Insee Analyses Centre-Val de Loire · Novembre 2023 · n° 104

En Centre‑Val de Loire, le nombre d’établissements de l’économie du numérique progresse plus vite que l’emploi

En 2020, l’économie du numérique (pour comprendre) totalise 26 700 emplois dans la région, répartis en 22 900 emplois salariés et 3 800 non salariés (soit 3,8 % de l’ensemble des salariés et des non salariés de la région) (figure 1). Ces emplois sont occupés dans les 10 200 établissements du Centre‑Val de Loire dont l’économie du numérique est l’activité principale, soit 4,4 % des établissements de la région.

Le poids de l’économie du numérique dans l’économie est légèrement moindre que dans les autres régions, que ce soit en termes d’emploi salarié ou d’établissements (4,7 % de l’emploi salarié et 4,8 % des établissements en France métropolitaine hors Île‑de‑France). Le Centre‑Val de Loire se place ainsi au 9^e rang des régions métropolitaines à la fois sur la part de l’économie du numérique dans l’emploi salarié total et, sur la part des établissements dans l’économie régionale (figure 2). L’économie du numérique se caractérise par une proportion plus élevée d’établissements non employeurs. En Centre‑Val de Loire, environ 8 établissements sur 10 sont non employeurs (77,6 %), contre 71,9 % de l’ensemble des établissements de la région. Les établissements du numérique ont très majoritairement (86,2 %) leur siège social dans la région.

L’économie du numérique se décompose en 4 domaines (pour comprendre). Le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) constitue le cœur de l’économie du numérique en employant 16 100 salariés. Comme en France métropolitaine hors Île‑de‑France, 7 salariés de l’économie du numérique sur 10 travaillent dans ce domaine dans la région (figure 3). Les 4 500 établissements spécialisés dans les TIC représentent 44,1 % des établissements de l’économie du numérique. Les technologies de l’information et de la communication regroupent les segments de la fabrication, de la vente, de l’édition de logiciels, des télécommunications, de la programmation et du conseil informatique, du traitement des données et de la réparation d’ordinateurs et d’équipements de communication. La programmation et le conseil en informatique est le segment principal des TIC en région que ce soit en termes d’emploi salarié (6 500 emplois, 40,3 % de l’emploi salarié du domaine) ou d’établissements (3 200 établissements, 70,3 % des établissements du domaine). Le segment de la fabrication emploie également un nombre conséquent de salariés (3 500). Dans ce segment, les établissements font plus fréquemment appel à une main d’œuvre salariée et comptent en moyenne plus d’emplois.

Le domaine de la publicité et de la communication arrive en seconde position en termes de salariés (2 600 salariés, 11,4 %) et d’établissements (41,1 %) de l’économie du numérique. Cette différence de poids s’explique par une part plus élevée d’établissements non employeurs dans ce domaine (90,2 %). En termes d’emploi salarié, le domaine des autres technologies numériques a un poids similaire (2 500). En revanche, ce domaine ne représente que 1 % des établissements de l’économie du numérique de la région. Enfin, le domaine des contenus et des supports emploie 1 700 salariés.

L’Indre‑et‑Loire et le Loiret accueillent 70,0 % de l’emploi salarié des établissements de l’économie du numérique (contre 53,3 % de l’emploi salarié en région) et 17 des 20 plus grands établissements employeurs de la région parmi lesquels STMicroelectronics à Tours, Thalès à Fleury‑les‑Aubrais, et MSL Circuits à Meung‑sur‑Loire (données complémentaires 1). Le poids dominant de ces deux départements au niveau régional s’explique en partie par la forte concentration des emplois salariés et des établissements dans les métropoles de Tours (6 500 emplois soit 32,5 % des emplois salariés du numérique) et d’Orléans (5 400 emplois soit 26,9 % des emplois salariés du numérique) (figure 4). Les communautés d’agglomération de Bourges et de Chartres, qui se placent aux 3^e et 4^e rang sur la part de l’emploi salarié dans un établissement du numérique, accueillent respectivement 1 700 et 1 500 emplois, soit 7,4 % et 6,4 % des emplois salariés de l’économie du numérique (données complémentaires 2). Par ailleurs, l’emploi non salarié qui comprend une part de services à la personne est mieux réparti sur l’ensemble du territoire. Les deux métropoles ne pèsent qu’un tiers des emplois non salariés du numérique en région (20,0 % à Tours Métropole et 14,6 % à Orléans Métropole).

L’emploi salarié est concentré dans les plus grands établissements de l’économie du numérique. Dans la région, 2,5 % des établissements emploient près de la moitié (48,9 %) des salariés de l’économie du numérique. En moyenne, un établissement employeur de l’économie du numérique compte 13 salariés dans le Centre‑Val de Loire.

Entre 2018 et 2020, l’économie du numérique a gagné plus de 2 000 établissements et sa part parmi l’ensemble des établissements a progressé de 0,6 point. Sur cette période, l’économie du numérique affiche une croissance de son nombre d’établissements supérieure à 10 % par an (+11,2 % entre 2018 et 2019 et +14,5 % entre 2019 et 2020). Entre 2019 et 2020, la quasi‑totalité de l’augmentation est expliquée par l’augmentation du nombre d’établissements non employeurs (+1 280). La croissance du nombre d’établissements en région est identique à celle observée en France métropolitaine hors Île‑de‑France (+14,5 %) et supérieure à celle de l’Île‑de‑France (+9,9 %). Dans la région, cette croissance est plus élevée dans le domaine de la publicité et de la communication (+17,6 %) où la part d’établissements non employeurs est la plus élevée.

