Insee
Insee Première · Mars 2023 · n° 1940
Insee PremièreAprès 75 ans, des niveaux de vie moins élevés mais un taux de pauvreté inférieur à la moyenne de la population

Jorick Guillaneuf, Sébastien Picard, Arnaud Rousset (Insee)

Le niveau de vie des personnes âgées est usuellement mesuré parmi les seules personnes vivant en logement ordinaire. Toutefois, 9 % des 75 ans ou plus vivent en institution en 2016. En les intégrant, le niveau de vie médian de la population des 75 ans ou plus en France métropolitaine est abaissé de 1 % : il est de 20 160 euros annuels en 2016, soit 2 % de moins que l’ensemble de la population.

Le niveau de vie médian baisse avec l'âge : –14 % entre celui des 75‑79 ans et celui des 95 ans ou plus. En effet, la part de femmes augmente avec l’âge, alors que le montant de leurs pensions et retraites est inférieur. En outre, les générations les plus anciennes ont des retraites plus faibles du fait notamment de carrières plus souvent incomplètes et de professions exercées moins rémunératrices.

Les personnes de 75 ans ou plus vivent nettement moins souvent sous le seuil de pauvreté monétaire : 9 %, contre 14 % pour l’ensemble de la population. Le niveau de vie des personnes âgées les plus modestes est souvent rehaussé par les allocations logement, qui peuvent être cumulées à l’allocation de solidarité aux personnes âgées.

Le niveau de vie médian des personnes de 75 ans ou plus est inférieur à celui de l’ensemble de la population

Le niveau de vie des personnes âgées est usuellement mesuré parmi les seules personnes vivant en logement ordinaire. La combinaison de différentes sources permet une vision globale du niveau de vie des personnes âgées (encadré ; sources). En 2016, le médian des personnes de 75 ans ou plus vivant en logement ordinaire ou en institution (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes - Ehpad, maisons de retraite non Ehpad, unités de soins longue durée - USLD) est de 20 160 euros par an, soit 1 680 euros par mois (figure 1). Ce montant partage cette population en deux : la première moitié a un niveau de vie inférieur et la seconde un niveau de vie supérieur. Ce niveau de vie médian des 75 ans ou plus est 2 % inférieur à celui de l’ensemble de la population (20 490 euros annuels) et 10 % inférieur à celui des 65-74 ans (22 400 euros).

Figure 1 – Déciles de niveau de vie, pensions et retraites

en euros par an et par unité de consommation
Figure 1 – Déciles de niveau de vie, pensions et retraites (en euros par an et par unité de consommation) - Lecture : en 2016, la moitié des personnes de 75 ans ou plus ont un niveau de vie annuel d’au moins 20 160 euros, et perçoivent des pensions et retraites d’au moins 18 260 euros par an et par unité de consommation.
Âge Niveau de vie Pensions et retraites du ménage
1er décile¹
(D1)
Médiane
(D5)
9e décile
(D9)
Ratio
D9/D1
1er décile
(D1)
Médiane
(D5)
9e décile
(D9)
Ratio
D9/D1
Moins de 65 ans 10 550 20 270 37 210 3,5 /// /// /// ///
65-74 ans 13 590 22 400 40 440 3,0 9 530 20 230 37 060 3,9
75 ans ou plus 12 530 20 160 37 190 3,0 10 010 18 260 35 290 3,5
75-79 ans 13 240 21 300 37 430 2,8 10 630 19 480 36 720 3,5
80-84 ans 12 460 20 050 37 370 3,0 10 020 18 160 35 300 3,5
85-89 ans 12 180 19 090 35 780 2,9 9 540 17 310 33 090 3,5
90-94 ans 12 120 19 460 38 430 3,2 9 340 16 920 34 380 3,7
95 ans ou plus 11 770 18 310 36 220 3,1 9 670 16 640 32 800 3,4
Ensemble 11 040 20 490 37 540 3,4 /// /// /// ///
  • /// : absence de résultat due à la nature des choses.
  • 1. Le 1er décile de niveau de vie correspond au niveau de vie au-dessous duquel se situent les 10 % de personnes les plus modestes.
  • Lecture : en 2016, la moitié des personnes de 75 ans ou plus ont un niveau de vie annuel d’au moins 20 160 euros, et perçoivent des pensions et retraites d’au moins 18 260 euros par an et par unité de consommation.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire ou en institution dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2016 ; Drees, enquête CARE-Institutions 2016, traitement Insee.

En 2016, 9 % des 75 ans ou plus vivent en institution. Cette part croît nettement avec l’âge : plus d’un quart des 90-94 ans et près de la moitié des 95 ans ou plus sont dans cette situation. Le niveau de vie médian des personnes de 75 ans ou plus en institution est 15 % inférieur à celui des personnes du même âge vivant en logement ordinaire. Cela tient notamment à la part supérieure de femmes vivant en institution (78 % des 75 ans ou plus, contre 60 % en logement ordinaire) [Ouvrir dans un nouvel ongletRoy, 2023]. Les personnes de 75 ans ou plus en institution ont par exemple moins souvent occupé un emploi de cadre ou profession intermédiaire que celles vivant en logement ordinaire (19 % contre 30 %). La prise en compte de ces personnes vivant en institution abaisse ainsi le niveau de vie médian des personnes de 75 ans ou plus de 1 %, de 20 410 euros à 20 160 euros.

Les 75 ans ou plus sur-représentés sous la médiane des niveaux de vie

Les personnes âgées sont peu présentes dans le 1er dixième de niveau de vie : 3,2 % des 65-74 ans et 4,9 % des 75 ans ou plus font partie des 10 % des personnes les plus modestes, contre 10,8 % des moins de 65 ans (figure 2).

Figure 2 – Répartition dans les dixièmes de niveau de vie selon la tranche d’âge

en %
Figure 2 – Répartition dans les dixièmes de niveau de vie selon la tranche d’âge (en %) - Lecture : en 2016, 4,9 % des personnes de 75 ans ou plus ont un niveau de vie situé dans le premier dixième de niveau de vie de l’ensemble de la population.
Âge Dixièmes de niveau de vie
1er 2e 3e 4e 5e 6e 7e 8e 9e 10e
Moins de 65 ans 10,8 10,1 9,7 9,7 10,0 10,2 10,0 10,1 9,8 9,5
65-74 ans 3,2 7,2 8,5 10,0 11,5 11,7 11,9 11,4 12,6 12,1
75 ans ou plus 4,9 11,5 13,2 12,5 10,6 9,8 9,8 9,3 9,3 9,1
  • Notes :
    - chaque dixième regroupe 10 % de la population classée par niveau de vie croissant. Les seuils de niveau constituant les bornes des dixièmes sont les déciles de la distribution des niveaux de vie ;
    - la ligne à 10 % répartit l’ensemble de la population par dixième de niveau de vie.
  • Lecture : en 2016, 4,9 % des personnes de 75 ans ou plus ont un niveau de vie situé dans le premier dixième de niveau de vie de l’ensemble de la population.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire ou en institution dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2016 ; Drees, enquête CARE-Institutions 2016, traitement Insee.

Figure 2 – Répartition dans les dixièmes de niveau de vie selon la tranche d’âge

  • Notes :
    - chaque dixième regroupe 10 % de la population classée par niveau de vie croissant. Les seuils de niveau constituant les bornes des dixièmes sont les déciles de la distribution des niveaux de vie ;
    - la ligne à 10 % répartit l’ensemble de la population par dixième de niveau de vie.
  • Lecture : en 2016, 4,9 % des personnes de 75 ans ou plus ont un niveau de vie situé dans le premier dixième de niveau de vie de l’ensemble de la population.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire ou en institution dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2016 ; Drees, enquête CARE-Institutions 2016, traitement Insee.

Malgré leur sous-représentation dans le 1er dixième des niveaux de vie, les 75 ans ou plus restent légèrement sur-représentés dans la première moitié des niveaux de vie : de fait, ils sont 13,2 % dans le 3e dixième de niveau de vie et 12,5 % dans le 4e, des parts supérieures aux autres classes d’âge (respectivement 8,5 % et 10,0 % pour les 65-74 ans, et 9,7 % dans les 3e et 4e dixièmes pour les moins de 65 ans). Les personnes de 65-74 ans sont quant à elles à la fois nettement moins présentes en deçà du 1er décile de niveau de vie, mais aussi dans les 2e et 3e dixièmes. Ainsi, elles sont nettement sous‑représentées dans la première moitié de la distribution : 40,4 % des personnes de 65-74 ans ont un niveau de vie sous la médiane des niveaux de vie, contre 50,3 % des moins de 65 ans et 52,7 % des 75 ans ou plus.

Par ailleurs, le niveau de vie médian des seniors décroît avec l’âge : il est de 21 300 euros par an pour les 75‑79 ans, de 19 460 euros pour les 90-94 ans et de 18 310 euros au-delà (soit 14 % de moins que les 75-79 ans). En revanche, contrairement aux personnes en logement ordinaire, le niveau de vie médian des personnes en institution tend à croître avec l’âge (+3,8 % des 75-79 ans aux 95 ans ou plus), les anciens ouvriers étant nettement plus représentés parmi les résidents les plus jeunes.

Des pensions et retraites plus faibles pour les personnes plus âgées

En 2016, la médiane des pensions et retraites annuelles d’un ménage est de 18 260 euros par , pour l’ensemble des personnes de 75 ans ou plus, soit 1 522 euros par mois. Elle diminue avec l’âge : de 19 480 euros pour les 75-79 ans à 16 640 euros pour les 95 ans ou plus. En effet, la part des femmes, qui bénéficient d’une espérance de vie supérieure en moyenne à celle des hommes mais dont le niveau médian des pensions et retraites est inférieur de près d’un tiers, est plus forte aux âges élevés : les femmes représentent 56 % des 75‑79 ans et 81 % des 95 ans ou plus.

En outre, les générations les plus anciennes bénéficient de retraites moins élevées du fait de carrières plus souvent incomplètes [Ouvrir dans un nouvel ongletDrees, 2022], de professions exercées moins rémunératrices ou qui bénéficiaient de régimes de retraite moins favorables. Près d’un quart des 95 ans ou plus occupaient un emploi d’agriculteur ou d’artisan, contre 16 % des 75-79 ans et 11 % des 65-74 ans. À l’inverse, la part d’anciens cadres ou professions intermédiaires est plus de deux fois plus élevée pour les 65‑74 ans (35 %) que pour les 95 ans ou plus (16 %). Toutefois, en institution, les personnes les plus âgées ont des retraites supérieures à celles des plus jeunes, en raison d’une structure par profession anciennement occupée différente de celle des personnes en logement ordinaire. En institution, les anciens ouvriers sont nettement plus représentés parmi les résidents les plus jeunes et la part d’anciens cadres ou professions intermédiaires ne baisse pas avec l’âge.

Au total, les représentent en moyenne 87,6 % du niveau de vie moyen des personnes au grand âge. Cette proportion est moindre pour les plus âgés, passant de 89,5 % pour les 75-79 ans à 76,3 % pour les 95 ans ou plus.

Les revenus d’activité ne représentent qu’en moyenne 3,2 % du niveau de vie des 75 ans ou plus, contre 10,8 % de celui des 65-74 ans et 89,2 % pour les moins de 65 ans (figure 3). Au-delà de 65 ans, les revenus d’activité sont le plus souvent apportés par d’autres membres du ménage (en général des enfants résidant dans le même logement) et plus rarement, pour les 65-74 ans, par des seniors toujours en activité.

Figure 3 – Composition du niveau de vie moyen par tranche d’âge

en %
Figure 3 – Composition du niveau de vie moyen par tranche d’âge (en %) - Lecture : en 2016, le niveau de vie moyen d’une personne de moins de 75 ans ou plus est composé entre autres à 3,2 % de revenus d’activité du ménage, à 65,3 % des pensions et retraites de l'individu. Par ailleurs, il est diminué de 11,6 % en moyenne par les prélèvements d’impôts directs.
Âge Revenus d’activité du ménage Pensions et retraites de l’individu Pensions et retraites du conjoint Pensions non individualisables Revenus du patrimoine Prestations sociales Impôts
Moins de 65 ans 89,2 3,8 1,8 2,2 6,4 7,9 -11,3
65-74 ans 10,8 55,1 20,3 9,0 17,0 1,7 -13,9
75 ans ou plus 3,2 65,3 13,2 9,1 19,1 1,7 -11,6
75-79 ans 3,5 61,1 17,8 10,7 17,5 1,4 -12,0
80-84 ans 2,7 64,6 13,7 9,8 18,9 1,6 -11,3
85-89 ans 3,4 70,1 9,3 7,3 19,4 1,8 -11,3
90-94 ans 3,0 73,1 5,6 5,3 21,7 2,3 -11,0
95 ans ou plus 3,4 68,1 2,7 5,5 31,7 2,4 -13,8
Ensemble 72,1 15,4 5,0 3,7 8,8 6,6 -11,6
  • Lecture : en 2016, le niveau de vie moyen d’une personne de moins de 75 ans ou plus est composé entre autres à 3,2 % de revenus d’activité du ménage, à 65,3 % des pensions et retraites de l'individu. Par ailleurs, il est diminué de 11,6 % en moyenne par les prélèvements d’impôts directs.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire ou en institution dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2016 ; Drees, enquête CARE-Institutions 2016, traitement Insee.

Figure 3 – Composition du niveau de vie moyen par tranche d’âge

  • Lecture : en 2016, le niveau de vie moyen d’une personne de moins de 75 ans ou plus est composé entre autres à 3,2 % de revenus d’activité du ménage, à 65,3 % des pensions et retraites de l'individu. Par ailleurs, il est diminué de 11,6 % en moyenne par les prélèvements d’impôts directs.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire ou en institution dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2016 ; Drees, enquête CARE-Institutions 2016, traitement Insee.

Une part croissante de revenus du patrimoine pour les plus âgés

Les représentent en moyenne 19,1 % du niveau de vie des 75 ans ou plus. Cette part augmente pour les plus âgés : de 6,4 % avant 65 ans à 17,0 % pour les 65-74 ans et jusqu’à 31,7 % pour les personnes de 95 ans ou plus. Cet écart provient à la fois d’un poids moins important des retraites pour les plus âgés, mais également de revenus du patrimoine croissants avec l’âge. Au-delà de 75 ans, la part de personnes possédant une assurance-vie est notamment plus importante.

Par ailleurs, les conduisent à diminuer de 11,6 % en moyenne le niveau de vie des 75 ans ou plus, une part proche de celle des moins de 65 ans (11,3 %) et inférieure à celle des 65-74 ans (13,9 %).

Les personnes âgées moins bénéficiaires de prestations sociales nationales

Au grand âge, les pensions et retraites plus faibles sont parfois compensées par les mécanismes redistributifs. 15,4 % des personnes de 75 ans ou plus perçoivent au moins une , une part nettement inférieure à celle des moins de 65 ans (66,2 %) mais qui augmente avec l’âge (figure 4). Ainsi, la part des 95 ans ou plus bénéficiaires d’une prestation sociale est 2,6 fois plus élevée que celle des 75-79 ans (31,8 % contre 12,3 %).

Figure 4 – Perception d’une prestation sociale nationale par le ménage

en %
Figure 4 – Perception d’une prestation sociale nationale par le ménage (en %) - Lecture : en 2016, 15,4 % des personnes de 75 ans ou plus appartiennent à un ménage bénéficiant au moins d’une prestation sociale. Les prestations sociales représentent 16 % du niveau de vie moyen de ces bénéficiaires.
Âge Part de personnes bénéficiant d’une prestation sociale nationale Part des prestations dans le niveau de vie des bénéficiaires
Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) Allocation aux adultes handicapés (AAH) Allocations logement Autres1 Ensemble
Moins de 65 ans 0,6 4,0 27,7 59,6 66,2 13,7
65-74 ans 4,8 2,5 8,4 3,7 14,0 19,0
75 ans ou plus 4,8 1,7 10,8 1,7 15,4 16,0
75-79 ans 4,0 1,9 8,0 2,2 12,3 16,9
80-84 ans 4,7 1,8 8,3 1,5 13,0 18,5
85-89 ans 4,7 1,5 13,3 1,7 17,8 14,7
90-94 ans 7,5 1,1 18,9 1,0 23,6 14,3
95 ans ou plus 7,8 0,6 26,3 1,2 31,8 11,4
Ensemble 1,4 3,6 24,1 48,5 56,1 13,9
  • 1. Autres : prestations familiales, revenu de solidarité active (RSA), prime d’activité.
  • Lecture : en 2016, 15,4 % des personnes de 75 ans ou plus appartiennent à un ménage bénéficiant au moins d’une prestation sociale. Les prestations sociales représentent 16 % du niveau de vie moyen de ces bénéficiaires.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire ou en institution dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2016 ; Drees, enquête CARE-Institutions 2016, traitement Insee.

Les allocations logement représentent l’essentiel des prestations sociales des plus âgés : 10,8 % des 75 ans ou plus en bénéficient. Cette proportion augmente avec l’âge, en lien avec la part croissante des seniors qui bénéficient d’une allocation logement pour financer leur séjour en institution (Ehpad ou USLD) : 34,8 % des 75 ans ou plus en institution perçoivent une allocation logement, contre 8,5 % de ceux vivant en logement ordinaire. En outre, les personnes âgées peuvent bénéficier de l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa) et, quand leurs ressources sont inférieures au montant des frais d’hébergement, de l’aide sociale à l’hébergement (ASH), aides versées par les départements et non prises en compte ici.

Par ailleurs, 4,8 % des 75 ans ou plus perçoivent l’allocation de solidarité des personnes âgées (Aspa) et 1,7 % l’allocation aux adultes handicapés (AAH). Les plus âgés perçoivent plus rarement une autre prestation sociale, en particulier des prestations familiales, notamment en l’absence d’enfant à charge.

Un taux de pauvreté des seniors plus faible mais croissant avec l’âge

À partir de 65 ans, le cumul de l’Aspa avec les allocations logement permet dans la plupart des cas aux personnes âgées de disposer d’un niveau de vie supérieur au seuil de pauvreté. En 2016, 9,0 % des 75 ans ou plus, soit 527 000 personnes, ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté monétaire à 60 % du niveau de vie médian (figure 5). Ce taux est inférieur à celui des moins de 65 ans (15,6 %), mais supérieur à celui des 65‑74 ans, les moins exposés à la pauvreté (6,1 %).

Figure 5 – Nombre et part de personnes pauvres selon la tranche d’âge

Figure 5 – Nombre et part de personnes pauvres selon la tranche d’âge - Lecture : en 2016, 9 % des personnes de 75 ans ou plus, soit 527 000 personnes, ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté.
Âge Nombre de personnes pauvres
(en milliers)
Taux de pauvreté1
(en %)
Moins de 65 ans 7 922 15,6
65-74 ans 394 6,1
75 ans ou plus 527 9,0
75-79 ans 140 6,7
80-84 ans 169 9,4
85-89 ans 132 10,5
90-94 ans 65 11,0
95 ans ou plus 20 12,5
Ensemble 8 842 14,0
  • 1. Pauvreté monétaire à 60 % du niveau de vie médian.
  • Lecture : en 2016, 9 % des personnes de 75 ans ou plus, soit 527 000 personnes, ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire ou en institution dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2016 ; Drees, enquête CARE-Institutions 2016, traitement Insee.

Le taux de pauvreté augmente toutefois avec l’âge : il varie ainsi de 6,7 % pour les 75‑79 ans à 12,5 % pour les 95 ans ou plus. Par ailleurs, les 75 ans ou plus vivant à domicile sont deux fois moins exposés à la pauvreté monétaire que ceux résidant en institution : 8,1 % des premiers ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté contre 17,7 % des seconds.

Encadré – La prise en compte des revenus financiers exonérés réduit les écarts de niveau de vie entre les 75 ans ou plus et le reste de la population

Certains revenus financiers ne sont pas couverts par les sources fiscales : il s’agit notamment des produits d’assurance-vie, livrets défiscalisés, plans d’épargne en actions (PEA), plans d’épargne populaire (PEP), compte épargne logement (CEL), plans épargne logement (PEL). Dans l’enquête sur les Revenus fiscaux et sociaux (ERFS), ces revenus sont imputés à l’aide de modèles statistiques. L’enquête Capacités, aides et ressources des seniors en institutions (CARE-Institutions) fournit quelques éléments déclaratifs sur la détention de certains de ces placements. Afin que les deux sources soient comparables, un travail d’imputation similaire à celui réalisé dans l’ERFS a été réalisé dans CARE-Institutions pour les revenus d’assurance-vie et de livrets défiscalisés, qui représentent les principaux revenus financiers exonérés détenus par les 75 ans ou plus. Ces imputations tiennent également compte des variables de déclarations de détention de ces actifs dans CARE-Institutions.

La prise en compte de ces revenus financiers exonérés conduit à augmenter plus fortement les niveaux de vie médians des personnes de 75 ans ou plus que ceux de l’ensemble de la population. Hors revenus financiers exonérés, le niveau de vie des 75 ans ou plus est inférieur d’environ 5 % à celui de l’ensemble de la population (respectivement 18 930 euros et 19 940 euros), contre un écart de moins de 2 % en intégrant ces revenus. Le taux de pauvreté des 75 ans ou plus est également plus élevé de 0,9 point sans ces revenus exonérés, à 9,9 %. Par ailleurs, la part des 75 ans ou plus dans les plus hauts dixièmes de niveau de vie est également réduite : par exemple, leur part au sein des 10 % de personnes au niveau de vie le plus élevé est de 7,2 % hors prise en compte des revenus financiers exonérés, contre 9,1 % en les intégrant.

Publication rédigée par :Jorick Guillaneuf, Sébastien Picard, Arnaud Rousset (Insee)

Sources

Les statistiques sont constituées ici par une compilation de deux sources pour l’année 2016 : l’enquête sur les Revenus fiscaux et sociaux (ERFS), et l’enquête Ouvrir dans un nouvel ongletCapacités, Aides et Ressources des seniors en Institutions (CARE-Institutions).

En 2016, l’ERFS s’appuie sur un échantillon de 51 600 ménages de France métropolitaine issu de l’enquête Emploi de l’Insee, sur leurs déclarations fiscales, ainsi que sur les prestations sociales qu’ils ont perçues. Le champ retenu est celui des personnes vivant en France métropolitaine et appartenant à un ménage vivant en logement ordinaire dont la personne de référence n’est pas étudiante et dont le revenu déclaré est positif ou nul. Il exclut donc notamment les personnes résidant en institution ainsi que les personnes sans abri, et recouvre une population de 62,7 millions de personnes fin 2016.

L’enquête CARE-Institutions a été menée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) avec le soutien de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) fin 2016, auprès de 3 300 personnes âgées de plus de 60 ans résidant de manière permanente dans les établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), dans les maisons de retraite non Ehpad et dans les unités de soins de longue durée (USLD). Les résidences autonomie (ou logements-foyers avant 2016) sont exclues du champ de cette enquête. L’enquête CARE-Institutions couvre une population de 590 000 personnes en institution fin 2016.

L’enquête CARE-Institutions permet de corriger le défaut de couverture de l’ERFS pour les âges les plus avancés : les seniors en institution représentent moins d’1 % de la population totale, mais 9 % des 75 ans ou plus, 26,9 % des 90-94 ans et 49,4 % des 95 ans ou plus. Leur prise en compte affecte peu les statistiques de niveau de vie sur l’ensemble de la population – le niveau de vie médian de 2016 serait abaissé de 20 520 à 20 490 euros en intégrant les seniors en institution – mais bien plus les statistiques sur les niveaux de vie et la pauvreté au grand âge. Ainsi, sur le champ usuellement couvert par l’ERFS, le niveau de vie médian des 75 ans ou plus est de 20 410 euros en 2016, contre 20 160 en tenant compte des personnes en institution, et leur taux de pauvreté de 8,1 % contre 9,0 %.

Pour les seniors interrogés dans l’enquête CARE-Institutions, un appariement avec les déclarations fiscales et les bases de données sur les prestations sociales nationales a été réalisé. Pour reconstituer un périmètre de équivalent à celui de l’ERFS, les revenus financiers non couverts par la source fiscale (issus de produits d’épargne réglementés par exemple) ont été estimés dans l’enquête CARE‑Institutions à l’aide des mêmes modèles économétriques que ceux utilisés dans l’ERFS lorsque cela était possible.

Les résultats sont présentés au niveau individuel. Le niveau de vie est le même pour tous les individus d’un même ménage.

Définitions

Pour comparer le revenu de ménages de taille et de composition différentes en tenant compte des économies d’échelle, on divise le revenu disponible d’un ménage par son nombre d’unités de consommation (UC) pour obtenir le niveau de vie :

  • pour les ménages vivant en logement ordinaire, elles sont calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’OCDE modifiée, qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans ;
  • pour les seniors en institution, il est attribué 2 UC au ménage si le senior est en couple (que le conjoint soit en institution ou non), sous l’hypothèse que la vie en institution n’amène pas d’économie d’échelle équivalente à celle des ménages vivant en logement ordinaire.

Les retraites et pensions sont constituées des retraites, pensions d’invalidité et pensions alimentaires reçues par le senior et par son éventuel conjoint (revenus individualisables du ménage), ainsi que les pensions non individualisables du ménage constituées des rentes viagères perçues, nettes des éventuelles pensions alimentaires versées.

Les revenus du patrimoine incluent les revenus fonciers et les revenus de valeurs et capitaux mobiliers. Ils sont complétés par des imputations statistiques pour les revenus non couverts par la source fiscale (produits d’assurance-vie, livrets défiscalisés, plans d’épargne en actions (PEA), plans d’épargne populaire (PEP), compte épargne logement (CEL), plans épargne logement (PEL) dans le cas de l’ERFS uniquement).

Le revenu disponible du ménage pris en compte dans cette étude inclut les revenus d’activité nets des cotisations sociales, les indemnités de chômage, les retraites et pensions, les revenus du patrimoine, les prestations sociales perçues, nets des impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, contribution sociale généralisée (CSG), contribution à la réduction de la dette sociale (CRDS) et les prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine).

Les prestations sociales non contributives nationales prises en compte dans le calcul du revenu disponible sont les prestations familiales, les prestations logement et les minima sociaux constitués du revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), des allocations permettant d’atteindre le minimum vieillesse dont l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) et de la prime d’activité. Certaines prestations sociales comme l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa) ou l’aide sociale à l’hébergement (ASH), qui ne sont pas des revenus au sens de la comptabilité nationale car versées en contrepartie de dépenses (de santé et/ou d’hébergement), sont exclues ici du revenu disponible.

Pour en savoir plus

Roy D., « Ouvrir dans un nouvel ongletQui vit à domicile, qui vit en établissement parmi les personnes de 60 ans ou plus ? », Les dossiers de la Drees n° 104, février 2023.

Drees, Ouvrir dans un nouvel onglet Les retraités et les retraites , coll. « Panoramas de la Drees », édition 2022.

Brutel C., « En 2019, 1,6 million de personnes vivent en communauté : Ehpad, internat, foyer de travailleurs... », Insee Première n° 1906, juin 2022.

Insee, fiche 1.21 « Niveaux de vie et pauvreté des personnes âgées », in Revenus et patrimoine des ménages, coll. « Insee Références », édition 2021.

Besnard X., Zakri M., « Ouvrir dans un nouvel ongletComment les seniors financent-ils leur maison de retraite », Études et Résultats n° 1095, Drees, novembre 2018.

Muller M., « Ouvrir dans un nouvel onglet728 000 résidents en établissements d’hébergement pour personnes âgées en 2015 », Études et Résultats n° 1015, Drees, juillet 2017.

Arnold C., Lelièvre M., « Le niveau de vie des personnes âgées de 1996 à 2009 : une progression moyenne en ligne avec celle des personnes d’âge actif, mais des situations individuelles et générationnelles plus contrastées », in Les revenus et le patrimoine des ménages, coll. « Insee Références », édition 2013.