À La Réunion, améliorations économiques et sociales, dégradation environnementale Objectifs et indicateurs de développement durable à La Réunion : évolutions depuis 20 ans

Chiffres détaillés
Paru le :Paru le08/10/2021
Caroline Coudrin, Sébastien Mariotti (Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement)
- Octobre 2021

Ces travaux ont été menés en partenariat entre l'Insee et la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal) de La Réunion.

La Réunion face au défi du changement climatique : entre constats et solutions Objectifs de développement durable à La Réunion

Caroline Coudrin, Sébastien Mariotti (Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement)

À La Réunion comme ailleurs, le réchauffement climatique est en marche. Les températures augmentent depuis 50 ans, du fait d’émissions mondiales de gaz à effet de serre en constante hausse. Sur l’île, la grande majorité de ces émissions provient de la consommation d’énergies fossiles (+ 60 % entre 2000 et 2019) pour se déplacer ou pour produire de l’électricité. Pour contribuer à limiter l’impact des activités humaines sur le climat, La Réunion s’est lancée dans la transformation de son mix électrique. L’objectif est qu’à court terme, l’électricité provienne uniquement d’énergies renouvelables en supprimant le recours aux énergies fossiles pour diminuer notablement l’émission de gaz à effet de serre. Renforcer le recours aux transports collectifs, l’émergence des véhicules électriques ainsi que le développement de modes doux, vont dans le même sens. Pendant la crise sanitaire, la diminution des déplacements a limité les émissions de gaz à effet de serre.

L’activité humaine produit aussi de plus en plus de déchets, qui sont encore majoritairement enfouis. Le tri, le réemploi et le recyclage se développent, et la quantité de déchets produits est amenée à diminuer, par la transition vers une économie circulaire.

Depuis 50 ans, les températures moyennes à La Réunion ont augmenté de près de 1 degré, avec un réchauffement de l’ordre de 0,18 ° C par décennie. Cette évolution est du même ordre qu’au niveau mondial. Ce réchauffement se situe bien au-delà du seuil de 0,12 ° C fixé par l’accord de Paris sur le climat de 2015. Cet accord vise à contenir l’élévation de la température de la planète à moins de 2 ° C en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels (1880). En l’absence de politiques fortes d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre telles que prévues par les États signataires des accords de Paris, les températures pourraient encore augmenter d’environ 3 ° C à La Réunion d’ici la fin du siècle, selon Météo-France. C’est pour cela qu’une des cibles de l’Ouvrir dans un nouvel ongletAgenda 2030 est « l’incorporation de mesures relatives aux changements climatiques dans les politiques, les stratégies et la planification nationales ».

Le réchauffement climatique aura probablement pour conséquence des pluies moins fréquentes mais plus intenses [Météo-France, 2019]. Pendant l’été austral, les précipitations pourraient augmenter de 10 à 20 %, tandis qu’elles baisseraient significativement pendant l’hiver austral, jusqu’à - 30 % localement. Les contrastes saisonniers seraient donc de plus en plus marqués, tout comme les contrastes entre la zone au vent et la zone sous le vent. De manière générale, La Réunion serait plus exposée aux épisodes climatiques extrêmes (sécheresses, fortes pluies ou cyclones) qui devraient être plus fréquents ou plus intenses.

De plus en plus d’émissions de gaz à effet de serre...

Le réchauffement climatique dans le monde trouve principalement son origine dans les activités humaines, au travers des émissions de (GES) [Observatoire Énergie Réunion, 2019]. À La Réunion, entre 2004 et 2017, les émissions de GES augmentent de 20 %. Cette hausse est plus forte que celle de la population, du fait notamment de l’élévation des niveaux de vie et de l’accroissement des activités émettrices qui en découle. Aussi, les émissions de GES par habitant augmentent-elles légèrement entre 2004 et 2017 (figure 1). Dans le même temps, les émissions diminuent significativement au niveau national : la France s’est engagée à diviser par six les émissions de GES par habitant de 1990 à 2050 à travers sa Stratégie nationale bas carbone. Si La Réunion continue à émettre moins de GES par habitant qu’en moyenne nationale en 2017 (car moins d’industrie, d’élevage et de chauffage), l’écart se réduit donc considérablement.

