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Insee Analyses Hauts-de-France · Décembre 2023 · n° 164
Insee Analyses Hauts-de-FranceLa région Hauts-de-France au 5e rang des régions les plus peuplées, dépassée par l’Occitanie

Line Leroux, Sophie Tieng-Majcherczak (Insee)

Au 1er janvier 2021, la région Hauts-de-France compte 5 995 290 habitants. En six ans, la population n’a pas progressé, contrairement à celle de France métropolitaine (+ 0,3 % en moyenne par an). Pourtant, la région gagnait encore 11 400 habitants en moyenne par an entre 2010 et 2015. L’excédent naturel, qui ne cesse de se réduire, ne compense plus le déficit migratoire le plus élevé de France de province. Dans la région, seule la population de l’Oise continue d’augmenter (+0,1 %). Celle du Nord stagne tandis que celles de l’Aisne, de la Somme et du Pas-de-Calais diminuent (respectivement -0,3 %, -0,2 % et -0,1 %).

Insee Analyses Hauts-de-France
No 164
Paru le :Paru le28/12/2023

5 995 290 au 1er janvier 2021 dans les Hauts-de-France

Au 1er janvier 2021, la région Hauts-de-France compte 5 995 290 habitants, soit 9,2 % de la population métropolitaine. Elle perd une place par rapport à l’année précédente et se retrouve ainsi à la 5e position des régions de France métropolitaine les plus peuplées derrière l’Île-de-France (12,3 millions d’habitants), l’Auvergne-Rhône-Alpes (8,1 millions), la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie (6 millions).

Entre 2015 et 2021 (encadré 1), la population des Hauts-de-France est quasi stable (-2 447 habitants par an) alors qu’elle augmentait de 11 400 habitants en moyenne par an entre 2010 et 2015. Dans le même temps, la France métropolitaine enregistre une croissance démographique de 0,3 % par an. Huit régions métropolitaines connaissent une hausse de population significative : Corse, Occitanie, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Île-de-France (figure 1). A contrario, toutes les régions limitrophes de l’Île-de-France ont, à l’image des Hauts-de-France, une démographie atone voire en léger recul. Ainsi, la population est quasi stagnante en Centre-Val de Loire et Grand Est, tandis que les régions Normandie et Bourgogne-Franche-Comté perdent des habitants.

Figure 1Évolution annuelle moyenne de la population entre 2015 et 2021 par région

(en %)
Évolution annuelle moyenne de la population entre 2015 et 2021 par région ((en %)) - Lecture : Entre 2015 et 2021, la population d’Occitanie augmente de 0,7 % en moyenne par an.
Code région Libellé région Taux de variation annuel moyen entre 2015 et 2021
94 Corse 1,0
76 Occitanie 0,7
52 Pays de la Loire 0,6
84 Auvergne-Rhône-Alpes 0,5
53 Bretagne 0,5
75 Nouvelle-Aquitaine 0,4
93 Provence-Alpes-Côte d Azur 0,4
11 Île-de-France 0,3
32 Hauts-de-France 0,0
44 Grand Est 0,0
24 Centre-Val de Loire 0,0
28 Normandie -0,1
27 Bourgogne-Franche-Comté -0,1
  • Lecture : Entre 2015 et 2021, la population d’Occitanie augmente de 0,7 % en moyenne par an.
  • Source : Insee, recensements de la population 2015 et 2021.

Figure 1Évolution annuelle moyenne de la population entre 2015 et 2021 par région

  • Lecture : Entre 2015 et 2021, la population d’Occitanie augmente de 0,7 % en moyenne par an.
  • Source : Insee, recensements de la population 2015 et 2021.

L’excédent naturel ne compense plus le déficit migratoire

Par manque d’attractivité, la région Hauts-de-France enregistre davantage de départs que d’arrivées, ce qui engendre une perte de 15 700 habitants en moyenne par an entre 2015 et 2021. Ce déficit migratoire de 0,3 % par an est constant depuis 2010 et se maintient au niveau le plus élevé observé en France de province devant les régions Normandie, Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire et Grand Est. Dans le même temps, la croissance démographique portée par l’excédent naturel, c’est-à-dire la différence entre les naissances et les décès, s’essouffle depuis plusieurs années. Le fléchissement du est le résultat de la baisse des naissances, avec une fécondité qui a récemment rejoint les standards nationaux. Cela va de pair avec une légère hausse des décès en lien avec le vieillissement des générations nombreuses du baby-boom. Ainsi, il n’atteint plus que +0,2 % par an en moyenne (+ 13 300 habitants) sur la période 2015-2021 contre + 0,4 % sur la période précédente. Cette tendance est observée dans toutes les régions de province. En particulier, en Nouvelle-Aquitaine, les naissances ne compensent même plus les décès (solde naturel de -0,2 % par an). En métropole, seule l’Île-de-France maintient un excédent naturel (+0,8 %) supérieur à celui d’Auvergne-Rhône-Alpes (+0,3 %) et des Hauts-de-France.

