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Insee Analyses Centre-Val de Loire · Mars 2022 · n° 83
Insee Analyses Centre-Val de LoireDes femmes moins fréquemment en emploi à partir du troisième enfant

Alexis Collard, Olivier Diel (Insee)

En Centre-Val de Loire, comme en France métropolitaine, l’emploi des femmes croît de manière régulière. Leur part en emploi est en hausse et se rapproche de celle des hommes qui est en baisse. Plus de trois emplois à temps partiel sur quatre sont occupés par des femmes. Elles occupent également plus souvent que les hommes des emplois à durée limitée.

Les femmes réduisent leur activité professionnelle lorsqu’elles ont des enfants, en particulier à partir du troisième. Occuper un emploi qualifié nécessite, pour les femmes davantage que pour les hommes, de détenir un niveau de diplôme élevé. En moyenne plus diplômées que les hommes, les femmes font cependant plus souvent face à une situation de déclassement professionnel.

L’accès à l’emploi des femmes est plus favorable dans les zones d’emploi où les activités de service sont plus développées. L’emploi féminin est concentré sur peu de familles professionnelles et souvent dans des secteurs d’activité moins rémunérateurs.

Insee Analyses Centre-Val de Loire
No 83
Paru le :Paru le07/03/2022

Des femmes plus souvent en emploi en Centre-Val de Loire

Depuis 1968, en Centre-Val de Loire comme en France métropolitaine, le nombre de femmes en emploi a constamment augmenté, tandis que celui des hommes est resté stable. En 2018, la région compte 247 700 emplois de plus qu’en 1968. En ce qui concerne l’emploi féminin, l’augmentation atteint 227 400.

Avec 567 100 femmes âgées de 15 à 64 ans en activité (en emploi ou en recherche d’emploi) pour un total de 778 700 femmes appartenant à cette classe d’âge en 2018, le féminin de la région est de 72,8 % et positionne le Centre-Val de Loire au 3ᵉ rang national derrière l’Île-de-France et les Pays de la Loire. Si les femmes du Centre-Val de Loire sont moins souvent en activité que les hommes, actifs à 77,4 % (au 4ᵉ rang national), elles le sont davantage qu’en France de province (France métropolitaine hors Île-de-France) où le taux d’activité des femmes est inférieur de près de deux points à celui de la région (71 %).

Dans cette classe d’âge, 63,3 % des femmes occupent un emploi en 2018. Ce est supérieur de plus de 2 points à la moyenne de province (61,2 %), mais là aussi inférieur à celui de leurs homologues masculins, 68 %. L’Union européenne a d’ailleurs adopté des objectifs concernant les taux d’emploi des femmes et des hommes (encadré 1).

Le taux d’emploi du Centre-Val de Loire classe la région au 5ᵉ rang national derrière les Pays de la Loire, l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Bretagne. Les femmes de la région ont ainsi plus souvent accès à un emploi que la moyenne de la France de province. Pour accéder à un emploi, les inégalités femmes-hommes sont en outre moins importantes dans la région : les écarts de taux d’emploi entre sexes sont en effet inférieurs d’un point à ceux de la France de province (4,7 points contre 5,8 points).

Le déséquilibre entre femmes et hommes sur le marché du travail se réduit

En 2018, 493 100 femmes âgées de 15 à 64 ans résidant dans la région sont en emploi. Les femmes représentent ainsi 48,6 % des actifs occupés du Centre-Val de Loire. En 1968, cette part n’atteignait que 34,8 %. Supérieur au niveau national, le taux d’emploi féminin de la région n’a cependant pas augmenté pour toutes les classes d’âge. Pour les femmes âgées de 15 à 24 ans, il est de plus en plus faible, alors que celui des femmes âgées de 55-64 ans s’est accru : une femme de 55-64 ans sur deux occupe un emploi en 2018 en Centre-Val de Loire, contre une sur quatre en 1990. Le taux d’emploi des femmes a donc progressé vers l’objectif du Conseil européen de Stockholm de mars 2001 de porter à 50 % le taux d’emploi des 55-64 ans, femmes et hommes confondus, à l’horizon 2010 (encadré 1).

Ces évolutions, comparables pour les hommes, dépendent de plusieurs facteurs comme l’allongement de la durée des études et le recul de l’âge de départ à la retraite. À ces facteurs communs aux deux sexes, s’ajoute pour les femmes la nécessité de prolonger leur carrière davantage que les hommes, afin de compenser un parcours moins linéaire (temps partiel, etc.) et bénéficier d’une retraite à taux plein. Ces âges extrêmes de la vie active se caractérisent également par de fortes parts du temps partiel dans l’emploi, tant pour les femmes que pour les hommes. Pour les 15-24 ans, ce temps partiel vient souvent en complément pour financer des études. Pour les 55-64 ans, il correspond fréquemment à une cessation progressive d’activité ou à une perte d’emploi suivie d’une difficulté d’en retrouver un à temps complet.

