Insee Conjoncture Grand Est · Avril 2022 · n° 31

L’économie régionale poursuit sa reprise Note de conjoncture régionale - 4ᵉ trimestre 2021

Dans le Grand Est, au 4^e trimestre 2021, l’emploi salarié croît de 0,5 % soit 10 000 postes supplémentaires. Il est en hausse continue depuis fin 2020 et dépasse son niveau d’avant-crise de 0,9 %. Au plan national, l’emploi progresse légèrement moins vite ce trimestre (+ 0,4 %), mais davantage par rapport à fin 2019 (+ 1,5 %).

Dans le Grand Est, l’emploi intérimaire augmente très fortement ce trimestre (+ 9,3 %) : 6 100 postes supplémentaires sont créés en intérim, soit trois créations nettes sur cinq. Fin 2021, la région compte 7 800 intérimaires de plus qu’avant la crise.

Hors intérim, l’emploi progresse dans les services marchands, la construction et l’industrie (+ 0,4 %, + 0,4 % et + 0,2 %), mais baisse dans les services non marchands (- 0,2 %), en raison de la diminution de l’emploi public. Dans l’hébergement-restauration, l’emploi s’accroît de 0,9 % ce trimestre, dépassant de 1,4 % son niveau d’avant-crise. Dans le commerce, 1 100 emplois supplémentaires sont créés au 4^e trimestre, ce qui représente une hausse de 0,5 %. Par rapport à fin 2019, l’emploi dans ce secteur a augmenté de 2,0 %, soit + 4 900 emplois.

La situation de l’emploi est très contrastée selon les départements. Au 4^e trimestre 2021, l’emploi est quasi stable dans l’Aube, la Marne, la Haute-Marne et la Meuse. Il est en hausse dans les six autres départements de la région, de + 0,3 % en Meurthe-et-Moselle à + 1,2 % dans les Vosges. En Moselle, où l’emploi progresse de 0,8 %, la hausse est due à l’emploi intérimaire, l’emploi hors intérim baissant faiblement. Dans les Vosges, la progression est portée par des services marchands hors intérim particulièrement dynamiques (+ 2,3 %).

L’emploi reste en dessous de son niveau d’avant-crise dans la Haute-Marne, la Meuse et l’Aube (respectivement - 1,2 %, - 1,0 % et - 0,4 %). Il retrouve son niveau de fin 2019 dans le Haut-Rhin et le dépasse dans les six autres départements. Fin 2021, on compte 10 600 emplois de plus qu’avant la crise dans le Bas-Rhin, et 4 200 de plus en Moselle. Dans le Bas-Rhin, les services marchands hors intérim se développent (+ 3,2 % soit + 6 400 emplois), tandis que la hausse est portée par l’emploi intérimaire en Moselle (+ 38,1 % soit + 4 200 emplois depuis fin 2019).

Dans le Grand Est au 4^e trimestre 2021, le recours à l’activité partielle diminue à nouveau, après une légère remontée en septembre. En octobre, 22 000 salariés sont placés en activité partielle au moins un jour, 16 000 en novembre et 14 000 en décembre, soit moins de 1 % des salariés durant les deux derniers mois de l’année, comme au niveau national. En décembre, les salariés concernés sont indemnisés pour 40 heures en moyenne.

En décembre, 6 000 salariés sont encore placés en activité partielle dans l’industrie, soit 44 % de l’ensemble des salariés indemnisés dans la région. Le nombre de salariés en activité partielle dans ce secteur a cependant fortement baissé depuis septembre et octobre (respectivement 14 000 et 15 000 salariés concernés).

Dans l’hébergement-restauration, le nombre de salariés en activité partielle repart à la hausse en décembre, mais reste nettement plus faible qu’en septembre (2 400 contre 4 000). La reprise de l’épidémie de Covid-19 en décembre ne s’est pas accompagnée de mesures sanitaires restrictives limitant l’activité du secteur, comme en 2020 et au 1^er semestre 2021.