Figure 1Évolution de la quantité de gaz à effet de serre* émis par habitant

en tonnes équivalent CO₂ par habitant (tCO₂ eq/hab.)
Évolution de la quantité de gaz à effet de serre* émis par habitant (en tonnes équivalent CO₂ par habitant (tCO₂ eq/hab.))
La Réunion France
2004 5,4 8,9
2005 nd nd
2006 5,7 8,6
2007 5,7 8,4
2008 5,8 8,3
2009 5,9 7,9
2010 5,9 8,1
2011 6,0 7,6
2012 6,0 7,6
2013 5,8 7,6
2014 5,8 6,9
2015 5,7 6,9
2016 5,7 6,9
2017 5,8 7,0
  • * hors Utilisation des terres, leur changement et la forêt (UTCF).
  • Note : données non disponibles pour 2005.
  • Source : IEGES 2017.

Figure 1Évolution de la quantité de gaz à effet de serre* émis par habitant

  • * hors Utilisation des terres, leur changement et la forêt (UTCF).
  • Note : données non disponibles pour 2005.
  • Source : IEGES 2017.

En revanche, l’économie réunionnaise est moins « carbonée » que par le passé : depuis 2012, le produit intérieur brut (PIB) augmente plus rapidement que les émissions de GES. Néanmoins, les émissions liées à l’activité réunionnaise restent supérieures à la moyenne nationale : 0,27 kg d’équivalent CO₂ par euro de PIB en 2017 contre 0,24 dans l’Hexagone.

… en lien avec la hausse de la consommation d’énergies fossiles

Depuis 2000, la consommation d’énergies fossiles augmente fortement (+ 60 %) [Observatoire Énergie Réunion, 2020], alors que le projet de révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour la période 2019-2028 à La Réunion vise à revenir au niveau du début des années 2000 (figure 2). La hausse est due à la croissance démographique et à l’élévation du niveau d’équipement des ménages en automobiles et autres appareils consommant de l’énergie, mais aussi à l’accroissement du trafic automobile et des distances entre les lieux de résidence et d’emploi entre autres. Ainsi, en 2019, 35 % des consommations énergétiques primaires d’énergies fossiles sont dues au transport routier. En ajoutant les autres modes de transport, dont l’aérien, ce sont 40 % des émissions de GES en 2017 qui sont liés aux transports, les déplacements se faisant presque exclusivement en consommant de l’essence, du gazole ou du fuel. L’augmentation des GES entre 2004 et 2017 est semblable pour le transport routier et le transport aérien (+ 20 %).

Figure 2Évolution de la consommation énergétique primaire d’énergies fossiles à La Réunion

en kilotonne d’équivalent pétrole (ktep)
Évolution de la consommation énergétique primaire d’énergies fossiles à La Réunion (en kilotonne d’équivalent pétrole (ktep))
Ensemble des secteurs Transport routier
2000 816 322
2001 851 333
2002 832 342
2003 888 353
2004 916 367
2005 1 044 370
2006 1 074 377
2007 1 102 390
2008 1 120 396
2009 1 186 403
2010 1 217 410
2011 1 254 410
2012 1 228 411
2013 1 168 416
2014 1 200 418
2015 1 215 432
2016 1 236 442
2017 1 278 448
2018 1 257 443
2019 1 305 450
  • Source : Observatoire Énergie Réunion.

Figure 2Évolution de la consommation énergétique primaire d’énergies fossiles à La Réunion

  • Source : Observatoire Énergie Réunion.