Sans ces classes d’âge aux comportements atypiques, le taux d’emploi des femmes de 25 à 54 ans (sources) s’élève à 78,7 % en 2018. S’il reste inférieur à celui des hommes (6 points de moins), ce taux s’en rapproche régulièrement depuis 30 ans (figure 1). Il a en effet augmenté de 10,1 points entre 1990 et 2018, alors que celui des hommes a chuté de 6,4 points. Ces évolutions ont ainsi contribué à diviser par 3,7 les écarts entre hommes et femmes en termes d’accès à l’emploi depuis 1990. Le développement de l’emploi dans le tertiaire, dont la place dans l’économie est en constante progression, a accompagné voire facilité l’élévation du taux d’emploi des femmes. À l’inverse, les contractions d’effectifs dans les secteurs primaire et secondaire plus fréquemment masculins comme l’industrie, la construction ou l’agriculture, explique le recul du taux d’emploi masculin.

Figure 1Évolution des taux d’activité et d’emploi depuis 1990 selon le sexe

en %
Évolution des taux d’activité et d’emploi depuis 1990 selon le sexe (en %)
Année Femmes – Taux d’activité Femmes – Taux d’emploi Hommes – Taux d’activité Hommes – Taux d’emploi
1990 77,6 68,6 96,2 91,1
1999 83,0 72,7 95,4 87,9
2007 86,8 78,0 95,1 88,1
2012 88,6 79,0 95,2 86,1
2017 89,2 78,4 94,6 84,5
2018 89,3 78,7 94,5 84,7
  • Champ : personnes âgées de 25 à 54 ans résidant en Centre-Val de Loire.
  • Source : Insee, Recensements harmonisés de la population de 1990 à 2018.

Figure 1Évolution des taux d’activité et d’emploi depuis 1990 selon le sexe

  • Champ : personnes âgées de 25 à 54 ans résidant en Centre-Val de Loire.
  • Source : Insee, Recensements harmonisés de la population de 1990 à 2018.

Toujours très fréquent, le temps partiel est en recul chez les femmes

L’emploi à temps partiel, qu’il soit volontaire ou non pour se consacrer à d’autres activités, est une situation professionnelle majoritairement féminine. Parmi les 156 890 emplois en temps partiel que compte la région en 2018, 118 640 – soit 76 % – sont occupés par des femmes, une proportion qui s’est légèrement réduite depuis la fin des années 2000 quand elle atteignait 81 %. Ainsi, la part de personnes à temps partiel a diminué parmi les femmes de 25 à 54 ans ayant un emploi (salarié ou non), passant de 28,6 % en 1999 à 21,6 % en 2018, soit 4,3 points sous le taux de la France de province. Sur la même période, le temps partiel progresse chez les hommes qui sont désormais plus de 4,7 % à être concernés (5,5 % en France de province). Cette légère progression est observée à tous âges pour les hommes de même que la baisse pour les femmes. De nombreux facteurs peuvent contribuer à cet écart entre hommes et femmes, en particulier le partage inégal des tâches domestiques et familiales et les inégalités salariales au sein du couple. D’autres pays ont fait le choix de promouvoir le temps partiel dans une logique de partage du travail (encadré 1).

La durée moyenne de travail hebdomadaire des femmes à temps partiel est toutefois plus importante que celle des hommes : 21,7 heures, contre 18,6 heures en moyenne par semaine. Les hommes occupent plus fréquemment des emplois à temps partiel où le temps de travail est plus réduit (travail d’étudiants, formation, fin d’activité) (pour en savoir plus). Par ailleurs, la réduction du temps de travail varie sensiblement selon la profession et catégorie sociale. Les femmes cadres sont plus souvent concernées par des horaires de 30 heures ou plus, alors que, parmi les ouvrières, deux tiers des femmes à temps partiel travaillent moins de 23 heures par semaine.

Les professions et catégories socioprofessionnelles qui travaillent le plus souvent à temps partiel sont également les plus féminisées. En 2018, près de trois employées sur dix travaillent à temps partiel, proportion deux fois plus importante que pour les femmes cadres (figure 2). Par ailleurs, 95 % des salariées qui ne travaillent pas à temps plein exercent dans le tertiaire, secteur dans lequel plus d’un emploi salarié féminin sur quatre (26,6 %) est un emploi à temps partiel. Les activités de services les plus utilisatrices d’emplois à temps partiel sont le nettoyage, l’hébergement-restauration, l’éducation, la santé et l’action sociale, toutes étant majoritairement féminines.