Au 4^e trimestre 2021 dans le Grand Est, 258 000 personnes sont inscrites à Pôle emploi et n’ont exercé aucune activité (catégorie A). Depuis la baisse amorcée au 3^e trimestre 2020, le nombre de demandeurs d’emploi continue de reculer (- 5,8 % ce trimestre). La hausse enregistrée au cœur de la crise sanitaire est d’ailleurs résorbée. Ainsi, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A est inférieur de 5,1 % comparé au dernier trimestre 2019. Ce constat se généralise à tous les départements de la région. À l’échelle de la France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A décroît de 6,2 % par rapport au trimestre précédent et de 6,1 % par rapport au dernier trimestre 2019.

L’amélioration reste plus marquée chez les jeunes, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans est en recul de 8,9 % comparé à l’été 2021 et de 10,6 % comparé à l’automne 2019. La diminution est moindre chez les 25-49 ans et chez les 50 ans ou plus (respectivement - 5,9 % et - 4,1 % ce trimestre, et - 5,6 % et - 1,5 % sur deux ans).

En incluant les personnes ayant exercé une activité réduite, la baisse du nombre de demandeurs d’emploi est moins importante. Ainsi l’ensemble des inscrits de catégories A, B, C recule de 3,1 % et s’établit à 439 660, retrouvant son niveau d’avant-crise. La réduction des entrées de 2,0 % et la hausse des sorties de 0,5 % expliquent l’amélioration.

Bien que le nombre de demandeurs d’emploi des catégories A, B, C inscrits depuis un an ou plus continue de reculer, la croissance enregistrée durant la crise n’est toujours pas absorbée. Ce trimestre, ils sont toujours 2,8 % plus nombreux qu’il y a deux ans.

Après un an de quasi-stabilité, le taux de chômage recule de 0,6 point au 4^e trimestre 2021, et s'établit à 7,2 % de la population active du Grand Est. Ce chiffre est inférieur à son niveau d'avant la crise sanitaire, fin 2019, et atteint son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008. À l’échelle de la France métropolitaine, la situation est similaire.

La diminution du taux de chômage concerne l’ensemble des départements de la région (de 0,5 à 0,8 point) ; ainsi, il varie de 6,1 % dans la Haute-Marne à 9,7 % dans l’Aube. Le chômage recule également dans toutes les zones d’emploi, et passe d’ailleurs, pour chacune, en dessous de son niveau de fin 2019. Le chômage est le plus faible dans les zones d’Épernay et de Haguenau, avec un taux inférieur à 5 % de la population active ; à l’opposé, dans la zone de Forbach, il dépasse 10 %.

Au 4^e trimestre 2021, l’activité économique du Grand Est retrouve son niveau d’avant la pandémie. Le nombre d’heures rémunérées dans le secteur privé est proche de celui des mêmes mois de 2019 (- 0,5 % en octobre, + 0,8 % en novembre et + 0,5 % en décembre). Au niveau national, l’activité dépasse son niveau d’avant-crise (+ 1,9 % en décembre, après + 2,4 % en novembre).

L’activité dans l’hébergement-restauration continue de se redresser et atteint en octobre et novembre son niveau de 2019. La reprise de l’épidémie entraîne cependant une légère baisse d’activité en décembre (- 1 % par rapport à décembre 2019). Ce ralentissement se poursuit en janvier (- 3 % par rapport à janvier 2019), mais reste limité en raison de mesures sanitaires moins contraignantes que lors des précédentes vagues.

Dans le secteur des arts, spectacles et activités récréatives, l’activité progresse encore par rapport à 2019. Après + 6 % en août et en septembre, le volume de travail au 4^e trimestre dépasse de 8 % son niveau du 4^e trimestre 2019.

Les difficultés d’approvisionnement continuent de peser sur l’activité industrielle, qui reste nettement inférieure à son niveau d’avant-crise (- 5 % en octobre, - 3 % en novembre et en décembre). La situation de l’industrie automobile demeure particulièrement difficile cet automne, avec une activité moyenne 22 % plus faible qu’à l’automne 2019. La pénurie de composants électroniques affecte toujours ce secteur au 1^er trimestre 2022, entraînant par exemple de nouveaux arrêts de production à l’usine Stellantis de Mulhouse (ex PSA) au cours du mois de février.