La Somme, l’Aisne et le Pas-de-Calais perdent des habitants

L’Oise est le seul département où l’évolution de la population est encore positive entre 2015 et 2021, même si celle-ci s’essouffle par rapport à la période précédente. Le nombre d’habitants stagne dans le Nord tandis que le Pas-de-Calais, la Somme et l’Aisne ont entamé leur déclin démographique (figure 2).

Figure 2Évolution de la population des départements des Hauts-de-France entre 2015 et 2021

Évolution de la population des départements des Hauts-de-France entre 2015 et 2021 - Lecture : Dans l’Oise, le taux de variation annuel moyen entre 2015 et 2021 (+0,1%) est porté par l’excédent naturel (+0,4%) qui compense le déficit migratoire (-0,2%). Entre 2010 et 2015, ce taux était de +0,4 % par an.
Départements Population 2021 (en nombre) Taux de variation annuel de la population entre 2015 et 2021 (en %) Taux de variation annuel de la population entre 2010 et 2015 (en %)
Total Dû au solde naturel Dû au solde migratoire
Aisne 527 468 -0,3 0,0 -0,3 -0,1
Nord 2 611 293 0,0 0,3 -0,3 0,2
Oise 828 838 0,1 0,4 -0,2 0,4
Pas-de-Calais 1 461 441 -0,1 0,1 -0,2 0,2
Somme 566 252 -0,2 0,0 -0,2 0,0
Hauts-de-France 5 995 292 0,0 0,2 -0,3 0,2
France métropolitaine 65 505 213 0,3 0,2 0,1 0,5
  • Note : La somme des variations ne correspond pas toujours à ce total en raison des arrondis.
  • Lecture : Dans l’Oise, le taux de variation annuel moyen entre 2015 et 2021 (+0,1%) est porté par l’excédent naturel (+0,4%) qui compense le déficit migratoire (-0,2%). Entre 2010 et 2015, ce taux était de +0,4 % par an.
  • Source : Insee, recensements de la population 2010, 2015 et 2021.

Troisième département le plus peuplé, l’Oise abrite 828 840 habitants, soit 13,8 % de la population régionale. Sa progression démographique ne repose plus que sur l’excédent naturel de +0,4 % par an, le plus élevé de la région qui compense le déficit migratoire de 0,2 % par an. La population y augmente en moyenne de 1 200 habitants par an sur la période (+0,1 %).

Le Nord, avec 2,6 millions d’habitants en 2021 (43,6 % de la population régionale), est le 1er département de France métropolitaine devant Paris et les Bouches-du-Rhône. L’excédent naturel (+0,3 % par an) y compense tout juste le déficit migratoire de 0,3 % par an. En moyenne, ce département gagne 1 000 habitants par an entre 2015 et 2021.

La Somme, avec 566 250 habitants (9,5 % de la population de la région), et l’Aisne, avec 527 470 habitants (8,8 % de la population de la région), constituent les deux départements les moins peuplés de la région. Ils ont perdu respectivement 0,2 % (-940 habitants par an) et 0,3 % (-1 865 habitants par an) de leur population par an entre 2015 et 2021, sous l’effet d’un solde naturel nul et d’un déficit migratoire élevé.

Dans le Pas-de-Calais, 2e département de la région avec 1,5 million d’habitants, soit 24,4 % de la population régionale, l’excédent naturel (+0,1 %) ne compense plus tout à fait le déficit migratoire de -0,2 % (-1 870 habitants par an).

La population progresse plus vite dans les territoires à proximité de l’Île-de-France

Une analyse au niveau des grandes met en évidence que le sud de la région (aires de Paris, Reims, Beauvais et Compiègne), ainsi que les aires de Lille et Arras enregistrent les plus fortes dynamiques démographiques entre 2015 et 2021 (figure 3). Cependant, le rythme de croissance fléchit et dans la plupart des cas, il est exclusivement porté par l’excédent des naissances sur les décès. C’est le cas par exemple pour l’aire de Paris (partie régionale) dont la population n’augmente plus que de 0,2 % entre 2015 et 2021 contre +0,6 % entre 2010 et 2015. Il en est de même pour Reims (partie régionale) avec +0,1 % contre +0,7 %.

