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Insee Analyses Normandie · Février 2022 · n° 99
Insee Analyses NormandieLa pauvreté en Normandie : moins fréquente et moins intense qu’au niveau national

Jonathan Brendler, Sylvain Comte, Jérôme Follin, Camille Hurard, Étienne Silvestre (Insee)

La pauvreté recouvre une pluralité de situations, qu’il est difficile de caractériser en une seule définition ou par un seul indicateur. Dans son acception monétaire, la pauvreté apparaît moins fréquente et moins intense en Normandie qu’en moyenne nationale. L’Orne et la Seine-Maritime sont cependant plus touchées, tandis que les autres départements normands figurent dans le tiers des départements les plus préservés. Dans chaque classe d’âge, les Normands sont moins exposés à la pauvreté que l’ensemble de la population française. Les familles monoparentales normandes et les résidents des communes urbaines sont en revanche plus concernées par la pauvreté qu’au niveau national. Les revenus des ménages pauvres sont caractérisés par la prépondérance des prestations sociales, lesquelles permettent une réduction nette de l’exposition à la pauvreté. La diversité de situations des ménages normands vivant sous le seuil de pauvreté monétaire peut être illustrée à travers cinq profils d’importance démographique variable et répartis de façon assez différenciée sur le territoire régional.

Insee Analyses Normandie
No 99
Paru le :Paru le09/02/2022

Cette étude est associée à l'Insee Dossier Normandie n° 21.

La pauvreté est souvent appréhendée comme un phénomène complexe et multidimensionnel. D’après la définition adoptée par le Conseil des ministres de l’Union européenne (1984), sont considérées comme pauvres « les personnes dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles qu’elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l’État membre dans lequel elles vivent ». Cette définition conduit à privilégier une approche multidimensionnelle de la pauvreté, sur la base des ressources monétaires, des conditions de vie (notamment les privations) et de travail, ou encore du recours aux aides sociales.

L’enquête sur les ressources et les conditions de vie permet de mesurer différents concepts de pauvreté et d’en avoir une vision élargie. Les ménages percevant une aide sociale visant à lutter contre la pauvreté () ne correspondent que partiellement aux ménages en situation de , ou à ceux qui connaissent des privations importantes dans leur vie sociale ou quotidienne (). Sur un ensemble constituant le pourtour du Bassin parisien, comprenant, en plus de la Normandie, les anciennes régions Bourgogne, Centre, Champagne-Ardenne, et Picardie, il apparaît que près d’un ménage sur quatre est concerné par au moins l’une des trois formes de pauvreté (figure 1). Un ménage concerné par la pauvreté sur dix est concerné par les trois formes, trois sur dix par deux formes et six sur dix par une forme seulement.

Figure 1Part des ménages concernés par au moins l’une des formes de pauvreté

en %
Part des ménages concernés par au moins l’une des formes de pauvreté (en %)
Formes de pauvreté Part des ménages
Monétaire uniquement 29
En conditions de vie uniquement 27
Institutionnelle uniquement 6
Monétaire et en conditions de vie 19
Monétaire et institutionnelle 7
En conditions de vie et institutionnelle 2
Monétaire, en conditions de vie et institutionnelle 10
  • Champ : ZEAT correspondant au pourtour du bassin parisien
  • Source : Insee, SRCV 2019

Figure 1Part des ménages concernés par au moins l’une des formes de pauvreté

en %
  • Champ : ZEAT correspondant au pourtour du bassin parisien
  • Source : Insee, SRCV 2019

