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Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Février 2024 · n° 109
Insee Flash Nouvelle-AquitaineEn Nouvelle-Aquitaine, le chômage recule depuis 2018 malgré la crise sanitaire

Gaëlle Génin, Quentin Lafféter (Insee)

Le taux de chômage en Nouvelle-Aquitaine s'établit à 6,5 % en 2022. Depuis 2018, il a reculé de près de deux points. Le repli est plus marqué pour les 15 à 24 ans, la catégorie d’âge où le chômage est le plus élevé. Toutefois, cette embellie chez les jeunes doit être nuancée : le halo autour du chômage augmente pour eux alors qu'il reste globalement stable dans la région.

Les créations d’emplois sont le principal moteur du recul du chômage en Nouvelle-Aquitaine. Le taux d'emploi enregistre une des plus fortes hausses de France métropolitaine. Les contraintes d’offre de travail se réduisent du fait de la baisse conjointe du sous-emploi et du chômage. Le taux d'activité augmente, mais ne profite pas à tous les âges.

Insee Flash Nouvelle-Aquitaine
No 109
Paru le :Paru le20/02/2024
En Nouvelle-Aquitaine, le chômage recule depuis 2018 malgré la crise sanitaire.
Publication rédigée par :Gaëlle Génin, Quentin Lafféter (Insee)

Le chômage recule en Nouvelle-Aquitaine

Malgré la crise sanitaire et ses conséquences qui ont fortement perturbé l’économie française, le marché du travail est résilient en Nouvelle-Aquitaine. Dans la région, le moyen en 2022 au sens du BIT (Bureau international du travail) s’élève à 6,5 %, un niveau légèrement inférieur à celui de la moyenne française. Depuis 2018, il diminue d’1,8 point. Toutes les régions de France métropolitaine enregistrent une baisse, d’ampleur variable (figure 1). La Nouvelle-Aquitaine se positionne ainsi au sixième rang d’un classement où la Bretagne est la moins touchée par le chômage (5,8 %), à l'inverse des Hauts-de-France (8,8 %).

Figure 1Évolution des taux de chômage régionaux entre 2018 et 2022

(en %)
Évolution des taux de chômage régionaux entre 2018 et 2022 ((en %))
Territoire 2018 2022
Bretagne 7,5 5,8
Pays de la Loire 7,4 5,9
Corse 8,8 6,1
Auvergne-Rhône-Alpes 7,7 6,3
Bourgogne-Franche-Comté 7,7 6,3
Nouvelle-Aquitaine 8,3 6,5
Centre-Val de Loire 8,5 6,8
Normandie 8,9 6,9
Île-de-France 7,9 6,9
France métropolitaine 8,7 7,1
Grand Est 8,6 7,1
Provence-Alpes-Côte d'Azur 10,3 8,2
Occitanie 10,5 8,7
Hauts-de-France 11,2 8,8
  • Champ : Population vivant en ménages, personnes de 15 à 64 ans.
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Figure 1Évolution des taux de chômage régionaux entre 2018 et 2022

  • Champ : Population vivant en ménages, personnes de 15 à 64 ans.
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

La baisse du taux de chômage concerne toutes les catégories d’âge. Elle est plus importante pour les jeunes de 15 à 24 ans, les plus concernés par ce phénomène : -5,5 points dans la région, contre -4,5 points en France métropolitaine. Pour la catégorie d’âge des 25-49 ans, les plus actifs, les baisses régionale comme nationale sont de moindre ampleur : respectivement autour d’un point et demi et d’un point.

Par ailleurs, le chômage diminue autant pour les femmes que pour les hommes. En 2022, comme en 2018, Néo-Aquitaines et Néo-Aquitains ont un taux de chômage très proche (figure 2).

Figure 2Taux de chômage par sexe et catégorie d’âge en 2022

(en %)
Taux de chômage par sexe et catégorie d’âge en 2022 ((en %))
Territoire Nouvelle-Aquitaine France métropolitaine
Ensemble 6,5 7,1
Hommes 6,6 7,3
Femmes 6,4 6,9
15-24 ans 16,4 16,9
25-49 ans 5,9 6,4
50-64 ans 4,4 5,0
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Figure 2Taux de chômage par sexe et catégorie d’âge en 2022

  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

La baisse du chômage concerne aussi les néo-aquitains, dont la part a baissé de sept points. S’élevant à 21 % de l’ensemble des chômeurs en 2022, elle est inférieure de cinq points à la moyenne française, restée pour sa part globalement stable. Dans la région, le recul du chômage de longue durée concerne plus particulièrement les 25-49 ans. Le chômage de longue durée des 50-64 ans, qui concerne plus de quatre actifs sur dix, reste élevé dans la région comme en France métropolitaine.

