Insee Flash Bretagne ·
Décembre 2023 · n° 100
Perte d’autonomie des seniors vivant à domicile : 60 000 Bretons concernés en 2021
Avec 60 000 personnes concernées en 2021, la Bretagne fait partie des régions où la perte d’autonomie des personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile est la moins répandue. En moyenne plus âgées, les femmes sont les plus concernées. Les seniors bretons sont moins affectés par des difficultés motrices (monter un étage ou saisir un crayon par exemple). En situation de perte d’autonomie, ils ont moins fréquemment recours à l’aide de leur entourage.
- En Bretagne, la perte d’autonomie des seniors vivant à domicile est moins fréquente qu’au niveau national
- La perte d’autonomie augmente avec l’âge, plus encore pour les femmes
- Moins de limitations physiques pour les seniors bretons
- Une aide de l’entourage un peu moins courante en Bretagne
- Encadré - Perte d’autonomie et capacité d’accueil en institution
En Bretagne, la perte d’autonomie des seniors vivant à domicile est moins fréquente qu’au niveau national
Selon le dernier recensement de la population, la Bretagne compte 982 000 habitants de 60 ans ou plus en 2020, soit 29,1 % de la population régionale. Cette part est plus élevée qu’en France métropolitaine (26,5 %). D’après un scénario de projection de population qui prolonge les tendances démographiques récentes, le nombre de seniors augmenterait au cours des prochaines décennies pour atteindre environ 1,4 million en 2050 en Bretagne, soit 37,5 % de la population régionale.
En Bretagne, 95,1 % des personnes âgées de 60 ans ou plus vivent à domicile ; c’est une proportion proche de la moyenne métropolitaine (95,8 %). Parmi ces seniors, 6,2 % sont en perte d’autonomie d’après l’enquête Vie quotidienne et santé (VQS) menée en 2021 (source), soit environ 60 000 personnes. Ce taux, plus faible que la moyenne métropolitaine (7,2 %), place la Bretagne parmi les régions les moins concernées par la perte d’autonomie des seniors. En particulier, les Côtes-d’Armor et le Morbihan ont une prévalence à la perte d’autonomie significativement inférieure à la moyenne nationale [Dehon, Fleuret, 2023 ; pour en savoir plus (1)].
La pauvreté, l’état de santé des seniors, l’accessibilité aux soins ou encore l’offre de places en hébergement pour personnes âgées (encadré) peuvent expliquer les disparités territoriales en termes de perte d’autonomie à domicile. En Bretagne, le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national (11,2 % contre 14,4 %). De plus, les seniors se déclarent plus souvent en meilleure santé que dans les autres régions métropolitaines (89,9 % contre 87,7 %). Enfin, les habitants ont en moyenne accès à légèrement plus de consultations de médecine générale en Bretagne qu’en France métropolitaine (respectivement 4,1 et 3,8 consultations par an et par habitant).
La perte d’autonomie augmente avec l’âge, plus encore pour les femmes
La perte d’autonomie augmente avec l’âge : elle touche 2,9 % de la population bretonne âgée de 60 à 74 ans, 8,2 % des personnes de 75 à 84 ans et 22,5 % des 85 ans ou plus (figure 1). Elle est moins marquée en Bretagne qu’au niveau métropolitain, notamment pour les personnes de 85 ans ou plus où elle s’établit à 29,4 %.
tableauFigure 1 – Part des seniors vivant à domicile en situation de perte d’autonomie
| Territoire - Population | 60 à 74 ans | 75 à 84 ans | 85 ans ou plus | Ensemble |
|---|---|---|---|---|
| France métropolitaine | 3,1 | 9,0 | 29,4 | 7,2 |
| Bretagne | 2,9 | 8,2 | 22,5 | 6,2 |
| Bretagne - Femmes | 3,2 | 8,3 | 25,5 | 7,3 |
| Bretagne - Hommes | 2,5 | 8,1 | 16,5 | 4,8 |
- Champ : personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête Vie quotidienne et santé 2021.
graphiqueFigure 1 – Part des seniors vivant à domicile en situation de perte d’autonomie
- Champ : personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête Vie quotidienne et santé 2021.
