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Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes · Février 2023 · n° 159
Insee Analyses Auvergne-Rhône-AlpesDes situations contrastées entre déprise industrielle et influence métropolitaine Aires d’attraction des villes moyennes en Auvergne-Rhône-Alpes

Simon Desgouttes, Yann Leurs (Insee)

Les aires d’attraction des villes moyennes présentent, en Auvergne-Rhône-Alpes, des profils très hétérogènes en termes de taille, de démographie et de dynamisme économique. Dans ces territoires, la croissance démographique, portée par l’excédent migratoire, est souvent déconnectée de la croissance de l’emploi. La déprise des activités industrielles qui frappe nombre d’entre elles n’est pas toujours compensée par le développement des activités de service. Certaines de ces AAV accueillent des chômeurs et des actifs travaillant à l’extérieur de la zone, induisant des conséquences sur le marché du travail. Ainsi, certaines sont fortement dépendantes de l’extérieur en matière d’emploi alors que d’autres occupent globalement les actifs de leur territoire.

Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes
No 159
Paru le :Paru le16/02/2023

La situation et le devenir des villes moyennes sont l’objet de nombreuses attentions dans le débat et les politiques publiques. Pourtant, leur nombre et leur diversité exclut tout discours généraliste. Décrire leurs inflexions démographiques et leur capacité à créer de l’emploi, rechercher des facteurs explicatifs aux différentes dynamiques, permet de fournir une vision plus complète, forcément nuancée, du fonctionnement du marché du travail dans cet ensemble hétérogène.

L’ (AAV) définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Ce zonage permet d’analyser les dynamiques de la population et de l’emploi dans les territoires sous l’influence de leur . La France compte 699 aires d’attraction des villes dont 126 moyennes (18 %), c’est-à-dire dont la population est comprise entre 50 000 et 200 000 habitants. En Auvergne-Rhône-Alpes, on dénombre 16 AAV moyennes (figure 1). Leur population s’échelonne de 54 000 (aires d’Oyonnax, Albertville et Cluses) à 140 000 habitants (aires de Bourg-en-Bresse et Roanne), et la moitié d’entre elles comptent moins de 70 000 habitants. Ce zonage exclut de facto certaines villes moyennes de la région qui sont incluses dans une AAV plus grande et ne peuvent ainsi pas constituer une aire d’attraction indépendante (Vienne, Villefranche-sur-Saône, Bourgoin-Jallieu,…). L’AAV de Mâcon n’est pas prise en compte dans cette étude, la majorité de sa population résidant en Bourgogne-Franche-Comté.

