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Insee Flash Pays de la Loire · Juin 2022 · n° 123
Insee Flash Pays de la Loire City de Nantes : concilier population en hausse et enjeux de transports  Cities européennes

Louisa Hamzaoui, Amandine Rodrigues (Insee)

Parmi les cities européennes, Nantes se classe dans le groupe des pôles régionaux supérieurs par son rayonnement avant tout régional et sa position dans l’économie de la connaissance. La population augmente trois fois plus que dans le référentiel composé de 15 pôles régionaux supérieurs. Le chômage est plus répandu et l’emploi progresse deux fois plus que dans le référentiel. Le commerce, les transports, l’hôtellerie, la restauration et les activités scientifiques regroupent moins d’emplois que dans le référentiel. Les ménages sont plus souvent constitués d’une seule personne et les maisons individuelles moins fréquentes. L’usage de la voiture pour aller travailler est plus marqué et le taux d’ozone dans l’air élevé.

Insee Flash Pays de la Loire
No 123
Paru le :Paru le28/06/2022

Cette étude fait partie d'une série de publications sur les cities des Pays de la Loire.

Depuis trente ans, la métropolisation s’accentue et soulève des enjeux en matière de logements, transports, environnement et qualité de vie. La métropole de Nantes a été créée en janvier 2015 suite à la loi de 2014 sur la modernisation de l’action publique territoriale. Dans leur définition administrative, les métropoles françaises ne sont pas comparables à leurs homologues européennes. Pour y remédier, Eurostat a établi le concept harmonisé de city (Pour comprendre) basé sur des critères de densité et de contiguïté de l’urbain.

La city de Nantes, un pôle régional supérieur

La city de Nantes regroupe Nantes, Orvault, Rezé, Saint-Herblain et Saint-Sébastien-sur-Loire, soit 5 des 24 communes de Nantes Métropole (figure 1). Elle se classe dans le groupe des pôles régionaux supérieurs qui comprend 15 cities.

Ce groupe se caractérise, d’une part, par un rayonnement régional. Il se traduit par une concentration des services supérieurs mais avec une faible ouverture internationale et une moindre présence d’étrangers et du tourisme. D’autre part, il se distingue par une meilleure qualité de l’air et des niveaux élevés de diplôme qui témoignent d’une position avancée dans l’économie de la connaissance. Néanmoins, des disparités entre les pôles sont notables. Dans cette étude, la city de Nantes est comparée au référentiel des 15 pôles régionaux supérieurs.

Figure 1La city de Nantes et les autres pôles régionaux supérieurs en Europe

La city de Nantes et les autres pôles régionaux supérieurs en Europe - Lecture : en 2018, la city de Nantes regroupe 457 200 habitants. De 2013 à 2018, sa population croît de 1,4 % par an.
Code city Libellé city Population 2018 Évolution annuelle moyenne de la population 2013-2018 (%)
DK002C1 Aarhus ND ND
NL005C2 Eindhoven ND ND
FR008C1 Nantes 457 165 1,4
ES004C1 Séville 688 711 -0,3
ES019C1 Bilbao 345 821 -0,2
FR003C2 Lyon 1 072 224 0,6
FR004C2 Toulouse 600 457 0,5
FR007C1 Bordeaux 570 528 -1,6
FR009C1 Lille 910 275 0,3
LT001C1 Vilnius 547 484 0,4
UK004C1 Glasgow 623 715 0,9
UK007C1 Édimbourg 515 855 1,2
UK009C1 Cardiff 363 502 0,8
UK011C1 Bristol 461 329 1,2
UK013C1 Newcastle upon Tyne 298 019 0,9
  • ND : Données non disponibles.
  • Note : les données sur l’évolution de la population ne tiennent pas compte des cities d’Aarhus et d’Eindhoven, en raison de l’absence de données disponibles.
  • Lecture : en 2018, la city de Nantes regroupe 457 200 habitants. De 2013 à 2018, sa population croît de 1,4 % par an.
  • Sources : Insee, Eurostat, Audit urbain.

Figure 1La city de Nantes et les autres pôles régionaux supérieurs en Europe

  • ND : Données non disponibles.
  • Note : les données sur l’évolution de la population ne tiennent pas compte des cities d’Aarhus et d’Eindhoven, en raison de l’absence de données disponibles.
  • Lecture : en 2018, la city de Nantes regroupe 457 200 habitants. De 2013 à 2018, sa population croît de 1,4 % par an.
  • Sources : Insee, Eurostat, Audit urbain.

