Insee Flash Hauts-de-France ·
Juillet 2022 · n° 139Un excédent naturel au plus bas en 2021
Conséquence d’une surmortalité qui reste élevée et d’un nombre de naissances au plus bas, l’excédent naturel se réduit considérablement en 2021 : il est trois fois moins important qu’en 2019. L’âge moyen à la maternité continue de croître dans la région comme au niveau national. Après un fort recul en 2020 lié à la pandémie de Covid-19, l’espérance de vie repart à la hausse sans retrouver son niveau d’avant la crise sanitaire.
- Une surmortalité encore marquée en 2021
- Le recul des naissances se poursuit
- Un solde naturel divisé par 3 en deux ans
- Un âge moyen à la maternité en hausse
- Rebond de l’espérance de vie qui reste inférieure à son niveau d’avant pandémie
- Malgré le rebond de 2021, la tendance à la baisse des mariages se poursuit
Une surmortalité encore marquée en 2021
En 2021, 60 700 personnes sont décédées dans les Hauts-de-France, toutes causes confondues, soit 5 100 décès de plus qu’en 2019, année précédant la pandémie (figure 1). La surmortalité reste ainsi particulièrement élevée dans la région, avec un nombre de décès supérieur de 9 % à celui de 2019 (+11 % en 2020). Cette tendance se retrouve également en France métropolitaine, avec toutefois une surmortalité inférieure : +7,5 % en 2021 (contre +9,2 % en 2020).
Comme au niveau national, ce sont les plus âgés qui ont été les plus touchés par la surmortalité. Chez les 65-74 ans, elle atteint +13 % en 2021 dans la région (+15 % en 2020). Pour cette classe d’âge, la région enregistre une surmortalité supérieure de 5 points à celle observée en France métropolitaine, en 2020 comme en 2021. S’agissant des 75 ans ou plus, la surmortalité reste également élevée (+10 % en 2021 contre +12 % en 2020) et supérieure au niveau national (respectivement +9 % et +11 %).
À l’échelle départementale, la surmortalité dépasse la moyenne régionale dans les départements de l’Oise et du Pas-de-Calais, avec respectivement +12 % et +10 %. L’Aisne et la Somme sont à l’inverse moins touchés (7 % et 5 %).
tableauFigure 1 – Évolution des naissances, des décès et du solde naturel dans les Hauts-de-France de 2010 à 2021
Naissances | Décès | Solde naturel | |
---|---|---|---|
2010 | 81 572 | 52 865 | 28 707 |
2011 | 81 358 | 52 589 | 28 769 |
2012 | 80 069 | 54 576 | 25 493 |
2013 | 79 524 | 54 622 | 24 902 |
2014 | 78 508 | 52 467 | 26 041 |
2015 | 75 579 | 55 387 | 20 192 |
2016 | 72 674 | 55 190 | 17 484 |
2017 | 70 721 | 55 654 | 15 067 |
2018 | 67 913 | 56 465 | 11 448 |
2019 | 67 180 | 55 644 | 11 536 |
2020 | 65 496 | 61 568 | 3 928 |
2021 | 64 643 | 60 734 | 3 909 |
- Lecture : le solde naturel passe de 28 700 personnes en 2010 à seulement +3 900 en 2021.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
graphiqueFigure 1 – Évolution des naissances, des décès et du solde naturel dans les Hauts-de-France de 2010 à 2021
Le recul des naissances se poursuit
Avec 64 600 bébés nés en 2021 contre 65 500 en 2020, le nombre de naissances continue de diminuer dans la région Hauts-de-France (-1,3 %). Ce repli est toutefois de moindre ampleur qu’en 2020 (-2,4 %). Résultat du report du projet de parentalité de nombreux couples, suite au confinement du printemps 2020, la baisse se concentre sur les premiers mois de l’année (-5,6 % au 1er semestre par rapport à la même période de 2020). La natalité repart à la hausse ensuite, avec notamment un fort rebond au cours des trois derniers mois de 2021 (+9,9 % par rapport à la même période de 2020).
Ce rebond de fin d’année n’est cependant pas suffisant pour enrayer la baisse continue de la natalité depuis 2011 où l’on dénombrait 81 500 naissances dans la région. Au niveau national, le nombre de naissances repart légèrement à la hausse en 2021 (+0,3 %) après un recul de 2,4 % en 2020.