La voiture reste le mode de déplacement majoritaire

Chaque jour, en moyenne, en 2017, un·e Réunionnais·e effectue un peu plus de trois déplacements, principalement en voiture (66 %) et à pied (25 %), rarement en transports en commun (7 %). L’usage de la voiture pour aller au travail augmente même légèrement depuis 2007 (de 77 % des cas à 79 %). De plus, le covoiturage reste rare, tandis que les trajets domicile-travail ont tendance à s’allonger (11 kilomètres en moyenne, soit 1 kilomètre de plus en dix ans). Les transports en commun restent peu utilisés : malgré une légère hausse depuis 2007, seuls 6 % des déplacements domicile-travail se font en bus en 2017.

En revanche, les habitants de l’île achètent de plus en plus de voitures propres [Deal, 2020]. En 2020, les véhicules hybrides ou électriques constituent 16 % des immatriculations neuves de voitures de particuliers (figure 3), contre 3 % en 2014. Mais cela reste nettement inférieur au niveau métropolitain (22 %). En outre, depuis 2014, la part du diesel chute, de 78 % à 31 % en 2020, au profit des voitures essence qui deviennent majoritaires.

Figure 3Évolution des immatriculations de voitures neuves de particuliers selon le type d’énergie

en %
Évolution des immatriculations de voitures neuves de particuliers selon le type d’énergie (en %)
La Réunion – Essence La Réunion – Gazole La Réunion – Hybride ou électrique Métropole – Essence Métropole – Gazole Métropole – Hybride ou électrique
2014 18,1 78,5 3,4 32,7 63,9 3,4
2015 27,6 69,0 3,4 37,3 59,0 3,7
2016 34,3 61,6 4,1 43,1 51,5 5,4
2017 45,9 49,5 4,6 47,8 47,1 5,1
2018 52,4 42,1 5,5 55,0 38,6 6,4
2019 56,5 35,7 7,7 58,2 34,0 7,7
2020 53,2 30,5 16,3 47,1 31,3 21,6
  • Source : SDES-Deal, Répertoire statistique des véhicules routiers (RSVéRo).

Figure 3Évolution des immatriculations de voitures neuves de particuliers selon le type d’énergie

  • Source : SDES-Deal, Répertoire statistique des véhicules routiers (RSVéRo).

Développement des énergies renouvelables mais stabilité dans le mix énergétique

Majoritairement basée sur le charbon et le fioul lourd, la production d’électricité contribue autant aux émissions de GES que les transports (40 % en 2017).

Si la production hydraulique permettait à La Réunion d’être auto-suffisante en énergie électrique renouvelable dans les années 1960, la part d’énergie renouvelable dans le mix électrique baisse dans les années 2000. Elle se stabilise depuis 10 ans, oscillant entre 30 et 38 % chaque année, en fonction de la pluviométrie et de l’ensoleillement (figure 4). Le recours aux centrales, moins dépendantes de la pluviométrie, de l’ensoleillement ou encore du vent, reste indispensable pour maintenir la stabilité du système et l’équilibre entre l’offre et la demande en énergie. Dans les années 2000, la production hydraulique fournissait 40 % de l’électricité à La Réunion.

Figure 4Évolution de la part de l’énergie renouvelable dans la production d’énergie électrique

en %
Évolution de la part de l’énergie renouvelable dans la production d’énergie électrique (en %)
La Réunion France
2000 46,7 nd
2001 40,2 nd
2002 43,0 nd
2003 41,5 nd
2004 39,7 nd
2005 34,0 13,7
2006 36,2 14,1
2007 37,0 14,3
2008 36,1 14,4
2009 32,5 15,1
2010 33,8 14,8
2011 30,2 16,2
2012 34,6 16,5
2013 37,8 17,0
2014 33,0 18,5
2015 36,1 18,8
2016 34,1 19,2
2017 32,4 19,9
2018 36,5 21,2
2019 31,2 22,3
  • Note : données non disponibles pour la France avant 2005.
  • Source : Observatoire Énergie Réunion.

Figure 4Évolution de la part de l’énergie renouvelable dans la production d’énergie électrique

  • Note : données non disponibles pour la France avant 2005.
  • Source : Observatoire Énergie Réunion.