Une population en forte augmentation

En 2018, la city de Nantes concentre 457 200 habitants, soit 7 sur 10 de Nantes Métropole. Elle figure au 4e rang des cities les moins peuplées du référentiel, après celles de Newcastle Upon Tyne, Bilbao et Cardiff. Dans la city de Nantes, le dynamisme démographique est le plus soutenu des cities du référentiel. De 2013 à 2018, la population augmente trois fois plus que dans l’ensemble des pôles régionaux supérieurs : + 1,4 % par an contre + 0,4 %. L’âge moyen est proche de celui de la population du référentiel : 35 ans contre 36 ans. Toutefois, la part des jeunes de moins de 25 ans est plus élevée : 34 % contre 32 %. Cette caractéristique découle d’une présence d’étudiants un peu plus prégnante puisqu’ils constituent 13 % des habitants dans la city de Nantes comparé à 12 % dans le référentiel. Par ailleurs, la part des personnes de 65 ans ou plus est identique (15 %). Enfin, la présence de la population étrangère est plus faible et représente 6 % des habitants contre 8 % dans le référentiel.

Commerce et activités scientifiques peu présents

Dans la city de Nantes, le commerce, les transports, l’hôtellerie et la restauration regroupent moins d’emplois que dans le référentiel : 20 % contre 23 % (figure 2). Cette part est la plus faible dans la city de Toulouse (18 %) et la plus élevée à Vilnius (31 %). De même, les activités scientifiques et techniques concentrent moins d’emplois que dans le référentiel : 14 % contre 18 %. Cette part est la plus faible dans la city de Bordeaux (13 %) et la plus élevée à Eindhoven (26 %). Cette plus faible présence est en partie liée à une moindre proportion de diplômés du supérieur : 48 % comparé à 50 % dans le référentiel. Le secteur de l’information et communication et celui des finances et assurances regroupent un peu plus d’emplois que dans l’ensemble des pôles régionaux supérieurs : 6 % contre 5 %.

Le chômage est plus répandu dans la city de Nantes : 15 % contre 11 % dans le référentiel. La part des chômeurs positionne la city de Nantes au 5e rang, après les cities de Séville (27 %), Lille, Bilbao et Toulouse. À l’inverse, cette part est la plus faible dans la city d’Aarhus (4 %). De 2011 à 2016, l’emploi progresse deux fois plus dans la city de Nantes que dans le référentiel : + 1,6 % par an contre + 0,7 %. Cette croissance est la 3e plus élevée du référentiel après les cities de Bristol et d’Édimbourg. À l’inverse, l’emploi diminue dans les cities de Séville, Bilbao et Eindhoven.

Figure 2Parts des emplois par secteur d’activité

en %
Parts des emplois par secteur d’activité (en %)
Secteur d’activité City de Nantes Moyenne du référentiel Valeur minimale du référentiel Valeur maximale du référentiel
Commerce, transports, hôtellerie et restauration 20 23 18 31
Activités scientifiques et techniques 14 18 13 26
Finances et assurances 6 5 2 11
Industrie 6 7 4 13
Information et communication 6 5 2 6
Autres activités de services 6 5 3 8
Construction 5 5 3 7
Activités immobilières 2 2 1 3
  • Note : les parts d’emplois dans l’administration publique et l’agriculture ne sont pas présentées, en raison de l’absence de données disponibles dans certains pays.
  • Source : Eurostat, Audit urbain.

Figure 2Parts des emplois par secteur d’activité

  • Note : les parts d’emplois dans l’administration publique et l’agriculture ne sont pas présentées, en raison de l’absence de données disponibles dans certains pays.
  • Source : Eurostat, Audit urbain.

Plus de personnes seules et des logements plus grands

Les ménages constitués d’une seule personne sont plus fréquents dans la city de Nantes que dans le référentiel : 47 % contre 38 % (figure 3). Cette part est la 2e plus élevée après la city de Toulouse (48 %). Cette particularité est notamment à mettre en lien avec la plus forte présence d’étudiants dans la city de Nantes. En revanche, les familles monoparentales sont autant représentées : 6 % des ménages. Par ailleurs, les ménages sont moins souvent propriétaires de leur logement : 45 % contre 52 % dans le référentiel. Les habitants de la city de Nantes habitent moins souvent dans un logement social : 19 % contre 21 % dans le référentiel. Enfin, la part de personnes en foyer d'accueil pour sans-abri y est plus faible : 16 contre 84 pour 100 000 habitants.