Si la natalité dans les Hauts-de-France a longtemps été plus dynamique que celle de France métropolitaine, elle tend, ces dernières années, à s’en rapprocher. En effet, du fait de la diminution des naissances plus soutenue dans la région depuis 2010, la natalité régionale rejoint quasiment le niveau national en 2021 (figure 2). Cette baisse s’explique par une population féminine en âge de procréer de moins en moins nombreuse et, plus encore, par une baisse de leur fécondité (figure 3). Ainsi, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’élève désormais à 1,81 enfants par femme (1,80 en France métropolitaine) (Pour en savoir plus). Il ne permet plus le renouvellement des générations comme c’était encore le cas en 2014 (2,07 enfants par femme).
tableauFigure 2 – Évolution des taux de natalité dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine depuis 2010
Hauts-de-France | France métropolitaine | |
---|---|---|
2010 | 13,7 | 12,8 |
2011 | 13,6 | 12,5 |
2012 | 13,4 | 12,4 |
2013 | 13,3 | 12,2 |
2014 | 13,1 | 12,2 |
2015 | 12,6 | 11,8 |
2016 | 12,1 | 11,5 |
2017 | 11,8 | 11,3 |
2018 | 11,3 | 11,1 |
2019 | 11,2 | 11,0 |
2020 | 10,9 | 10,7 |
2021 | 10,8 | 10,7 |
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
graphiqueFigure 2 – Évolution des taux de natalité dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine depuis 2010
À l’échelle départementale, le nombre de naissances diminue dans tous les départements de la région entre 2019 et 2021. Cette baisse est la plus marquée dans le Nord qui enregistre 30 000 naissances en 2021 contre 31 100 naissances en 2019 (-3,6 %). Elle est également soutenue dans la Somme et l’Oise (-3,2 % et -2,0 % respectivement) mais moins prononcée dans le Pas-de-Calais et l’Aisne (respectivement -1,2 % et -0,9 %).
Un solde naturel divisé par 3 en deux ans
Conséquence du recul des naissances et de l’augmentation des décès induite par l’arrivée à un âge avancé des générations du baby-boom, le solde naturel diminue continuellement depuis un maximum de +29 000 atteint en 2011 (figure 1). Cette baisse s’amplifie fortement en 2020 et 2021 en raison de la hausse des décès liée à la crise sanitaire. L’excédent des naissances sur les décès passe ainsi de +11 500 en 2019 à +3 900 en 2021, soit une division par trois en seulement deux ans.
À l’échelle nationale, le repli est nettement moins marqué : l’excédent naturel diminue de +140 600 à +80 400 entre 2019 et 2021 (-43 %).
tableauFigure 3 – Indicateurs démographiques dans les Hauts-de-France
Âge moyen des mères à la maternité | Indicateur conjoncturel de fécondité | Espérance de vie des hommes | Espérance de vie des femmes | |
---|---|---|---|---|
2010 | 29,0 | 2,11 | 75,4 | 82,7 |
2011 | 29,2 | 2,11 | 75,8 | 82,9 |
2012 | 29,2 | 2,09 | 75,9 | 82,9 |
2013 | 29,3 | 2,09 | 76,2 | 83,2 |
2014 | 29,5 | 2,07 | 76,9 | 83,6 |
2015 | 29,6 | 2,01 | 76,7 | 83,4 |
2016 | 29,7 | 1,95 | 76,9 | 83,7 |
2017 | 29,7 | 1,92 | 77,3 | 83,6 |
2018 | 29,9 | 1,85 | 77,2 | 83,7 |
2019 | 29,9 | 1,85 | 77,7 | 84,0 |
2020 | 29,9 | 1,82 | 76,9 | 83,5 |
2021 | 29,9 | 1,81 | 77,1 | 83,6 |
- Lecture : en 2021, dans les Hauts-de-France, l'espérance de vie à la naissance est de 77,1 ans pour les hommes et de 83,6 ans pour les femmes.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil.
Un âge moyen à la maternité en hausse
Dans les Hauts-de-France, l’âge moyen à la maternité continue de croître régulièrement, comme à l’échelle nationale. Entre 1975 et 2021, il passe de 26,5 à 29,9 ans dans la région et de 26,7 à 31 ans en France métropolitaine. Ainsi, les femmes des Hauts-de-France deviennent mères plus tôt qu’en France métropolitaine et l’écart est plus élevé en 2021 (-1,1 an) qu’en 1975 (-0,2 an).
