Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur · Janvier 2023 · n° 113

Pendant le pic estival, 90 000 emplois sont occupés par des saisonniers

Provence-Alpes-Côte d’Azur, région touristique, emploie de nombreux saisonniers (pour comprendre). Ils exercent des métiers liés aux activités touristiques (serveur, moniteur sportif, animateur, etc.), aux cycles des activités agricoles (vendangeur, cueilleur, etc.), à la culture (comédien, ingénieur du son, etc.) ou encore au commerce (vendeur, caissier, etc.). Leurs activités se concentrent surtout lors de la période estivale ou, dans une moindre mesure, durant les autres vacances scolaires.

Au cours de l’année 2017, 231 000 saisonniers ont été recrutés pour répondre à ces besoins temporaires de main-d'œuvre. Au pic de l’activité saisonnière, 90 000 postes de travail sont pourvus. Certains saisonniers habitent loin de leur lieu de travail en saison et leur présence peut donc engendrer des besoins ponctuels en logements (encadré 1).

Parmi les saisonniers, 84 000 travaillent dans le cadre de missions d’intérim (encadré 2). Au-delà des saisonniers sous contrat français, des travailleurs détachés répondent également aux besoins temporaires de main-d’œuvre dans la région (encadré 3).

En 2017, hors intérimaires, 147 000 saisonniers ont travaillé en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ils ont occupé 220 000 emplois (pour comprendre), un saisonnier pouvant avoir plusieurs activités saisonnières dans l’année. Ils représentent ainsi 9 % des 1 676 000 salariés du secteur privé hors salariés des particuliers employeurs. Toutefois, sur ce champ, en raison de la courte durée des emplois occupés, l’emploi saisonnier hors intérimaires pèse bien moins en équivalent temps plein (ETP) : 16 900 emplois ETP, soit 15 ETP pour 1 000 (figure 1).

Son orientation sectorielle situe Provence-Alpes-Côte d’Azur au deuxième rang des régions françaises pour le poids de l’emploi saisonnier non intérimaire, loin derrière la Corse (45 ‰), mais nettement au-dessus du niveau national (8 ‰).

Les activités de services administratifs et de soutien sont le deuxième secteur employeur avec 2 200 ETP saisonniers (13 % pour 16 % en France), dont 520 ETP dans les activités de sécurité privée et 420 dans le nettoyage de bâtiment. Ces deux activités sont particulièrement présentes dans les zones d’emploi de Marseille, Nice et Cannes.

Bien qu’en retrait par rapport aux régions voisines d’Occitanie et de Corse, l’agriculture emploie 1 800 ETP saisonniers (11 %, comme en France). Les cultures de fruits à pépins et à noyau, tels que les pêches, les cerises ou les abricots, regroupent la moitié des ETP saisonniers du secteur, en particulier dans la zone d’emploi d’Arles. La culture de la vigne, présente par exemple dans la zone d’emploi d’Orange, en représente un quart. Celle du melon, avec un cinquième des ETP saisonniers du secteur, embauche principalement dans les zones d’emploi de Carpentras et de Cavaillon.

La forte activité touristique de la région a des effets sur le secteur du commerce, avec 1 700 ETP saisonniers (10 %). Enfin, les nombreux festivals organisés durant l’été soutiennent l’emploi saisonnier dans le secteur des arts, spectacles et activités récréatives telles que le théâtre ou la musique, avec 900 ETP saisonniers (6 % contre 7 % en France).

Les emplois saisonniers sont très concentrés entre juin et septembre (figure 2).

Dans la région, le pic d’emploi saisonnier est atteint durant les derniers jours de juillet, où 65 000 emplois saisonniers non intérimaires sont en cours contre 22 000 en moyenne sur l’année. La zone d’emploi de Briançon fait exception avec un pic principal lors de la saison hivernale.

Le principal secteur contributeur au pic estival est l’hébergement-restauration avec 32 000 emplois quotidiens. En juillet et août, l’effort de recrutement est particulièrement important pour ce secteur qui compte 104 000 emplois en fin d’année.

Avec 8 800 emplois non intérimaires pourvus, les activités saisonnières des services administratifs et de soutien culminent lors de la dernière semaine d’août.

L’activité saisonnière du commerce bat son plein lors de la dernière semaine de juillet, avec 7 300 emplois pourvus. Ce secteur connaît également une petite période d’activité saisonnière lors des deux semaines précédant les fêtes de fin d’année, avec 1 100 emplois saisonniers pourvus par jour.