Par ailleurs, les femmes sont plus fréquemment que les hommes sous (11,7 % des femmes de 25 à 54 ans, contre 9,2 % des hommes).

Figure 2Part de l’emploi à temps partiel selon le sexe et la catégorie sociale

en %
Part de l’emploi à temps partiel selon le sexe et la catégorie sociale (en %)
Catégorie socio-professionnelle Hommes Femmes
Agriculteurs exploitants 2,5 9,9
Artisans, com., chefs ent. 4,9 13,7
Cadres, prof int sup 3,6 14,7
Prof intermédiaires 3,8 18,4
Employés 7,2 26,8
Ouvriers 5,1 21,1
Ensemble 4,7 21,6
  • Champ : personnes en emploi de 25 à 54 ans résidant en Centre-Val de Loire.
  • Source : Insee, Recensement de la population de 2018, exploitation complémentaire.

Figure 2Part de l’emploi à temps partiel selon le sexe et la catégorie sociale

  • Champ : personnes en emploi de 25 à 54 ans résidant en Centre-Val de Loire.
  • Source : Insee, Recensement de la population de 2018, exploitation complémentaire.

Les femmes moins souvent en emploi à partir du troisième enfant

Le taux d’emploi des femmes de 25 à 54 ans reste globalement stable autour de 82 % jusqu’à deux enfants, et chute de 20 points à partir du 3ᵉ enfant (figure 3). De fait, les parts d’inactives et d’actives sans emploi augmentent à partir du 3ᵉ enfant. La parentalité a davantage de conséquences sur la situation professionnelle des femmes que sur celle des hommes. Souvent, ces derniers n’ont des enfants qu’après avoir obtenu une situation professionnelle stable. Le taux d’emploi des hommes passe ainsi de 81 % pour ceux qui n’ont pas d’enfant à 87 % pour les pères de famille.

Cette diminution de l’emploi des femmes à l’arrivée du 3ᵉ enfant résulte d’un recul des emplois à temps complet. Le temps partiel parmi l’ensemble de la population féminine n’augmente que légèrement avec le nombre d’enfants. Ainsi, il ne permet pas de compenser la baisse des emplois à temps complet. En revanche, la part de temps partiel parmi les femmes en emploi croît de manière très nette. En considérant les actives occupées de 25 à 54 ans, la part de femmes à temps partiel est de 21 % pour les femmes sans enfants, de 22 % pour les mères d'un seul enfant, de 26 % pour les mères de deux enfants et de 35 % pour les mères ayant au moins trois enfants.

La surreprésentation des femmes dans l’emploi à temps partiel peut s’expliquer par le fait qu’elles sont beaucoup plus soumises aux contraintes liées à la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. 24 % des femmes en emploi de 25 à 54 ans avec un ou plusieurs enfants sont à temps partiel, contre uniquement 4 % des hommes. Par ailleurs, la part de temps partiel chez les femmes augmente en présence d’enfants en bas âge. 28 % des femmes en emploi de 25 à 54 ans avec au moins un enfant de moins de 3 ans sont à temps partiel, contre 23 % lorsque le dernier enfant a 3 ans ou plus.

À des degrés divers, toutes les catégories sociales sont concernées par cette hausse de la part du temps partiel à partir du 3ᵉ enfant. À autres caractéristiques identiques (pour comprendre), une femme en emploi avec 3 enfants ou plus a 3 fois plus de chances d’être à temps partiel qu’une femme sans enfant. Pour les femmes cadres, ce ratio monte à 3,5. C’est pour les femmes exerçant une profession intermédiaire que l’effet de la maternité sur le temps partiel est le plus marqué. Pour cette catégorie sociale, la probabilité de recourir au temps partiel est 5,4 fois plus importante pour une mère de 3 enfants ou plus que pour une femme sans enfant. Pourtant globalement plus concernées par le temps partiel, la différence entre les femmes sans enfant et celles avec 3 enfants ou plus est la moins marquée pour les employées (ratio de 2,4).

