Parcours résidentiels dans la CAPA : Ajaccio attire les nouveaux arrivants mais la périurbanisation gagne du terrain

Au 1^er janvier2014, 83 760 personnes vivent au sein de la communauté d'agglomération du pays ajaccien (CAPA), soit plus du quart de la population de la Corse. Ajaccio, la ville-centre, concentre 82 % de la population de l'EPCI. La communauté d'agglomération comprend neuf autres communes dont troisavec plus de 2 000 habitants : Afa, Alata et Sarrola-Carcopino.

Entre 2009 et 2014, la population de la CAPA croît chaque année de 1,4 %,soit un dynamisme démographique plus accentué que celui de la région. L'apport migratoire est le principal moteur de la croissance, le solde naturel restant faible.

En réponse, l’offre de logements neufs se développe ces dernières années, notamment avec des programmes collectifs sur les communes d’Ajaccio et de Sarrola-Carcopino. Cette offre nouvelle est de nature à favoriser ou induire des transformations rapides de la composition sociale des différents espaces de l’agglomération. Elle permet en effet de libérer d’autres logements qui deviennent ainsi disponibles à la location ou à la vente.

Dès lors, quantifier et caractériser les ménages s’installant dans les différentes parties de l’agglomération,et ainsi éclairer les parcours résidentielsà l’œuvre, constituent un enjeu majeur pour les acteurs publics locaux en termes d’aménagement du territoire, de politique de l’habitat et de politique sociale.

Au cours de l’année 2013, 5 670 personnes changent de logementà l'intérieur de la CAPA, soit 6,7 % de sa population. Plus de huit mobilités résidentielles sur dix s'effectuent dans la même commune, essentiellement au sein d'Ajaccio (figure 1).

Dans le même temps, la CAPA accueille 2 450 personnes, soit 3 % de sa population. Parmi ces nouveaux résidents, 1 015 habitaient déjà la région. Parmi eux, les flux de proximité sont majoritaires : huit sur dix viennent de Corse-du-Sud dont plus de la moitié des deux communautés de communes voisines, le Celavu-Prunelli et la Pieve de l'Ornano. Toutefois, les entrants de l'extérieur de l'île arrivent plus nombreux dans la CAPA, la moitié provient des régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Île-de-France.

La plupart des personnes venant des autres régions françaises s'installent à Ajaccio (88 %). Elles représentent 56 % des arrivées dans la ville impériale. Les arrivants du reste de la Corse viennent notamment des autres communes de la CAPA (25 %) et des communautés de communes Celavu-Prunelli et Pieve de l'Ornano (37 %). Les personnes ayant déménagé de l'agglomération bastiaise et de la ville de Corte constituent l'essentiel des entrants à Ajaccio en provenance de Haute-Corse.

Le profil des ménages qui viennent vivre à Ajaccio est plutôt homogène et ce, quelle que soit leur provenance (figure 2). La grande majorité comprend un référent actif âgé entre 25 et 64 ans.

Regroupant 90 % des emplois de la CAPA, Ajaccio attire principalement des ménages d'actifs en emploi, qu'ils vivent seuls ou en couple. Cette catégorie de ménage est cependant plus fréquente parmi les ménages en provenance de la région que chez ceux venant de l'extérieur de l'île (65 % contre 55 %). Les couples constitués d’un actif en emploi et d’un chômeur sont surreprésentés au sein des ménages venant d’une autre région. En effet, le déménagement correspond souvent à la mutation professionnelle d'un des deux conjoints.

Les familles monoparentales sont deux fois plus fréquentes chez les ménages venant du reste de l'île (10,6 %). Il est en effet courant après une séparation de rechercher un lieu de vie offrant davantage l'accès à certains services (éducation et garde des enfants, loisirs, culture...).

Les jeunes référents âgés de 18 à 24 ans arrivent plus souvent du reste de la Corse, en particulier de Haute-Corse, traduisant ainsi le retour des étudiants de la ville universitaire de Corte. À l'inverse, les référents de plus de 65 ans, retraités pour la plupart, sont proportionnellement plus nombreux chez les ménages en provenance d'autres régions (12,5 % contre 10,7 %).

