Insee Flash Ile-de-France · Novembre 2022 · n° 71

Participation électorale en 2022 : plus de sept Franciliens sur dix à la présidentielle et cinq sur dix aux législatives

Le premier semestre 2022 a été marqué par deux échéances politiques majeures : l’élection présidentielle (les 10 et 24 avril) puis les élections législatives (les 12 et 19 juin). Ont pu prendre part à ces scrutins les personnes qui, en âge de voter, étaient inscrites par ailleurs sur les listes électorales. En Île-de-France, parmi les 8 millions de résidents âgés de 18 ans ou plus, 7,2 millions étaient inscrits au répertoire électoral unique (REU) et étaient donc en mesure de participer aux différentes élections du printemps 2022. À l’inverse, plus de 840 000 Franciliens en âge de voter ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Ces personnes non inscrites représentent 10,5 % des Franciliens en âge de voter, une proportion supérieure de 2 points à la moyenne nationale. L’Île-de-France est ainsi la région où les inscriptions sur les listes électorales sont les moins fréquentes ; elle se positionne derrière les régions Bourgogne-Franche-Comté et Provence-Alpes-Côte d’Azur (9,4 %).

En Île-de-France, comme au niveau national, les femmes sont plus souvent inscrites sur les listes électorales que les hommes (respectivement 91 % et 88 %). De même, en lien avec l’instauration de l’inscription d’office pour les jeunes qui deviennent majeurs, près de 94 % des Franciliens âgés de 18 à 24 ans sont inscrits au répertoire électoral unique, une proportion similaire à celles des Franciliens âgés de 70 ans ou plus. Des taux d’inscription élevés sont également observés chez les personnes appartenant à des milieux socialement favorisés. Ils culminent chez les Franciliens cadres ou diplômés de l’enseignement supérieur : environ 95 % des cadres sont inscrits au REU alors que, parmi les employés et les ouvriers, cette proportion n’est respectivement que de 85 % et de 74 %. Au sein de la population active, les personnes occupant un emploi sont davantage inscrites que les chômeurs (89 % contre 84 %). Quel que soit son profil (âge, situation sociale ou familiale), un Francilien est moins souvent inscrit sur les listes électorales que son homologue provincial.

En 2022, 4,5 millions de Franciliens en moyenne ont participé aux quatre scrutins organisés en avril et juin, soit un taux de participation de 63 %. Les élections présidentielles mobilisent le plus grand nombre d’électeurs. Ainsi, huit Franciliens sur dix ont pris part au premier tour de cette élection, sept sur dix au second ; plus de 68 % des électeurs franciliens ont participé à la fois aux premier et second tours de cette élection.

L’Île-de-France est, pour l’élection présidentielle, la région où la part d’électeurs n’ayant participé qu’au premier tour est la plus grande : 10,4 % des électeurs du premier tour se sont abstenus au second tour, soit 2,7 points de plus qu’au niveau national. En somme, la participation des Franciliens a été plus forte qu’en France métropolitaine pour le premier tour de l’élection présidentielle, mais le constat inverse s’observe pour le second. En 2022, les comportements d’abstention systématique ont concerné 16 % des électeurs franciliens pour l’élection présidentielle (17 % au niveau national).

La participation à l’élection présidentielle tend à diminuer depuis quinze ans. En effet, depuis 2007, l’abstention systématique croît à chaque scrutin, parallèlement au recul de la participation systématique. Cette dernière était de 82 % en 2007, soit 14 points de plus qu’en 2022.

S’agissant des élections législatives, un électeur sur deux s’est mobilisé, au premier comme au second tour. Environ 42 % des électeurs franciliens ont ainsi participé à l’intégralité des scrutins visant à élire leur député. Cette part est en hausse de cinq points par rapport à 2017, bien qu’elle reste significativement inférieure à celles des scrutins antérieurs.

En 2022, en Île-de-France comme en France, 37 % des électeurs se sont mobilisés à la fois pour les deux tours du scrutin présidentiel et pour ceux des élections législatives. Dans la région, le vote systématique a ainsi progressé de 3 points par rapport à 2017. Il ne retrouve pas pour autant ses niveaux observés entre 2002 et 2012 (entre 44 % et 47 %) (figure 1).

Plus les électeurs sont âgés et plus ils ont tendance à faire usage de leur droit de vote. Ainsi, près de la moitié des votants âgés entre 50 et 79 ans ont participé de manière systématique à chacun des scrutins du printemps 2022. À ces âges, seul un électeur sur dix n’a pris part ni à l’élection présidentielle ni aux élections législatives. Pour les électeurs âgés de 80 ans ou plus, la participation systématique est nettement moindre (41 %) mais elle reste deux fois plus élevée que celle des jeunes de moins de 30 ans (figure 2).

Certains électeurs s’abstiennent systématiquement, quelle que soit l’échéance électorale. En Île-de-France, cette abstention totale concerne près de 15 % des électeurs. Elle est plus ou moins forte en fonction de l’âge ou du type de scrutin. Ainsi, parmi les inscrits de moins de 40 ans, deux sur dix s’abstiennent aux deux tours de l’élection présidentielle, et plus de cinq sur dix s’agissant des élections législatives. Parmi les quinquagénaires, l’abstention est plus faible : un sur dix à la présidentielle et trois sur dix aux législatives.

Par rapport aux scrutins de 2017, l’abstention systématique en 2022 est plus importante pour presque toutes les classes d’âges. Elle progresse notamment parmi les électeurs âgés de 40 à 49 ans (de 8 % à 14 %) ou de 70 à 79 ans (de 8 % à 13 %). Seuls les électeurs âgés de 25 à 29 ans se sont moins abstenus en 2022 qu’en 2017.

À l’image de l’inscription sur les listes électorales, la participation aux différents scrutins est plus forte chez les électeurs bénéficiant d’une situation sociale favorable, en matière de revenus, d’éducation ou de patrimoine. Ainsi, en Île-de-France, les cadres font plus fréquemment usage de leur droit de vote que les ouvriers. Près d’un cadre sur deux s’est rendu aux urnes pour les quatre tours (49 %) ; parmi les ouvriers franciliens, cette proportion n’est que de 32 %. De même, 44 % des propriétaires ont voté de manière systématique, contre 28 % pour les locataires. De tels écarts de participation s’observent également dans l’ensemble du pays.