Figure 1L’emploi dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes

L’emploi dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes - Lecture : l’aire d’attraction de Montélimar compte 38 000 emplois. Entre 2008 et 2018, l’évolution de l’emploi de l’aire était supérieure à 0,5 % par an.
AAV Nom AAV Emplois 2018 Évolution d’emploi entre 2008 et 2018 (en %)
058 Colmar 84 079 -0,1
057 Vannes 79 967 0,6
063 Niort 78 925 32,7
066 La Roche-sur-Yon 76 651 1,0
067 Cholet 74 034 1,1
062 Angoulême 73 168 45,0
064 Bourges 70 135 -0,6
069 Arras 67 351 -0,1
059 Douai 66 499 -0,3
065 Chartres 65 774 -0,3
061 Montbéliard 65 311 -1,3
075 Laval 64 606 0,0
060 Béziers 64 370 0,9
070 Chalon-sur-Saône 62 942 -0,2
071 Cherbourg-en-Cotentin 62 605 0,1
074 Blois 61 568 -0,1
080 Bourg-en-Bresse 58 868 0,2
076 Beauvais 58 214 -0,3
084 Mâcon 56 551 0,0
078 Compiègne 56 306 -0,6
068 Boulogne-sur-Mer 55 302 -0,6
081 Montauban 53 515 0,4
083 Évreux 53 193 -0,6
088 Saint-Malo 52 665 0,5
072 Narbonne 51 216 0,6
093 Agen 51 212 0,1
087 Brive-la-Gaillarde 51 184 -0,5
079 Roanne 50 804 -0,3
086 Belfort 50 578 -0,4
073 Calais 50 053 -0,5
085 Tarbes 49 851 -0,2
082 Albi 49 695 0,0
103 Rodez 49 460 0,0
090 Charleville-Mézières 48 813 -1,0
098 Ajaccio 48 321 1,6
101 Périgueux 48 132 -0,1
095 Épinal 47 499 -0,6
100 Châteauroux 45 331 -1,0
091 Carcassonne 45 229 0,2
102 Auxerre 44 993 -0,6
104 Bastia 44 085 1,2
092 Fréjus 43 155 0,3
094 Saint-Quentin 42 660 -0,7
077 Maubeuge (partie française) 42 052 -1,0
106 Mont-de-Marsan 41 885 0,3
097 Nevers 41 404 -1,3
096 Saint-Omer 41 382 -0,4
089 Alès 39 180 -0,2
107 Montélimar 37 793 0,7
105 Castres 37 453 0,1
112 Châlons-en-Champagne 35 769 -0,9
127 Haguenau 34 978 0,1
115 Le Puy-en-\nVelay 34 503 0,2
109 Montluçon 33 410 -1,2
124 Saint-Lô 32 784 -0,2
111 Dax 32 404 -0,1
108 Cambrai 32 376 -0,8
123 Aurillac 32 358 -0,3
119 Gap 32 089 0,5
114 Dieppe 31 596 -0,7
110 Vichy 31 032 -0,4
116 Alençon 30 983 -0,8
122 Moulins 30 802 -0,5
117 Châtellerault 30 629 29,9
118 Sens 30 040 -0,3
132 Lons-le-Saunier 29 550 -0,1
144 Louviers 29 511 1,0
120 Saintes 29 250 61,0
113 Lannion 29 180 -0,3
121 Sarreguemines (partie française) 28 428 -0,5
159 Libourne 28 353 0,2
125 Béthune 27 998 -0,4
138 Vesoul 27 767 -0,8
152 Cognac 27 737 56,5
145 Auch 26 866 -0,2
157 Épernay 26 471 -0,8
129 Bergerac 26 121 -0,3
126 Draguignan 26 025 0,4
134 Dole 25 926 -0,2
133 Saumur 25 734 -0,3
130 Montargis 25 598 -1,2
136 Laon 25 485 -1,2
140 Rochefort 25 478 48,3
169 Vitré 25 270 0,8
141 Romans-sur-\nIsère 25 058 0,7
135 Salon-de-Provence 25 044 0,5
155 Ancenis-Saint-Géréon 24 096 0,8
173 Les Herbiers 24 045 0,8
160 Chaumont 24 035 -0,8
174 Beaune 23 972 0,3
163 Cluses 23 898 -0,8
128 Soissons 23 435 -1,1
149 Morlaix 23 317 -0,7
137 Manosque 23 035 0,9
168 Oyonnax 22 872 -1,1
153 Cahors 22 867 -0,2
146 Saint-Dizier 22 741 -1,2
147 Roussillon 22 454 0,4
131 Royan 22 351 62,9
142 Saint-Dié-des-Vosges 22 237 -1,4
143 Aubenas 22 164 0,4
139 Les Sables-d'Olonne 21 607 0,6
162 Lisieux 21 455 -0,3
151 Thonon-\nles-Bains 21 376 0,4
167 Albertville 21 236 0,4
172 Fougères 21 145 -0,1
154 Villeneuve-sur-Lot 21 017 -0,6
158 Sélestat 20 552 -0,3
150 Arles 20 506 -0,6
177 Bar-le-Duc 20 243 -1,1
148 Carpentras 20 166 0,2
161 Annonay 19 947 -0,3
164 Abbeville 19 251 -0,4
165 Orange 18 976 0,0
171 Flers 18 851 -1,2
170 Sarrebourg 18 697 -0,9
175 Marmande 18 568 0,2
176 Montceau-les-Mines 15 987 -1,2
166 Agde 15 665 0,8
156 Auchel - Lillers 12 001 -0,8
  • Lecture : l’aire d’attraction de Montélimar compte 38 000 emplois. Entre 2008 et 2018, l’évolution de l’emploi de l’aire était supérieure à 0,5 % par an.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2018.