Plus d’un Normand sur huit vit sous le seuil de pauvreté monétaire

L’approche statistique de la pauvreté monétaire à un niveau régional ou infra-régional est permise depuis 2012 avec la mise en place du dispositif Filosofi (sources). En 2018, 193 000 ménages normands (il s’agit de ménages fiscaux, lesquels n’incluent pas les résidents en communautés ou sans-abris qui représentent environ 2 % de la population normande) vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, fixé de façon conventionnelle à 60 % du niveau de vie médian. Le seuil de pauvreté équivaut à un revenu disponible d’un peu moins de 1 100 euros par mois pour une personne seule, 1 650 euros pour un couple, ou encore 2 300 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans. 431 500 Normands, dont 137 000 enfants de moins de 18 ans, sont ainsi concernés par la pauvreté. Ils représentent 13,5 % de la population régionale des ménages fiscaux, un taux inférieur à celui de l’ensemble de la France métropolitaine (14,6 %). Si l’on classe les régions de France métropolitaine par taux de pauvreté croissant, la Normandie arrive en 6e position (figure 2). Elle partage avec cinq autres régions – Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes – un taux de pauvreté relativement faible, situé entre 12 % et 14 %, loin derrière la Corse (18,5 %) et les Hauts-de-France (18,0 %), mais nettement devant la Bretagne (10,9 %) et les Pays de la Loire (10,8 %).

Figure 2Taux de pauvreté monétaire, par région

en %
Taux de pauvreté monétaire, par région (en %)
Région Taux de pauvreté monétaire
Corse 18,5
Hauts-de-France 18,0
Occitanie 17,2
Île-de-France 15,7
Provence-Alpes-Côte d'Azur 15,6
Grand Est 14,8
France métropolitaine 14,6
Nouvelle-Aquitaine 13,6
Normandie 13,5
Centre-Val de Loire 13,1
Bourgogne-Franche-Comté 12,9
Auvergne-Rhône-Alpes 12,5
Bretagne 10,9
Pays de la Loire 10,8
  • Champ : ménages fiscaux résidant en France métropolitaine
  • Source : Insee, Filosofi 2018

Figure 2Taux de pauvreté monétaire, par région

  • Champ : ménages fiscaux résidant en France métropolitaine
  • Source : Insee, Filosofi 2018

Le des ménages pauvres, qui traduit l’, s’établit à 10 600 euros annuels par unité de consommation (UC) pour les ménages normands contre 10 400 euros annuels par UC pour les ménages métropolitains vivant sous le seuil de pauvreté. Il est deux fois inférieur à celui de l’ensemble des ménages normands (21 200 euros annuels par UC). Un quart des ménages normands sous le seuil de pauvreté dispose d’un niveau de vie inférieur à 8 800 euros annuels par UC, soit moins de 750 euros par mois pour une personne vivant seule.

L’Orne et la Seine-Maritime sont plus touchées par la pauvreté

Si la Normandie apparaît globalement moins concernée par la pauvreté que l’ensemble des régions de France métropolitaine, certains de ses départements sont plus touchés. L’Orne et la Seine-Maritime présentent un taux de pauvreté (respectivement 15,4 % et 14,9 %) supérieur aux moyennes régionale et nationale. Parmi l’ensemble des départements de France métropolitaine, l’Orne se classe dans le premier tiers des départements les plus affectés (30e position) et la Seine-Maritime dans la première moitié (40e position). Les trois autres départements normands se situent dans le tiers des départements les moins touchés par la pauvreté : respectivement en 70e, 71e et 77e positions pour l’Eure, le Calvados et la Manche.

L’intensité de la pauvreté reste contenue en Normandie, et ce pour l’ensemble des départements normands. Le niveau de vie médian des ménages en situation de pauvreté s’avère plus élevé pour chacun des départements normands que ceux d’autres départements dont le taux de pauvreté est équivalent. Il est même supérieur dans les cinq départements normands à celui des ménages pauvres de l’ensemble de la France métropolitaine, variant de 10 500 euros annuels par UC dans l’Orne et la Seine-Maritime à 10 800 euros annuels par UC dans la Manche.

Une pauvreté moins marquée, quel que soit l’âge, mais des familles monoparentales plus concernées

Le taux de pauvreté varie de façon significative en fonction de l’âge. En effet, alors qu’elle touche plus d’un ménage de moins de 30 ans sur cinq, la pauvreté concerne moins d’un ménage de 60 ans ou plus sur dix. À chaque classe d’âge les Normands sont moins fréquemment touchés par la pauvreté que la moyenne des résidents de France métropolitaine (figure 3). Les écarts sont particulièrement marqués pour les ménages à partir de 60 ans. La Normandie fait en effet partie des régions françaises où la pauvreté des personnes âgées est la moins fréquente (3e région où le taux de pauvreté des ménages de 75 ans ou plus est le plus faible).

