Insee Flash Centre-Val de Loire ·
Avril 2021 · n° 43La périurbanisation s’étend sur l’espace rural
En Centre-Val de Loire, vivre dans le rural est loin d’être un phénomène marginal : en 2017, près d’un habitant de la région sur deux réside dans une des nombreuses communes où la population est peu, voire très peu dense. Un lien plus ou moins étroit existe entre espaces ruraux et agglomérations urbaines. Aujourd’hui, 45 % des habitants des territoires ruraux vivent en dehors de l’influence exercée par un grand pôle. Les communes rurales sous l’influence d’un tel pôle portent la croissance démographique régionale, tandis que la dynamique de celles hors influence est plus variable et dépendante du contexte départemental.
- La ruralité en Centre-Val de Loire : 9 communes sur 10 et 1 habitant sur 2
- Un rural hors influence urbaine au sud de la Loire
- 22 % de la population vit dans une commune peu ou très peu dense située hors influence d’un grand pôle
- Le rural sous influence des pôles porte la croissance démographique régionale
- Dans le Berry, le rural périurbain gagne des habitants
- Les familles privilégient le rural proche des grandes villes
- Encadré : les centralités locales structurent l’espace rural loin des grands pôles
Des paysages agricoles au faubourg de nos villes, les ruralités forment un espace multiforme qui peut recouvrir des réalités et des représentations très différentes. Longtemps associé à l’activité agricole, le rural s’est progressivement détaché de cette image pour revêtir une connotation plus paysagère. Il conserve toutefois une notion de distance, d’éloignement entre les personnes, d’habitat dispersé et de faible densité de population. C’est à partir de cette dernière caractéristique que la statistique publique a construit une nouvelle définition statistique de la ruralité.
La ruralité en Centre-Val de Loire : 9 communes sur 10 et 1 habitant sur 2
Faiblement artificialisés et relativement peu peuplés, les territoires ruraux regroupent l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses identifiées d’après la grille communale de densité de population (pour comprendre). Parmi les 1 757 communes du Centre-Val de Loire, 1 622 sont ainsi classées comme rurales, soit plus de neuf sur dix (92 %). Comme en France de Province (90 %), la ruralité occupe donc une large place dans le territoire régional. Les communes rurales accueillent un habitant sur deux (49 %) de la région. Cette proportion largement supérieure à celle du niveau national (40 % pour la France de province), fait du Centre-Val de Loire l’une des régions les plus rurales de France (6e rang). Aucun département n’est fortement urbanisé et quatre sont principalement ruraux : le Cher, l’Eure-et-Loir, l’Indre et le Loir-et-Cher.
graphiqueFigure 1 – Types d’espaces ruraux et aires d’attraction des villes dans la région Centre-Val de Loire en 2017
Un rural hors influence urbaine au sud de la Loire
À la caractérisation du rural selon la densité de population peut s’associer le degré d’influence exercé par les grands pôles d’emploi. La méthode de définition du rural permet ainsi de mettre en évidence un gradient de ruralité qui prend en compte à la fois la densité de population et l’intensité du lien avec l’aire d’attraction d’une ville). Les communes rurales sous l’influence, faible ou forte d’un grand pôle, c’est-à-dire d’un pôle d’une aire d’attraction comprenant au moins 50 000 habitants, se distinguent alors de communes rurales tournées vers des pôles urbains plus petits (moins de 50 000 habitants), ou hors de toute influence (encadré).
En Centre-Val de Loire, sept pôles urbains sur quarante génèrent une aire d’influence concernant au moins 50 000 habitants : Chartres et Montargis dans les franges franciliennes ; Orléans, Blois et Tours sur l’axe ligérien ainsi que Bourges et Châteauroux au sud. La région apparaît donc organisée entre le sud, où s’étend une ruralité hors influence des grands pôles, et le nord, où l’armature urbaine structure davantage l’espace rural (figure 1).
