Insee Flash Centre-Val de Loire ·
Novembre 2022 · n° 55Les jeunes qui ont quitté le Centre-Val de Loire sont plus diplômés, mais pas plus
souvent en emploi
Nombre de jeunes du Centre-Val de Loire quittent la région aux âges où ils terminent leurs études ou occupent leurs premiers emplois. Ceux qui partent s’installer dans une autre région atteignent des niveaux de diplômes plus élevés, mais ne sont pas plus souvent en emploi. Les jeunes femmes changent davantage de région de résidence que les hommes à l’orée des études supérieures, ce qui contribue à renforcer l’écart de niveau de diplôme en leur faveur. Les jeunes originaires de l’espace urbain s’installent plus souvent dans une nouvelle région. Les jeunes issus de l’espace rural partent moins fréquemment. En revanche, le départ de l’espace rural est souvent lié à la poursuite d’étude et le différentiel de niveaux de diplômes entre ceux qui partent et ceux qui restent dans leur région est plus important.
- Un quart des jeunes en Centre-Val de Loire à 17 ou 18 ans habitent dans une autre région autour de leurs 25 ans
- Un jeune sur deux qui a quitté le Centre-Val de Loire, a un diplôme de niveau licence ou supérieur, seulement un sur cinq de ceux qui sont restés
- Les femmes et les jeunes vivant dans l’urbain sont plus mobiles et atteignent des niveaux de diplômes plus élevés
Un quart des jeunes en Centre-Val de Loire à 17 ou 18 ans habitent dans une autre région autour de leurs 25 ans
Le Centre-Val de Loire se caractérise par des arrivées nettement inférieures aux départs entre 17 et 21 ans. En 2019, 4,5 % de ces jeunes résidaient dans une autre région un an auparavant, alors que 6,5 % étaient partis habiter ailleurs en France (figure 1). Le Centre-Val de Loire est la région la plus déficitaire pour cette tranche d’âge. D’autres régions ont également un solde négatif des entrées et des sorties de jeunes de 17 à 21 ans, comme la Bourgogne-Franche Comté et la Normandie. À l’inverse, l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie sont des régions globalement plus attractives pour ces jeunes.
tableauFigure 1 – Mouvements migratoires internes : taux d’entrée et de sortie des 17-21 ans par région
Région | Taux de sortie | Taux d’entrée | Type de régions |
---|---|---|---|
Île-de-France | 2,70 | 3,16 | excédentaires |
Centre-Val de Loire | 6,45 | 4,47 | déficitaires |
Bourgogne-Franche-Comté | 5,23 | 4,57 | déficitaires |
Normandie | 4,33 | 3,48 | déficitaires |
Hauts-de-France | 2,73 | 2,67 | déficitaires |
Grand Est | 3,07 | 3,31 | excédentaires |
Pays de la Loire | 5,17 | 5,26 | excédentaires |
Bretagne | 4,86 | 4,84 | déficitaires |
Nouvelle-Aquitaine | 4,13 | 4,89 | excédentaires |
Occitanie | 4,09 | 5,02 | excédentaires |
Auvergne-Rhône-Alpes | 3,20 | 4,10 | excédentaires |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 3,93 | 3,07 | déficitaires |
Corse | 4,69 | 3,04 | déficitaires |
- Note de lecture : le taux d’entrée (depuis les autres régions) en Centre-Val de Loire entre 2018 et 2019 est de 4,5 %, le taux de sortie (vers les autres régions) est de 6,5 %.
- Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 17 à 21 ans en 2019.
- Source : Insee, Recensement de la population 2019.
graphiqueFigure 1 – Mouvements migratoires internes : taux d’entrée et de sortie des 17-21 ans par région
Entre 22 et 29 ans, les départs et les arrivées en Centre-Val de Loire en 2018 s’équilibrent : le taux d’entrée est de 6,5 %, alors que celui de sortie est de 6,6 %. La région connaît de forts mouvements migratoires à ces âges, plus importants que ceux d’autres régions dont le solde est pourtant nettement positif, comme l’Île-de-France ou les Pays de la Loire. De manière attendue, les régions ayant un fort taux d’entrée des 17-21 ans sont aussi celles ayant un fort taux de sortie des 22-29 ans. Les arrivées de jeunes venus poursuivre leurs études dans une région peuvent donner lieu à des départs dans des proportions comparables pour prendre un emploi ou rejoindre leur région d’origine.