Figure 3Activité et emploi selon le sexe et le nombre d’enfants

en %
Activité et emploi selon le sexe et le nombre d’enfants (en %)
Nombre d’enfants Sexe Emploi à temps complet Emploi à temps partiel Actif sans emploi Inactif
Sans enfant F 67,5 12,7 9,3 10,4
H 76,0 4,6 10,7 8,7
1 enfant F 64,8 16,1 11,2 7,9
H 81,7 3,7 10,5 4,3
2 enfants F 62,0 20,4 9,6 8,1
H 87,6 3,2 6,9 2,4
3 enfants ou plus F 40,7 21,6 15,3 22,5
H 80,3 4,6 10,9 4,2
Total F 61,7 17,0 10,7 10,6
H 80,8 4,0 9,7 5,5
  • Champ : personnes âgées de 25 à 54 ans résidant en Centre-Val de Loire.
  • Source : Insee, Recensement de la population de 2018, exploitation complémentaire.

Figure 3Activité et emploi selon le sexe et le nombre d’enfants

  • Champ : personnes âgées de 25 à 54 ans résidant en Centre-Val de Loire.
  • Source : Insee, Recensement de la population de 2018, exploitation complémentaire.

Le diplôme, un déterminant essentiel de l’emploi, notamment pour les femmes

La probabilité d’occuper un emploi augmente fortement avec le niveau de diplôme. Toutes choses étant égales par ailleurs, la probabilité pour une femme sans aucun diplôme d’occuper un emploi est 4 fois moins importante que pour une femme titulaire d’un diplôme de niveau baccalauréat. Toujours par rapport au baccalauréat, la même probabilité est 3 fois moins élevée pour les femmes détentrices d’un brevet des collèges pour diplôme le plus élevé. À l’inverse, les femmes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur de niveau bac+ 5 ou plus ont 2 fois plus de chances d’occuper un emploi.

Le travail à temps partiel est moins fréquent pour les femmes titulaires d’un diplôme d’études supérieures que pour les autres (19,3 % contre 27,2 %). Le diplôme permet aussi l’accès à des emplois plus qualifiés, en particulier les emplois de cadres dans les entreprises et les administrations publiques. Pour occuper de tels postes, les femmes sont souvent plus diplômées de l’enseignement supérieur que les hommes (86 % contre 80 %). Ceci peut relever d’une exigence en termes de diplôme plus marquée à l’égard des femmes ou d’une surreprésentation masculine dans des fonctions de cadre qui le sont moins.

Pour les femmes comme pour les hommes, la part d’actifs occupés exerçant un emploi d’ouvrier ou d’employé diminue avec le niveau d’études. 87 % des femmes en emploi de 25 à 54 ans sans diplôme occupent un tel emploi, contre uniquement 25 % de celles titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur.

Davantage de femmes diplômées confrontées au déclassement professionnel

En région Centre-Val de Loire comme à l’échelle nationale, les femmes occupent quatre emplois salariés de cadres sur dix. Néanmoins, si les femmes sont plus présentes que les hommes parmi les cadres de la fonction publique (53 % des effectifs), elles le sont beaucoup moins au sein des entreprises privées, où elles occupent seulement 35 % des emplois de cadres.

Majoritaires parmi l’ensemble des bacheliers depuis plus de quarante ans, les femmes représentent plus de la moitié des personnes âgées de 25 à 54 ans titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur en 2018 et ceci pour chaque niveau post-baccalauréat. Cependant, les femmes occupent des emplois moins qualifiés que les hommes. En 2018, en Centre-Val de Loire, 25 % des femmes en emploi de 25 à 54 ans diplômées du supérieur sont cadres contre 39 % des hommes.

Malgré les progrès dans l’accès à l’emploi, les femmes n’occupent pas toujours des postes en adéquation avec leur niveau de formation, si bien qu’elles peuvent être considérées en situation de déclassement professionnel (pour comprendre) : 25 % des femmes salariées de la région sont dans cette situation, contre 22 % des hommes. En région Centre-Val de Loire, les femmes sont cependant moins souvent déclassées professionnellement que les femmes de France de province (28 %). Celui-ci concerne fortement les femmes qui occupent des postes aux moindres niveaux de qualification, comme des employées, des hôtesses de caisse et des agents de services hospitaliers (encadré 2).