Figure 3 Taux de variation des principales aires d’attraction des villes (aires de plus de 100 000 habitants)

Taux de variation des principales aires d’attraction des villes (aires de plus de 100 000 habitants)
Aires d’attraction des villes Population 2021 (en nombre) Taux de variation annuel de la population entre 2015 et 2021 (en %) Taux de variation annuel de la population entre 2010 et 2015 (en %)
Total Dû au solde naturel Dû au solde migratoire
Lille (partie française) 1 521 660 0,3 0,5 -0,2 0,4
Paris 513 512 0,2 0,4 -0,3 0,6
Amiens 353 124 0,0 0,2 -0,1 0,2
Valenciennes (partie française) 337 269 0,0 0,3 -0,3 0,1
Lens - Liévin 321 298 0,0 0,2 -0,2 0,0
Dunkerque 258 733 -0,4 0,1 -0,6 0,0
Douai 197 809 0,0 0,1 -0,2 -0,4
Boulogne-sur-Mer 159 793 -0,3 0,0 -0,3 -0,1
Arras 159 616 0,3 0,2 0,1 0,3
Beauvais 144 501 0,3 0,3 0,0 0,3
Calais 144 425 -0,9 0,2 -1,0 0,7
Compiègne 141 752 0,1 0,2 -0,1 0,2
Maubeuge (partie française) 139 250 -0,4 0,2 -0,5 0,0
Saint-Quentin 118 638 -0,6 0,0 -0,5 -0,1
Saint-Omer 117 311 0,0 0,2 -0,2 0,4
  • Note : La somme des variations ne correspond pas toujours au total en raison des arrondis.
  • Source : Insee, recensements de la population 2010, 2015 et 2021.

Au 1er janvier 2021, l’aire d’attraction de Lille compte 1,52 million d’habitants et occupe la 4e place des aires les plus peuplées de France. Entre 2015 et 2021, sa population augmente de 0,3 % par an (soit +5 200 personnes).

Dans le versant picard, l’aire d’attraction de Paris (partie Hauts-de-France), 2e la plus peuplée de la région, compte 513 500 habitants. Elle connaît une hausse de population de 0,2 % en moyenne par an, soit un gain de 790 personnes par an entre 2015 et 2021. L’aire d’Amiens, la 3e la plus peuplée de la région, compte 353 120 habitants. Sa population est stable sur la dernière période, avec un excédent naturel (+0,2 % par an) légèrement supérieur au (-0,1 % par an).

Dans quelques aires d’attraction situées sur le littoral, la population diminue. Les plus impactées sont celles de Boulogne-sur-Mer qui diminuent de -0,3 %, Dunkerque -0,4 % et surtout Calais -0,9 %.

Des pertes de population plus marquées dans les plus petites ou les plus grandes communes

Dans l’ensemble, les plus petites communes (moins de 500 habitants), et les plus grandes (+10 000 habitants) freinent la croissance démographique régionale (figure 4). Dans l’Aisne et la Somme, la population stagne ou diminue quelle que soit la taille des communes. Sous l’effet de la périurbanisation, les communes de taille intermédiaire (de 500 à 9 999 habitants) sont les plus dynamiques. En Hauts-de-France, les évolutions les plus favorables s’observent dans un axe nord-sud, allant de la couronne périurbaine de la métropole de Lille jusqu’aux territoires sous influence francilienne en passant par Arras et Amiens qui jouent, dans une moindre mesure, un rôle structurant dans la région.

Figure 4Population municipale des communes au 1er janvier 2021 et évolution annuelle moyenne 2015-2021

(en %)

Encadré 1 : le choix des périodes d’évolution de la population

La méthode du recensement annuel est basée sur des cycles de collecte de cinq ans. Les données sont donc traditionnellement analysées avec un pas de cinq ans. Toutefois, l’évolution de la situation sanitaire a conduit à reporter à 2022 l’enquête annuelle de recensement prévue en 2021. La méthode de calcul des populations annuelles a été adaptée en conséquence. Pour être robustes, les évolutions mesurées sur la dernière période doivent être analysées avec un pas de six ans. Ainsi, dans le présent document, les comparaisons sont donc basées sur une période de six ans pour la plus récente (2015-2021) et une période de cinq ans (2010-2015) pour la plus ancienne. La comparaison des évolutions de population, du solde migratoire et du solde naturel sur ces périodes de durée différente, n’en reste pas moins pertinente, car toutes les données sont présentées en moyenne annuelle.

