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Insee Analyses Hauts-de-France · Novembre 2023 · n° 161
Insee Analyses Hauts-de-FranceDavantage d’intérim et de contrats aidés en Hauts-de-France

Jérôme Fabre, Gabrielle Redon (Insee)

En 2019, dans les Hauts-de-France, 16,8 % des heures rémunérées relèvent de formes particulières d’emploi qui regroupent les contrats d’intérim, d’apprentissage, les contrats aidés et les contrats à durée déterminée. Cette proportion légèrement supérieure au niveau national (+1 point) s’explique principalement par le poids de l’intérim (4,8 % des heures contre 4,1 %) et des contrats aidés (2,4 % contre 1,9 %) témoignant de la structure sectorielle régionale pour le premier et des fragilités du marché du travail pour les seconds.

Au sein de la région, la zone d’emploi d’Abbeville se distingue par l’importance des contrats à durée déterminée en lien avec la forte implantation du tourisme et de l’agriculture. Dans celles de Douai et Valenciennes, le recours intensif à l’intérim est en partie dû à une industrie automobile très développée (Renault, Toyota) ainsi qu’à l’établissement Amazon de Lauwin-Planque. À Maubeuge et Calais, les contrats aidés sont parmi les plus fréquents de France. En revanche, Lille se démarque par un fort taux de contrats à durée indéterminée.

Insee Analyses Hauts-de-France
No 161
Paru le :Paru le09/11/2023

Les CDI représentent plus de 80 % des heures rémunérées

En 2019, dans les Hauts-de-France, les contrats à durée indéterminée (CDI) représentent plus de 80 % des heures rémunérées, comme à l’échelle nationale. À l’inverse, 16,8 % d’entre elles relèvent de à savoir l’, l’, les ou les contrats à durée déterminée (CDD). Ces dernières apportent une flexibilité au tissu productif lui permettant de s’adapter aux pics et creux d’activité qu’ils soient saisonniers ou conjoncturels. En revanche, le cumul de ce type d’emplois, souvent moins rémunérés, peut être facteur de difficultés économiques et sociales pour les salariés (encadré). Ces formes d’emploi sont légèrement plus présentes dans la région (figure 1) qu’en moyenne nationale (15,7 %).

Figure 1Part des différentes formes particulières d’emploi dans l’ensemble des heures rémunérées en Hauts-de-France et France entière en 2019

(en %)
Part des différentes formes particulières d’emploi dans l’ensemble des heures rémunérées en Hauts-de-France et France entière en 2019 ((en %)) - Lecture : en Hauts-de-France, en 2019, l’intérim regroupe 4,8 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
Formes particulières d’emploi Hauts-de-France France entière
Intérim 4,8 4,1
CDD 7,4 7,6
Apprentis 2,2 2,1
Emplois aidés 2,4 1,9
Ensemble des formes particulières d’emploi 16,8 15,8
  • Lecture : en Hauts-de-France, en 2019, l’intérim regroupe 4,8 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019, au lieu de travail.

Figure 1Part des différentes formes particulières d’emploi dans l’ensemble des heures rémunérées en Hauts-de-France et France entière en 2019

  • Lecture : en Hauts-de-France, en 2019, l’intérim regroupe 4,8 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019, au lieu de travail.

Parmi les régions françaises, l’Île-de-France se singularise par la faible proportion des formes particulières d’emploi (12,3 %), au bénéfice des contrats à durée indéterminée (figure 2). La présence de sièges sociaux et la surreprésentation des emplois les plus qualifiés y contribuent fortement. À l’inverse, les Dom utilisent de manière la plus intensive les formes particulières d’emploi. C’est également le cas des régions des façades ouest et méditerranéenne du pays. En effet, dans le tourisme mais également l’agriculture, l’activité très saisonnière dépend fortement des CDD, qui représentent près de la moitié des heures correspondant aux formes particulières d’emploi. La moindre implantation de ces secteurs en Hauts-de-France explique un recours moindre qu’au niveau national à ce type de contrats.