Dans la city de Nantes, les logements sont moins souvent des maisons individuelles : 29 % contre 33 %. Mais les conditions de logement sont plus favorables. La superficie habitable moyenne des logements est plus élevée : 41 m² par personne contre 36 m² dans le référentiel. La part des logements insalubres est 7 fois plus faible : 0,1 % des logements ne possèdent pas de commodités élémentaires. Enfin, la city de Nantes comporte autant de logements vacants (6 %) que le référentiel.

Figure 3Indicateurs sur le logement et les modes de déplacement

en %
Indicateurs sur le logement et les modes de déplacement (en %) - Lecture : dans la city de Nantes, 60 % des déplacements domicile-travail se font en voiture contre 58 % dans le référentiel.
Part des maisons Part des trajets domicile-travail en voiture Part des trajets domicile-travailen transports en commun Part des ménages en logement social nombre Part des ménages propriétaires Part des ménages d'une personne
City de Nantes 29 60 25 19 45 47
Référentiel 33 58 24 21 52 38
  • Lecture : dans la city de Nantes, 60 % des déplacements domicile-travail se font en voiture contre 58 % dans le référentiel.
  • Source : Eurostat, Audit urbain.

Figure 3Indicateurs sur le logement et les modes de déplacement

en %
  • Lecture : dans la city de Nantes, 60 % des déplacements domicile-travail se font en voiture contre 58 % dans le référentiel.
  • Source : Eurostat, Audit urbain.

Fort recours à la voiture et pollution de l’air

Dans la city de Nantes, la voiture est privilégiée pour se rendre au travail et constitue 60 % des trajets contre 58 % dans le référentiel. Les ménages sont davantage équipés en voitures : 1,0 véhicule par ménage contre 0,9. Néanmoins, le recours aux transports en commun pour aller travailler est un peu plus fréquent : 25 % des trajets contre 24 % dans le référentiel. Enfin, la marche est moins souvent pratiquée (8 % contre 12 %) et le vélo l’est autant (4 %).

La forte circulation automobile dans la city de Nantes a un impact sur la qualité de l’air. La concentration en ozone dans l’air dépasse le seuil recommandé durant 18 jours par an, soit deux fois plus que dans le référentiel. Toutefois, la pollution aux particules fines PM10 est moins prégnante : la concentration dépasse le seuil recommandé 9 jours par an contre 13 dans le référentiel.

Publication rédigée par :Louisa Hamzaoui, Amandine Rodrigues (Insee)

Pour comprendre

Le concept de city est issu d’une méthodologie commune à Eurostat et l’OCDE. Une city se compose des communes dont la majorité de la population vit dans un centre urbain d’au moins 50 000 habitants, sélectionné à partir de carreaux d’au moins 1 500 habitants par km². Les contours des cities sont ceux de l’année 2019.

Le groupe des pôles régionaux supérieurs résulte d’une typologie qui regroupe 103 cities européennes avec des caractéristiques proches pour divers indicateurs de l’Audit urbain en 14 familles. L’audit urbain s’efforce d’homogénéiser les données pour les rendre comparables entre les pays. Cette comparabilité peut occasionner des différences de concept sur certains indicateurs par rapport à ceux utilisés usuellement, comme le taux de chômage par exemple. Des moyennes 2010-2018 ont été utilisées pour la plupart des indicateurs.

Les données sur l’évolution de la population ne tiennent pas compte des cities d’Aarhus et d’Eindhoven et celles sur l’évolution de l’emploi des cities d’Aarhus et de Vilnius, en raison de l’absence de données.

Pour en savoir plus

Eurostat, Ouvrir dans un nouvel ongletAudit urbain.

Composition communale des cities françaises.

Bouvet S., Giraud C-J., « Lyon en Europe : une population jeune et diplômée, une position intermédiaire sur le marché de l’emploi », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes, n° 138, janvier 2022.

Andrieux P-J., Flachère M., « La city toulousaine, entre dynamisme économique et défis liés aux mobilité », Insee Flash Occitanie, n° 111, novembre 2021.