Rebond de l’espérance de vie qui reste inférieure à son niveau d’avant pandémie
Après un recul historique en 2020 lié à la crise sanitaire, l’espérance de vie augmente de nouveau en 2021. Elle atteint dans la région 77,1 ans pour les hommes et 83,6 ans pour les femmes. Cette hausse n’est cependant pas suffisante pour retrouver les niveaux de 2019. C’est également le cas en France métropolitaine où l’espérance de vie passe de 85,6 ans en 2019 à 85,4 ans en 2021 chez les femmes et de 79,7 ans à 79,3 ans chez les hommes.
Malgré le rebond de 2021, la tendance à la baisse des mariages se poursuit
Après un net repli en 2020 lié aux restrictions sanitaires, le nombre de mariages repart à la hausse en 2021 : 19 000 mariages ont ainsi été célébrés dans les Hauts-de-France (sources) contre 13 000 en 2020 (+46 %). Néanmoins, la tendance générale reste à la baisse (32 000 mariages en 2000, 22 000 en 2015, 20 300 en 2019).
Entre 2019 et 2021, le recul du nombre de mariages dans la région est de même ampleur qu’à l’échelle nationale (-2,2 %).
Sources
Les statistiques d’état civil sur les naissances, les mariages et les décès sont issues d’une exploitation des informations transmises par les mairies à l’Insee. Il s’agit d’estimations provisoires pour 2021, les données des derniers mois de l’année n’étant pas définitives. Ainsi, le nombre de mariage est estimé à partir de données arrêtées fin novembre 2021.
Définitions
Dans cette étude, la « surmortalité » désigne la hausse de la mortalité par rapport à la situation de 2019, année « sans pandémie ». Même si une large partie de l’augmentation des décès en 2020 et 2021 s’explique par la pandémie de Covid-19, cette surmortalité ne lui est pas entièrement imputable. En effet, le vieillissement de la population entraîne depuis plusieurs années une hausse des décès. Par ailleurs, certains effets induits par la pandémie ont pu, à l’inverse, causer une baisse de la mortalité pour certaines classes d’âges (accidents de la route évités chez les jeunes à cause des confinements par exemple) (Pour en savoir plus, IP n°1902).
L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) est la somme des taux de fécondité par âge observés une année donnée. Il peut être interprété comme le nombre moyen d’enfants qu’aurait une génération fictive de femmes qui connaîtraient, tout au long de leur vie féconde, les taux de fécondité par âge observés cette année-là. Il est exprimé en nombre d’enfants par femme ou pour 100 femmes.
On considère qu’une génération se renouvelle si le nombre de filles dans la génération des enfants est égal au nombre de femmes dans la génération des parents. À cause du rapport de masculinité à la naissance (il naît 105 garçons pour 100 filles) et de la faible mortalité infantile, le niveau de remplacement est atteint lorsque les femmes ont environ 2,1 enfants dans les pays développés.
Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.
L’espérance de vie à la naissance est égale à la durée de vie moyenne d’une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de l’année considérée. C’est un indicateur synthétique des taux de mortalité par âge de l’année considérée.
Le taux de fécondité à un âge donné (ou pour une tranche d’âges) est le nombre d’enfants nés vivants des femmes de cet âge au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge.
Le taux de natalité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l'année à la population totale moyenne de l'année.
Pour en savoir plus
« Impact de l’épidémie de Covid-19 : 95 000 décès de plus qu’attendus de mars 2020 à décembre 2021 », Insee Première n° 1902, mai 2022.
« Bilan démographique 2021 : La fécondité se maintient malgré la pandémie de Covid-19 », Insee Première n° 1889, janvier 2022.
« La fécondité après 40 ans ne cesse d’augmenter depuis 1980 », Insee Première n° 1885, janvier 2022.
« Les Hauts-de-France : un repli démographique amplifié par la Covid-19 », Insee Analyses Hauts-de-France n° 126, juillet 2021.
« La fécondité régionale diminue et rejoint le niveau métropolitain », Insee Flash Hauts-de-France n° 125, septembre 2021.