Insee Flash Pays de la Loire · Mars 2022 · n° 119

Premier confinement et égalité femmes-hommes : les femmes en première ligne

Dans le cadre du premier confinement, 312 500 personnes ont poursuivi leur activité sur leur lieu de travail habituel, au contact de patients, notamment de malades de la Covid-19, de clients ou de collègues. L’Observatoire régional de santé d’Île-de-France a défini une liste de 35 métiers particulièrement exposés à la Covid-19 pendant le premier confinement car exercés sur le lieu de travail habituel. Ces métiers dits « métiers-clés », dont l’activité a été jugée indispensable pendant le premier confinement, répondent aux besoins vitaux de la population dans les domaines sanitaire, alimentaire, utilitaire et logistique. Ils se répartissent en quatre sphères professionnelles selon le degré d’exposition au risque sanitaire.

Les sphères professionnelles 1 et 2 correspondent à des métiers de la santé, en contact avec des patients, selon qu’ils sont en milieu hospitalier ou non. La sphère 3 regroupe des métiers en contact fréquent avec des clients et des collègues, notamment dans l’alimentaire. Enfin, la sphère 4 décline les métiers-clés en contact occasionnel avec des clients ou des collègues, essentiellement de la logistique de transport.

Dans les Pays de la Loire, les travailleurs-clés représentent 20 % des actifs de la région.

Quand un actif sur cinq occupe un métier-clé exposé, par comparaison une active sur quatre est concernée. Ainsi, pendant le premier confinement, les femmes ont été plus souvent confrontées que les hommes au risque sanitaire de la pandémie dans l’exercice de leur profession. En effet, elles sont plus nombreuses parmi les travailleurs-clés : 60 % des salariés. Le constat varie selon les sphères. Dans les Pays de la Loire, les femmes sont présentes dans plus de huit emplois sur dix des sphères de la santé (1 et 2), dans un emploi sur deux de la sphère 3 et dans un emploi sur cinq de la sphère 4.

Les spécialisations économiques des zones d’emploi (ZE) des Pays de la Loire portent en filigrane les différenciations de l’impact des métiers-clés sur la part de femmes exposées. Ainsi, les femmes exerçant des métiers-clés exposés sont davantage présentes dans les zones littorales ou dans la plupart des agglomérations, par rapport à la moyenne régionale (figure). Le taux de féminisation des métiers exposés est supérieur à la moyenne lorsque de grands établissements de santé sont présents (sphères 1 et 2), ou inférieur à la moyenne dans les zones où l’agroalimentaire et les métiers de la route prédominent (sphères 3 et 4).

Ainsi, les femmes ont été plus exposées que la moyenne régionale dans les ZE de Saint-Nazaire, Angers, La Roche-sur-Yon et Nantes, où de grands établissements de soins sont établis ainsi que dans les zones littorales où la population plus âgée a des besoins accentués en professionnels de santé. À l’inverse, les ZE du Mans et Laval ont un léger déficit de personnel de santé par rapport à la région dans son ensemble, et leur part de femmes exposées au risque sanitaire dans l'exercice de leur profession est inférieure à la moyenne régionale.

Même si les femmes sont moins présentes dans les zones plus industrielles ou agricoles, elles restent plus nombreuses dans l’emploi exposé pour l’ensemble des zones d’emploi : de 54 % dans la ZE de La Ferté-Bernard à 67 % dans celle de Redon.

À l’échelle des zones d’emploi, les spécialisations territoriales de l’activité ont eu un impact sur l’exposition des actifs à la Covid-19 pendant l’exercice de leur fonction.

Dans les zones d’emploi où l'agroalimentaire est très présent, la part des travailleurs-clés est supérieure à la moyenne régionale. C’est le cas dans les ZE de Mayenne (26 %), Sablé-sur-Sarthe (26 %), La Ferté-Bernard (25 %), Fontenay-le-Comte (25 %) ou encore Alençon (25 %). Ces territoires représentent 10 % de l’emploi régional total, mais 12 % de l’emploi exposé. Les autres zones d’emploi restent proches de la moyenne régionale.

La ZE de Nantes se distingue par le plus faible taux d’emplois exposés au risque sanitaire (17 %) rapporté à son emploi total. À l’instar des autres métropoles françaises, sa structure d’emplois est plus orientée vers les services, davantage télétravaillables. Ainsi, la ZE de Nantes regroupe 69 150 travailleurs-clés.

Alors qu’ils sont plus présents, les métiers-clés de l’agroalimentaire et de la route sont également plus féminisés qu’en France de province : 31 % de femmes dans les Pays de la Loire, contre 28 %.

Les ouvriers et les employés de l’agroalimentaire et les métiers de la route, qui appartiennent aux sphères 3 et 4, sont surreprésentés dans dix zones d’emploi, en lien notamment avec une sous-représentation des métiers de la santé en milieu hospitalier (sphère 1) : ZE de Sablé-sur-Sarthe, Les Herbiers-Montaigu, La Ferté-Bernard, Mayenne, Château-Gontier, Segré-en-Anjou Bleu, Cholet, Fontenay-le-Comte, Ancenis et La Flèche. Ainsi, pour ces dix zones d’emploi, les sphères 3 et 4 représentent 61 % en moyenne des métiers-clés (54 % dans la région) et les sphères 1 et 2 (métiers de la santé) 39 % des métiers-clés (46 % dans la région).