À leur arrivée à Ajaccio, la moitié des ménages louent un appartement. Un quart d'entre eux sont propriétaires de leur logement, soit deux fois moins que l'ensemble des ménages ajacciens. L'achat d'un logement intervient généralement après la première installation en ville, la connaissance du territoire et de l'offre immobilière permettant ensuite d'optimiser le choix. Aussi, quand ils emménagent à Ajaccio, les ménages qui résidaient déjà en Corse un an auparavant sont plus souvent propriétaires de leur logement que ceux qui arrivent de l'extérieur de l'île. Ils sont en outre davantage locataires d'un logement social, l'attribution d'un tel logement étant en partie liée à l'ancienneté de la demande.

Enfin, le quart des ménages s'installent dans une communauté : internat, établissement pour personnes âgées, établissement social de long ou court séjour... Il s'agit de personnes seules dans les deux tiers des cas.

Si tous les espaces de la ville d'Ajaccio accueillent de nouveaux résidents, certains sont plus attractifs que d'autres. Ainsi, sur les 24 Iris que compte la ville, quatre d'entre eux (Résidence des Îles, Les Jardins de l'Empereur, Avenue Franchini et le Finosello) attirent 34 % des personnes arrivant dans la commune alors que 21 % de la population ajaccienne y vit. Cependant, le lieu d'installation des nouveaux habitants diffère selon leur provenance. Les ménages venant de Corse emménagent davantage en périphérie du centre-ville : Avenue Franchini, Le Finosello, Avenue Maréchal Juin et les Hauts de Pietralba. Les entrants en provenance des autres régions s'intallent plutôt dans les quartiers plus résidentiels des extrémités de la ville : Résidence des Îles, Parc Berthault et Aspretto. Ces ménages sont également attirés par Les Jardins de l'Empereur et la Résidence A Gravona, situés sur les hauteurs (figure 3).

Dans le même temps, des ménages ajacciens déménagent dans la ville. Il s'agit principalement de couples avec ou sans enfants (41,5 %) et de personnes seules (34,3 %). Dans six cas sur dix, le ménage est composé d'actifs occupés.

La décohabitation est souvent au coeur des décisions de mobilité. Ainsi, la moitié des déménagements à l'intérieur d'Ajaccio s'accompagnent d'un changement de la taille du ménage. Parmi les personnes seules, quatre sur dix ne l'étaient pas avant leur déménagement. Cette décohabitation est liée à une séparation de couples sans enfant dans la moitié des cas. De même, les ménages composés de 3 personnes ou plus sont moins représentés, ce qui explique en partie la hausse de la part des ménages de deux personnes.

L'évolution de la taille des ménages induit le besoin de changer la taille du logement. Les deux tiers des mobilités internes s’effectuent dans un logement de taille différente du précédent. Les ménages ont tendance à s'installer dans un logement plus petit : la part de ceux qui logent dans un appartement de 2 chambres progresse tandis que les installations dans un logement de 3 chambres ou plus sont moins fréquentes que dans la situation antérieure. Ainsi, les besoins en logements de petite taille s'accentuent (figure 4).

La moitié des mobilités internes s'effectuent dans le parc locatif privé. Malgré cela, les ménages propriétaires sont plus fréquents que dans la situation antérieure (23 % contre 19,5 %), les deux tiers accèdent à la propriété lors de leur déménagement. Les locataires d'un logement social sont également en hausse (8,8 % contre 6,9 %), en lien avec la livraison de nombreux logements sociaux sur la commune en 2013 (encadré ).

Dans le même temps, les sorties des communautés sont un autre point marquant des mobilités résidentielles au sein d'Ajaccio. En effet, moins de ménages vivent en communauté (15,7 % contre 22,9 %) : cinq sur dix deviennent locataires dans le parc privé et deux sur dix sont propriétaires.

En 2013, les communes périphériques de la CAPA accueillent 1 000 personnes qui n'y résidaient pas. Parmi elles, six sur dix s'installent à Afa, Alata et Sarrola-Carcopino et trois sur dix à Appietto, Peri, et Cuttoli-Corticchiato. Une centaine de nouveaux arrivants se répartissent entre Tavaco, Valle-di-Mezzana et Villanova.