L’allongement des délais de livraison des matériaux et la hausse des prix d’un grand nombre de matières premières touchent également la construction. Le secteur rencontre aussi des difficultés de recrutement. En décembre, l’activité dans la construction repasse nettement en dessous de son niveau de fin 2019 (- 3 %).

Au dernier trimestre 2021, la consommation des ménages, abordée via les transactions par carte bancaire CB, évolue de façon « classique », sans variation brutale positive ou négative. Les niveaux hebdomadaires des transactions sont supérieurs à ceux des mêmes semaines de 2019. Mi-décembre, pour la première fois depuis six mois, le volume de ces dépenses est inférieur à celui observé en 2019 (- 3 %), pour remonter la semaine suivante (+ 26 %). Le décalage de Noël de la semaine 52 en 2019 à la semaine 51 en 2021 pourrait expliquer ces écarts.

Après les fêtes de fin d’année, l’évolution des transactions par carte bancaire CB reprend son rythme enregistré avant mi-novembre, avec une progression d’environ 10 % par rapport à 2019. Avec le Covid-19 et la hausse du plafond de paiement sans contact, les achats par carte bancaire sont devenus encore plus fréquents.

Quant à la consommation électrique des ménages, reflet de l’activité domestique, elle se stabilise globalement à un niveau plus élevé que la moyenne.

Au 4^e trimestre, 16 222 entreprises sont créées dans le Grand Est. Les créations d’entreprises repartent à la hausse de 2,3 % par rapport au trimestre précédent et elles restent nombreuses et supérieures au niveau d’avant-crise : + 21,5 % par rapport au 4^e trimestre 2019. À l’échelle nationale, l’augmentation est moins forte (+ 1,9 %).

Dans la région, la hausse des nouvelles immatriculations concerne à la fois les micro-entreprises et les entreprises classiques. Elle touche aussi tous les secteurs, sauf celui du commerce, transport et hébergement-restauration. La progression est la plus forte dans le secteur de l’industrie (+ 13,1 %), surtout pour les entreprises classiques (+ 20,3 %).

Au cours de l’année 2021, 64 740 entreprises ont été créées. Le nombre total de nouvelles entreprises augmente de 21,8 % par rapport à 2020, en partie en raison du niveau particulièrement bas des créations pendant le premier confinement de 2020. Tous les départements de la région enregistrent une forte progression, de + 12,3 % dans les Ardennes à + 31,6 % dans la Marne. Ce sont les immatriculations de micro-entreprises qui ont le plus fortement augmenté (+ 27,4 %).

À la fin décembre 2021, le nombre de défaillances cumulées sur un an s’élève à 1 900 dans le Grand Est. Il reste à un niveau bas et continue même de reculer par rapport au cumul annuel enregistré au 3^e trimestre 2021 (- 3,7 %), contrairement au niveau France, qui est quasi stable.

La baisse du nombre d’entreprises placées en redressement ou en liquidation judiciaire au niveau régional masque de fortes disparités départementales. Ainsi, dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, la Haute-Marne et la Moselle, les défaillances diminuent ce trimestre (de - 17,6 % à - 3,2 %), alors que dans les autres départements, elles sont en hausse (jusqu’à + 12,3 % dans les Vosges).

Dans l’industrie, les services marchands hors intérim et le commerce, les défaillances diminuent (de - 7,6 %,à - 2,7 %). À l’opposé, elles augmentent dans l’agriculture et la construction.

En 2021, 32 400 logements ont été autorisés à la construction dans le Grand Est, soit une augmentation de 23 % par rapport à l’année précédente. Comparée à 2019, l’année d’avant-crise, la progression est de 11 %. L’Aube est le seul département où le nombre de logements autorisés est en baisse sur un an (- 11 %). En Haute-Marne, la hausse est de 3 %, et elle varie de 8 % à 57 % dans les autres départements. L’embellie est essentiellement portée par les logements individuels groupés (+ 30 %). Les projets de maisons individuelles pures progressent de 24 %, ceux de logements collectifs ou en résidence de 21 %. À l’échelle nationale, le nombre de logements autorisés est en hausse de 19 % comparé à l’année 2020.

