Insee Analyses Martinique · Décembre 2023 · n° 68

Les activités liées au tourisme génèrent 9 500 emplois en Martinique en 2019

En 2019, le tourisme génère 9 500 emplois directs (pour comprendre) en Martinique. Ils se composent de 8 450 emplois salariés (7 980 en équivalent temps plein) et de 1 050 non salariés. Le secteur touristique (pour comprendre) représente ainsi 10 % de l’emploi total du secteur marchand (figure 1). La Martinique se situe ainsi au second rang des régions françaises après la Corse (17 %).

Les activités de commerce couvrent 46 % des emplois touristiques contre 30 % au niveau national. La part du commerce de détail non alimentaire est particulièrement élevée. Elle représente un tiers de ces emplois, soit le double de la moyenne nationale. Le secteur de l’hébergement hôtelier, entièrement dédié au tourisme, est le deuxième employeur avec un emploi sur cinq. Les activités de restauration-café représentent 8 % de l’ensemble des emplois touristiques, soit une part deux fois plus faible que la moyenne nationale. L’artisanat représente 5 % des emplois touristiques, tout comme les activités sportives et de loisirs. Enfin, le secteur du patrimoine et de la culture pèse 3 % des emplois.

La Martinique se distingue par la forte proportion de salariés dans l’emploi touristique. En effet, 89 % des emplois touristiques sont occupés par des salariés, soit six points de plus que la moyenne nationale. Par ailleurs, seuls 6 % des indépendants du secteur marchand de la région dépendent du tourisme, plaçant la région au dixième rang des régions françaises. Le régime de micro-entrepreneur est peu utilisé et concerne environ un travailleur indépendant sur dix (12 %), contre quatre sur dix (41 %) en France métropolitaine. Les autres emplois touristiques occupés par les indépendants se répartissent à parts égales entre les entrepreneurs individuels (46 %) et les gérants majoritaires de société (41 %). Les indépendants sont 14 % à pratiquer la multi-activité : 2 % exercent une autre activité d’indépendant et 12 % une activité salariée.

Les personnes de moins de 25 ans occupent un emploi touristique salarié sur dix (11 %) et représentent seulement 1 % des indépendants, ce qui constitue la proportion la plus faible des régions françaises. Les jeunes exercent le plus souvent dans le secteur du commerce de détail non alimentaire (30 %), suivi de la restauration et des cafés (18 %). Les personnes âgées de 25 à 49 ans constituent le groupe le plus important des emplois touristiques (53 %). Un tiers d’entre elles (35 %) s’orientent vers le commerce de détail non alimentaire où elles occupent six emplois sur dix (59 %). Les seniors de 50 ans et plus occupent 37 % des emplois touristiques. Un quart d’entre eux (25 %) travaillent dans les métiers de l’hébergement et un autre quart (27 %) vers les emplois du commerce de détail non alimentaire. L’âge moyen des personnes occupant un emploi touristique en Martinique est le plus élevé de toutes les régions françaises. Les travailleurs martiniquais affichent un âge moyen de 42 ans pour les salariés et de 52 ans pour les non-salariés, soit respectivement quatre et cinq ans de plus que pour l’ensemble de la France.

Les femmes occupent la majorité des emplois touristiques en Martinique (55 %). Ce constat est plus marqué parmi les salariés où elles occupent 56 % des postes contre 43 % des emplois détenus par les indépendants. Dans les activités de soins esthétiques et corporels, elles occupent neuf postes sur dix. En revanche, elles sont moins présentes dans les sports et loisirs (quatre postes sur dix).

En Martinique, les employés et ouvriers occupent huit emplois touristiques salariés sur dix (figure 2). Toutefois, le secteur du patrimoine et de la culture qui comprend notamment les arts du spectacle vivant, les salles de spectacles, les musées et les jardins botaniques, présente des particularités par rapport aux autres activités liées au tourisme. La proportion de cadres et professions intermédiaires y est en effet la plus élevée (80 % contre 17 % en moyenne). De même, le temps partiel y est largement répandu et concerne la moitié des effectifs, soit quatre fois plus que la moyenne de l’ensemble des autres secteurs d’activité du tourisme. La part des salariés sous contrats à durée indéterminée (CDI) y est également la plus faible : 26 % contre 68 %. Ce type de contrat est le plus souvent attribué dans les activités de soins esthétiques et corporels où il représente 83 % des emplois.

En Martinique, le salaire horaire net moyen des salariés dans les activités du tourisme est de 12,2 €, proche de celui versé dans les activités équivalentes au niveau national (12,5 €). La Martinique figure ainsi au quatrième rang des régions les mieux rémunératrices avec la Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’Île-de-France est la région où la rémunération horaire nette moyenne est la plus élevée (13,9 €) et la Guyane où elle est la plus faible (11,2 €).