Le quart (27 %) des jeunes présents dans la région à 17 ou 18 ans (sources) habitent dans une région différente autour de leurs 25 ans. Parmi eux, 8 % résident en Île-de-France, 4 % dans les Pays de la Loire, 4 % en Nouvelle-Aquitaine, et 4 % en Auvergne-Rhône-Alpes. En moyenne dans les autres régions de France de province (France métropolitaine hors Île-de-France), 18 % des jeunes habitent une autre région que celle de leurs 17 ou 18 ans. Cette part est partout plus faible qu’en Centre-Val de Loire (jusqu’à 24 % pour la Bourgogne-Franche Comté et 23 % pour la Normandie).
Un jeune sur deux qui a quitté le Centre-Val de Loire, a un diplôme de niveau licence ou supérieur, seulement un sur cinq de ceux qui sont restés
Les jeunes du Centre-Val de Loire sont moins diplômés que la moyenne de France de province. Entre 22 et 29 ans, un quart des habitants de la région ont un diplôme de niveau licence ou supérieur, contre 29 % en France de province. Dans d’autres régions, cette part est proche de celle en Centre-Val de Loire : 25 % en Bourgogne-Franche Comté et 24 % en Normandie. Cependant, en considérant les jeunes entre 22 et 29 ans qui résidaient en Centre-Val de Loire à 17 ou 18 ans, qu’ils aient ou non quitté la région, la part ayant obtenu un diplôme de niveau licence ou supérieur est de 29 % pour la région comme pour la France de province. Elle est de 28 % en Bourgogne-Franche Comté et 26 % en Normandie. Les diplômés sont plus mobiles que les non-diplômés. Parmi les jeunes du Centre-Val de Loire qui habitent une autre région entre 22 et 29 ans, un sur deux a un diplôme de niveau licence ou supérieur, et seulement un sur cinq pour ceux qui sont restés ou revenus vivre en Centre-Val de Loire.
Les jeunes qui quittent la région poursuivent leurs études plus longtemps. La poursuite d’études supérieures motive donc une partie des départs. L’offre de formations du Centre-Val de Loire est en effet moins variée qu’ailleurs en France de province : la région compte 0,5 établissement de l’enseignement supérieur (universitaire ou non) pour 10 000 habitants, contre 0,7 en France de province, et en particulier 1,1 en Île-de-France. Les pôles d’enseignement des deux métropoles de la région ont un rayonnement essentiellement de proximité : près de la moitié des élèves et étudiants âgés de 18 ans ou plus qui étaient dans un autre département un an auparavant viennent de la région. L’Indre-et-Loire est le seul département de la région qui accueille plus d’élèves et étudiants qu’il n’en perd. La proximité des pôles d’enseignement supérieur franciliens favorise également les départs : 22,5 % des élèves et étudiants sortant du Centre-Val de Loire s’installent en Île-de-France. L’absence de très grand pôle urbain dans la région peut également conduire les jeunes diplômés du supérieur à s’installer dans une autre région au début de leur carrière pour exercer des emplois en rapport avec leurs qualifications. La part dans l’emploi des cadres des fonctions métropolitaines est plus faible à Tours et Orléans (respectivement 12 % et 11 %) que dans d’autres grandes communes comme Paris (27 %), Lyon (21 %) ou Nantes (17 %).
Pour autant, le fait de quitter la région paraît avoir peu d’influence sur le fait d’occuper un emploi ou non. Deux effets jouent de manière opposée sur le taux d’emploi des jeunes : faire des études supérieures retarde l’entrée sur le marché du travail d’une part et réduit le risque de chômage d’autre part. Le taux d’emploi des jeunes en Centre-Val de Loire est plus élevé qu’en France de province : 71 % des 22-29 ans d’entre eux occupent un emploi contre 68 % en France de province. L’écart se réduit légèrement en considérant aussi ceux qui seraient partis habiter ailleurs après leurs 17-18 ans (71 % contre 69 %). En Centre-Val de Loire comme en France de province, parmi les seuls actifs 8 jeunes sur 10 sont en emploi, qu’ils résident ou non dans la région de leurs 17-18 ans quelques années plus tard. La part d’inactifs dans cette tranche d’âge est plus faible en Centre-Val de Loire (13 % contre 16 % en France de province). L’écart se réduit légèrement (2 points) en considérant aussi ceux qui auraient quitté leur région.