Dans les arts et spectacles, l’activité saisonnière est maximale lors de la troisième semaine de juillet, avec 5 500 emplois saisonniers, de nombreux festivals se déroulant dans la région à cette époque, notamment celui de théâtre d’Avignon.

Enfin, le pic d’activité dans l’agriculture a lieu durant la deuxième semaine de septembre avec 5 100 emplois saisonniers. Le secteur recrute alors notamment pour les vendanges et le maraîchage. Cela représente un effort de recrutement significatif pour un secteur qui compte 15 000 emplois en fin d’année.

Les zones d’emploi à très forte orientation touristique de Sainte-Maxime et de Briançon présentent la part d'emploi saisonnier non intérimaire la plus élevée (près de 90 ETP pour 1 000), notamment dans l’hébergement-restauration (figure 3). Dans les zones d’emploi de Marseille, Aix-en-Provence, Avignon et Nice où le tissu économique est plus diversifié, l’emploi saisonnier est beaucoup moins présent. Le volume d’emploi saisonnier est néanmoins le plus important dans les zones d’emploi de Marseille (2 600 ETP), Cannes (1 950), Toulon (1 500) et Nice (1 500).

L’hébergement-restauration est le premier secteur employeur de saisonniers non intérimaires dans 14 des 22 zones d’emploi de la région, dont celles couvrant les trois départements alpins et le Var.

Dans les zones d’emploi de Briançon et Sainte-Maxime, plus de sept saisonniers sur dix travaillent dans ce secteur. Signe de leur importance pour l’économie touristique de ces deux territoires, ils comptent respectivement pour 30 % et 25 % des ETP hors intérimaires du secteur de l’hébergement-restauration, contre 8 % au niveau régional.

Dans la zone d’emploi de Cannes, le commerce est également très présent, avec 15 % des ETP saisonniers hors intérimaires (contre 10 % dans la région). Dans celles de Nice et d’Aix-en-Provence, les activités de services administratifs et de soutien ont des poids respectifs de 17 % et 19 % des ETP saisonniers hors intérimaires (contre 13 % dans la région). Enfin dans la zone d’emploi d’Aix-en-Provence, les activités scientifiques (16 % contre 2 % dans la région) et les arts et spectacles (16 % contre 6 %) sont également des secteurs fortement employeurs de saisonniers hors intérimaires.

L’agriculture représente la principale activité saisonnière, hors intérim, dans le couloir rhodanien, à l’ouest de la région.

Cependant, les arts et spectacles sont également bien présents dans les zones d’emploi d’Orange et d’Avignon : ils emploient respectivement 19 % et 15 % des ETP saisonniers non intérimaires dans ces territoires. Dans ces deux zones d’emploi, les arts et spectacles ont un plus fort recours aux saisonniers qu’au niveau régional pour exercer leur activité : les saisonniers comptent pour respectivement 30 % et 12 % des ETP de ce secteur contre 5 % dans la région, notamment pour couvrir les Chorégies d’Orange et le festival d’Avignon.

Les activités de services administratifs et de soutien constituent la première activité saisonnière dans les zones d’emploi de Marseille et Martigues-Salon, avec trois ETP saisonniers non intérimaires sur dix. Dans la zone d’emploi de Martigues-Salon, l’agriculture représente également 22 % de l’emploi saisonnier non intérimaire.

Au niveau des départements, les Hautes-Alpes, à la fois touristiques et agricoles, ont la plus forte part d’emploi saisonnier hors intérimaires de la région (44 ETP pour 1 000), à l’inverse des Bouches-du-Rhône (9 ETP pour 1 000).

Hors intérimaires, 148 000 saisonniers habitent en Provence-Alpes-Côte d’Azur (pour comprendre) et la grande majorité travaille à l’intérieur de la région. Les saisonniers sont en moyenne plus jeunes que l’ensemble des salariés : 42 % ont moins de 26 ans (contre 18 %). Les femmes sont légèrement surreprésentées.

La moitié des emplois saisonniers hors intérim durent moins de 20 jours. L’agriculture et l'hébergement-restauration offrent les contrats les plus longs : un sur deux a une durée supérieure à 29 jours. À l’inverse, les durées d’emploi sont bien plus courtes dans les arts, spectacles et activités récréatives, avec un emploi saisonnier sur deux inférieur à quatre jours. Les saisonniers (hors intérimaires) exercent plus fréquemment leur activité saisonnière à temps partiel que l’ensemble des salariés.

