Insee Flash Nouvelle-Aquitaine ·
Septembre 2022 · n° 78Lors du confinement du printemps 2020, un recul de l’activité en Nouvelle-Aquitaine
comparable aux autres régions françaises
Lors du confinement du printemps 2020, la Nouvelle-Aquitaine se singularise peu des autres régions françaises, l’Île-de-France mise à part. Le recul inédit de l’activité néo-aquitaine (- 16 % de chiffre d’affaires) est comparable à celui de la province, mais inférieur à celui de la région capitale (- 19 %). Un tiers des sociétés de la région ont suspendu leur activité, durant 53 jours en moyenne. Pour celles restées ouvertes, l’instauration de protocoles sanitaires génère des nouvelles charges (8 % de leur chiffre d’affaires).
Les sociétés maintiennent l’essentiel de leurs effectifs salariés grâce aux dispositifs mis en place. Ainsi, 71 % des sociétés bénéficient du chômage partiel pendant le confinement par exemple. Le recours au télétravail dans les sociétés ayant maintenu leur activité est nettement moins fréquent qu’en Île-de-France.
- Un recul inédit et généralisé de l’activité en Nouvelle-Aquitaine au 1ᵉʳ semestre 2020
- Un tiers des sociétés ont dû fermer, pour 53 jours en moyenne
- Le maintien de l’activité implique des coûts supplémentaires
- Les sociétés maintiennent l’essentiel de leurs effectifs salariés
- Encadré - 86 % des sociétés ont bénéficié d’aides en Nouvelle-Aquitaine
Un recul inédit et généralisé de l’activité en Nouvelle-Aquitaine au 1ᵉʳ semestre 2020
Limitant les déplacements et les contacts avec la clientèle, le premier confinement au printemps 2020 provoque un recul de 16 % du chiffre d’affaires des sociétés néo-aquitaines (source) au 1ᵉʳ semestre 2020 par rapport à la même période de 2019 (figure 1). Ce recul est proche de celui observé en province. Les pertes apparaissent à peine plus limitées dans le secteur « restauration, hébergement et services aux ménages » en Nouvelle-Aquitaine et contrebalancent des baisses légèrement plus sensibles dans l’industrie, le commerce de détail et les autres services.
En revanche, ce repli est inférieur à celui de l’Île-de-France (- 19 %). Empêchées de travailler en Nouvelle-Aquitaine comme dans le reste du territoire, les sociétés des services aux entreprises (entretien des locaux, location de machines et location de véhicules) ou des services non marchands (établissements de formation continue, auto-écoles, médecins spécialisés) voient leur chiffre d’affaires baisser. Néanmoins, leur poids plus important dans l’économie francilienne affecte davantage le niveau d’activité régional. De la même façon, malgré de lourdes conséquences sur le chiffre d’affaires dans la restauration, l’hébergement ou les services aux ménages (où figurent les activités culturelles), le recul est plus prononcé en Île-de-France particulièrement pénalisée par l’absence de touristes étrangers.
tableauFigure 1 – Évolution du chiffre d’affaires entre les 1ers semestres 2019 et 2020 selon la région et les secteurs
Industrie | Construction | Commerce de détail | Restauration, hébergement et services aux ménages | Autres services | Évolution de l’ensemble du chiffre d’affaires | |
---|---|---|---|---|---|---|
Nouvelle-Aquitaine | -15,9 | -17,2 | -9,2 | -32,9 | -15,7 | -15,9 |
Province | -15,5 | -17,1 | -8,7 | -38,1 | -14,6 | -15,7 |
Île-de-France | -17,9 | -19,1 | -12,4 | -43,1 | -16,4 | -19,0 |
- Lecture : en Nouvelle-Aquitaine, le chiffre d’affaires des sociétés (ensemble) diminue de 15,9 % entre les 1ers semestres 2020 et 2019. Dans l’industrie, la baisse du chiffre d’affaires est de 15,9 % en Nouvelle-Aquitaine.
- Champ : France métropolitaine, sociétés de 10 salariés ou plus, sauf pour le commerce de détail (5 salariés ou plus).