Plus de femmes en emploi dans les territoires où les activités de services sont surreprésentées

Les femmes ne travaillent pas dans les mêmes secteurs d’activité que les hommes. Elles sont plus présentes dans les emplois des secteurs des services administratifs et de soutien aux entreprises, de l’administration publique, de l’enseignement, de la santé et de l’action sociale. Près de la moitié des femmes en emploi (46 %) travaillent dans ces secteurs (contre 19 % pour les hommes) et elles y représentent 70 % des effectifs. Inversement, les femmes sont aujourd’hui encore sous-représentées dans d’autres secteurs. Seulement 10 % des femmes travaillent dans l’industrie, 2 % dans la construction et 2 % dans l’agriculture (contre respectivement 20 %, 12 % et 5 % des hommes). Ainsi, l’accès des femmes à l’emploi est plus difficile là où ces secteurs sont surreprésentés par rapport à la moyenne régionale. Dans la de Montargis où la construction est surreprésentée, uniquement 72 % des femmes de 25 à 54 ans sont en emploi, soit le taux le plus faible parmi l’ensemble des zones d’emploi régionales. De même, les taux d’emploi dans les zones d’emploi à forte présence industrielle ou commerciale sont systématiquement inférieurs à 80 %. À l’inverse, le taux d’emploi des femmes est plus élevé là où les services marchands ou non marchands pèsent davantage dans l’activité économique du territoire : Orléans (79,7 %), Tours (80,3 %) et Chartres (81,6 %). Par ailleurs, les femmes résident en moyenne plus près de leur lieu de travail : 34,2 % des femmes habitent à moins de 5 km de leur lieu de travail, contre 30,1 % des hommes. En revanche, la densité du territoire semble avoir peu d’incidence directe sur l’accès des femmes à l’emploi. Une femme ne sera pas plus souvent en emploi selon qu’elle réside dans une commune urbaine ou rurale.

Encadré 1 - Les objectifs au niveau européen en termes d’emploi des femmes et des hommes

En mars 2000, le Conseil européen de Lisbonne a défini pour l’Union européenne un nouvel objectif stratégique pour renforcer l’emploi, la réforme économique et la cohésion sociale. L’objectif global consistait à porter le taux d'emploi à 70 % et à faire en sorte que la proportion de femmes actives dépasse 60 % d’ici à 2010. En juin 2010, l’Union européenne a adopté la stratégie « Europe 2020 » pour l’emploi et une croissance intelligente, durable et inclusive, avec pour objectif de porter à 75 % le taux d’emploi des femmes et des hommes âgés de 20 à 64 ans à l’horizon 2020.

Ces objectifs se basent sur les données de l’Enquête emploi en continu (EEC), déclinaison française des enquêtes sur les forces de travail de l’Union européenne. En 2018, selon l’EEC, le taux d’emploi des femmes entre 15 et 64 ans est estimé à 63,5 % en Centre-Val de Loire, niveau significativement inférieur au taux d’emploi de leurs homologues masculins, estimé à 68,9 %. Ce taux d’emploi des femmes s’élève à 61,9 % pour la France de province, et à 63,4 % pour l’ensemble de l’Union européenne (à 28 pays).

Selon l’EEC, la part des personnes à temps partiel (femmes et hommes confondus) parmi l’ensemble des personnes de 15 à 64 ans en emploi (salariées ou non) est estimée à 15,5 % en Centre-Val de Loire. Ce niveau est significativement inférieur à la part en France de province (18,9 %) et à celle de l’Union européenne (19,2 %). Cette proportion d’emploi à temps partiel varie toutefois très fortement d’un pays à un autre. La valeur la plus élevée concerne les Pays-Bas, où la moitié des personnes en emploi travaillent à temps partiel en 2018. Les règles et la législation ont évolué aux Pays-Bas depuis les années 1980, pour lutter contre le chômage (Accord de Wassenaar en 1982) et faciliter la participation des femmes au marché du travail (loi sur l'adaptation du temps de travail en 2000).

Toutefois, le temps partiel peut aussi être involontaire : les personnes travaillant à temps partiel et souhaitant travailler davantage font partie de celles en . En 2018, en Centre-Val de Loire, le sous-emploi concerne 8,4 % des femmes en emploi de 15 à 64 ans, contre 2,3 % des hommes. En France de province, ces taux s’élèvent à 9,3 % pour les femmes et à 3,4 % pour les hommes.

Encadré 2 - Un quart de l’emploi féminin est regroupé sur quatre professions

Les femmes accèdent, par choix ou contrainte, à des professions moins diverses que les hommes. En 2018, la moitié des femmes en emploi de 25 à 54 ans travaillent dans 13 familles professionnelles (pour comprendre) distinctes contre 19 pour les hommes (figure 4). En lien avec les secteurs les plus féminisés, près d’un quart de l’emploi féminin est regroupé sur quatre professions : agents d’entretien, aides-soignants, enseignants et employés administratifs de la fonction publique. Si ces 13 familles professionnelles – importantes parmi l’ensemble des emplois – rassemblent également beaucoup d’hommes, les femmes sont très largement majoritaires dans chacune d’entre elles, dont elles occupent plus de deux tiers des emplois. En 2018, les femmes représentent 90 % des effectifs, voire davantage, dans les professions suivantes : assistantes maternelles, aides à domiciles et aides ménagères, secrétaires, infirmières et aides-soignantes.