Les femmes et les jeunes vivant dans l’urbain sont plus mobiles et atteignent des niveaux de diplômes plus élevés
Les femmes du Centre-Val de Loire sont plus enclines à changer de région. Le taux d’entrée des 17 à 29 ans entre 2018 et 2019 est de 6,1 % pour les femmes et 5,3 % pour les hommes. Le taux de sortie est de 7,0 % pour les femmes, 6,1 % pour les hommes. Le déficit est plus fort pour les femmes entre 17 et 21 ans où leur taux d’entrée est de 5,0 % (4,0 % pour les hommes), et leur taux de sortie de 7,2 % (5,6 % pour les hommes). Ainsi, entre 22 et 29 ans, près d’une femme sur trois qui vivait en Centre-Val de Loire à 17 ou 18 ans habite dans une autre région quelques années plus tard, contre un homme sur quatre (figure 2).
tableauFigure 2 – Part de personnes résidant en Centre-Val de Loire à 17-18 ans qui habitent dans une région différente autour de 25 ans
Caractéristique | Part dans une région différente |
---|---|
Dans l’urbain à 17-18 ans | 29 |
Dans le rural à 17-18 ans | 19 |
Hommes | 25 |
Femmes | 30 |
Ensemble | 27 |
- Note de lecture : 30 % des femmes résidant en Centre-Val de Loire à 17-18 ans habitent une région différente quelques années plus tard (voir champ ci-dessous).
- Champ : individus apparaissant dans l’EDP à 17 ou 18 ans en Centre-Val de Loire entre 2008 et 2013 (première apparition) puis au moins cinq ans plus tard à plus de 22 ans entre 2014 et 2019 (dernière apparition).
- Source : Insee, Échantillon Démographique Permanent (EDP) 2008 à 2019.
graphiqueFigure 2 – Part de personnes résidant en Centre-Val de Loire à 17-18 ans qui habitent dans une région différente autour de 25 ans
Les femmes sont plus diplômées que les hommes : parmi les résidentes en Centre-Val de Loire, 29 % de celles âgées de 22 à 29 ans ont obtenu un diplôme de niveau licence ou supérieur, contre seulement 21 % des hommes. L’écart se creuse encore en considérant l’ensemble des jeunes qui étaient dans la région à 17 ou 18 ans, qu’ils soient partis habiter dans une autre région quelques années plus tard ou non (14 points de différence entre les femmes et les hommes) (figure 3).
tableauFigure 3 – Part de diplômés de niveau licence ou supérieur autour de 25 ans parmi les résidents en Centre-Val de Loire à 17-18 ans
Part de diplômés de niveau licence ou supérieur | |
---|---|
Dans l’urbain à 17-18 ans | 30 |
Dans le rural à 17-18 ans | 23 |
Hommes | 23 |
Femmes | 37 |
Dans une région différente quelques années plus tard | 50 |
Dans la même région quelques années plus tard | 21 |
Ensemble | 29 |
- Note de lecture : 29 % des jeunes résidant en Centre-Val de Loire à 17-18 ans ont obtenu un diplôme de niveau licence ou supérieur quelques années plus tard (voir champ ci-dessous).
- Champ : individus apparaissant dans l’EDP à 17 ou 18 ans en Centre-Val de Loire entre 2008 et 2013 (première apparition) puis au moins cinq ans plus tard à plus de 22 ans entre 2014 et 2019 (dernière apparition).
- Source : Insee, Échantillon Démographique Permanent (EDP) 2008 à 2019.
graphiqueFigure 3 – Part de diplômés de niveau licence ou supérieur autour de 25 ans parmi les résidents en Centre-Val de Loire à 17-18 ans
Les jeunes habitant en zone urbaine changent plus souvent de région que ceux vivant dans l’espace rural. Leur taux d’entrée entre 17 et 29 ans en Centre-Val de Loire entre 2018 et 2019 est de 6,5 %, contre 3,2 % pour les ruraux, et leur taux de sortie est de 7,1 %, contre 4,9 % pour les ruraux. Ainsi, les jeunes adultes issus du rural sont plus souvent restés ou revenus dans la région quelques années après leurs 18 ans que ceux de l’urbain (7 points d’écart).
Les jeunes habitant dans une zone urbaine sont également plus diplômés : 28 % des 22-29 ans vivant dans l’espace urbain en Centre-Val de Loire ont un diplôme de niveau licence ou supérieur contre 16 % pour ceux vivant dans l’espace rural. Cependant, l’écart se réduit à 7 points en considérant tous les jeunes qui résidaient dans la région, qu’ils l’aient ensuite quittée ou non. Néanmoins, les départs des jeunes urbains de la région sont souvent en lien avec les études. La différence entre les proportions de diplômés des jeunes issus de l'espace urbain selon qu’ils aient ou non quitté leur région, est plus grande en Centre-Val de Loire qu'en France de province. Pour les jeunes issus de l’espace rural régional, le fait de partir de la région apparaît également lié à la poursuite d’études supérieures.
Dans la région comme en France de province, les jeunes originaires de l’espace rural sont plus souvent diplômés lorsqu’ils ont quitté leur région que lorsqu’ils y sont restés. En France de province, l'écart entre les proportions de jeunes habitant une commune rurale à 17 ou 18 ans et atteignant un niveau licence ou supérieur entre 22 et 29 ans, selon qu'ils aient ou non quitté leur région atteint 25 points. L’écart est plus faible pour les jeunes originaires de l’espace urbain (18 points).
Sources
Recensement de la population
Le recensement annuel de la population fournit des statistiques sur les caractéristiques des habitants (sexe, âge, type d’activité, diplôme le plus élevé obtenu…) et de leur lieu de résidence (région de résidence actuelle et l’année précédente, rural ou urbain…).
L’échantillon démographique permanent
L’échantillon démographique permanent (EDP) est une base de données qui compile, pour environ 4 % de la population, les informations issues de différentes sources de données socio-démographiques, notamment du recensement de la population. L’EDP permet d’identifier et de suivre chaque année des jeunes originaires du Centre-Val de Loire. Pour assurer la robustesse statistique des résultats, plusieurs cohortes ont été cumulées pour cette étude. L’échantillon est ainsi composé de jeunes de 17 à 18 ans considérés une première fois entre 2008 et 2013 et ayant au moins 22 ans entre 2014 et 2019 lorsqu’ils sont réinterrogés. Ces jeunes ont pu quitter la région et y revenir entre ces deux interrogations.
Base permanente des équipements
La base permanente des équipements est une base d’équipements finement localisés construite à partir de sources administratives diverses. Elle permet d’identifier les établissements d’enseignement supérieur.
Définitions
Le taux annuel de migration interne nette d'une zone géographique donnée correspond au taux d’évolution de la population imputable aux mouvements migratoires entre cette zone et les autres parties du territoire national. Il est égal à la différence entre les entrées et les sorties de la zone considérée liées à des mouvements internes, rapportée à la population de la zone.
Le taux d’entrée d’une zone est le rapport entre la population de la zone résidant ailleurs dans le territoire national un an auparavant, et la population de la zone.
Le taux de sortie d’une zone est le rapport entre la population habitant dans la zone un an auparavant et résidant ailleurs dans le territoire national, et la population de la zone.
Le concept de « cadres des fonctions métropolitaines » vise à offrir une notion proche des emplois « stratégiques ». Il s’agit des emplois des cadres et chefs d’entreprises de plus de 10 salariés des fonctions métropolitaines (fonctions de conception et de recherche, de gestion, de commerce interentreprises, de culture loisirs et de prestations intellectuelles).
Le taux d’emploi mesure le pourcentage de personnes s’étant déclarées occupant un emploi au recensement de la population. La population active occupée au sens du recensement de la population comprend les personnes qui déclarent :
- exercer une profession (salariée ou non) même à temps partiel ;
- aider un membre de la famille dans son travail (même sans rémunération) ;
- être apprenti, stagiaire rémunéré… ;
- être militaire du contingent (tant que cette situation existait).
La population active regroupe à la fois les personnes ayant un emploi (actifs occupés) et sans emploi (chômeurs). Dans le recensement de la population, elles sont repérées sur la base des déclarations individuelles et ne suivent pas nécessairement les critères définis par le Bureau International du Travail (BIT).
Pour en savoir plus
Ouvrir dans un nouvel ongletEnquête 2020 auprès de la Génération 2017. Des parcours contrastés, une insertion plus favorable, jusqu’à…, Céreq Bref, n°422, mai 2022.
Chalot C., Diel O., « L’année de leurs 18 ans, seuls 20 % des jeunes quittent l’espace rural régional », Insee Flash Centre-Val de Loire, n°49, 18 janvier 2022.
Piraux E., « En Centre-Val de Loire, les jeunes sont moins diplômés et en emploi un peu plus tôt », Insee Analyses Centre-Val de Loire, n° 79, 14 septembre 2021.
Jeunes et transition vers l’âge adulte, Économie et statistique n°514-515-516, 9 juillet 2020.
Fabre J., Pawlowski E., « Aller étudier ailleurs après le baccalauréat : entre effets de la géographie et de l’offre de formation », Insee Première, n° 1727, 8 janvier 2019.