Le halo autour du chômage reste stable

Aux frontières de l’activité, le reste globalement stable dans la région. Il regroupe des personnes inactives au sens du BIT mais potentiellement proches du marché du travail.

Cependant, pour les 15-24 ans, le halo augmente entre 2018 et 2022 dans la région. Il atteint 7,6 % de la population de cette tranche d’âge, l’un des taux les plus élevés de France métropolitaine. La baisse du chômage des jeunes Néo-Aquitains est donc à nuancer, car elle pourrait partiellement s’expliquer par la bascule de certains dans l’inactivité.

L’augmentation du halo autour du chômage des 15-24 ans ne concerne pas toutes les régions françaises, mais le phénomène existe aussi en Île-de-France, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le recul du chômage s’explique d'abord par des créations d’emplois

Les créations d’emplois sont le principal moteur du recul du chômage dans la région. Le néo-aquitain augmente en effet de 2,8 points depuis 2018 pour atteindre 70 % en 2022. C’est une des plus fortes hausses mesurées à l’échelle du pays. Ces éléments sont corroborés par le dynamisme de l’emploi dans la région. Entre début 2018 et fin 2022, 150 000 emplois salariés ont été créés en Nouvelle-Aquitaine, soit une hausse de 7 %.

À l’image de la France, le taux d’emploi augmente plus fortement pour les jeunes (+5,4 points) et les seniors (+3,7 points) que pour les 25-49 ans (+1,2 point). Les jeunes pourraient en particulier bénéficier de différents dispositifs visant à favoriser leur insertion professionnelle, par exemple au travers du développement de l’apprentissage : l’alternance et les stages contribuent significativement aux créations d’emplois, au côté des emplois à durée indéterminée. Quant aux seniors, leur taux d’emploi progresse tendanciellement depuis le début des années 2010, les réformes des retraites successives tendent à allonger la durée du travail.

En 2022, les emplois sont moins souvent à temps partiel qu’en 2018 (16 % du total, soit -4 points). Néanmoins, les emplois à durée déterminée sont aussi fréquents qu’en 2018.

Parmi les personnes en emploi, la part de ceux qui voudraient travailler davantage diminue nettement de 2,5 points et s’établit en 2022 à 4,9 %, un niveau comparable à la moyenne nationale. Cette part baisse davantage chez les femmes et les jeunes. Mais le continue de concerner davantage les femmes, qui sont 7 % à se déclarer dans cette situation contre 3 % des hommes.

Les contraintes d’offre de travail reculent

Dans son ensemble, la proportion des personnes contraintes dans leur offre de travail, qu’elles soient au chômage, en sous-emploi ou dans le halo autour du chômage, s'est réduite en quatre ans de plus de trois points. Ce sont tant la baisse du sous-emploi que celle du chômage qui contribuent à cette diminution, de l’ordre de deux points chacun, le halo restant stable. Ces dynamiques sont à l’image de celles du marché du travail français (figure 3).

Figure 3Les composantes de la contrainte d’offre de travail, rapportées à la population potentiellement active

(en %)
Les composantes de la contrainte d’offre de travail, rapportées à la population potentiellement active ((en %))
Territoire Contribution du chômage Contribution du halo Contribution du sous-emploi
France métropolitaine (2018) 8,3 5,4 5,4
France métropolitaine (2022) 6,8 5,4 3,9
Nouvelle-Aquitaine (2018) 8,4 5,3 6,4
Nouvelle-Aquitaine (2022) 6,6 5,5 4,3
  • Note : La population potentiellement active regroupe les actifs (en emploi ou au chômage) et les inactifs proches du marché du travail qui constituent le halo autour du chômage.
  • Champ : Population vivant en ménages, personnes de 15 à 64 ans.
  • Source : Insee, enquêtes Emploi 2018 et 2022.

Figure 3Les composantes de la contrainte d’offre de travail, rapportées à la population potentiellement active

  • Note : La population potentiellement active regroupe les actifs (en emploi ou au chômage) et les inactifs proches du marché du travail qui constituent le halo autour du chômage.
  • Champ : Population vivant en ménages, personnes de 15 à 64 ans.
  • Source : Insee, enquêtes Emploi 2018 et 2022.

Le taux d’activité ne progresse pas à tous les âges

Dans une période simultanée de baisse du chômage et de hausse du taux d’emploi, le néo-aquitain augmente de 1,5 point pour atteindre 75,3 % en 2022, l’un des plus élevés de France métropolitaine. Il est en forte hausse chez les jeunes (+5,6 points), ainsi que chez les seniors (+2,7 points), à l’image de la France. Mais il diminue chez les 25-49 ans (-1 point), alors qu'en France métropolitaine, il est stable pour cette même tranche d'âge. La baisse du taux de chômage dans cette catégorie d’âge ne provient donc pas que des créations d'emplois : une partie des chômeurs d'âge intermédiaire, potentiellement de longue durée, ont ainsi pu basculer vers l'inactivité. Le halo autour du chômage restant stable pour cette tranche d’âge, cette bascule pourrait être vers une inactivité durable.