Les femmes de 60 ans ou plus sont plus souvent en situation de perte d’autonomie que les hommes (respectivement 7,3 % contre 4,8 % en Bretagne) et les écarts sont encore plus intenses au-delà de 85 ans (25,5 % pour les femmes et 16,5 % pour les hommes). Vivant en moyenne plus longtemps, les femmes sont alors aussi plus fréquemment en perte d’autonomie. En effet, dans la région, les femmes de 60 ans ou plus sont en moyenne âgées de 1,6 an de plus que les hommes, leur espérance de vie étant plus longue : à 60 ans, une femme peut espérer vivre 27,5 ans et un homme 23,0 ans. Les femmes de 60 ans ou plus vivent aussi plus souvent seules (57,1 % contre 24,7 % des hommes). L’écart est d’autant plus important que l’âge avance : à partir de 85 ans, la proportion de femmes vivant seules progresse plus fortement que pour les hommes (respectivement 72,8 % contre 33,2 %).
Moins de limitations physiques pour les seniors bretons
En Bretagne, 21,2 % des seniors vivant à domicile rencontrent au moins une limitation fonctionnelle. Il s’agit par exemple d’une difficulté pour entendre (trouble sensoriel), pour monter un étage (trouble physique) ou pour prendre des décisions adaptées (trouble cognitif). Cette proportion est inférieure de 2,2 points à celle observée en France métropolitaine (figure 2).
tableauFigure 2 – Part des seniors vivant à domicile ayant une limitation fonctionnelle
| Présence et type de limitation | Bretagne | France métropolitaine |
|---|---|---|
| Au moins une limitation fonctionnelle | 21,2 | 23,4 |
| dont limitations physiques | 15,0 | 17,3 |
| dont limitations sensorielles | 9,5 | 10,1 |
| dont limitations cognitives | 5,1 | 5,7 |
- Lecture : 21,2 % des Bretons de 60 ans ou plus vivant à domicile déclarent rencontrer une ou plusieurs limitations fonctionnelles.
- Champ : personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête Vie quotidienne et santé 2021.
graphiqueFigure 2 – Part des seniors vivant à domicile ayant une limitation fonctionnelle
- Lecture : 21,2 % des Bretons de 60 ans ou plus vivant à domicile déclarent rencontrer une ou plusieurs limitations fonctionnelles.
- Champ : personnes de 60 ans ou plus vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête Vie quotidienne et santé 2021.
Comme dans les autres régions, ce sont les limitations physiques qui prédominent en Bretagne. Celles-ci touchent néanmoins une proportion moindre de seniors qu’au niveau métropolitain (15,0 % contre 17,3 %), expliquant à elles seules la plus faible prévalence de l’ensemble des limitations fonctionnelles en Bretagne. Les seniors bretons sont en effet affectés dans les mêmes proportions qu’en France métropolitaine par des limitations sensorielles ou cognitives.
Une aide de l’entourage un peu moins courante en Bretagne
En situation de perte d’autonomie, les seniors vivant à domicile ont quasiment tous recours à une aide. 82,0 % d’entre eux combinent les aides apportées par l’entourage et les aides professionnelles et techniques (figure 3). Ces dernières recouvrent les aides apportées par les infirmiers, les aides ménagères, les aides techniques à la mobilité (canne, déambulateur) ou encore les aménagements du logement.
tableauFigure 3 – Répartition des différents types d’aides fournies aux seniors en perte d’autonomie
| Type d’aide | France métropolitaine | Bretagne |
|---|---|---|
| Aide de l’entourage et aide professionnelle et technique | 86,0 | 82,0 |
| Aide professionnelle et technique uniquement | 8,2 | 13,0 |
| Aide de l’entourage uniquement | 5,1 | 3,9 |
| Aucune aide | 0,7 | 1,1 |
- Lecture : En Bretagne, 82,0 % des seniors en perte d’autonomie bénéficient à la fois d’une aide de leur entourage et d’une aide professionnelle et technique, contre 86,0 % au niveau national.