Figure 3Taux de pauvreté monétaire selon l’âge de la personne de référence du ménage

en %
Taux de pauvreté monétaire selon l’âge de la personne de référence du ménage (en %)
Tranche d’âge Normandie France métropolitaine
Moins de 30 ans 21,8 22,4
30-39 ans 16,2 16,8
40-49 ans 15,7 16,5
50-59 ans 13,5 14,3
60-74 ans 8,8 10,2
75 ans ou plus 8,4 9,6
  • Source : Insee, Filosofi 2018

Figure 3Taux de pauvreté monétaire selon l’âge de la personne de référence du ménage

  • Source : Insee, Filosofi 2018

Indépendamment de l’âge, certaines catégories de ménages sont plus fréquemment affectées par la pauvreté en Normandie. Un tiers des familles monoparentales normandes vit sous le seuil de pauvreté, la personne de référence étant une femme dans huit cas sur dix (figure 4). Les familles monoparentales apparaissent ainsi 2,5 fois plus souvent pauvres que l’ensemble des ménages normands, et cet écart est plus sensible qu’au niveau national (4e région de France métropolitaine où le taux de pauvreté des familles monoparentales est le plus élevé). Avec un peu plus d’enfants qu’en moyenne métropolitaine et avec un parent en moyenne plus jeune, les familles monoparentales normandes sont ainsi plus touchées par la pauvreté. Les personnes vivant seules, femmes ou hommes, sont quant à elles, autant concernées par la pauvreté en Normandie qu’au niveau national. Les couples avec ou sans enfant sont à la fois moins sujets à la pauvreté que les autres types de ménages normands, et moins exposés que les ménages du même type au niveau métropolitain.

Figure 4Taux de pauvreté monétaire selon le type de ménage

en %
Taux de pauvreté monétaire selon le type de ménage (en %)
Type de ménage Normandie France métropolitaine
Famille monoparentale 31,9 29,8
Homme seul 20,1 19,4
Femme seule 17,6 17,9
Couple avec enfant(s) 11,5 12,8
Couple sans enfant 4,9 6,0
Ménage complexe 14,6 17,6
  • Source : Insee, Filosofi 2018

Figure 4Taux de pauvreté monétaire selon le type de ménage

  • Source : Insee, Filosofi 2018

La pauvreté touche les types d’espace de façon différenciée. Elle est notamment présente dans les communes urbaines, particulièrement dans celles de forte densité, où elle touche près d’un ménage sur cinq, en Normandie comme en France métropolitaine. Les communes rurales normandes sont nettement moins concernées par la pauvreté, notamment celles sous influence d’un pôle, que l’on pourrait qualifier de « périurbaines ». Dans l’ensemble, l’écart entre communes urbaines et rurales est plus affirmé en Normandie qu’au niveau national.

Les prestations sociales constituent une composante importante du revenu des ménages en situation de pauvreté

Les revenus des ménages en situation de pauvreté se caractérisent, outre leur faible niveau, par une structure particulière. Un ménage pauvre normand sur sept ne déclare aucun revenu contre un sur cinquante parmi l’ensemble des ménages. Les mécanismes de redistribution permettent un transfert de revenu dont une partie substantielle est dirigée vers les ménages pauvres. Les prestations sociales constituent de ce fait 37 % du revenu disponible des ménages sous le seuil de pauvreté, une part six fois plus importante que pour l’ensemble des ménages (figure 5). Au sein des prestations, le premier poste est celui des minima sociaux (16 %). Le reste se partage à parts quasi égales entre prestations logement (11 %) et familiales (10 %).

Figure 5Décomposition par grands postes du revenu disponible des ménages

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Décomposition par grands postes du revenu disponible des ménages (en %)
Salaires Revenus non salariés Chômage Pensions et retraites Revenus du patrimoine Prestations familiales Prestations logements Minima sociaux Impôts
Ménages pauvres Normandie 32,5 2,3 8,3 22,5 2,8 10,1 11,0 16,5 -6,1
France métropolitaine 34,5 2,9 8,7 21,4 3,3 10,1 10,6 15,4 -6,8
Ensemble des ménages Normandie 62,1 5,3 2,8 31,6 8,5 2,3 1,4 2,3 -16,3
France métropolitaine 65,9 5,6 3,0 28,3 10,4 2,1 1,3 2,1 -18,5
  • Source : Insee, Filosofi 2018