Les énergies renouvelables se sont pourtant développées, mais à un rythme comparable à celui de la consommation d’énergie globale. De fait, en 2019 tout comme en 2009, elles ne représentent que 12,5 % de l’ensemble de l’énergie primaire consommée (pour produire de l’électricité, pour le transport, etc.). La consommation d’énergie par habitant augmente en effet de 10 % entre 2009 et 2019, du fait de l’élévation de l’équipement en produits électroniques qui converge vers la métropole, ainsi que du recours croissant à la climatisation.

Le recyclage des déchets progresse

À La Réunion, la production de déchets ménagers (poubelles à bacs gris et jaune, collectes de verre et de biodéchets, déchets verts, encombrants et dépôts en déchetteries) par habitant augmente depuis 2007. En 2017, chaque habitant en dépose plus de 600 kg, soit 20 % de plus qu’en 2007. Cette hausse se poursuit, avec le nettoyage des cours des maisons et des dépôts sauvages par les collectivités locales pour lutter contre l’épidémie de dengue depuis 2018. La Ouvrir dans un nouvel ongletloi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire fixe comme objectif à la France de réduire à l’horizon 2030 la production de ces déchets de 15 % par rapport à 2010, soit pour La Réunion une cible de 530 kg par habitant et par an.

Les déchets réunionnais sont davantage recyclés que dans le passé : 34 % en 2017 contre 4 % en 2005 (figure 5). La moitié d’entre eux continuent cependant d’être enfouis, loin de l’objectif national de limiter l’enfouissement à 10 % des déchets d’ici 2035. Les deux projets de plateformes de tri multifilières permettront d’optimiser le recyclage. Elles produiront du compost ou du digestat de méthanisation à partir des biodéchets, et du combustible solide de récupération (qui sera ensuite valorisé énergétiquement) à partir des déchets ménagers récoltés non recyclables. La transition vers une économie circulaire permettra de diminuer la quantité globale de déchets produits, en augmentant la part des valorisations matières (compost ou recyclage) et énergétiques (méthanisation ou combustion), et en développant des projets de réemploi et de réparation. Cette transition s’appuie notamment sur des équipements publics comme les déchetteries, et sur l’implication des producteurs pour collecter et valoriser les produits identifiés dans les 13 filières à Responsabilité élargie du producteur (REP).

Entre 2010 et 2019, trois fois plus de déchets sont collectés grâce à ces filières qui se sont aussi diversifiées. En 2019, 12 filières REP sont actives, contre 7 en 2010. Le nombre de déchetteries augmente régulièrement à La Réunion depuis 10 ans. En 2018, 9 personnes sur 10 habitent à moins de 15 minutes en voiture de l’une des 43 déchetteries, réparties de manière homogène sur le territoire. La Réunion reste cependant moins bien équipée que le reste de la France (1 déchetterie pour 20 000 habitants contre 1 pour 14 500 habitants). Par ailleurs, en 2019, 18 associations et 16 entreprises ont des activités de réemploi : elles s’appuient sur la collecte et le tri des déchets pouvant acquérir une seconde vie.

Figure 5Évolution de la répartition des modes de traitement des déchets collectés* à La Réunion

en %
Évolution de la répartition des modes de traitement des déchets collectés* à La Réunion (en %)
Déchets… enfouis après mise en décharge incinérés (huiles alimentaires usagées, etc.) compostés (valorisés sous forme organique) recyclés (papier, verre, etc.)
2005 81,9 0,0 14,0 4,0
2007 76,7 0,0 16,6 6,7
2009 63,6 0,3 19,9 16,3
2011 58,7 0,5 22,3 18,5
2013 59,3 0,0 18,4 22,3
2015 66,3 0,0 14,0 19,7
2017 49,9 8,4 7,9 33,8
  • * parmi les modes déterminés.
  • Source : Ademe, enquête Collecte.