Figure 2Part des formes particulières d’emploi dans l’ensemble des heures rémunérées en 2019

(en %)
Part des formes particulières d’emploi dans l’ensemble des heures rémunérées en 2019 ((en %)) - Lecture : en Hauts-de-France, en 2019, l’ensemble des formes particulières d’emploi regroupe 16,8 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
Code région Région Part des formes particulières d’emploi dans l’ensemble des heures rémunérées en 2019
01 Guadeloupe 18,1
02 Martinique 18,3
03 Guyane 20,6
04 La Réunion 19,4
11 Île-de-France 12,3
24 Centre-Val de Loire 16,0
27 Bourgogne-Franche-Comté 16,4
28 Normandie 16,8
32 Hauts-de-France 16,8
44 Grand Est 15,6
52 Pays de la Loire 16,9
53 Bretagne 17,4
75 Nouvelle-Aquitaine 17,0
76 Occitanie 17,1
84 Auvergne-Rhône-Alpes 16,5
93 Provence-Alpes-Côte d'Azur 17,7
94 Corse 22,8
  • Lecture : en Hauts-de-France, en 2019, l’ensemble des formes particulières d’emploi regroupe 16,8 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019, au lieu de travail.

Figure 2Part des formes particulières d’emploi dans l’ensemble des heures rémunérées en 2019

  • Lecture : en Hauts-de-France, en 2019, l’ensemble des formes particulières d’emploi regroupe 16,8 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019, au lieu de travail.

Plus d’intérim et de contrats aidés et moins de CDD

La plus forte proportion de formes particulières d’emploi dans les Hauts-de-France s’explique par l’intérim (4,8 % des heures contre 4,1 % en France) et les contrats aidés (2,4 % contre 1,9 %). L’intérim est plutôt le fait de grands établissements exerçant dans l’industrie ou la logistique. Le tissu productif régional favorise donc ces types de contrats plutôt que les CDD, mais même au sein des différents secteurs, les employeurs des Hauts-de-France ont tendance à faire davantage appel à l’intérim que leurs homologues du reste du pays.

En ce qui concerne les contrats aidés, leur poids dans les heures salariées régionales est particulièrement élevé puisque les Hauts-de-France se situent à des taux proches de la Guyane et de la Martinique. Parmi les régions métropolitaines, la région se situe loin devant l’Occitanie qui occupe la deuxième place pour le taux de contrats aidés. Cette situation s’explique notamment par le faible niveau de qualification et l’importance du chômage dans la région.

En matière d’apprentissage, les différences régionales restent faibles : dans 10 régions métropolitaines sur 13, ce type de contrat représente entre 2,1 et 2,7 % des heures rémunérées. Avec 2,2 %, les Hauts-de-France se situent à un niveau très proche de la moyenne nationale. Les Dom, la Corse, l’Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les seules régions où les apprentis occupent moins de 2 % des heures salariées.

Des salaires plus faibles qu’en moyenne nationale

Les formes particulières d’emploi offrent des salaires relativement faibles : seuls 40 % dépassent 1,3 Smic horaire contre plus de 65 % pour les CDI. Les salaires horaires des formes particulières d’emploi dans la région sont, en outre, moins élevés qu’en moyenne nationale. En général, les CDD et l’intérim constituent les contrats les mieux payés mais dans la région, la fréquence des salaires horaires supérieurs à 1,3 Smic est respectivement inférieure de 3 et 5 points aux moyennes nationales (figure 3). De plus, les contrats aidés, où le salaire est généralement modeste, sont surreprésentés dans la région.

Figure 3Part des salaires horaires supérieurs à 1,3 Smic par forme particulière d’emploi en Hauts-de-France et France entière en 2019

(en %)
Part des salaires horaires supérieurs à 1,3 Smic par forme particulière d’emploi en Hauts-de-France et France entière en 2019 ((en %)) - Lecture : en Hauts-de-France, en 2019, la rémunération horaire de 48,0 % de contrats d’intérim dépasse les 1,3 Smic.
Formes particulières d’emploi Hauts-de-France France entière
Intérim 48,0 50,6
Apprentis 3,3 2,9
Emplois aidés 10,5 12,0
CDD 43,4 48,7
Ensemble des formes particulières d’emploi 40,4 45,0
  • Lecture : en Hauts-de-France, en 2019, la rémunération horaire de 48,0 % de contrats d’intérim dépasse les 1,3 Smic.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019 , au lieu de travail.

Figure 3Part des salaires horaires supérieurs à 1,3 Smic par forme particulière d’emploi en Hauts-de-France et France entière en 2019

  • Lecture : en Hauts-de-France, en 2019, la rémunération horaire de 48,0 % de contrats d’intérim dépasse les 1,3 Smic.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019 , au lieu de travail.