- Champ : personnes de 60 ans ou plus en perte d’autonomie et vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête Vie quotidienne et santé 2021.
graphiqueFigure 3 – Répartition des différents types d’aides fournies aux seniors en perte d’autonomie
- Lecture : En Bretagne, 82,0 % des seniors en perte d’autonomie bénéficient à la fois d’une aide de leur entourage et d’une aide professionnelle et technique, contre 86,0 % au niveau national.
- Champ : personnes de 60 ans ou plus en perte d’autonomie et vivant à domicile.
- Source : Drees, enquête Vie quotidienne et santé 2021.
Les seniors bretons en perte d’autonomie bénéficient dans 85,9 % des cas de l’aide de leurs proches, associée ou non à un appui professionnel et technique. C’est moins souvent qu’au niveau national (91,1 %). En particulier, les hommes en perte d’autonomie sont moins aidés par leur entourage en Bretagne (83,7 % contre 91,7 % en France métropolitaine), notamment les plus âgés : 79,0 % des hommes de 85 ans ou plus en perte d’autonomie sont aidés par leurs proches, soit 14,1 points de moins qu’au niveau métropolitain.
Encadré - Perte d’autonomie et capacité d’accueil en institution
En 2019, selon l’enquête auprès des établissements d’hébergement pour personnes âgées (EHPA), la Bretagne propose 124 places pour 1 000 personnes âgées de 75 ans ou plus, soit 10 de plus qu’au niveau national. Au regard de cet indicateur, la région se situe en 3e position, après les Pays de la Loire et la Normandie. La Bretagne compte au total 47 000 places dans l’ensemble des établissements de la région, un nombre stable par rapport à la précédente enquête de 2015.
Sources
L’enquête Vie quotidienne et santé (VQS) est conçue par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), qui est le service statistique ministériel dans les domaines de la santé et du social. Elle a pour objectif d’établir des statistiques sur les conditions de vie des personnes vivant à domicile, leurs difficultés à réaliser les activités de la vie quotidienne et les aides qu’elles reçoivent. Elle a été réalisée en 2021 auprès de 334 000 personnes vivant en France en domicile ordinaire.
Définitions
Les seniors désignent dans cette étude les personnes âgées de 60 ans ou plus.
La perte d’autonomie est mesurée par le « score VQS », qui synthétise les diverses difficultés rencontrées par les personnes âgées, à partir des questions de l’enquête VQS portant sur leurs capacités fonctionnelles (« La personne a-t-elle des difficultés pour voir, même avec ses lunettes ou lentilles de contact si elle en porte ? »), leurs difficultés quotidiennes (« A-t-elle des difficultés pour sortir de son logement ? ») et leur état de santé général (« La personne a-t-elle une maladie ou un problème de santé qui soit chronique ou de caractère durable ? »). Un senior déclarant de fortes difficultés pour de nombreuses activités aura un score VQS élevé et sera considéré comme étant en situation de perte d’autonomie. Cette situation de perte d’autonomie est proche, sans en être complètement équivalente, de la dépendance au sens de la grille AGGIR (autonomie gérontologique groupes iso-ressources), utilisée pour accorder l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).
Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d’individus en situation de pauvreté monétaire, c’est-à-dire dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian.
Pour en savoir plus
(1) Dehon M., Fleuret A. (Insee), « Davantage de personnes âgées en perte d’autonomie à domicile dans les départements les plus pauvres », Insee Focus no 314, décembre 2023.
(2) Carrère A., Roy D., Toulemon L. (Institut des politiques publiques), « Ouvrir dans un nouvel ongletVieillir à domicile : disparités territoriales, enjeux et perspectives », Rapport no 41, mars 2023.
(3) Carrère A. (Institut des politiques publiques), Monirijavid S. (Drees), « Ouvrir dans un nouvel ongletAccessibilité géographique à l’offre médico-sociale et sanitaire pour les personnes âgées : une approche territoriale », Études et Résultats no 1279, septembre 2023.
(4) Blavet T. (Drees), « Ouvrir dans un nouvel onglet9,3 millions de personnes déclarent apporter une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie en 2021 », Études et Résultats no 1255, février 2023.