Figure 5Évolution de la répartition des modes de traitement des déchets collectés* à La Réunion

  • * parmi les modes déterminés.
  • Source : Ademe, enquête Collecte.

Encadré 1 - La Programmation pluriannuelle de l’énergie

La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été instituée par la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et constitue la traduction concrète de la politique énergétique française. À La Réunion, la PPE est co-construite par l’État et la Région. Elle détermine le cadre d’intervention de la politique publique énergétique locale. Elle fixe pour objectif de maîtriser les consommations d’énergie et de répondre aux besoins par le développement des énergies renouvelables. La PPE est révisée tous les cinq ans. Le projet de révision de la PPE 2019-2028 a été arrêté par la Région Réunion fin novembre 2020. Il sera proposé en consultation au public.

Si la priorité est de maîtriser, voire réduire la demande en énergie, le projet de révision de la PPE vise également un composé à 99,7 % d’énergie renouvelable dès 2023. Pour ce faire, deux centrales électriques passeront d’une alimentation au charbon-bagasse à une alimentation exclusivement par de la biomasse solide. Dans le même temps, une centrale thermique passera du fioul lourd à la biomasse liquide issue d’huiles végétales. De fait, les énergies fossiles ne seront plus utilisées pour produire l’énergie électrique de l’île. Les nouvelles installations de production d’électricité à l’horizon 2028 encourageront fortement le photovoltaïque et l’éolien, renforçant ainsi l’autonomie énergétique de La Réunion.

Pour réduire la consommation d’énergies fossiles, le projet de révision de la PPE vise un report modal significatif vers les transports en commun (de 7 % en 2017 à 14 % en 2028), ainsi qu’une baisse de 22 % de la consommation des énergies fossiles dans les transports et déplacements routiers par rapport à 2018. Il prévoit notamment le développement des modes doux de transport ou l’essor des véhicules électriques et des bornes de recharge publiques alimentées par de l’énergie électrique renouvelable.

Le projet de révision de la PPE vise donc un changement important. Il s’agira en premier lieu de maîtriser significativement l’évolution de la demande en énergie entre 2019 et 2028, qu’il s’agisse des ménages, de l’industrie ou des services, pour réduire la consommation de 8,7 % en 2023 et de 14,6 % en 2028 par rapport à celle de 2019.

Encadré 2 - La limitation des déplacements liée à la crise sanitaire : des effets visibles sur l’environnement

En 2020, sous l’effet des restrictions de déplacements liées à la crise sanitaire, la consommation d’énergies fossiles se réduit, le secteur des transports étant à l’origine de 40 % de celle-ci. De fait, les émissions de GES dues aux transports diminuent aussi, au moins temporairement.

En effet, depuis le début de la crise engendrée par la pandémie de la Covid-19, le transport aérien subit de plein fouet les restrictions de déplacements mises en place en France et dans le monde. Le nombre de passagers fréquentant l’aéroport de Roland-Garros diminue ainsi de 58 % entre 2019 et 2020.

De plus, pendant les deux mois du confinement, le trafic routier est fortement limité sur l’île. De fait, les polluants principalement émis par le trafic (oxydes d’azote) diminuent de moitié entre le 16 mars et le 26 avril 2020 en comparaison de la même période en 2019 [Cerom, 2020].

Encadré 3 - Partenariat

Cette étude a été menée en partenariat entre l’Insee et la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal) de La Réunion.

Définitions

Les gaz à effet de serre (GES) pris en compte sont ceux du protocole de Kyoto : le dioxyde de carbone CO₂, le méthane CH₄, le protoxyde d’azote N₂O, les hydrofluorocarbures HFC, lesperfluorocarbures PFC et l’hexafluorure de soufre SF₆.

Les émissions sont exprimées en équivalent CO₂ (CO₂eq), calculées sur la base du pouvoir de réchauffement global de chaque gaz, c’est-à-dire son impact sur le climat, sans tenir compte des puits de carbone donc hors Utilisation des Terres, leur Changement et la Forêt (UTCF). Ces puits correspondent principalement à l’absorption de CO₂ pour la croissance de la végétation (photosynthèse) et à celle de méthane (CH₄) par les sols forestiers.