Le tourisme favorise les CDD à Abbeville

La proportion d’heures rémunérées correspondant à des formes particulières d’emploi varie fortement entre les zones d’emploi de la région (de 14 % à Lille à 22 % à Abbeville) (figure 4). Les recours aux CDD ou à l’intérim ne répondent pas aux mêmes logiques économiques, le premier concernant davantage les activités saisonnières comme le tourisme ou l’agriculture et le second les grands établissements dans le cas de pics d’activités ou de remplacements de salariés pendant les périodes de congés.

Dans la zone d’emploi d’Abbeville, la surreprésentation des CDD (12,4 % contre 7,4 % en moyenne dans la région) s’explique par l’importance relative des secteurs de l’agriculture ainsi que de l’hébergement et la restauration. Bien qu’elle constitue la zone d’emploi avec le recours aux CDD le plus élevé de la région, elle reste bien en deçà de territoires comme la Tarentaise, Briançon ou Calvi où les CDD représentent plus du tiers des heures rémunérées. À Abbeville, en lien avec le tourisme où les salaires sont faibles mais la saison étendue, les CDD sont parmi les moins bien rémunérés et les plus longs de la région. Cette zone d’emploi accueille également davantage d’apprentis qu’en moyenne régionale. Ce type de contrat est plus fréquemment utilisé dans l’agriculture ou l’hébergement et la restauration, secteurs bien implantés dans la zone.

Figure 4Part des contrats à durée déterminée dans l’ensemble des heures rémunérées dans les zones d’emploi des Hauts-de-France en 2019

(en %)
Part des contrats à durée déterminée dans l’ensemble des heures rémunérées dans les zones d’emploi des Hauts-de-France en 2019 ((en %)) - Lecture : en 2019, dans la zone d’emploi d’Abbeville, les CDD regroupent 12,4 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
Code zone d’emploi Zone d’emploi Part des CDD dans l’ensemble des heures rémunérées en 2019
3201 Abbeville 12,447
3202 Amiens 7,221
3203 Arras 8,053
0054 Beauvais 6,659
3204 Berck 9,879
3205 Béthune 6,655
3206 Boulogne-sur-Mer 8,485
3207 Calais 7,759
3208 Cambrai 8,318
3209 Château-Thierry 7,245
3210 Compiègne 6,124
3211 Creil 7,772
3212 Douai 6,373
3213 Dunkerque 7,315
0058 La Vallée de la Bresle-Vimeu 6,173
3214 Laon 8,292
3215 Lens 7,288
3216 Lille 6,715
3217 Maubeuge 6,978
3218 Roubaix-Tourcoing 7,880
3219 Saint-Omer 7,919
3220 Saint-Quentin 8,553
3221 Soissons 7,314
3222 Valenciennes 7,476
  • Lecture : en 2019, dans la zone d’emploi d’Abbeville, les CDD regroupent 12,4 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019, au lieu de travail.

Figure 4Part des contrats à durée déterminée dans l’ensemble des heures rémunérées dans les zones d’emploi des Hauts-de-France en 2019

  • Lecture : en 2019, dans la zone d’emploi d’Abbeville, les CDD regroupent 12,4 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019, au lieu de travail.

Un important recours à l’intérim à Douai et Valenciennes

À Douai et Valenciennes, les formes particulières d’emploi sont également très présentes (19,3 % et 20,4 %) du fait des parts d’intérim les plus élevées de la région (9,2 % et 7,3 %) (figure 5). Les établissements de ces zones d’emploi, plus grands, spécialisés dans l’industrie, notamment automobile (Renault, Toyota), ou encore dans le transport et l’entreposage ont fortement recours à ce type de contrats pour faire face aux pics de charge. Douai se situe même au cinquième rang des zones d’emploi françaises pour le poids de l’intérim. Le centre de distribution Amazon de Lauwin-Planque contribue fortement à cette situation atypique.