Encadré 2 : parmi les 20 communes les plus peuplées des Hauts-de-France, 15 se situent dans le Nord ou le Pas-de-Calais

Avec 236 710 habitants en 2021, Lille regroupe 4 % de la population des Hauts-de-France et conserve la 10e place des communes les plus peuplées de France (figure 5). Amiens, ancienne capitale de la Picardie, se place en deuxième position régionale avec 133 630 habitants, soit 2 % de la population régionale.

Dans le top 20 des communes les plus peuplées des Hauts-de-France, les trois quarts se situent dans l’ex-région Nord-Pas-de-Calais. Les communes les plus dynamiques se situent dans le Pas-de-Calais : Lens en tête (+1,2 % en moyenne par an) et Arras (+0,8 %) ; dans le Nord : Roubaix (+0,5 %) et Tourcoing (+0,4 %) et dans l’Oise : Beauvais (+0,5 %) et Creil (+0,2 %). À l’inverse, les plus fortes baisses de la population s’observent pour les villes de Saint-Quentin (-0,8 %) dans l’Aisne, Cambrai (-0,8 %) dans le Nord et Liévin (-0,6 %) dans le Pas-de-Calais, ainsi que sur le littoral : Boulogne-sur-Mer (-0,6 %), Dunkerque (-0,4 %) et Calais dont la baisse atteint 2,0 % à cause d’un fort déficit migratoire de 2,3 % par an.

Figure 5Les 20 communes les plus peuplées des Hauts-de-France en 2021

Les 20 communes les plus peuplées des Hauts-de-France en 2021 - Lecture : La commune de Lille rassemble 236 710 habitants en 2021 contre 232 741 en 2015, soit une évolution de +0,3 % en moyenne par an entre 2015 et 2021.
Commune Département Population 2021 Population 2015 Taux de variation annuel moyen de la population entre 2015 et 2021 (en %)
Lille Nord 236 710 232 741 0,3
Amiens Somme 133 625 132 874 0,1
Tourcoing Nord 99 011 96 809 0,4
Roubaix Nord 98 892 96 077 0,5
Dunkerque Nord 86 788 88 876 -0,4
Calais Pas-de-Calais 67 380 75 961 -2,0
Villeneuve-d'Ascq Nord 62 067 61 920 0,0
Beauvais Oise 56 677 54 881 0,5
Saint-Quentin Aisne 52 958 55 649 -0,8
Valenciennes Nord 42 991 44 043 -0,4
Arras Pas-de-Calais 42 600 40 721 0,8
Boulogne-sur-Mer Pas-de-Calais 40 910 42 366 -0,6
Wattrelos Nord 40 836 41 264 -0,2
Compiègne Oise 40 394 40 200 0,1
Douai Nord 39 648 39 989 -0,1
Marcq-en-Barœul Nord 39 356 39 298 0,0
Creil Oise 36 106 35 575 0,2
Lens Pas-de-Calais 32 618 30 413 1,2
Cambrai Nord 31 425 33 004 -0,8
Liévin Pas-de-Calais 30 149 31 237 -0,6
  • Lecture : La commune de Lille rassemble 236 710 habitants en 2021 contre 232 741 en 2015, soit une évolution de +0,3 % en moyenne par an entre 2015 et 2021.
  • Source : Insee, recensement de la population 2015 et 2021.
Publication rédigée par :Line Leroux, Sophie Tieng-Majcherczak (Insee)

Définitions

Le solde naturel (ou accroissement naturel ou excédent naturel de population) est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période. Les mots « excédent » ou « accroissement » sont justifiés par le fait qu’en général le nombre de naissances est supérieur à celui des décès. Mais l’inverse peut se produire, et le solde naturel est alors négatif.

Aire d’attraction des villes : une aire est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle.

Solde migratoire : le solde apparent des entrées sorties est la différence entre le nombre de personnes entrées sur un territoire donné et le nombre de personnes qui en sont sorties, au cours de la période considérée. Il est obtenu par différence entre la variation totale de la population au cours de la période considérée et le solde naturel. Dans ce document, l’expression est abrégée par « solde migratoire ».