Insee Flash Centre-Val de Loire · Novembre 2022 · n° 57

Les jeunes votent moins que leurs aînés

En 2022, 1 729 000 personnes résidant en Centre-Val de Loire sont inscrites sur les listes électorales pour participer aux élections et pouvaient donc voter aux deux scrutins nationaux : l’élection présidentielle (10 et 24 avril) et les élections législatives (12 et 19 juin). Ce sont ainsi 91,5 % des personnes en âge de voter qui sont inscrites sur les listes électorales, tout comme au niveau national. La hausse de cette part de près de 2 points par rapport à 2017 (89,7 %) s’explique en partie par une extension des dates d’inscription et surtout par l’inscription automatique des jeunes à l’âge de 18 ans sur les listes électorales de leur commune de résidence. Cette pratique, en place depuis 1997, explique une hausse régulière du taux d’inscription.

Dans la région, 16 % des inscrits n’ont voté à aucun tour des élections nationales en 2022 (figure 1). Cette abstention systématique régionale est identique à celle de la France. Entre 2017 et 2022, elle a légèrement moins augmenté dans la région qu’à l’échelle nationale, plaçant le Centre-Val de Loire parmi les régions où la hausse de l’abstention est la plus faible. À l’inverse, 37 % des inscrits ont voté lors de chacun des deux tours des deux scrutins. Après des baisses successives entre 2007 et 2017, ce vote systématique se maintient entre 2017 et 2022. Il augmente en France pour atteindre un niveau identique à celui de Centre-Val de Loire en 2022. Ainsi, près de la moitié (47 %) des inscrits n’ont voté qu’à une partie des scrutins. Ce vote intermittent est le comportement de vote privilégié par les électeurs, tout comme dans les autres régions françaises. Il est néanmoins en recul de 2 points par rapport à 2017.

À l’image des précédents scrutins nationaux, la participation est plus importante pour l’élection présidentielle que pour les législatives. En 2022, 83 % des inscrits ont participé à au moins un tour des élections présidentielles, contre 59 % pour les élections législatives. Les écarts de participation sont sensiblement plus importants pour le vote systématique : plus de sept inscrits sur dix ont participé aux deux tours de la présidentielle, contre uniquement quatre inscrits sur dix pour les élections législatives. De surcroît, près de deux inscrits sur dix n’ont participé qu’aux deux tours du scrutin présidentiel, et plus d’un inscrit sur quatre a voté à au moins un tour de l’élection présidentielle sans se déplacer aux urnes pour les législatives. Néanmoins, la participation électorale à la présidentielle diminue. L’abstention systématique pour ce scrutin croît de manière régulière depuis 2007, avec une hausse de près de 2 points lors de chaque scrutin, pour finalement atteindre 17 % des inscrits en 2022.

Le comportement de vote est fortement lié à l’âge. Pour les inscrits de moins de 40 ans, le vote systématique est très faible, et même en deçà de l’abstention systématique (figure 2). En 2022, uniquement 16 % d’entre eux font usage de leur droit de vote à chaque tour de scrutin et ils sont près d’un quart à s’abstenir systématiquement. Ces constats sont encore plus marqués pour les inscrits de moins de 30 ans, chez qui les abstentionnistes systématiques sont près de deux fois plus nombreux que les électeurs systématiques. L'inscription automatique à 18 ans et les déménagements peuvent expliquer une partie de ce constat. Les jeunes qui partent ensuite étudier dans une autre commune peuvent résider loin de leur bureau de vote. En effet, les déménagements, plus fréquents à ces âges, ne sont pas toujours suivis d’une réinscription immédiate dans la nouvelle commune.

L’abstention systématique se réduit de 12 points entre trentenaires et quarantenaires au profit de la participation systématique qui croît de 18 points. Le lieu de résidence et l’activité professionnelle, plus fréquemment stables, favorisent la participation électorale. L’intérêt pour la vie électorale peut aussi se développer avec l’âge. Cette faible abstention systématique se maintient jusqu’aux septuagénaires et la participation systématique progresse également avec l’âge. À partir de 60 ans, cette dernière dépasse le vote intermittent et concerne plus d’un inscrit sur deux âgés de 60 à 79 ans.

L’abstention systématique des inscrits âgés de 80 ans ou plus en 2022 est nettement plus forte qu’aux âges précédents, au détriment du vote systématique, mais surtout du vote intermittent. C’est pour cette classe d’âge que le vote intermittent est le plus faible (22 %) et que l’abstention systématique est la plus élevée (35 %). Néanmoins, les inscrits de 80 ans ou plus se présentent systématiquement au bureau de vote 3 fois plus que les moins de 30 ans. Cette population de seniors est ainsi divisée entre des inscrits qui continuent à se rendre au bureau de vote lors de chaque tour de chaque élection, et d’autres inscrits qui ne votent plus du tout, sans doute en lien avec la perte d’autonomie, des problèmes de santé, des difficultés de déplacement, etc.

Chaque génération est en moyenne plus diplômée que la précédente. De manière générale, les classes d’âges qui votent le plus sont donc les moins diplômées. Malgré tout, la participation au vote augmente avec le niveau de diplôme (figure 3). Parmi les inscrits de 25 ans ou plus, plus de neufs diplômés du supérieur sur dix ont voté au moins une fois lors des élections nationales de 2022, contre sept sur dix pour les non diplômés. Le vote systématique est beaucoup plus fréquent chez les inscrits titulaires d’un diplôme, quel que soit leur niveau d’étude (40 %), que chez les personnes n’ayant aucun diplôme (32 %).

La participation électorale diffère également selon les professions et catégories sociales. En 2022, parmi les inscrits âgés d’au moins 25 ans, les ouvriers sont plus de trois fois plus souvent abstentionnistes systématiques que les cadres (20 % contre 6 %). Quatre cadres sur dix se sont même rendus aux urnes lors des quatre tours. Cette part est près de deux fois moins élevée pour les ouvriers. La participation électorale croît aussi avec le niveau de vie. Parmi les 25 % d’inscrits les plus modestes, seuls trois sur dix ont voté à tous les tours des élections, contre un inscrit sur deux parmi les 25 % les plus aisés.

Les inscrits qui vivent en couple s’abstiennent systématiquement moins souvent (10 % contre 23 %) et participent davantage aux élections (42 % ont voté systématiquement en 2022) que les autres (30 %). Les âges auxquels la vie en couple est la plus fréquente sont proches de ceux où la participation est la plus élevée, mais au-delà de ce constat, vivre en couple peut avoir un effet d’entraînement sur le vote.

Dans une moindre mesure, la participation électorale diffère également selon le lieu de résidence des inscrits. La participation systématique est un peu plus élevée dans les territoires ruraux (38 % des inscrits, contre 36 % dans les territoires urbains) et s’abstenir systématiquement est un comportement de vote plus fréquent dans l’urbain que dans le rural (17 % contre 14 %). Ce constat régional se vérifie à l’échelle nationale.