Figure 5Part de l’intérim dans l’ensemble des heures rémunérées dans les zones d’emploi des Hauts-de-France en 2019

(en %)
Part de l’intérim dans l’ensemble des heures rémunérées dans les zones d’emploi des Hauts-de-France en 2019 ((en %)) - Lecture : en 2019, dans la zone d’emploi de Douai, l’intérim regroupe 9,2 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
Code zone d’emploi Zone d’emploi Part de l’intérim dans l’ensemble des heures rémunérées en 2019
3201 Abbeville 4,741
3202 Amiens 5,961
3203 Arras 4,132
0054 Beauvais 5,356
3204 Berck 4,551
3205 Béthune 5,173
3206 Boulogne-sur-Mer 4,938
3207 Calais 3,906
3208 Cambrai 4,368
3209 Château-Thierry 6,162
3210 Compiègne 6,152
3211 Creil 3,543
3212 Douai 9,151
3213 Dunkerque 4,822
0058 La Vallée de la Bresle-Vimeu 4,732
3214 Laon 2,020
3215 Lens 6,481
3216 Lille 3,525
3217 Maubeuge 4,104
3218 Roubaix-Tourcoing 2,825
3219 Saint-Omer 4,869
3220 Saint-Quentin 3,740
3221 Soissons 6,178
3222 Valenciennes 7,305
  • Lecture : en 2019, dans la zone d’emploi de Douai, l’intérim regroupe 9,2 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019, au lieu de travail.

Figure 5Part de l’intérim dans l’ensemble des heures rémunérées dans les zones d’emploi des Hauts-de-France en 2019

  • Lecture : en 2019, dans la zone d’emploi de Douai, l’intérim regroupe 9,2 % des heures rémunérées du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs.
  • Champ : ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, Base Tous salariés 2019, au lieu de travail.

Dans les zones d’emploi d’Arras, Cambrai, Saint-Quentin, Boulogne-sur-Mer, Berck, Calais, Maubeuge, Dunkerque et Saint-Omer, les parts de formes particulières d’emploi sont en général proches ou légèrement supérieures à la moyenne de la région. Dans celles d’Arras, Cambrai, Saint-Quentin et Berck, la part de CDD est supérieure à la moyenne régionale en lien avec une agriculture relativement présente et, spécifiquement à Berck, avec les activités touristiques côtières. Les zones de Calais et de Maubeuge se singularisent quant à elles par l’importance des contrats aidés. Elles se situent aux troisième et quatrième rang des zones d’emploi françaises où ces contrats sont les plus fréquents, du fait de fragilités socio-économiques marquées qui se traduisent en particulier par des taux de chômage élevés.

Dans les zones d’emploi d’Amiens, de Château-Thierry, de Soissons, de Lens, de Beauvais, de la Vallée de la Bresle-Vimeu, de Béthune et de Compiègne, la part des formes particulières d’emploi est globalement plus faible qu’en moyenne régionale. Les CDD sont moins fréquemment utilisés au bénéfice de l’intérim du fait de la présence d’établissements plus grands dans des secteurs qui se tournent plus aisément vers l’intérim, comme l’industrie (Vallée de la Bresle-Vimeu) ou le transport et l’entreposage (Lens, Soissons, Compiègne). À Château-Thierry, les CDD, peu fréquents, se distinguent par leur faible durée, la plus courte de la région (51 jours contre 87 jours en moyenne), pour répondre aux besoins des activités viticoles, en particulier les vendanges.

La forte proportion de cadres à Lille favorise les CDI

Les zones d’emploi de Lille, Creil et Roubaix-Tourcoing présentent des parts plus faibles de formes particulières d’emploi, entre 14 % et 16 %. Cela s’explique par une forte proportion de CDI, Lille se situant à la septième place des zones d’emploi de province. La part de cadres, importante à Lille et dans une moindre mesure à Creil y contribue. Roubaix-Tourcoing se distingue pourtant par un fort recours aux contrats aidés, conséquence notamment des difficultés socio-économiques prégnantes et du chômage élevé dans cette zone d’emploi.

Encadré - Les salariés des formes particulières d’emploi plus souvent à bas salaires que ceux en CDI

En tenant compte de l’ensemble de leurs rémunérations annuelles, les salariés employés sous une forme particulière d’emploi résidant dans les Hauts-de-France se situent plus souvent sous le que les CDI (60 % contre 14 %). Cela s’explique à la fois par des salaires horaires plus faibles et par des contrats plus courts. La rémunération d’un contrat d’apprentissage correspondant à un pourcentage du Smic qui varie en fonction de son âge et de sa progression dans le cycle de formation, une majorité des apprentis (huit sur dix) sont concernés par des bas salaires. C’est aussi le cas pour une part importante des CDD et des contrats aidés (62 % et 66 %) contre moins de la moitié des intérimaires.

