 19 intercommunalités de Corse, la Capa constitue la plus peuplée avec 90 000 habitants, soit 26 % de la population insulaire. Les jeunes de moins de 20 ans représentent 22 % des résidents, ce qui correspond à une population légèrement plus jeune que dans le reste l’île. Toutefois, la population de la Capa est vieillissante. Les personnes âgées de 65 ans ou plus sont désormais aussi nombreuses parmi les habitants que celles âgées de moins de 20 ans. Leur part augmente de 4 points en dix ans tandis que celle des jeunes est stable.

La Capa est un territoire dynamique démographiquement. Avec 10 500 habitants supplémentaires sur la décennie, la population du pays ajaccien augmente en moyenne de 1,2 % par an, soit plus rapidement que l’ensemble de la population insulaire (+1,0 %) (figure 2). Cette croissance démographique est due exclusivement à l’apport migratoire avec plus d’arrivées que de départs dans le jeu des déménagements.

En 2020, l’intercommunalité accueille 2 560 arrivants contre 2 360 sortants. Un tiers des arrivants dans la Capa habitaient déjà en Corse auparavant. Parmi eux, deux personnes sur trois résidaient dans une autre intercommunalité de la zone d’emploi d’Ajaccio.

Les personnes qui s’installent dans la communauté d’agglomération, arrivent plus fréquemment en famille (76 % d’entre eux) que seules. Ce dynamisme démographique se retrouve sur l’ensemble de la ZE d’Ajaccio qui gagne 1,3 % de population supplémentaire par an, la Capa représentant les trois quarts de la population de la zone d’emploi.

Véritable pôle d’emplois, le taux d’activité, parmi les habitants âgés de 15 à 64 ans de la communauté d’agglomération est de 76,4 %, soit quatre points de plus que la moyenne régionale.

En 2020, 43 700 emplois sont localisés dans la communauté d’agglomération, soit un tiers des emplois insulaires. À l’instar de la population, l’emploi dans la Capa est très dynamique, il augmente en moyenne de 1,4 % par an entre 2010 et 2020, soit 5 900 emplois supplémentaires. Il croît le plus fortement dans le secteur du commerce, transport & services divers (+1,5 %). Parmi les secteurs en croissance, l’industrie est celui où l’emploi progresse le moins vite (+1,2 %). Cependant, il reste marginal dans l'économie insulaire.

D’ailleurs, le commerce, transport & services divers est le principal secteur d’activité du territoire (figure 3). Il regroupe 47 % des emplois, à l’image de la ZE et de la région. Quatre autres intercommunalités insulaires sur dix-neuf proposent autant, voire plus d’emplois dans ce secteur : Marana-Golo (51 %), le Sud Corse (51 %), l’Île-Rousse – Balagne (47 %) et Bastia (47 %). Les trois premières ont une orientation économique touristique tandis que la dernière fait aussi figure de pôle économique.

Avec 38,5 % des emplois localisés dans la Capa, le second secteur d’activité est l’administration publique, l’enseignement, la santé & l’action sociale. Du fait de sa population et du statut d’Ajaccio en tant que capitale régionale, une part importante des administrations sont implantées au sein de la Capa. Enfin, les autres emplois se répartissent dans les secteurs de la construction (8,6 %), de l’industrie (5,7 %) et de l’agriculture (0,7 %).

Les emplois situés dans la Capa représentent les trois quarts des emplois de la ZE. Ils sont occupés par 36 400 actifs qui résident dans la communauté d’agglomération et 7 000 actifs qui font la navette avec une autre intercommunalité. L’essentiel de ces navetteurs travaille à Ajaccio (87 %) (figure 4). À l’inverse, 1 900 habitants de la Capa travaillent en dehors de l’EPCI.

Les navetteurs résidant en dehors de l’intercommunalité parcourent en moyenne 26 km pour venir travailler. Avec les routes et les difficultés de circulation en heure de pointe, la durée de trajet diverge selon les parcours et les moments de la journée. Les navetteurs réalisent ces trajets exclusivement en voiture contrairement aux résidents du Pays ajaccien (96 % contre 80 %). En effet, les transports en commun qui connectent la Capa aux autres intercommunalités sont limités. La profession de ces actifs reflète la structure de l’emploi de la Capa : sur dix personnes, quatre sont des employés, trois sont des professions intermédiaires, deux sont des ouvriers et un est cadre ou de profession intellectuelle supérieure.

Les 80 établissements scolaires de la Capa accueillent quotidiennement 18 300 élèves et étudiants. Ils se répartissent pour 44 % en primaire, 27 % en collège, 23 % au lycée et 6 % dans le supérieur ou en apprentissage.