Le nombre de logements mis en chantier en 2021 dans le Grand Est augmente également : + 23 % sur un an, + 14 % par rapport à 2019. Les départements de la Moselle, du Bas-Rhin et de la Meurthe-et-Moselle sont les principaux moteurs de cette croissance. Seule la Haute-Marne enregistre une diminution du nombre de logements commencés entre 2020 et 2021 (- 35 %). Les ouvertures de chantiers augmentent de 25 % dans l’individuel pur, et de 23 % dans l’individuel groupé et l’habitat collectif ou en résidence. En France, le nombre de logements commencés progresse de 12 % sur un an.

Comparées à 2020, les surfaces de locaux non résidentiels autorisées à la construction en 2021 font un bond de 40 % dans le Grand Est, contre 12 % à l’échelle nationale. Au niveau régional, la hausse est de 18 % par rapport à 2019. Ce dynamisme repose sur les départements de la Moselle et du Bas-Rhin, mais surtout sur celui du Haut-Rhin dans lequel les surfaces de locaux autorisées se sont envolées de 142 % sur la dernière année. Au contraire, dans la Meuse, les surfaces autorisées baissent de 6 %.

En 2021, les surfaces de locaux commencées progressent de 35 % sur un an dans le Grand Est, pour revenir au niveau d’avant-crise, contre 5 % en France. Elles ont presque doublé en Moselle, département qui rassemble un cinquième des ouvertures de chantiers. Dans le Bas-Rhin, où un quart des surfaces sont mises en chantier, la hausse est de 36 %. À l’inverse, la baisse est de 34 % en Meurthe-et-Moselle.

Avec 4,3 millions de nuitées au 4^e trimestre 2021 dans le Grand Est, la fréquentation dans les hébergements collectifs touristiques hors camping est inférieure de 9,5 % à celle du 4^e trimestre 2019, contre - 8,6 % au niveau national.

Le nombre de nuitées est en baisse de 12,1 % dans les hôtels, alors que dans les autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT), il est pratiquement revenu à son niveau d’avant-crise (- 0,4 %).

À l’instar de l'été 2021, la fréquentation hôtelière de cet automne est portée par la clientèle résidant en France, dont le nombre de nuitées se rapproche de son niveau de l’automne 2019 (- 5,2 %). La fréquentation des touristes non résidents reste quant à elle nettement en repli (- 28,4 %), malgré une augmentation du nombre de touristes venant des Pays-Bas ou d’Espagne (+ 7 % et + 1,9 %). Les nuitées des résidents belges et allemands, qui représentent plus de 43 % des nuitées des non-résidents, demeurent moins nombreuses qu’il y a deux ans (- 8,8 % et - 27,9 % respectivement).

Les hôtels haut de gamme, classés 4 ou 5 étoiles, retrouvent quasiment leur fréquentation d’avant-crise (- 0,9 %). La clientèle résidente, en hausse de 11,6 % par rapport au dernier trimestre 2019, compense la perte de 20 % de la clientèle venant de l’étranger. La fréquentation des hôtels plus économiques, classés de 1 à 3 étoiles, est globalement en retrait de 10 % (- 2,7 % pour les touristes résidents et - 28,4 % pour les non-résidents). Les hôtels non classés enregistrent une baisse plus importante (- 35 %) qui résulte du recul de la fréquentation des non-résidents, comme des résidents (- 49 % et - 32 %).

Dans les AHCT, la clientèle nationale revient en nombre au 4^e trimestre 2021, avec une progression de 8,9 % dans le Grand Est comparée au 4^e trimestre 2019, un peu moins que la moyenne française (+ 10,8 %). La fréquentation des touristes non résidents est toujours en retrait dans la région, comme au niveau national (- 29 % et - 33 %).