À l'inverse d'Ajaccio, les autres communes de la CAPA attirent essentiellement des personnes qui résidaient déjà en Corse un an auparavant, la part des entrants en provenance de l'extérieur de l'île n'étant que de 16 %.

Plus particulièrement, avec 570 personnes, les Ajacciens représentent en moyenne la majorité des arrivées dans ces communes. Ils constituent même plus de 60 % des entrants à Alata et Appietto, et sont également surreprésentés à Afa et à Peri. Les mobilités résidentiellesde la ville-centre vers la périphérie sont le signe de la périurbanisation dans le territoire de la CAPA.

Les trois quarts des ménages arrivant d'Ajaccio sont des familles au sens large : couples avec ou sans enfants, familles monoparentales ou ménages complexes. Si la moitié des ménages conservent leur taille, trois sur dix s'aggrandissent. En particulier, ceux de 5 personnes ou plus sont deux fois plus fréquents après la mobilité qu’avant (17,3 % contre 8,9 %).

Les ménages s'éloignent généralement de la ville-centre pour un logement plus grand.En effet, parmi ceux qui occupent un logement ordinaire avant et après leur déménagement, 58 % ocupent un bien d'au moins 3 chambres, soit 20 points de plus qu'auparavant.

Le déménagement vers les communes périurbaines s'accompagne aussi d'un changement du type de logement et du statut d'occupation. La recherche d'un logement individuel plus spacieux dans un environnement périurbain semble être un critère important de mobilité pour les ménages venant de la ville-centre. En effet, 55 % deviennent propriétaires d'une maison alors qu'ils étaient 64 % à louer un appartement quand ils résidaient à Ajaccio (figure 5). Parallèlement, 35 % des ménages venant de la cité impériale restent en location, le plus souvent en appartement. Les personnes seules et les familles monoparentales sont en majorité locataires tandis que les couples avec ou sans enfants et les ménages complexes accèdent essentiellement à la propriété.

En déménageant vers la périphérie urbaine d'Ajaccio, les ménages bénéficient de logements plus récents. En effet, plus de la moitié s'installent dans un logement construit à partir de 2000 alors qu'un an avant, ils étaient un quart à être dans cette situation.

Ajaccio exerce également son influence sur les intercommunalités voisines de la CAPA : la communauté de communes de Celavu-Prunelli (8 330 habitants) et celle de la Pieve de L'Ornano (11 820 habitants).

Si la ville-centre attire 360 personnes en provenance de ces deux EPCI, soit davantage que celles venant des autres communes de la CAPA (240 entrants), dans le sens inverse, ces intercommunalités accueillent aussi de nombreux entrants venant de la ville impériale. Dans la communauté de communes de Celavu-Prunelli,240 personnes s'installent dont la moitié à Bastelicaccia. L'intercommunalité de la Pieve de L'Ornano en accueille autant ; le tiers emmménage sur la commune de Grosseto-Prugna avec sa station balnéaire Porticcio. En prenant en compte les flux entre Ajaccio et les autres communes de la CAPA, ce sont donc 1 100 personnes qui migrent de la ville-centre vers la périphérie : la périurbanisation gagne aussi les intercommunalités voisines.

Les ménages ajacciens qui s'installent dans les EPCI voisins ont un profil assez similaire à ceux qui emménagent dans les communes périurbaines de la CAPA. Ils sont toutefois moins fréquemment propriétaires d'une maison (- 20 points), au bénéfice de la location d'appartement ou de maison. Ils sont en outre de plus petite taille.

Par ailleurs, la dynamique résidentielle de ces deux intercommunalités ne se limite pas au phénomène de périurbanisation. Elles bénéficient aussi davantage des arrivées de l'extérieur de l'île que la couronne de la CAPA. En effet, dans ces EPCI, la part des entrants en provenance des autres régions est plus importante, soit la moitié des entrants de la communauté de communes de la Pieve de L'Ornano et le quart des entrants de la communauté de communes de Celavu-Prunelli (figure 6).