22 % de la population vit dans une commune peu ou très peu dense située hors influence d’un grand pôle
tableauFigure 2 – Répartition des communes et de la population selon les types d’espace en 2017 en Centre-Val de Loire
Part du nombre de communes en 2017 | Part de la population en 2017 | |
---|---|---|
Urbain | 7,7 | 50,9 |
Rural sous forte influence d'un grand pôle | 21,3 | 15,3 |
Rural sous faible influence d'un grand pôle | 22,8 | 11,7 |
Rural hors influence d’un grand pôle peu dense | 25,6 | 17,8 |
Rural hors influence d’un grand pôle très peu dense | 22,7 | 4,2 |
Total | 100 | 100 |
- Lecture : 21,3 % des communes de la région sont des communes rurales sous forte influence d’un grand pôle. Ces communes représentent 15,3 % de la population régionale.
- Champ : Centre-Val de Loire
- Source : Insee, Recensement de la population 2017
graphiqueFigure 2 – Répartition des communes et de la population selon les types d’espace en 2017 en Centre-Val de Loire
Les deux critères mobilisés pour définir les ruralités, la densité de population et l’intensité du lien avec un grand pôle d’emploi, dessinent ainsi quatre types de ruralités dans lesquelles le nombre de communes se répartit dans les mêmes proportions, ce qui n’est pas le cas de la population (figure 2). En Centre-Val de Loire, près de 700 000 habitants (27 % de la population) vivent dans une commune rurale sous l’influence d’un grand pôle et près de 570 000 (22 %) en dehors de l’aire d’attraction d’un tel pôle.
Le rural sous influence des pôles porte la croissance démographique régionale
La population du Centre-Val de Loire s’est accrue de 49 350 personnes entre 2007 et 2017, soit une progression de 2,0 % contre 4,5 % en France de province sur la même période. 95 % de cette hausse résulte de la croissance de l’espace rural sous influence d’un grand pôle (près de 47 000 habitants supplémentaires). Il s’agit de l’expression de la périurbanisation. Ce sont en effet les communes sous forte influence d’un grand pôle qui connaissent la plus forte progression (+ 9,0 %). Au cours de la même période, la population des communes rurales hors influence d’un grand pôle se contracte (- 0,9 %), en particulier dans les communes les moins denses (- 2,2 %). Enfin, la population de l’ensemble des communes urbaines de la région augmente légèrement (+ 0,6 %).
Dans le Berry, le rural périurbain gagne des habitants
tableauFigure 3 – Contribution à l’évolution de la population entre 2007 et 2017 par département
Urbain | Rural sous influence d'un grand pôle | Rural hors influence d'un grand pôle | Total | |
---|---|---|---|---|
Centre-Val de Loire | 0,3 | 1,8 | -0,2 | 2,0 |
Cher | -3,3 | 1,2 | -1,1 | -3,3 |
Eure-et-Loir | 0,0 | 2,4 | 0,1 | 2,6 |
Indre | -2,8 | 0,5 | -2,2 | -4,5 |
Indre-et-Loire | 1,6 | 2,6 | -0,1 | 4,0 |
Loir-et-Cher | -0,1 | 1,7 | 0,1 | 1,7 |
Loiret | 2,5 | 1,7 | 0,5 | 4,7 |
- Lecture : entre 2007 et 2017, en Centre-Val de Loire, la population a augmenté de + 2 %. Les communes rurales sous influence d’un grand pôle contribuent à une augmentation de + 1,8 %, les communes urbaines contribuent à une hausse de + 0,3 %. Les communes rurales hors influence d’un grand pôle contribuent à une baisse de – 0,2 %.
- Champ : Centre-Val de Loire
- Sources : Insee, Recensements de la population 2007, 2017
graphiqueFigure 3 – Contribution à l’évolution de la population entre 2007 et 2017 par département
Deux départements perdent des habitants : le Cher (- 3,3 %) et l’Indre (- 4,5 %, figure 3). Les communes rurales sous l’influence des pôles de Bourges, Châteauroux et Nevers portent une croissance de leur population qui ne suffit pas à compenser les baisses, en particulier dans les parties urbaines de ces départements. Les populations du Loir-et-Cher et de l’Eure-et-Loir croissent à un rythme proche de celui de la région, en étant principalement portées par les communes rurales situées dans l’aire d’attraction d’un grand pôle.