Les émissions de GES étudiées ici prennent donc en compte uniquement les émissions occasionnées par les activités humaines.

Pour satisfaire ses besoins énergétiques, chaque pays utilise dans des proportions différentes les énergies dont il dispose pour produire de l’électricité : c’est ce qu’on appelle le mix électrique.

Pour comprendre

À la suite de la définition par l’Organisation des Nations unies des 17 objectifs de développement durable (ODD) en 2015 et d’indicateurs permettant de les suivre, le Conseil national de l’information statistique (Cnis) a mis en place un groupe de travail sur la déclinaison française de ces indicateurs de suivi. Constitué de plus de 100 participants, ce groupe de travail rassemblait des personnes d’horizons très divers (société civile, parties prenantes, services ministériels et services statistiques). Les travaux du groupe ont permis de proposer en 2019 un tableau de bord de 98 indicateurs nationaux. Ces indicateurs, reprenant en partie ceux des Nations unies, sont jugés pertinents au regard des stratégies françaises. De plus, leur pérennité à l’horizon 2030 semble assurée et leur méthodologie robuste et publique.

En 2020, l’Insee et le service statistique du ministère de la Transition écologique (Sdes) ont travaillé en collaboration à la déclinaison territoriale de ces indicateurs nationaux, en s’appuyant sur des données déjà existantes, disponibles facilement, mises à jour régulièrement et comparables dans le temps et avec d’autres territoires.

Ce travail a abouti en septembre 2020 à la mise en ligne sur le site internet insee.fr d’un ensemble d’indicateurs territoriaux à différentes échelles, jusqu’au niveau communal.

Les analyses menées dans le cadre de la présente publication s’appuient prioritairement sur ces indicateurs territoriaux. Toutefois, certains indicateurs n’ont pas pu être exploités pour La Réunion, pour diverses raisons : données non disponibles à l’échelle de l’île, évolution temporelle insuffisante ou données trop anciennes. Ils n’ont donc pas été retenus pour réaliser ce diagnostic. Pour dresser un état des lieux aussi pertinent que possible et éclairer au mieux les enjeux du développement durable à La Réunion, des données statistiques et expertises complémentaires provenant de divers organismes ont été mobilisées par la Deal et l’Insee. En outre, quelques indicateurs supplémentaires illustrant des enjeux spécifiques à La Réunion ont été mobilisés, par exemple sur la mortalité infantile, l’accès des natifs aux postes à responsabilités ou le taux de recouvrement des récifs par les coraux.

Pour mettre l’analyse en perspective, les évolutions observées ont été mises en regard de cibles légales ou réglementaires. Ces cibles, nationales ou internationales si des cibles régionales n’existent pas, sont issues de documents officiels (loi, Agenda 2030, document cadre, etc.), et ont été sélectionnées car en lien avec les indicateurs étudiés. Cette revue ne se veut en revanche pas exhaustive. A fortiori, ce dossier constitue un diagnostic et permet un suivi, mais n’est pas un travail d’évaluation de politiques publiques.

Cette publication est centrée autour de cinq fiches thématiques, dont le découpage s’inspire des Ouvrir dans un nouvel ongletenjeux de la feuille de route de la France pour l’Agenda 2030 :

  • 1. Lutter contre les discriminations et les inégalités ;
  • 2. S’appuyer sur l’éducation et la formation, la participation citoyenne et la solidarité ;
  • 3. Agir pour la santé et le bien-être de tous et toutes ;
  • 4. Agir en faveur du climat via une économie circulaire ;
  • 5. Agir en faveur de la biodiversité.

Chacune de ces fiches couvre deux à quatre objectifs de développement durable, dont les intitulés sont précisés en en-tête.

Cette publication comprend également une synthèse, ainsi qu’un tableau récapitulatif constitué de six indicateurs en moyenne pour chaque objectif, permettant de visualiser rapidement leur état actuel et leur évolution sur les dix à vingt dernières années.