Figure 1L’emploi dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes

  • Lecture : l’aire d’attraction de Montélimar compte 38 000 emplois. Entre 2008 et 2018, l’évolution de l’emploi de l’aire était supérieure à 0,5 % par an.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2018.

L’ensemble des AAV moyennes de la région compte 1,3 million d’habitants, soit un million de moins que la seule aire d’attraction de la ville de Lyon, et quatre fois moins d’habitants que l’ensemble des grandes et très grandes AAV de la région. Ces dernières concentrent en effet plus des deux tiers de la population régionale. La concentration des emplois dans les plus grandes aires est encore plus marquée que celle de la population : alors que les AAV moyennes de la région comptent 490 000 emplois, la seule AAV de Lyon en contient plus d’un million (figure 2).

Figure 2Population et emploi dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes

Population et emploi dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes - Lecture : en 2018, l’aire d’attraction de Bourg-en-Bresse compte 140 000 habitants et 59 000 emplois.
AAV Emploi 2018 Population 2018
Bourg-en-Bresse 58 868 140 410
Roanne 50 806 140 157
Montélimar 37 793 98 989
Montluçon 33 410 92 003
Vichy 31 037 90 361
Le Puy-en-Velay 34 509 82 811
Moulins 30 802 77 404
Aurillac 32 360 77 012
Romans-sur-Isère 25 058 65 490
Aubenas 22 164 65 020
Roussillon 22 454 62 595
Thonon-les-Bains 21 399 60 378
Annonay 19 947 55 894
Cluses 23 898 54 804
Albertville 21 236 53 671
Oyonnax 22 872 53 671
  • Lecture : en 2018, l’aire d’attraction de Bourg-en-Bresse compte 140 000 habitants et 59 000 emplois.
  • Source : Insee, recensement de la population de 2018.

Figure 2Population et emploi dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes

  • Lecture : en 2018, l’aire d’attraction de Bourg-en-Bresse compte 140 000 habitants et 59 000 emplois.
  • Source : Insee, recensement de la population de 2018.

Seize aires d’attraction des villes moyennes : une grande diversité de situations

Les évolutions de population et d’emploi, le tissu économique de ces zones et leurs liens éventuels avec de plus grandes aires régionales sont marqués par de fortes disparités. Entre 2008 et 2018, la croissance démographique des AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes s’établit à 0,4 % par an. C’est une évolution comparable à celle de France métropolitaine, mais inférieure à celle des grandes et très grandes AAV de la région (+0,9 %). Pour la moitié des AAV moyennes, l’accroissement démographique est supérieur à 0,4 % (figure 3). Montélimar (1,2 %) et Thonon-les-Bains (1,1 %) ont les croissances les plus rapides. À l’opposé, Aurillac (-0,1 %), Oyonnax (-0,1 %) et Montluçon (-0,5 %) ont perdu des habitants.

Dans leur ensemble, les AAV moyennes ont perdu des emplois au cours des dix dernières années (-0,1 % par an), quand la France métropolitaine en gagnait 0,2 %. Montélimar (+0,8 %) et Romans-sur-Isère (+0,7 %) connaissent les plus fortes croissances d’emploi, alors qu’Oyonnax et Montluçon ont perdu plus de 1 % d’emploi chaque année.

Figure 3Évolution annuelle moyenne de l’emploi et de la population dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes entre 2008 et 2018

(en %)
Évolution annuelle moyenne de l’emploi et de la population dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes entre 2008 et 2018 ((en %)) - Lecture : entre 2008 et 2018, dans l’aire d’attraction de Montélimar, l’évolution de l’emploi était de 0,8 % par an et l’évolution de la population de 1,2 % par an.
AAV Évolution de la population entre 2008 et 2018 Évolution de l’emploi entre 2008 et 2018
Montélimar 1,16 0,76
Romans-sur-Isère 0,54 0,74
Albertville 0,37 0,43
Thonon-les-Bains 1,07 0,40
Aubenas 0,71 0,39
Roussillon 0,91 0,37
Le Puy-en-Velay 0,32 0,23
Bourg-en-Bresse 0,83 0,20
AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes 0,38 -0,10
Annonay 0,46 -0,27
Roanne 0,16 -0,30
Aurillac -0,10 -0,31
Vichy 0,15 -0,36
Moulins 0,03 -0,46
Cluses 0,40 -0,83
Oyonnax -0,14 -1,11
Montluçon -0,51 -1,15
  • Lecture : entre 2008 et 2018, dans l’aire d’attraction de Montélimar, l’évolution de l’emploi était de 0,8 % par an et l’évolution de la population de 1,2 % par an.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2018.