Figure 4La moitié des femmes exercent dans 13 familles professionnelles distinctes

en %
La moitié des femmes exercent dans 13 familles professionnelles distinctes (en %)
Familles professionnelles Part de la population féminine occupée Part de la population active occupée Proportion de femmes
Agents d'entretien 6,9 4,5 73,7
Enseignants 5,8 4,1 69,8
Aides-soignants 5,8 3,1 92,1
Employés administratifs de la fonction publique (catégorie C et assimilés) 4,6 3,0 74,5
Vendeurs 4,4 2,9 74,2
Infirmiers, sages-femmes 4,3 2,3 89,2
Aides a domicile et aides ménagères 3,4 1,7 95,9
Employés administratifs d'entreprise 3,3 2,1 78,2
Techniciens des services administratifs, comptables et financiers 3,2 2,1 74,3
Assistantes maternelles 3,2 1,6 98,3
Professions intermédiaires administratives de la fonction publique (catégorie B et assimilés) 2,5 1,8 66,1
Secrétaires 2,4 1,3 94,7
Professions para-médicales 2,4 1,5 76,1
Ensemble de ces familles 52,1 31,9 -
  • Champ : femmes en emploi âgées de 25 à 54 ans résidant en Centre-Val de Loire.
  • Source : Insee, Recensement de la population de 2018, exploitation complémentaire.

Encadré 3 - La rémunération augmente avec l’âge, les inégalités entre femmes et hommes aussi

Les inégalités salariales entre les sexes persistent en Centre-Val de Loire, de façon comparable à la France de province. En 2018, dans la région, le salaire net mensuel médian (sources) pour un est de 1 615 € pour les femmes et 1 810 € pour les hommes. Ainsi, les femmes salariées ont un niveau de rémunération horaire médian inférieur de 10,7 % (figure 5) à celui des hommes. Les inégalités sont moindres qu’en France de province où cet écart atteint 11,3 %. Les écarts de rémunération en défaveur des femmes sont nettement plus élevés parmi les cadres (- 15,4 %) qu’au sein des autres catégories socioprofessionnelles. L’écart le plus faible est constaté parmi les employés (- 1,4 %), une catégorie majoritairement féminine.

Ces écarts de salaires entre les hommes et les femmes ne sont pas neutres en ce qui concerne l’accès des femmes à l’emploi. « Au sein des couples, il est en effet socialement mieux toléré que la femme fasse le choix de ne pas travailler plutôt que l’inverse, et les salaires plus élevés des hommes, en moyenne, font que cette option est souvent la plus pertinente financièrement pour le couple. » ([K. Briard, 2017]).

Avec l’âge, le salaire des femmes progresse moins que celui des hommes. Les interruptions de carrière des femmes pour élever leurs enfants peuvent constituer l’un des freins à cette progression. En début de carrière, jusqu’à 25 ans, les femmes perçoivent un salaire horaire net médian déjà inférieur de 2,5 % à celui de leurs homologues masculins. Cet écart augmente ensuite nettement avec l’âge pour atteindre 15,7 % parmi les salariés de plus de 50 ans.

Les écarts de rémunération entre hommes et femmes augmentent avec le niveau des salaires. Toujours en équivalent temps plein, les 10 % des femmes les moins bien rémunérées ont un salaire maximum inférieur de 4,5 % à celui des hommes (1 238 € contre 1 296 €). Le salaire minimum des 10 % des femmes les mieux rémunérées (soit 2 816 €) est inférieur de 20,5 % à celui des hommes (soit 3 543 €).

Par ailleurs, les femmes sont plus nombreuses dans les secteurs d’activités les moins rémunérateurs. En 2018, 81 % des salariés de 25 à 54 ans exerçant dans le secteur de la santé humaine et de l’action sociale sont des femmes et 50 % d’entre elles ont perçu moins de 19 700 € de revenus nets annuels en équivalent temps plein. À l’inverse, une femme salariée de 25 à 54 ans sur deux travaillant dans le secteur de l’information et la communication a au moins gagné 25 900 € au cours de l’année, mais elles ne représentent que 31 % des salariés de ce secteur. Cette tendance générale admet cependant quelques exceptions. Les salariés des activités financières et d’assurance sont à 64 % des femmes et la moitié d’entre elles gagnent plus de 27 100 €. Il s’agit ainsi du secteur d’activité où le salaire médian, des femmes comme des hommes, est le plus élevé. Toutefois, les femmes y gagnent moins que leurs homologues masculins de ce même secteur, pour qui le salaire annuel médian est égal à 34 500 €, avec une répartition des postes qui peut être différente. Cet écart de 27 % pour ce secteur est nettement plus important que l’écart de salaires entre femmes et hommes de 25 à 54 ans de 10 % tous secteurs confondus.

Comme pour les secteurs d’activité, les professions les plus féminisées tendent également à être les moins rémunératrices. En 2018, le salaire horaire net médian des professions majoritairement féminines est inférieur de 6 % à celui des professions majoritairement masculines.

Figure 5Écart de salaire net médian entre les femmes et les hommes selon la profession et catégorie socioprofessionnelle

en %
Écart de salaire net médian entre les femmes et les hommes selon la profession et catégorie socioprofessionnelle (en %)
Profession et catégorie socio-professionnelle Centre-Val de Loire France de province
Ensemble -10,7 -11,3
Cadres* -15,4 -15,0
Professions intermédiaires -10,8 -10,5
Employés -1,4 -1,5
Ouvriers -8,9 -10,7
  • * Cadres : professions intellectuelles supérieures et chefs d’entreprise salariés.
  • Champ : salariés de 15 à 64 ans occupant des postes non annexes du secteur privé et semi-public hors salariés agricoles, salariés des particuliers-employeurs, apprentis et stagiaires.
  • Source : Insee, fichier « tous salariés » (DADS-DSN) 2018.

Figure 5Écart de salaire net médian entre les femmes et les hommes selon la profession et catégorie socioprofessionnelle

  • * Cadres : professions intellectuelles supérieures et chefs d’entreprise salariés.
  • Champ : salariés de 15 à 64 ans occupant des postes non annexes du secteur privé et semi-public hors salariés agricoles, salariés des particuliers-employeurs, apprentis et stagiaires.
  • Source : Insee, fichier « tous salariés » (DADS-DSN) 2018.
Publication rédigée par :Alexis Collard, Olivier Diel (Insee)

Pour comprendre

L’analyse « toutes choses observées égales par ailleurs » ou « à autres caractéristiques identiques » signifie que l’étude se base sur une régression logistique. Elle permet d’identifier et de mesurer l’effet spécifique de chaque facteur (âge, niveau de diplôme, nombre d’enfants, densité de la commune de résidence, profession et catégorie socioprofessionnelle et spécialisation économique de la zone d’emploi de résidence) sur l’accès à l’emploi et le temps partiel des femmes, les autres facteurs étant inchangés .

La mesure du déclassement professionnel se fait sur le champ des salariés. Les professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) correspondant aux non-salariés sont donc exclues (agriculteurs exploitants, artisans, commerçants et chefs d’entreprise non salariés, professions libérales et assimilées). Les salariés inscrits dans un établissement d’enseignement ne sont pas pris en compte puisque, pour eux, le niveau d’études atteint n’est pas définitif.

La notion de déclassement professionnel utilisée dans cette étude repose sur une approche purement statistique, établie pour l’année 2018 et sur le champ de la France métropolitaine. Elle ne fait aucun a priori sur la correspondance entre le diplôme et la PCS. En particulier, les obligations institutionnelles de détenir un niveau de diplôme minimum pour occuper certains emplois ne sont pas prises en compte.

Pour une PCS donnée, le niveau de diplôme le plus fréquent est considéré comme la situation normale d’absence de déclassement professionnel. Dans certaines catégories, des modalités de diplômes différentes ont des poids très proches, le niveau de diplôme le plus élevé a alors été retenu. Cette méthode permet ainsi de construire une grille de déclassement professionnel, associant chacune des PCS au niveau de diplôme le plus fréquent pour celle-ci. Cette grille, construite sur les données nationales, est ensuite utilisée pour évaluer le déclassement professionnel au niveau régional : sont considérés en situation de déclassement professionnel, les salariés ayant un niveau de diplôme supérieur à ce niveau le plus fréquent pour leur PCS.

Les professions sont décomposées en 87 familles professionnelles. Chaque famille professionnelle regroupe des professions qui font appel à des compétences communes.

Sources

Le recensement de la population (exploitations principale et complémentaire) de 2018 au lieu de résidence.

L’allongement de la durée des études, ainsi que le recul de l’âge du départ à la retraite, ont fortement modifié l’activité et l’emploi aux âges extrêmes. De plus, les concepts liés à l’activité ont changé au cours des recensements. Afin de mesurer les évolutions sur une longue période, les analyses de taux d’activité, taux d’emploi et de temps partiel présentées dans cette étude portent essentiellement sur les personnes âgées de 25 à 54 ans. Cette restriction permet de se limiter aux classes d’âge où l’impact de ces changements est moindre.

L’Enquête emploi en continu (EEC) permet d’établir des comparaisons à l’échelle européenne, ce que ne permet pas le recensement de la population. Les résultats de l’EEC ne sont pas toujours exploitables au niveau infra-national.

Les personnes en emploi au sens du recensement de la population sont celles ayant déclaré avoir un emploi dans le formulaire du recensement. Cette notion est différente de celle de l'emploi au sens du Bureau international du travail (BIT), telle que mesurée par l’EEC : une personne en emploi au sens du BIT est une personne ayant effectué au moins une heure de travail rémunéré au cours d’une semaine donnée.

La notion d'emploi au sens du recensement est donc plutôt restrictive par rapport à celle au sens du BIT. Certaines personnes peuvent, en effet, ne pas considérer que des emplois occasionnels méritent déclaration au recensement. Néanmoins, certaines activités, principalement bénévoles, peuvent être déclarées au recensement de la population.

Les salaires nets sont connus grâce aux déclarations annuelles de données sociales (DADS) et aux déclarations sociales nominatives (DSN) que les entreprises adressent à l’administration. Le fichier « tous salariés » 2018 est mobilisé dans cette étude afin de garantir une comparabilité des résultats avec ceux du recensement de la population de la même année. Le champ utilisé habituellement à l’Insee est privilégié : les postes non annexes du secteur privé et semi-public, hors agriculture, hors apprentis et stagiaires, hors salariés des particuliers employeurs.

Définitions

Le taux d’activité au sens du recensement est le rapport entre la population active (actifs occupés ou non) et l’ensemble de la population.

Le taux d’emploi au sens du recensement est le rapport entre le nombre d’actifs occupés et l’ensemble de la population.

Les emplois à durée limitée sont les emplois qui ont un terme fixé, défini dans le contrat de travail qui lie le salarié à son employeur. Ils regroupent les contrats à durée déterminée (CDD), dont ceux en contrats aidés, les contrats saisonniers, les missions d’intérim et les contrats d’apprentissage.

Une zone d’emploi est un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l’essentiel de la main d’œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts.

La population active au sens du recensement correspond aux personnes en emploi (population active occupée) auxquelles s’ajoutent les chômeurs en recherche d’emploi.

Le sous-emploi comprend les personnes actives occupées au sens du Bureau international du travail (BIT) qui remplissent l'une des conditions suivantes. Soit elles travaillent à temps partiel, souhaitent travailler davantage et sont disponibles pour le faire, qu'elles recherchent activement un emploi ou non. Soit elles travaillent à temps partiel (et sont dans une situation autre que celle décrite ci-dessus) ou à temps complet, mais ont travaillé moins que d'habitude pendant une semaine de référence en raison de chômage partiel (chômage technique) ou mauvais temps. Le sous-emploi se mesure à l'aide de l'Enquête emploi en continu.

Le salaire en équivalent temps plein est un salaire converti à un temps plein pendant toute l’année, quel que soit le volume de travail effectif. Le salaire médian sépare la population en deux : la moitié gagne plus, et l’autre moitié gagne moins.

Pour en savoir plus

Femmes et hommes, l’égalité en question, coll. « Insee Références », édition 2022.

Verdu F., Le chemin à parcourir vers l’égalité entre les hommes et les femmes, Insee Dossier Centre-Val de Loire n°6, juillet 2020

Bodier M., Clé É., Passeron V. et al., Emploi, chômage, revenus du travail, Insee Références, Édition 2021

Bentoudja L., Razafindranovona T., Être parent : des cadres aux ouvrières, plus de conséquences sur l’emploi des femmes, Insee Première n°1795, mars 2020

Chaillot P., Legendre D., Temps partiel : la garde des enfants est le premier motif des femmes, Insee Analyses Pays de la Loire, n°71, mars 2019

Blouin M., Hérant S., L’égalité salariale entre les femmes et les hommes est un long chemin, Insee Analyses Centre-Val de Loire, n°43, mars 2018

Caudron C., Parcours scolaires et professionnels : pour les femmes, la réussite de l’un ne garantit pas le succès de l’autre, Insee Analyses Centre-Val de Loire n°29, mars 2017

Briard K., Ouvrir dans un nouvel ongletL’élasticité de l’offre de travail des femmes : repères méthodologiques et principaux résultats pour la France, Dares, Document d’études n°210, mai 2017