Figure 5Décomposition par grands postes du revenu disponible des ménages

  • Source : Insee, Filosofi 2018

Les indemnités de chômage sont elles aussi plus présentes au sein des revenus des ménages en situation de pauvreté, comptant pour 8 % du revenu disponible contre 3 % dans l’ensemble des ménages. On observe des proportions exactement inverses concernant les revenus du patrimoine (3 % contre 8 %). Les pensions, retraites et rentes, bien que représentant la principale source de revenus déclarés pour près d’un tiers des ménages pauvres, ne constituent qu’un cinquième du revenu disponible après redistribution. Les revenus d’activité, salariée ou non salariée, composent eux aussi une part non négligeable des revenus disponibles des ménages vivant sous le seuil de pauvreté (35 %), mais nettement inférieure à celle observée pour l’ensemble des ménages (67 %). Les revenus d’activité constituent la principale source de revenus déclarés pour quatre ménages pauvres sur dix. L’activité professionnelle ne prémunit donc pas toujours de la pauvreté.

À travers la redistribution, les transferts de revenus permettent une réduction significative de la pauvreté. Avant transfert, un cinquième des ménages normands pourraient être considérés comme pauvres. Ces mécanismes de redistribution entraînent une nette réduction de la pauvreté, de l’ordre d’un tiers en Normandie.

Cinq « profils » de pauvreté

La pauvreté monétaire peut correspondre à une variété de facteurs et de situations personnelles ou professionnelles : faiblesse (voire absence) des revenus d’activité ; charge du foyer assumées par un adulte seul, parfois avec des enfants ; charge de famille nombreuse ; pensions de retraite faibles ; occupation d’un logement social, etc. Parmi la diversité des situations des ménages normands sous le seuil de pauvreté, on peut mettre en évidence cinq profils socio-démographiques relativement distincts (pour en savoir plus). Les cinq profils identifiés sont d’importance démographique variable. Les plus représentés sont les profils relatifs à la « pauvreté urbaine », d’une part, et à celle des personnes âgées, d’autre part, qui incluent chacun plus du quart des ménages pauvres en Normandie. Le groupe caractéristique des jeunes en situation de pauvreté représente un ménage pauvre sur cinq, comme celui correspondant aux travailleurs pauvres avec des charges familiales. Le profil représentatif de la pauvreté en monde rural couvre quant à lui un nombre plus limité de ménages.

Ces différents profils de pauvreté se retrouvent dans tous les territoires, mais dans des proportions qui peuvent varier sensiblement (pour en savoir plus). À l’échelle des départements, cette variété dessine des spécificités relativement marquées (figure 6). Département de loin le plus urbain de Normandie, la Seine-Maritime se démarque par une nette surreprésentation des formes de pauvreté urbaine et des jeunes en situation de pauvreté. Les départements de la Manche et de l’Orne présentent des profils presque opposés à celui de la Seine-Maritime, et très comparables entre eux. Ils ont en commun une surreprésentation des retraités pauvres et de la pauvreté du monde rural. La pauvreté des personnes âgées est particulièrement aiguë dans la Manche. La pauvreté du monde rural touche davantage le département de l’Orne, sur une large partie de son territoire, mais aussi celui de la Manche dans sa partie méridionale. Le Calvados et l’Eure sont les départements normands les moins « spécifiques ». On note tout de même une présence particulière des jeunes en situation de pauvreté dans le Calvados. Ce groupe est relativement peu représenté dans le département de l’Eure, au contraire des travailleurs pauvres avec des charges familiales.

Figure 6Répartition des ménages en situation de pauvreté selon cinq profils de pauvreté

en %
Répartition des ménages en situation de pauvreté selon cinq profils de pauvreté (en %)
Pauvreté urbaine Personnes âgées pauvres Jeunes en situation de pauvreté Travailleurs pauvres avec des charges familiales Pauvreté du monde rural Ensemble des ménages pauvres
Calvados 26 28 21 17 8 100
Eure 29 27 14 22 8 100
Manche 20 36 16 17 11 100
Orne 23 31 15 18 13 100
Seine-Maritime 35 24 21 16 4 100
Normandie 29 27 19 18 7 100
France métropolitaine 25 28 21 19 7 100
  • Source : Insee, Filosofi 2018

Figure 6Répartition des ménages en situation de pauvreté selon cinq profils de pauvreté

  • Source : Insee, Filosofi 2018

Encadré - Dans certains territoires, des fragilités qui se cumulent à une exposition forte à la pauvreté

La Normandie figure parmi les régions les moins confrontées à la pauvreté monétaire. On observe toutefois des disparités entre les territoires qui la composent. La pauvreté monétaire apparaît ainsi particulièrement présente dans les bassins de vie les plus “urbains” ou les plus “ruraux”. À l’inverse, elle est beaucoup moins présente dans les bassins de vie situés à la périphérie des grands bassins de vie urbains (figure 7).

Figure 7Taux de pauvreté monétaire, par bassin de vie

en %
Taux de pauvreté monétaire, par bassin de vie (en %)
Bassin de vie Taux de pauvreté monétaire
14020 9,0
14027 12,6
14047 10,2
14118 13,3
14174 13,1
14191 7,6
14225 12,7
14228 6,9
14258 11,8
14333 12,5
14342 15,5
14366 15,5
14370 11,2
14371 17,1
14431 13,2
14478 14,6
14488 8,0
14514 11,0
14654 14,3
14689 11,0
14712 7,0
14752 9,2
14762 13,7
27016 11,4
27051 11,6
27056 14,0
27103 7,2
27112 14,5
27116 12,9
27165 10,2
27198 7,9
27226 9,9
27229 18,3
27230 6,5
27246 10,0
27275 11,2
27284 11,5
27375 16,8
27428 7,9
27448 7,5
27467 12,8
27469 8,1
27493 9,6
27507 9,5
27679 14,2
27681 14,5
28134 21,1
28214 13,5
28280 13,0
28348 11,4
35004 13,5
35162 14,2
50003 10,3
50025 10,1
50031 11,5
50074 14,5
50076 11,3
50082 9,3
50099 14,1
50129 11,9
50147 12,4
50218 10,8
50236 14,1
50237 11,4
50341 12,6
50359 15,8
50394 14,5
50402 7,1
50410 13,0
50484 13,3
50487 13,7
50502 12,6
50539 10,9
50551 11,9
50562 13,3
50582 16,2
50601 10,5
50615 10,8
50639 15,0
53003 13,5
53185 16,2
60245 15,7
61001 15,5
61006 16,0
61038 13,0
61145 16,6
61168 13,8
61169 15,7
61181 18,0
61214 16,8
61230 16,2
61293 15,4
61464 14,9
61483 12,2
61486 14,8
61508 19,3
72132 12,0
72180 14,4
76034 9,9
76035 16,2
76051 8,9
76057 10,6
76101 15,1
76114 13,5
76146 8,0
76159 11,9
76164 9,6
76196 6,5
76217 16,2
76219 10,4
76222 10,1
76255 13,9
76258 9,4
76259 14,2
76276 14,9
76302 6,7
76312 11,4
76351 17,6
76384 13,1
76400 11,2
76462 15,5
76482 8,0
76540 15,8
76647 5,0
76648 13,0
76655 12,4
76752 7,6
76758 10,9
80373 16,9
95355 7,6
  • Source : Insee, Filosofi 2018

Figure 7Taux de pauvreté monétaire, par bassin de vie

en %
  • Source : Insee, Filosofi 2018

Dans certains territoires exposés à la pauvreté, ces fragilités se cumulent et peuvent engendrer des situations de plus grande précarité (cette approche fait l’objet d’un développement approfondi dans l’Insee Dossier associé ; pour en savoir plus). Parmi les bassins de vie urbains, Le Havre, Rouen, Lisieux et Dieppe présentent, en plus d’une forte pauvreté monétaire, un cumul de difficultés liées à l’insertion sur le marché du travail et à des situations familiales défavorables. Les difficultés liées à la mobilité individuelle s’ajoutent dans ces territoires (faible proportion de ménages équipés d’une voiture), partiellement compensées par une meilleure desserte des transports en commun. Dans l’espace rural, on peut distinguer des territoires où les difficultés sont relatives à de faibles niveaux de diplômes et à une insertion plus difficile sur le marché du travail (Vimoutiers, Blangy-sur-Bresle, Isigny-sur-Mer, etc.), d’autres territoires où les difficultés concernent davantage l’accès aux services et parfois aux soins (Longny les Villages, Orbec, Périers, Sourdeval, Formerie, etc.). Dans les territoires cités, urbains ou ruraux, les difficultés liées au logement se rencontrent de façon systématique.

Sans être particulièrement touchés par la pauvreté dans sa dimension monétaire, quelques autres bassins de vie, en particulier ceux de Eu, de Saint-Lubin-des-Joncherets-Nonancourt, de Luvigné-du-Désert et de Val-Couesnon, cumulent d’autres facteurs de difficulté sociale.

Publication rédigée par :Jonathan Brendler, Sylvain Comte, Jérôme Follin, Camille Hurard, Étienne Silvestre (Insee)

Sources

Le dispositif Filosofi (fichier localisé sur les revenus sociaux et fiscaux), issu du rapprochement des données fiscales exhaustives en provenance de la Direction générale des finances publiques et des données sur les prestations sociales émanant des organismes gestionnaires de ces prestations (Cnaf, Cnav, MSA), permet de disposer d’indicateurs de niveau de vie, d’inégalité et de pauvreté jusqu’à un niveau local infra-départemental. Il permet de disposer d’indicateurs sur les revenus déclarés (avant redistribution) d’une part, et sur les revenus disponibles (après redistribution et imputation de revenus financiers non déclarés) d’autre part, notamment le taux de pauvreté monétaire. Le millésime utilisé pour l’étude est celui de 2018. Le champ est celui des ménages fiscaux.

Définitions

Pauvreté institutionnelle : elle correspond à une reconnaissance institutionnelle de la pauvreté, à travers les aides et minima sociaux versés aux personnes en situation de précarité. Dans cette étude, la pauvreté institutionnelle est restreinte aux bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) ou du minimum vieillesse.

Pauvreté monétaire : un ménage est en pauvreté monétaire lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Celui-ci est défini comme une fraction du niveau de vie médian national, généralement 60 %, correspondant en 2018 à 1 080 euros mensuels par unité de consommation.

Pauvreté en conditions de vie : la pauvreté en termes de conditions de vie repose sur le repérage d’un certain nombre de privations d’éléments d’un bien-être matériel standard, ou de difficultés dans la vie quotidienne. Un ménage est considéré comme pauvre en conditions de vie s’il déclare cumuler au moins 8 difficultés sur 27 indicateurs de privations issus de l’enquête statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV). Ces indicateurs de privations sont répartis en 4 groupes : les contraintes budgétaires, les retards de paiement, les restrictions de consommation et les difficultés de logement.

Le niveau de vie d’un ménage est égal au revenu disponible – c’est-à-dire le revenu fiscal déclaré net des impôts directs auxquels s’ajoutent les prestations sociales – rapporté au nombre d’unités de consommation : une pour le premier adulte, 0,5 par autre personne de 14 ans ou plus et 0,3 par enfant de moins de 14 ans.

L’intensité de la pauvreté permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. L’indicateur est généralement calculé comme un écart relatif du niveau de vie médian de la population pauvre au seuil de pauvreté. Plus simplement, on peut s’intéresser à la distribution du niveau de vie de la population pauvre, en particulier à sa médiane, indicateur privilégié dans cette étude.

Le taux de pauvreté monétaire est la part de personnes vivant dans un ménage pauvre parmi l’ensemble de la population.

Pour en savoir plus

Brendler J., Comte S., Follin J., Hurard C., Silvestre É., « Panorama de la pauvreté en Normandie : une diversité de situations individuelles et territoriales », Insee Dossier n° 21, février 2022.

Brendler J., Hurard C., « Les Normandes plus exposées que les Normands à la pauvreté du fait de leur situation familiale », Insee Analyses Normandie n° 57, mars 2019.

Brendler J., « Moins d’inégalités de revenu et une pauvreté contenue en Normandie », Insee Analyses Normandie n° 37, novembre 2017.