Publication rédigée par :Gaëlle Génin, Quentin Lafféter (Insee)

Pour comprendre

Les chiffres commentés dans cette étude sont issus de deux sources principales. La source de référence pour commenter le taux de chômage régional par tranche d’âge ou sexe est le taux de chômage localisé, qui repose sur des estimations des chômeurs et des emplois à partir de l’enquête Emploi et des statistiques des demandeurs d’emploi en fin de mois.

Pour analyser plus en détail les évolutions du marché du travail, l’enquête Emploi, directement exploitée à l’échelle des régions, est utilisée en complément des taux de chômage localisés. Utiliser l’enquête Emploi permet d’analyser les évolutions du marché du travail à l’aide de concepts qui ne peuvent être mesurés qu’avec cette source, comme le chômage de longue durée, le sous-emploi ou le halo autour du chômage. Pour garantir la robustesse de ces statistiques en disposant d’assez d’observations, les quatre trimestres de l’année ont été compilés. Les valeurs s’interprètent comme la moyenne annuelle pour l’année 2018 ou l’année 2022.

L’enquête Emploi a connu en 2021 une refonte majeure, susceptible de modifier le niveau des indicateurs issus de l’enquête. Une opération méthodologique a été conduite pour estimer des séries rétropolées « sans ruptures » sur les principaux indicateurs conjoncturels, afin de continuer d’éclairer la conjoncture du marché du travail sur longue période. Les évolutions commentées dans cette publication sont corrigées de cette rupture de série et reflètent donc les évolutions du marché du travail néo-aquitain entre 2018 et 2022. Les données 2019, 2020 et 2021 ne peuvent en revanche pas être calculées selon cette méthode.

Publication rédigée par :Gaëlle Génin, Quentin Lafféter (Insee)

Définitions

Chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT) :

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus qui répond simultanément à trois conditions : être sans emploi durant une semaine donnée ; être disponible pour prendre un emploi dans les deux semaines ; avoir cherché activement un emploi au cours des quatre dernières semaines ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

Les démarches actives considérées sont variées : étudier des annonces d’offres d’emploi, se rendre à un salon professionnel, mobiliser son réseau social ou prendre des conseils auprès de Pôle emploi, etc.

Taux de chômage :

Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et le nombre d’actifs (en emploi ou au chômage).

Chômeurs longue durée :

Un chômeur de longue durée est un chômeur au sens du BIT qui déclare ne pas avoir d’emploi et en chercher un depuis douze mois au moins.

Halo autour du chômage :

Le halo autour du chômage est composé de personnes sans emploi qui, soit recherchent un emploi mais ne sont pas disponibles dans les deux semaines pour travailler, soit n’ont pas effectué de démarche active de recherche d’emploi dans le mois précédent mais souhaitent travailler, qu’elles soient disponibles ou non.

Le halo regroupe donc les personnes inactives au sens du BIT (ni en emploi, ni au chômage), mais proches du marché du travail.

Taux d’emploi :

Le taux d’emploi rapporte le nombre de personnes en emploi à la population totale. Il peut être calculé pour une sous-catégorie de la population donnée (par exemple une tranche d’âge, les habitants d’une région, les titulaires d’un diplôme, etc.).

Sous-emploi :

Le sous-emploi recouvre les personnes ayant un emploi à temps partiel qui souhaitent travailler plus d’heures et qui sont disponibles pour le faire, qu’elles recherchent ou non un emploi. Sont aussi incluses les personnes ayant involontairement travaillé moins que d’habitude, pour cause de chômage partiel par exemple, qu’elles travaillent à temps plein ou à temps partiel.

Taux d’activité :

Le taux d’activité est le rapport entre le nombre d’actifs et l’ensemble de la population correspondante. Il peut être calculé sur l’ensemble de la population d’un pays, mais on se limite le plus souvent à la population âgée de 15 à 64 ans, ou à une sous‑catégorie de la population (femmes de 25 à 29 ans par exemple).

Pour en savoir plus

(1) « Bilan économique 2022 - En 2022, l’économie néo-aquitaine résiste malgré de nouvelles tensions », Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine no 37, juin 2023.

(2) Pénicaud É. (Insee), « Une photographie du marché du travail en 2022 - L’emploi des jeunes continue d’augmenter fortement, le chômage recule de nouveau », Insee Première no 1941, mars 2023.

(3) Decret V., Wotan O. (Insee), « En Nouvelle-Aquitaine, 294 000 personnes aux frontières du chômage », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine no 61, septembre 2018.