Cette publication est diffusée sur le site de l’Insee et de la Ouvrir dans un nouvel ongletDeal.

Sur le site de l’Insee, les cinq fiches et la synthèse sont publiées sous la forme d’articles de la collection Insee Analyses La Réunion et Insee Flash La Réunion. Les données des graphiques de ces fiches sont disponibles en téléchargement, de même que le tableau récapitulatif des indicateurs par objectif de développement durable.

Sur le site de la Deal de La Réunion, la publication est diffusée sous la forme d’un dossier complet téléchargeable.

Encadré - Les six enjeux de la feuille de route de la France pour l’Agenda 2030

L’atteinte des 17 objectifs de développement durable (ODD) passe, en France, par la prise en compte d’enjeux particulièrement prégnants sur le territoire, en métropole et en outre-mer, et par la traduction des spécificités de la France dans son action à l’international. La contribution de la France à l’Agenda 2030 se décline en six enjeux, traduits sous forme d’engagements et de propositions concrètes.

  • Enjeu 1 : Agir pour une transition juste
    • Assurer une société inclusive pour tous
    • Lutter contre toutes les discriminations
    • Répartir équitablement les richesses
  • Enjeu 2 : Transformer les modèles de sociétés
    • Promouvoir la décarbonisation et l’adaptation au changement climatique
    • Développer des modèles de production et de consommation économes en ressources
    • Restaurer la biodiversité et ses écosystèmes
  • Enjeu 3 : S’appuyer sur l’éducation et la formation tout au long de la vie
    • Éduquer au développement durable
    • Changer les comportements de tous
    • Sensibiliser et former, en ne laissant personne de côté
  • Enjeu 4 : Agir pour la santé et le bien-être de toutes et tous
    • Faciliter l’accès aux soins
    • Assurer un environnement sain à la population
    • Promouvoir une agriculture durable pour une alimentation saine et sûre
  • Enjeu 5 : Rendre effective la participation citoyenne à l’atteinte des ODD
    • Soutenir les expérimentations et les innovations territoriales
    • Lutter contre la fracture territoriale
    • Encourager la participation des citoyens à l’action publique
  • Enjeu 6 : Construire une transformation durable européenne et internationale
    • Promouvoir le développement durable dans les instances internationales
    • Adosser les politiques de solidarités internationales aux ODD

Cette publication est centrée autour de cinq fiches thématiques dans lesquelles les enjeux 1 et 4 sont conservés à l’identique, les enjeux 3, 5 et 6 sont regroupés et la thématique « biodiversité » - qui constitue un enjeu particulièrement fort à La Réunion – a été isolée. En se basant sur les thématiques soulignées dans chaque enjeu de la feuille de route, les 17 ODD ont été répartis dans chacune de ces fiches.

  • 1. Lutter contre les discriminations et les inégalités :
    • ODD1 - Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde
    • ODD5 - Réaliser l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles
    • ODD8 - Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous
    • ODD10 - Réduire les inégalités entre les pays et en leur sein
  • 2. S’appuyer sur l’éducation et la formation, la participation citoyenne et la solidarité :
    • ODD4 - Veiller à ce que tous puissent suivre une éducation de qualité dans des conditions d’équité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie
    • ODD16 - Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable
    • ODD17 - Partenariats pour la réalisation des objectifs
  • 3. Agir pour la santé et le bien-être de tous et toutes :
    • ODD2 - Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable
    • ODD3 - Donner aux individus les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le bien-être à tous les âges
    • ODD6 - Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau
    • ODD11 - Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables
  • 4. Agir en faveur du climat via une économie circulaire :
    • ODD7 - Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable
    • ODD9 - Mettre en place une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation
    • ODD12 - Établir des modes de consommation et de production durables
    • ODD13 - Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions
  • 5. Agir en faveur de la biodiversité :
    • ODD14 - Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable
    • ODD15 - Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres