Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Juin 2021 · n° 67

Les soldes naturels se creusent des deux côtés des Pyrénées occidentales

Avec 53 000 naissances et 67 000 décès en 2020, le déficit naturel continue à se creuser en Nouvelle-Aquitaine (figure 1) . Le déséquilibre s’accroît de 2 000 individus entre 2019 et 2020 contre seulement 300 sur la période précédente. La surmortalité liée à la crise sanitaire, principalement observée en Nouvelle-Aquitaine à partir de septembre 2020, explique cette accélération. Ainsi, la Nouvelle-Aquitaine conserve le plus fort déficit naturel de toutes les régions françaises, malgré les importantes hausses des décès en Bourgogne-Franche-Comté et Grand-Est qui ont lourdement grevé leurs soldes naturels (respectivement 8 000 et 7 500).

Les évolutions départementales du solde naturel ont des profils similaires, la Gironde et son excédent naturel mis à part (figure 2).

En effet, le déficit naturel, en vigueur depuis au moins 1975, de la Corrèze, de la Creuse et de la Dordogne, est stable. Dans les autres départements, la baisse des naissances est concomitante à la hausse des décès. Entre 2008 et 2012, le solde naturel devient négatif pour la Charente, la Charente-Maritime, la Haute-Vienne, les Landes, le Lot-et-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques et plus récemment, respectivement en 2015 et 2017, dans les Deux-Sèvres et la Vienne.

Ces déficits ont les mêmes causes, avec une intensité différente selon la composition des populations. D’une part, les premières générations nombreuses du baby-boom entrent dans les tranches d’âge de forte mortalité accentuée en 2020 par la Covid-19. D’autre part, le nombre de naissances atteint son niveau le plus bas depuis 25 ans. Le report de l’âge de la première maternité et la diminution du nombre de femmes en âge fécond expliquent la baisse structurelle de la fécondité.

La Nouvelle-Aquitaine partage avec les deux régions frontalières espagnoles que sont l’Euskadi et la Navarre, une démographie caractérisée par davantage de décès que de naissances. Le phénomène est plus récent pour la Navarre et plutôt contenu, avec un déficit naturel de 200 individus en 2019. Pour l’Euskadi, le nombre de naissances est inférieur à celui des décès depuis 2013 et le déficit naturel atteint 6 100 unités en 2019.

Des deux côtés des Pyrénées, le solde naturel s'aggrave de 2010 à 2019, à cause d'une hausse des décès et d’une baisse des naissances. En lien avec l’augmentation de la population âgée, le nombre de décès augmente, entre 2010 et 2019, de 12,2 % en Nouvelle-Aquitaine et de 11,4 % en Euskadi. Sur la même période, le nombre de naissances chute de 27,0 % en Euskadi, de 21 % en Navarre contre 11,2 % en Nouvelle-Aquitaine.

Cette chute des naissances est due à deux phénomènes, plus intenses du côté espagnol : le nombre de femmes aux âges les plus féconds (entre 20 et 40 ans) diminue de 3,5 % en Nouvelle-Aquitaine mais de  23,5 % en Euskadi ; en outre, l’indicateur conjoncturel de fécondité est particulièrement faible côté espagnol. Il s’établit à 128 enfants pour 100 femmes en Euskadi et 140 en Navarre contre 167 pour 100 résidentes néo-aquitaines, pourtant la plus faible des régions françaises avec le Grand-Est.

En conséquence, la pyramide des âges des régions espagnoles voisines de la Nouvelle-Aquitaine est fortement affectée par une baisse des naissances depuis 1980, mais comporte également une partie haute remarquablement évasée. En trente ans, la population âgée de 75 ans et plus a doublé en Euskadi alors qu’elle n’a augmenté que de 60 % en Nouvelle-Aquitaine, qui fait partie des régions où la part des personnes âgées est parmi les plus élevées de France.

En Espagne, la fécondité s’est effondrée à partir de la fin des années 1970. Comme dans les autres sociétés modernes, tant le report de la première maternité dû à l’allongement de la durée des études, que la priorité à l’obtention d’un emploi stable dans un contexte de crise économique, ont retardé les projets de maternité. Cependant, la période correspond également en Espagne, à la fin d’une époque politique et sociale qui s’est notamment manifestée par le rejet du modèle familial traditionnel. Si, en 1980, 11,6 mariages pour 1 000 habitants ont été célébrés en Euskadi, 11,8 mariages pour 1 000 habitants en Navarre, les taux de nuptialité atteignent respectivement 6,8 et 6,5 en 2015. Certes, le nombre de naissances hors mariages a crû au cours de la même période mais pas suffisamment pour compenser l’évolution du modèle familial traditionnel.

Le nombre de mariages célébrés en Nouvelle-Aquitaine s’établit à 12 500 en 2020, en baisse d'un tiers par rapport aux années antérieures (figure 3). Les célébrations interdites au moment du premier confinement puis autorisées, mais avec une stricte limitation du nombre d’invités, ont conduit à annuler ou reporter des projets de mariages. Ainsi, entre juin et août, mois qui enregistrent traditionnellement les célébrations les plus nombreuses, le nombre de mariages a chuté de 60 %. La fin d'année montre toutefois un retour à une situation quasi normale.