- Source : Insee, enquête Impact de la crise sanitaire sur l’activité et l’organisation des sociétés 2020.
graphiqueFigure 1 – Évolution du chiffre d’affaires entre les 1ers semestres 2019 et 2020 selon la région et les secteurs
Un tiers des sociétés ont dû fermer, pour 53 jours en moyenne
Au printemps 2020, 37 % des sociétés suspendent leur activité en Nouvelle-Aquitaine. D’une durée moyenne de 53 jours, la fermeture est plus longue dans la restauration, l’hébergement et les services aux ménages (73 jours). À l’inverse, elle est plus courte dans l’industrie (36 jours) et la construction (48 jours). L’arrêt de l’activité des sociétés reste globalement plus bref que dans la région francilienne (68 jours).
En Nouvelle-Aquitaine, 62 % des sociétés citent la baisse de la demande des ménages et des sociétés françaises comme premier facteur de la crise. La fermeture des frontières (24 %) et la baisse de la demande étrangère (12 %) sont des déterminants moins évoqués qu’en Île-de France. En effet, les sociétés néo-aquitaines sont moins présentes sur les marchés extérieurs. Ainsi 19 % des sociétés exportent contre 30 % en Île-de-France et la venue de touristes étrangers pour affaires ou loisirs y est moindre, surtout à cette période de l’année.
Par ailleurs, les difficultés d’approvisionnement, d’une part, liées au transport ou à la logistique, d’autre part, sont respectivement évoquées par 61 % et la moitié des sociétés comme cause de la baisse de leur activité.
Le maintien de l’activité implique des coûts supplémentaires
L’instauration de protocoles sanitaires génère des nouvelles charges. Les sociétés les estiment à 8 % de leur chiffre d’affaires : 3 % pour les coûts directs (achats de gels hydroalcooliques, de masques, de vitres en plexiglas ou d’autres équipements) et 5 % pour les coûts indirects impliqués par la mise en place des mesures barrières (accueil réduit de clients, désinfection, espacement des rendez-vous, réorganisation du travail).
Dans l’hébergement, la restauration et les services aux ménages, ce surcoût est évalué à 16 % du chiffre d’affaires. Il est de 10 % pour le commerce de détail et de 6 % dans la construction ou l’industrie.
Les sociétés maintiennent l’essentiel de leurs effectifs salariés
En Nouvelle-Aquitaine, 71 % des sociétés bénéficient du dispositif de chômage partiel pendant le confinement. Il évite les licenciements sans faire peser le coût du maintien dans l’emploi sur les entreprises (encadré). À la mi-mars, 45 % des salariés des sociétés néo-aquitaines sont au chômage partiel. Si la société suspend son activité, cette proportion double (82 % – figure 2).
tableauFigure 2 – Situations d’emploi des salariés selon l’activité des sociétés pendant la deuxième quinzaine de mars
Ensemble des sociétés néo-aquitaines | Sociétés ayant maintenu l’activité | Sociétés ayant stoppé l’activité | |
---|---|---|---|
Chômage partiel | 45 | 23 | 82 |
Sur site | 30 | 47 | 2 |
Télétravail | 10 | 14 | 2 |
Autres (*) | 15 | 15 | 13 |
- (*) Autres : congés (y compris droit de retrait) et arrêt maladie (y compris garde d’enfant).
- Lecture : en Nouvelle-Aquitaine pendant la seconde quinzaine de mars 2020, 82 % des salariés des sociétés fermées étaient en chômage partiel.
- Champ : Nouvelle-Aquitaine, sociétés de 10 salariés ou plus, sauf pour le commerce de détail (5 salariés ou plus).
- Source : Insee, enquête Impact de la crise sanitaire sur l’organisation et l’activité des sociétés, 2020.
graphiqueFigure 2 – Situations d’emploi des salariés selon l’activité des sociétés pendant la deuxième quinzaine de mars
Dans la région, les sociétés n’arrêtant pas leur activité privilégient le travail sur site durant cette période : 47 % des salariés se déplacent sur leur lieu de travail. Néanmoins, le taux de présence sur site varie selon l’activité. Il est de 70 % dans le commerce de détail, de 50 % dans l’industrie, et inférieur à 40 % dans la construction et les autres services.
Peu pratiqué avant 2020, le télétravail est fortement encouragé par les pouvoirs publics durant le premier confinement. La moitié des sociétés restées ouvertes y recourent. Au total, 14 % des salariés de ces sociétés sont en télétravail durant cette période. En revanche, le télétravail est moins fréquent qu’en Île-de-France, où deux sociétés sur trois le mobilisent. En effet, dans la région francilienne, il y a proportionnellement plus de cadres qu’en Nouvelle-Aquitaine, ce qui contribue à favoriser le télétravail. De même, le secteur des services, aux activités plus propices au travail en distanciel, y est plus important.
Encadré - 86 % des sociétés ont bénéficié d’aides en Nouvelle-Aquitaine
Afin de limiter l’impact économique de la crise sanitaire, les pouvoirs publics ont adopté des mesures de soutien aux ménages et aux entreprises. Ces dispositifs pour les sociétés visent à maintenir l’emploi et à préserver leur trésorerie.
En Nouvelle-Aquitaine, 86 % des sociétés ont bénéficié d’aides, le plus souvent de moins de quatre aides (figure 3). Parmi les non-bénéficiaires d’aides, deux sociétés sur trois (63 %) ont majoritairement maintenu leur activité sans perte et une sur deux opère dans le commerce de détail (47 %).
tableauFigure 3 – Part des sociétés ayant recours à des mesures de soutien pendant le premier confinement
Nouvelle-Aquitaine | |
---|---|
Recours à au moins une aide | 86 |
Chômage partiel | 71 |
Délais de paiement des échéances sociales | 54 |
Prêt garanti par l’État | 42 |
Rééchelonnement de crédits bancaires | 34 |
Délais de paiement des échéances fiscales | 25 |
Reports de paiement des factures et loyers | 16 |
- Lecture : en Nouvelle-Aquitaine, hors chômage partiel, 86 % des sociétés ont reçu au moins une aide.
- Champ : Nouvelle-Aquitaine, sociétés de 10 salariés ou plus, sauf pour le commerce de détail (5 salariés ou plus).
- Source : Insee, enquête Impact de la crise sanitaire sur l’organisation et l’activité des sociétés, 2020.
graphiqueFigure 3 – Part des sociétés ayant recours à des mesures de soutien pendant le premier confinement
Sources
Le premier confinement instauré en mars 2020 a bouleversé leur activité. L’enquête « Impact de la crise sanitaire sur l’organisation et l’activité des entreprises » permet d’en apprécier certaines conséquences. Pour pallier les délais importants de mise à disposition d’indicateurs structurels sur les entreprises, l’Insee a réalisé cette enquête, au 4e trimestre 2020. Ainsi, 19 100 sociétés, relevant des secteurs marchands non agricoles et non financiers, composent l’échantillon répondant.
L’étude porte sur 5 % des 400 000 unités légales ayant leur siège social en Nouvelle-Aquitaine en 2019, qui ont 10 salariés ou plus (ou 5 salariés ou plus pour le commerce de détail) et contribuent à 71 % du chiffre d’affaires total. Elles emploient près de trois salariés sur quatre des sociétés néo-aquitaines.
Pour en savoir plus
Bodeau G., Kempf N., « Confinement du printemps 2020 : quatre Néo-Aquitains sur dix pratiquent le télétravail », Insee Flash Nouvelle-Aquitaine n° 73, février 2022
Gauthey G., Senigout E., « Un recours au télétravail plus fréquent qu’en province », Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes n° 92, septembre 2021
Souquet C., « Impact du premier confinement sur les sociétés : l’Île-de-France plus affectée que les autres territoires », Insee Focus n° 234, mai 2021
Duc C., Souquet C., « L’impact de la crise sanitaire sur l’organisation et l’activité des sociétés », Insee Première n° 1830, décembre 2020