Figure 3Évolution annuelle moyenne de l’emploi et de la population dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes entre 2008 et 2018

  • Lecture : entre 2008 et 2018, dans l’aire d’attraction de Montélimar, l’évolution de l’emploi était de 0,8 % par an et l’évolution de la population de 1,2 % par an.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2018.

La croissance démographique ne s’accompagne pas toujours de croissance de l’emploi

Toutes les AAV moyennes qui ont connu une croissance de l’emploi ont eu dans le même temps une croissance démographique. De nombreuses AAV cumulent ainsi croissance démographique et d’emploi. Celles de Romans-sur-Isère et d’Albertville connaissent même une croissance de l’emploi supérieure à l’évolution démographique. Les pertes d’emploi, en revanche, ne sont pas toujours associées à des baisses de population : Annonay, Roanne, Vichy et Cluses voient leur nombre d’emploi décliner alors que la population croît.

Les créations d’emploi concernent essentiellement le tertiaire

La composition sectorielle de l’économie locale est le principal élément qui explique les différences d’évolution d’emploi d’une aire à l’autre. Les parts relatives de l’industrie et des services marchands sont assez différentes entre les AAV moyennes et les grandes ou très grandes AAV (figure 4). Les activités industrielles, surreprésentées dans les AAV moyennes (18 % de l’emploi) subissent des pertes d’emplois qui pénalisent certaines d’entre elles. Dans l’aire de Roanne, les gains d’emplois dans les services (+1 400) ne compensent pas les déficits de l’industrie (-2 300) et de la construction (-550). La situation est similaire à Annonay (+550 dans les services contre -1 000 dans l’industrie et la construction) et à Cluses (+400 dans les services et -2 500 dans la construction et l’industrie). À Vichy, ce sont également les pertes d’emploi dans l’industrie et la construction qui expliquent les baisses d’emploi, même si ce ne sont pas les secteurs majeurs de l’AAV. L’emploi tertiaire de l’AAV s’est maintenu autour de 23 300 emplois entre 2008 et 2018.

Les AAV qui gagnent des emplois bénéficient de créations principalement dans le secteur tertiaire : l’AAV de Montélimar cumule croissance démographique et croissance d’emploi avec des gains uniquement dans le tertiaire (+3 100 emplois) et des pertes ou stagnation dans les autres secteurs. L’AAV d’Albertville est dans la même situation : +1 000 emplois dans le tertiaire. L’AAV de Romans-sur-Isère gagne, en plus d’un nombre important d’emplois dans le tertiaire (+1 700), quelques emplois (+200) dans l’industrie ; l’AAV de Roussillon également.

Figure 4Structure sectorielle de l’emploi des AAV moyennes

(en %)
Structure sectorielle de l’emploi des AAV moyennes ((en %)) - Lecture : en 2018, dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’industrie représente 17,9 % de l’emploi total.
Agriculture Industrie Construction Commerce, transport, hébergement, restauration Services non marchands Autres services
AAV moyennes – Auvergne-Rhône-Alpes 2,9 17,9 7,3 21,0 33,0 17,9
AAV moyennes – France métropolitaine 3,3 14,8 6,7 21,6 34,5 19,1
France métropolitaine 2,6 11,9 6,4 21,7 32,0 25,4
Grandes et très grandes AAV d’Auvergne-Rhône-Alpes 1,1 13,8 6,6 21,8 30,3 26,4
  • Lecture : en 2018, dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’industrie représente 17,9 % de l’emploi total.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018.

Figure 4Structure sectorielle de l’emploi des AAV moyennes

  • Lecture : en 2018, dans les AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’industrie représente 17,9 % de l’emploi total.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018.