Les contrats courts et le temps de travail réduit expliquent que les saisonniers (hors intérimaires) occupent en moyenne deux fois plus d’emplois dans l’année que l’ensemble des salariés (respectivement 3,0 et 1,5). Par ailleurs, 34 000 saisonniers sont multi-actifs (23 % contre 7 % de l’ensemble des salariés) : ils occupent au moins un autre poste salarié en même temps que leur emploi saisonnier. Plus de 10 000 cumulent un emploi saisonnier et un contrat à durée indéterminée.

La moitié des saisonniers non intérimaires ont un revenu salarial (pour comprendre) annuel inférieur à 3 900 euros nets contre 15 500 euros pour l’ensemble des salariés de la région (secteur privé hors particuliers employeurs). Les revenus issus des activités saisonnières représentent environ la moitié du revenu salarial des saisonniers non intérimaires. Ces emplois saisonniers sont moins rémunérateurs que l’ensemble des emplois salariés (en moyenne 10,2 euros de salaire net horaire contre 12,2 euros). Ce niveau de salaire plus bas peut s’expliquer par la moindre qualification des emplois saisonniers, avec une sur-représentation des emplois d’ouvriers non qualifiés et d’employés.

Les personnes ayant occupé un emploi saisonnier, y compris un contrat intérimaire, entre le 1^er septembre 2013 et le 31 décembre 2014 (sources) connaissent des trajectoires professionnelles variées. Une partie d’entre elles semble répéter une activités saisonnières.

Trois ans après leur dernier emploi saisonnier, près de 42 % ne sont plus salariées, et même 60 % de celles ayant effectué leur contrat dans le secteur de l’agriculture. Ces anciens saisonniers sont au chômage, à leur compte, en formation, retraités, etc. (figure 4). En moyenne, ils sont plus âgés que les autres : 55 % avaient au moins 50 ans au moment de leur contrat saisonnier.

En revanche, les saisonniers ayant exercé dans les services administratifs et de soutien ou dans le commerce obtiennent plus fréquemment un contrat à durée indéterminée (respectivement 28 % et 25 %, contre 22 % pour l’ensemble). Les saisonniers dans cette situation sont plutôt jeunes.

Enfin, les saisonniers des arts et spectacles ainsi que ceux de l’hébergement-restauration sont plus souvent en contrat à durée déterminée trois ans plus tard (respectivement 43 % et 27 %, contre 22 % pour l’ensemble).

Dans cette étude, seuls les emplois salariés du secteur privé, à l’exclusion de ceux rémunérés par des particuliers employeurs sont considérés. Les postes effectués dans la fonction publique ne sont pas pris en compte.

Les parts de travailleurs saisonniers et d’emplois en équivalent temps plein sont calculées sur le champ salarié du secteur privé, en dehors des salariés rémunérés par des particuliers employeurs.

Les revenus salariaux sont calculés sur ce même champ. Tous les emplois occupés en 2017 sont pris en compte, à l’exclusion de ceux effectués dans la fonction publique ou auprès d’un particulier-employeur. Les revenus non salariaux et les indemnités chômage ne sont pas non plus pris en compte.

Les saisons sont déterminées à partir du volume quotidien des emplois pour chaque croisement entre les zones d’emploi et les sous-classes de la nomenclature de secteurs d’activité (NAF rév. 2). Les séries de volume quotidien d’emplois ont été observées sur une période s’étalant du 1^er janvier 2013 au 31 décembre 2017 afin de s’assurer de la récurrence des saisons. L’observation des emplois saisonniers commence le 1^er septembre 2016 et s’arrête au 31 décembre 2017.

En 2017, une activité est qualifiée de saisonnière si :

Pour garantir une certaine robustesse, les saisons dont les effectifs sont trop faibles ne sont pas retenues.

Un emploi est qualifié de saisonnier s’il est à durée déterminée et si les dates de début et de fin sont incluses dans les bornes d’une saison. Une personne sera considérée comme saisonnière si elle a occupé au moins un emploi saisonnier dans l’année.

Les emplois saisonniers sont considérés au lieu de travail.

Les saisonniers sont considérés au lieu de résidence lors de leur emploi principal saisonnier.