Le Loiret et l’Indre-et-Loire se distinguent par une croissance forte, soutenue à la fois par l’espace rural sous influence et par l’espace urbain. Ce dernier joue un rôle plus important dans le Loiret (+ 2,5 %) que dans l’Indre-et-Loire (+ 1,6 %), tandis que l’espace rural sous influence contribue plus fortement à la hausse dans l’Indre-et-Loire (+ 2,6 %) que dans le Loiret (+ 1,7 %). Enfin, le rural loirétain hors influence des grands pôles participe à la croissance du département (+ 0,5 %).
Les familles privilégient le rural proche des grandes villes
Comme ailleurs en France, les couples s’installent souvent dans le rural périurbain. La part des enfants de moins de 15 ans y est donc importante (19,5 % contre en moyenne 17,8 % de la population régionale). Les étudiants et les jeunes actifs sont quant à eux plus présents dans l’urbain (12,7 % pour les 15-24 ans contre en moyenne 10,8 % de la population régionale) et leur proportion diminue au fur et à mesure qu’on s’éloigne des grands pôles. Enfin, la part des seniors augmente avec la distance à ces grands pôles. Pour les 65 ans ou plus, elle atteint 26,7 % de la population dans les communes rurales situées hors de l’influence des grands pôles (en moyenne, 21,8 % dans la population régionale).
Encadré : les centralités locales structurent l’espace rural loin des grands pôles
Les communes des espaces ruraux hors des aires d’au moins 50 000 habitants peuvent se situer sous l’influence d’un pôle d’emploi de plus petite taille. Ce groupe concerne des communes proches de pôles urbains tels que Vendôme, Gien, Romorantin-Lanthenay, Vierzon, Issoudun ou Le Blanc, dont les aires d’attraction sont importantes à l’échelle locale, mais restent sous le seuil de 50 000 habitants.
Pour comprendre
Rural : Jusqu’en 2020, l’approche de l’espace rural reposait sur une définition « en creux » : les territoires ruraux n’étaient pas définis par leurs caractéristiques mais comme non urbains.
Validée lors du Comité interministériel des ruralités (CIR) le 14 novembre 2020, la nouvelle définition de la ruralité s’attache au critère de la densité de la population pour mieux rendre compte de la diversité des territoires. Ainsi, sont considérées comme rurales les communes peu denses et très peu denses, à partir de la grille communale de densité de l’Insee, et en cohérence avec les définitions européennes.
Pour prendre en compte la population communale et sa répartition dans l’espace, la nouvelle grille communale de densité s’appuie sur la distribution de la population à l’intérieur de la commune en découpant le territoire en carreaux de 1 kilomètre de côté. Elle repère ainsi des zones agglomérées. C’est l’importance de ces zones agglomérées au sein des communes qui permet de les caractériser (et non la densité communale habituelle).
Cette classification reprend les travaux d’Eurostat en introduisant une catégorie supplémentaire pour tenir compte des espaces faiblement peuplés, plus fréquents en France que dans d'autres pays européens. Ainsi, on distingue parmi les communes peu denses, des communes très peu denses.
Cette seule caractéristique de l’espace rural ne permet pas d’en appréhender toutes les dimensions. Il faut y associer des critères de type fonctionnel, notamment le degré d’influence d’un pôle d’emploi. Quatre catégories d’espaces ruraux se dessinent, des communes rurales très peu denses hors influence d’un pôle aux communes sous forte influence d’un pôle. Cette approche permet de définir statistiquement un continuum allant des espaces les plus isolés et peu peuplés jusqu’aux espaces ruraux les plus urbanisés.
Définitions
Aire d’attraction d’une ville : Une aire est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. La commune la plus peuplée du pôle est appelée commune-centre.
Pour en savoir plus
Une nouvelle définition du rural pour mieux rendre compte des réalités des territoires et de leurs transformations, Insee Références La France et ses territoires, avril 2021.
Le Centre-Val de Loire reste une des régions les moins artificialisées, Insee Analyses Centre-Val de Loire n°74, février 2021.
En Centre-Val de Loire, 90 % de la population vit dans une des 40 aires d’attraction des villes, Insee Analyses Centre-Val de Loire n°69, décembre 2020.
38 % de la population française vit dans une commune densément peuplée, Insee Focus n°169, novembre 2019.