En matière d’emploi, ce sont les grandes aires d’attraction des villes qui captent l’essentiel des créations dans les secteurs porteurs du tertiaire comme les activités informatiques et services d’information, les activités juridiques, comptables, de gestion, d’architecture, d’ingénierie, de contrôle et d’analyses techniques et les activités de services administratifs et de soutien. Ces grandes AAV ont souvent une taille suffisante permettant l’accès à un bassin d’emploi vaste, diversifié et riche en services rares (notamment en services aux entreprises). À l’inverse, ces activités sont sous-représentées dans les AAV moyennes, qui peuvent cependant bénéficier de créations d’emploi présentiel lorsqu’elles sont en croissance démographique.

Enfin, dans les AAV moyennes, et à la différence des grandes AAV, il n’existe pas d’effet lié à la taille de l’aire (ou de son pôle) sur les dynamiques d’emploi. Ainsi, les deux plus grandes (Bourg-en-Bresse et Roanne) présentent des évolutions d’emploi opposées ; il en est de même des deux plus petites, Albertville et Oyonnax.

La croissance de l’emploi ne suffit pas à résorber le chômage

Les différences structurelles de taux d’activité et de sont peu prédictrices des dynamiques d’emploi. La croissance de l’emploi peut se traduire par un chômage faible, comme à Albertville, où le pourcentage de chômeurs parmi la population active de 15 à 64 ans s’élève à 9,9 % au sens du recensement de la population. Cependant, des territoires dynamiques peuvent aussi connaître un chômage élevé. Malgré un emploi en croissance, le pourcentage de chômeurs est parmi les plus hauts à Montélimar (14,6 %), en raison d’un afflux de population active supérieur aux possibilités d’emploi sur place. À l’opposé, à Aurillac et Cluses, qui perdent des emplois, la part des chômeurs est parmi les plus faibles (8,8 % et 9,9 %). Ce peut être révélateur d’un manque de dynamisme économique et démographique, qui se traduit par une diminution de population active (dans le cas d’Aurillac), ou de l’existence de nombreux déplacements à l’extérieur de l’aire (dans le cas de Cluses). Enfin, Montluçon et Oyonnax cumulent baisse d’emploi et pourcentage de chômeurs élevé (14,6 % et 13,3 %).

Les migrations résidentielles expliquent la déconnexion entre démographie et emploi

Dans l’ensemble des AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes, plus des deux tiers de la hausse de population sont dus au solde migratoire. Les caractéristiques des migrations résidentielles peuvent donc avoir un impact important sur les dynamiques de population et d’emploi, et expliquer la déconnexion entre croissance démographique et croissance de l’emploi. Prises dans leur ensemble, les AAV moyennes attirent plutôt de jeunes actifs de moins de 40 ans qui ont un emploi à l’extérieur de la zone, ou qui cherchent un emploi. Ceci traduit une certaine forme de périurbanisation des AAV moyennes, attrayantes par un coût de la vie souvent moins élevé, notamment pour le foncier. Ainsi, Roussillon et Montélimar connaissent une croissance de population bien supérieure à la dynamique d’emploi. Une explication tient dans la nature des migrations résidentielles. Ces deux AAV ont tendance à attirer des résidents qui travaillent à l’extérieur de la zone et des chômeurs. Dans le cas d’Aubenas, qui a également une croissance démographique plus rapide que la croissance de l’emploi, un nouvel arrivant sur cinq est en recherche d’emploi alors qu’ils ne sont que 8,5 % dans la population résidente.

À l’opposé, Oyonnax connaît des pertes d’emplois bien supérieures à la décroissance démographique. Dans cette AAV, les chômeurs sont deux fois plus nombreux parmi les nouveaux arrivants (15,1 %) que parmi la population résidente (7,8 %). Aurillac affiche un fort pourcentage d’inactifs dans les arrivées (44 % contre 32 % des nouveaux arrivants dans l’ensemble des AAV moyennes), avec un profil de retraités plutôt que de chômeurs.

Les pôles concentrent davantage l’emploi que la population

Globalement, les pôles des AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes concentrent 42 % de la population et 59 % de l’emploi de leur aire. Dans toutes les AAV moyennes, le pôle concentre davantage l’emploi que la population, reflétant une organisation interne du marché du travail polarisée autour d’une ou d’un petit nombre de communes centres. Deux pôles d’AAV moyennes (Oyonnax et Le-Puy-en-Velay) concentrent moins de la moitié de l’emploi (figure 5) ; ce sont les AAV moyennes où l’emploi est le moins concentré. À l’inverse, à Thonon-les-Bains, Annonay et Roussillon, sept emplois sur dix sont situés dans le pôle.