Parmi eux, 16 500 résident au sein de l’intercommunalité dont 86 % sur Ajaccio. Neuf sur dix étudient alors dans leur commune de résidence. Ensuite, 1 400 élèves et étudiants habitent une autre intercommunalité de la ZE d’Ajaccio. Parmi eux, 41 % proviennent du Celavu-Prunelli, 41 % de la Pieve de l’Ornano et du Taravo, et 18 % du Spelunca-Liamone. Enfin, 400 élèves résident dans une autre zone d’emploi.

En 2020, avec 72 600 habitants, Ajaccio concentre 81 % des habitants de l’agglomération. Avec une croissance de 1,0 % par an sur les dix dernières années, la population ajaccienne évolue moins vite que celle de l’intercommunalité.

Les 38 200 emplois localisés à Ajaccio représentent 87 % des emplois de la Capa. Comme pour la population, la dynamique de l’emploi (+1,1 %) est moindre que celle du reste de la communauté d’agglomération (+1,1 % contre +1,4 %), notamment du fait de l’apparition des grands centres commerciaux en périphérie de la ville. À Ajaccio, en dix ans, l’emploi augmente dans tous les secteurs d’activité, sauf dans l’agriculture (–1,0 % par an en moyenne).

Ajaccio est logiquement le premier lieu de travail des actifs de la Capa. Parmi ceux résidant dans les autres communes de l’intercommunalité, huit actifs sur dix s’y rendent pour aller travailler, ils parcourent alors 5 km en moyenne. Les habitants d’Alata, Afa et Sarrola-Carcopino sont les plus nombreux à quitter leur commune pour travailler dans la ville centre. À l’opposé, parmi les Ajacciens, neuf actifs sur dix ont un emploi sur la commune.

Pour répondre aux besoins de la population présente, les équipements et les services de la vie courante sont concentrés sur Ajaccio.

Par ailleurs, la ville se démarque par son parc de logements. L’habitat est constitué pour 78 % d’appartements et la part des résidences secondaires est plus faible qu’ailleurs. Cette dernière s’établit à 9 % des logements contre 17 % dans les autres communes de la Capa. L’offre en logement social y est fortement concentrée (92 % du parc social de la Capa). Cela explique en partie une population plus exposée à la précarité que dans les autres communes de la communauté d’agglomération avec une surreprésentation des chômeurs, des non diplômés et des familles monoparentales.

Au sein des autres communes de la Capa, Sarrola-Carcopino fait exception par son dynamisme économique et démographique. Avec ses 3 600 emplois, soit 8 % des emplois de la Capa, la commune fait figure de second pôle d’activité. Avec l’émergence de zones commerciales et logistiques, l’emploi est particulièrement dynamique au cours des dix dernières années (+5,2 % par an). Un tiers des actifs de la commune y travaille. En outre, les navetteurs les plus nombreux à s’y déplacer pour le travail sont ajacciens. La commune a aussi la particularité de disposer d’équipements du panier courant et du panier senior, davantage que les huit autres communes réunies.

Ce dynamisme se retrouve également au niveau démographique, avec une croissance de 5 % de la population par an en moyenne sur la décennie avec l’émergence de nouveaux quartiers résidentiels aux abords des centres commerciaux.

Son parc de logements est composé, comme Ajaccio, de davantage d’appartements (64 %) que de maisons contrairement aux autres villages de l’intercommunalité qui présentent un cadre de vie axé sur la maison individuelle (71 %). Sarrola-Carcopino dispose également d’un collège, le seul du territoire hors d’Ajaccio, et de trois écoles. Les familles avec enfants sont plus présentes au sein de la population municipale que dans le reste de la Capa.

La commune voisine, Afa joue, quant à elle, le rôle de petit pôle d’emploi à l’échelle de la communauté d’agglomération, avec 740 postes proposés. Le nombre d’emplois augmente également plus vite que la moyenne de l’intercommunalité en dix ans, avec +5,0 % par an.

Ensemble, les sept autres communes proposent 1 250 emplois, un nombre qui croît plus modérément, de 1,6 % par an. Quelques communes ont des profils qui les démarquent un peu des autres. Ainsi, à Villanova, les familles avec enfants sont moins fréquentes et les cadres plus présents. Valle-di-Mezzana est la commune où la population est la plus jeune avec davantage de familles avec enfants. Elle connaît le plus rapide essor de population en dix ans de la communauté d’agglomération.

Alata, Sarrola-Carcopino et Afa sont les communes les plus peuplées avec plus de 3 200 habitants chacunes. Valle-Di-Mezzana, Villanova et Tavaco demeurent les trois plus petites avec moins de 600 habitants.

L’analyse par composante principale consiste à caractériser des classes d’individus à partir d’individus ayant des caractéristiques similaires. Les indicateurs retenus pour classer les Iris à l’aide de cette méthode concernent : l’évolution de la population, sa structure par âge, le type de famille, le type de logement et l’activité des résidents.