Les salariés employés sous une forme particulière d’emploi enchaînent ou cumulent plus fréquemment les postes. Alors que plus des trois quarts des salariés en CDI n’ont occupé qu’un seul poste en 2019, près d’un tiers des intérimaires a occupé au moins trois postes au cours de l’année (22 % pour les CDD). Par nature, les contrats aidés et les apprentis sont les emplois les plus stables parmi les formes particulières d’emploi.

Publication rédigée par :Jérôme Fabre, Gabrielle Redon (Insee)

Sources

Le dénombrement et la caractérisation des emplois salariés en forme particulière d’emploi ou non sont réalisés grâce à la Base Tous salariés 2019 constituée à partir des déclarations sociales nominatives (DSN).

Définitions

Les formes particulières d’emploi regroupent les contrats d’intérim, d’apprentissage, les emplois aidés et les CDD.

L’intérim consiste à mettre à disposition provisoire d’entreprises clientes, des salariés qui, en fonction d’une rémunération convenue, sont embauchés et rémunérés à cet effet par l’entreprise de travail temporaire. Le contrat ne peut être conclu que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire, dénommée mission, et seulement dans les cas énumérés par la loi.

Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail conclu entre un employeur et un jeune de 16 à 29 ans ayant satisfait à l’obligation scolaire, des dérogations étant possibles. La durée du contrat d’apprentissage peut varier de 6 mois à 3 ans en fonction du type de profession et de la qualification préparée. L’apprenti perçoit un salaire calculé selon son âge et son ancienneté dans le dispositif. La conclusion d’un contrat d’apprentissage ouvre droit à des aides de l’État pour l’employeur.

Un contrat aidé est un contrat de travail dérogatoire au droit commun, pour lequel l’employeur bénéficie d’aides, qui peuvent prendre la forme de subventions à l’embauche, d’exonérations de certaines cotisations sociales, d’aides à la formation.

Les contrats aidés retenus dans cette étude sont les suivants : contrat unique d’insertion (CUI) – contrat initiative emploi (CUI-CIE) – contrat d’accompagnement dans l’emploi (CUI-CAE) – contrat d’accès à l’emploi (CUI-CAE Dom), emploi d’avenir secteur marchand, emploi d’avenir secteur non marchand, contrat de professionnalisation, convention industrielle de formation par la recherche en entreprise (CIFRE), contrat à durée déterminée pour les seniors, contrat à durée déterminée d’insertion, contrat de génération, stage de la formation professionnelle, période de mise en situation en milieu professionnel, contrat adulte-relais.

Un contrat à durée déterminée (CDD) est un contrat de travail par lequel un employeur recrute un salarié pour une durée limitée. Un tel contrat n’est possible que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire et seulement dans les cas énumérés par la loi.

Les contrats à durée indéterminée et les « autres formes d’emploi » complètent la liste des formes d’emploi. Cette dernière rubrique « autres formes d’emploi » comporte tous les salariés qui ne sont pas dans une des catégories précédemment citées. Une analyse de cette catégorie fait apparaître un nombre important de contrats de travail « non renseignés » et d’emplois « sans contrat de travail ».

Le seuil de bas salaire correspond aux 2/3 de la médiane des salaires nets totaux annuels des individus. En 2019, ce seuil de bas salaire est fixé à 1 058,40 euros mensuels. Une personne cumulant plusieurs emplois dans l’année est affectée au type de contrat de son poste principal. Le salaire annuel est calculé sur l’ensemble des postes rémunérés dans l’année, qu’ils soient de la même forme d’emploi ou non que celle du poste principal de mars.

Le concept de poste principal permet de ne compter qu’un seul poste par salarié. Le poste principal d’un salarié est le poste le plus rémunérateur.

Champ

L’étude porte sur l’ensemble des salariés du privé à l’exception des salariés des particuliers employeurs. En particulier, les agents de la fonction publique d’État, de la fonction publique territoriale ou de la fonction publique hospitalière, titulaires ou non sont exclus du champ.

Pour en savoir plus

(1) « Les intérimaires, plutôt des hommes, des jeunes et des ouvriers », Insee Analyses Normandie no 28, mars 2017.

(2) « Crise économique et formes particulières d'emploi en Picardie », Insee Dossier Picardie, décembre 2015.

(3) « Bilan économique 2022 – Hauts-de-France », Insee Conjoncture Hauts-de-France no 36, juin 2023.