Dans le même temps, entre 2018 et 2020, l’emploi a augmenté de 1,6 %. Si le volume de l’emploi salarié a diminué (-1,2 %), cette baisse est compensée par l’augmentation de l’emploi non salarié (+23,0 %). Sur la même période en France métropolitaine hors Île-de-France, l’emploi total dans l’économie du numérique croît de 6,3 %, porté par la croissance de l’emploi salarié (+4,1 %) et non salarié (+22,3 %). La baisse de l’emploi salarié entre 2018 et 2020 concerne principalement les domaines des contenus et supports (-8,1 %) et, de la publicité et la communication (-5,4 %). L’emploi salarié est presque stable dans les TIC (-0,2 %) et a augmenté dans le domaine des autres technologies numériques (+1,7 %) (figure 5).

Cette croissance dynamique du nombre d’établissements et de l’emploi non salarié est une caractéristique propre à l’économie numérique. Ainsi, au niveau national et tous secteurs confondus, l’emploi salarié privé recule et l’emploi non salarié croît entre 2019 et 2020 pendant la crise sanitaire, mais avec des amplitudes bien moindres. La progression du nombre d’établissements dans l’ensemble de l’économie est nette entre 2019 et 2020, portée notamment par la création d’entreprises sous le statut de micro‑entrepreneur, mais moins marquée que dans l’économie numérique.

En 2020, la richesse dégagée par les établissements relevant de l’économie du numérique représente 2,9 % de la valeur ajoutée régionale, soit un total de 1,9 Md€, dont 1,5 Md€ pour le seul domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC). À titre de comparaison, l’économie du numérique représente 3,5 % de la valeur ajoutée de la France Métropolitaine hors Île‑de‑France.

Au‑delà des activités des établissements spécialisés dans les activités de l’économie du numérique, les professions du numérique (chefs de projet en informatique, ingénieurs et cadres spécialistes des télécommunications, techniciens d'installation, de maintenance, support et services aux utilisateurs en informatique…) (pour comprendre) se déploient dans toutes les branches de l’économie. En Centre‑Val de Loire, 15 300 salariés exercent une profession du numérique. Si ces professions sont exercées en majorité dans un établissement de l’économie du numérique (52,0 %), elles représentent aussi un nombre d’emplois important dans le reste de l’économie régionale (7 350 emplois salariés).

Les professions du numérique sont moins présentes en proportion dans la région qu’au niveau national (2,5 % de l’ensemble des salariés, contre 3,4 % en France métropolitaine hors Île‑de‑France). Entre 2019 et 2020, le nombre de salariés des professions du numérique a en outre moins augmenté en Centre‑Val de Loire (+0,7 %) qu’en France métropolitaine hors Île‑de‑France (+3,5 %).

Les salariés des professions du numérique qui exercent dans un établissement de l’économie du numérique, travaillent quasi exclusivement dans les technologies de l’information et de la communication (95,9 %). La spécificité industrielle régionale se retrouve parmi les professions du numérique exercées en dehors d’un établissement du numérique. La part des professions du numérique salariées dans l’industrie en Centre‑Val de Loire est supérieure à celle de France métropolitaine hors Île‑de‑France (11,0 % contre 8,3 %). À l’instar des salariés des établissements de l’économie du numérique, la majorité des salariés des professions du numérique travaille dans les métropoles d’Orléans et de Tours. À elles deux, ces métropoles concentrent 6 salariés des professions du numérique sur 10 (respectivement 4 840 et 4 520 salariés).

Exercer une profession du numérique requiert un niveau de qualification élevé. En Centre‑Val de Loire, 56,2 % des professions du numérique sont des emplois de cadres, un niveau nettement supérieur à la part de cadres dans l’emploi salarié régional (10,1 %). Le niveau de qualification de ces professions apparaît pourtant moins élevé que dans les autres régions (62,9 % d’emplois de cadres en France métropolitaine hors Île‑de‑France). En outre, les salariés des professions du numérique de la région occupent un peu plus fréquemment un emploi à durée indéterminée (88,3 % sont en CDI, contre 84,0 % de l’ensemble des emplois salariés).

Les professions du numérique les plus représentées sont les ingénieurs d’études et les chefs de projets en informatique (respectivement 27,2 % et 18,0 % des salariés des professions du numérique). Les techniciens d’études en informatique arrivent en 3^e position (10,9 %). En lien avec un niveau de qualification des emplois un peu plus bas qu’en France métropolitaine hors Île‑de‑France, le niveau de rémunération des professions du numérique est inférieur dans les établissements de l’économie du numérique de la région (18,5 € nets de l’heure, contre 19,4 €) [corrigé le 21/12/23].

Parmi les professions du numérique, le niveau de rémunération varie du simple au double selon le niveau de qualification et la catégorie socioprofessionnelle. Le salaire horaire net s’échelonne ainsi de 12,5 € pour les employés et opérateurs d’exploitation en informatique à 24,7 € pour les ingénieurs et cadres spécialistes des télécommunications. Le salaire horaire net des salariés des professions du numérique est en moyenne supérieur de plus de 4 € lorsqu’ils exercent dans un établissement de l’économie numérique (18,5 €, contre 14,2 € lorsque l’activité principale de l’établissement ne relève pas de l’économie numérique). Toutefois, certains emplois sont mieux rémunérés hors d’un établissement de l’économie du numérique. Les chefs de projet informatique, les techniciens commerciaux en informatique et les ingénieurs et cadres des services aux utilisateurs en informatique perçoivent en moyenne une rémunération horaire nette supérieure de 3 à 6 €.

Les professions du numérique sont peu féminisées et occupées par une main d’œuvre plutôt jeune. Dans la région, près de 4 salariés sur 5 sont des hommes (78,5 %). Enfin, plus de la moitié des salariés des professions du numérique (51,2 %) ont moins de 40 ans, contre 46,5 % de l’ensemble des salariés de la région.