Avec un salaire horaire net moyen de 17,1 €, les offices du tourisme affichent la rémunération la plus élevée parmi les emplois touristiques de la région. Le secteur du patrimoine et de la culture affiche une moyenne de 14,8 € de l’heure. Les secteurs les moins rémunérateurs sont les mêmes qu’au niveau national : il s’agit des activités de soins esthétiques et corporels (9,5 €), du commerce alimentaire de détail (10,0 €) et de la restauration-café (10,3 €).

En 2019, la fréquentation touristique en Martinique génère un volume de 3 430 000 nuitées dans les meublés et 1 320 000 nuitées dans les hôtels (figure 3). Les locations de meublés touristiques enregistrent une augmentation du nombre de nuitées en 2019, contrairement aux hôtels dont leur nombre de nuitées diminue. La crise sanitaire liée à la Covid-19, marquée par des restrictions sanitaires et des contraintes de déplacements, a affecté le développement du tourisme en 2020 et 2021.

Malgré cette crise sanitaire, l’offre de locations de meublés touristiques en Martinique continue de s’accroître sur les plateformes de réservation en ligne. Le nombre de locations sans prestations hôtelières passe ainsi de 7 900 en 2019 à 8 700 en 2022. Si le taux d’occupation a chuté pendant la crise sanitaire, il a retrouvé en 2022 son niveau de 2019. Ainsi, la fréquentation progresse de 7 % par rapport à 2019 pour atteindre 3 686 000 nuitées en 2022. La clientèle séjourne également plus longtemps, avec 2 jours de plus qu’en 2019. La durée moyenne de séjour en Martinique des touristes extérieurs est de 12 jours.

La hausse des nuitées par rapport à 2019 est essentiellement due à la clientèle des Caraïbes (+77 %) et aux touristes en provenance de France (+12 %). Les touristes du Canada peinent à revenir en Martinique, leur fréquentation chute de 64 %. Cette clientèle ne représente plus que 3 % de la fréquentation des meublés par des non-résidents en 2022, contre 9 % en 2019. Ce repli important des touristes canadiens contribue à la baisse de la fréquentation étrangère dans les meublés (-9 %).

Le délai moyen de réservation des meublés est de 54 jours. Les touristes non résidents réservent avec un délai moyen de 81 jours en 2022, comme en 2019. La moitié d’entre eux (46 %) réservent leur séjour au moins trois mois avant leur départ, un tiers (32 %) entre un et trois mois et un cinquième (22 %) moins d’un mois.

Contrairement aux meublés touristiques, l’offre d’hébergements hôteliers diminue par rapport à 2019. En effet, sous l’effet de la crise sanitaire, l’offre hôtelière chute de 27 % en 2020 et de 14 % en 2021.

En 2019, les 44 établissements hôteliers de la Martinique, proposent un cumul annuel de 1 123 371 chambres. Du fait des fortes baisses de fréquentation touristique, les taux d’occupation des établissements restés ouverts à l’accueil des touristes passent de 62 % en 2019 à 49 % en 2020 et 40 % en 2021.

L’année 2022 marque le rebond de la fréquentation touristique et les hôtels enregistrent 1 177 000 nuitées. Cette reprise leur permet de retrouver un taux d’occupation proche de celui de 2019 (58 %). La fréquentation reste toutefois moins élevée de 11 % comparée à 2019.

Les nuitées de la clientèle nationale baissent de 9 % et celles de la clientèle de l’étranger de 19 %. Les plus fortes baisses de fréquentation étrangère concernent la clientèle d’Amérique du Nord avec 24 640 nuitées de moins comparé à 2019 (-33 %). Parmi les clients de l’étranger fréquentant traditionnellement la Martinique, seuls ceux en provenance de Belgique et de Suisse sont venus plus nombreux. La clientèle hôtelière séjourne en moyenne 3,6 jours par établissement en 2022, soit 0,2 jour de moins qu’en 2019.

En 2019, les 1 353 unités légales de l’hôtellerie-restauration (hors micro-entreprises au sens fiscal), génèrent un chiffre d’affaires hors taxe de 463 millions d’euros avec une valeur ajoutée de 174 millions d’euros. Le taux de valeur ajoutée du secteur est supérieur à la moyenne de l’ensemble des secteurs économiques marchands (38 % contre 26 %). En 2020, le secteur, qui comprend 1 393 unités légales, fait partie des activités marchandes les plus impactées par la crise sanitaire. La forte diminution de la fréquentation touristique se traduit par une baisse significative du chiffre d'affaires du secteur, le portant à 342 millions d’euros (-26 % par rapport à 2019). Avec 107 millions d’euros, le taux de valeur ajoutée descend à 31 %, alors qu’il évolue peu dans le secteur marchand (25 %).