Figure 5Poids du pôle des AAV moyennes en emploi et population

(en %)
Poids du pôle des AAV moyennes en emploi et population ((en %)) - Lecture : en 2018, le pôle de Thonon-les-Bains pèse 71 % de l’emploi et 58 % de la population de son aire d’attraction.
AAV Poids de la population du pôle dans l’AAV Poids de l’emploi du pôle dans l’AAV
Thonon-les-Bains 58,4 70,6
Annonay 48,6 70,0
Roussillon 57,0 70,0
Romans-sur-Isère 50,6 67,5
Aurillac 33,2 65,1
Roanne 42,3 64,8
Moulins 41,9 63,9
Bourg-en-Bresse 38,2 61,1
AAV moyennes d’Auvergne-Rhône-Alpes 41,6 59,5
Montélimar 39,8 58,3
Aubenas 37,8 56,2
Vichy 41,5 55,7
Montluçon 38,0 55,0
Cluses 47,1 52,1
Albertville 35,8 51,3
Oyonnax 41,6 45,0
Le Puy-en-Velay 23,0 44,8
  • Lecture : en 2018, le pôle de Thonon-les-Bains pèse 71 % de l’emploi et 58 % de la population de son aire d’attraction.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018.

Figure 5Poids du pôle des AAV moyennes en emploi et population

  • Lecture : en 2018, le pôle de Thonon-les-Bains pèse 71 % de l’emploi et 58 % de la population de son aire d’attraction.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018.

Des interconnexions variées avec l’environnement géographique proche

Certaines AAV présentent peu de d’échanges domicile-travail avec leur environnement proche et sont donc relativement autonomes. Le taux d’actifs « stables » (qui résident et travaillent sur place) y est très élevé. Symétriquement, les taux d’entrants (emplois occupés par des actifs résidant à l’extérieur de la zone) et de sortants (actifs travaillant en dehors de la zone) sont faibles. C’est le cas d’Aurillac (94 % de stables), Le-Puy-en-Velay (89 %) et Montluçon (88 %).

Mais la plupart des AAV moyennes ne sont pas totalement autonomes en matière d’emploi. Elles comptent légèrement moins d’emplois que d’actifs (97 emplois pour 100 actifs occupés en moyenne). L’emploi offert sur ces territoires ne suffit donc pas à occuper l’ensemble des actifs. Les situations sont toutefois très selon les AAV. Seule celle d’Oyonnax attire véritablement des actifs occupés de l’extérieur, avec 106 emplois pour 100 actifs occupés (figure 6). À l’exception de six AAV à l’équilibre (Moulins, Le Puy-en-Velay, Aurillac, Bourg-en-Bresse, Montluçon et Montélimar), les neuf autres connaissent un déficit d’emploi avec des actifs résidents qui doivent sortir de la zone pour aller travailler. Roussillon, Thonon-les-Bains, Romans-sur-Isère, Cluses sont imbriquées plus fortement dans des échanges avec d’autres territoires. Leur taux d’actifs stables est faible et les taux d’entrants et de sortants élevés.

Roussillon fonctionne en interconnexion avec son environnement proche. Elle dépend de l’AAV de Lyon dans laquelle près de 6 800 actifs occupés vont travailler. Elle n’en reçoit que 3 300, lors de nombreux échanges avec les communes du sud de l’aire lyonnaise. Elle est également en interconnexion avec l’AAV d’Annonay, dans laquelle 1 400 actifs occupés vont travailler et dont elle en reçoit 1 900. Romans-sur-Isère est en interaction avec l’AAV de Valence, vers laquelle partent 7 100 actifs occupés contre 6 200 qu’elle reçoit. Cluses est en interconnexion forte avec les AAV proches, notamment d’Annemasse et de Sallanches, et dans une moindre mesure avec celle d’Annecy.

Enfin, la situation de l’AAV de Thonon-les-Bains est particulière. Située à proximité de la Suisse, elle est le lieu de résidence de nombreux travailleurs qui traversent la frontière, et bien souvent le lac Léman, pour travailler en Suisse. Le nombre d’emplois par actif occupé dans cette AAV est de 81 seulement.

Figure 6Tableau synthétique

Tableau synthétique
Population 2018 Emploi en 2018 Evolution 2008-2018 (en %) de Poids de l’emploi en 2018 (en %) Emploi pour 100 actifs occupés Taux de chômage (en %)
Population Emploi Emploi du pôle Emploi de la couronne Pôle dans l’AAV Industriel
AAV moyenne d’Auvergne-Rhône-Alpes 1 270 670 488 613 0,4 -0,1 -0,2 0,0 59 17,8 97,0 12,4
Bourg-en-Bresse 140 410 58 868 0,8 0,2 0,0 0,5 61 14,5 100,2 10,7
Oyonnax 53 671 22 872 -0,1 -1,1 -1,0 -1,2 45 38,9 106,4 13,3
Montluçon 92 003 33 410 -0,5 -1,2 -1,6 -0,6 55 17,0 100,1 14,6
Moulins 77 404 30 802 0,0 -0,5 -0,5 -0,4 64 9,0 102,1 12,4
Vichy 90 361 31 037 0,1 -0,4 -0,4 -0,4 56 15,8 94,3 14,1
Annonay 55 894 19 947 0,5 -0,3 -0,1 -0,6 70 26,5 91,0 11,7
Aubenas 65 020 22 164 0,7 0,4 -0,1 1,1 56 9,4 94,3 16,7
Aurillac 77 012 32 360 -0,1 -0,3 -0,4 0,0 65 10,0 100,6 8,8
Montélimar 98 989 37 793 1,2 0,8 1,2 0,2 58 15,3 98,6 14,6
Romans-sur-Isère 65 490 25 058 0,5 0,7 0,5 1,2 68 21,2 98,3 14,0
Roussillon 62 595 22 454 0,9 0,4 0,6 -0,1 70 24,5 90,3 13,5
Le Puy-en-Velay 82 811 34 509 0,3 0,2 0,0 0,4 45 13,1 101,8 10,9
Roanne 140 157 50 806 0,2 -0,3 -0,3 -0,3 65 18,3 95,8 12,3
Albertville 53 671 21 236 0,4 0,4 0,4 0,4 51 17,6 92,2 9,9
Cluses 54 804 23 898 0,4 -0,8 -1,4 -0,2 52 35,9 94,5 10,8
Thonon-les-Bains 60 378 21 399 1,1 0,4 0,2 0,8 71 14 81 11,2
  • Source : Insee, recensement de la population 2018.
Publication rédigée par :Simon Desgouttes, Yann Leurs (Insee)

Définitions

La définition des aires d’attraction des villes est cohérente avec les concepts européens et internationaux. Ainsi, les plus grandes aires coïncident avec les « cities » et « aires urbaines fonctionnelles » utilisées par Eurostat et l’OCDE pour analyser le fonctionnement des villes. Le zonage en AAV facilite ainsi les comparaisons internationales et permet de visualiser l’influence en France des villes étrangères.

Le zonage en aires d’attraction des villes (AAV) 2020 se substitue au zonage en aires urbaines (AU), réalisé par l’Insee en 2010. L’aire d’attraction d’une ville définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes, mesurée par les déplacements domicile-travail. Une aire est composée d’un pôle, défini à partir de critères de population et d’emploi, et d’une couronne constituée des communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. Au sein du pôle, la commune la plus peuplée est appelée la commune-centre (pour en savoir plus). Cette approche fonctionnelle de la ville permet d’étudier les disparités territoriales selon deux dimensions : la taille de l’aire et la distinction entre centre et périphérie. Les aires d’attraction des villes sont des entités économiques cohérentes : une politique publique ciblée sur un pôle pourra avoir des conséquences sur l’ensemble de son aire d’attraction.

Le taux de chômage présenté ici est le taux de chômage déclaré au recensement, dont la définition n’est pas alignée avec celle du Bureau international du travail (BIT). Le taux de chômage au sens du BIT n’est en effet pas disponible à l’échelle des AAV.

Les emplois sont mesurés au lieu de travail tandis que les actifs occupés sont au lieu de résidence.