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Insee Flash Grand Est · Mai 2021 · n° 49
Insee Flash Grand EstLes 18-24 ans : 450 000 jeunes dans un contexte économique difficile

Thomas Ducharne, Sophie Villaume (Insee)

Dans le Grand Est, un peu plus de 450 000 jeunes ont entre 18 et 24 ans. Qu’ils soient étudiants, en emploi ou au chômage sur un marché du travail dégradé, ceux-ci font partie des premières victimes de la crise économique liée à l’épidémie de Covid-19.

Insee Flash Grand Est
No 49
Paru le :Paru le04/05/2021

En 2017, un peu plus de 450 000 jeunes de 18 à 24 ans habitent le Grand Est, soit un dixième des adultes de la région. L’épidémie de Covid 19 et la crise économique qu’elle engendre devrait accroître la précarité de cette génération, d’autant qu’elle n’est pas éligible, sauf exceptions, au bénéfice du revenu de solidarité active (RSA).

Un jeune sur deux est étudiant, un sur cinq non inséré dans les études ou l’emploi

Un jeune sur deux de 18 à 24 ans est inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur, soit plus de 225 000 personnes en 2017 dans le Grand Est (figure 1). Dans les mois ou les années à venir, ces étudiants chercheront un emploi, dans un contexte économique peu favorable. En 2017, 21 % d’entre eux travaillaient déjà, que ce soit en apprentissage (55 %) ou pour financer leurs études.

Ceux non inscrits dans un établissement d’enseignement ont quitté temporairement ou définitivement le système éducatif : en 2017, plus de 87 000 jeunes, soit 19 % des 18-24 ans, n’étaient ni en emploi, ni en études, tandis que 138 000 travaillaient. Dans près de quatre cas sur dix, ces jeunes actifs disposaient alors d’un contrat à durée déterminée (CDD), d’un contrat aidé ou d’une mission d’intérim.

Au total, près de 95 000 jeunes de la région sont salariés en , et pourraient de ce fait voir leur emploi particulièrement menacé : 60 % sont sortis du système scolaire tandis que 30 % sont apprentis ou en stage rémunéré, et 10 % cumulent travail et études.

Figure 1Situation des jeunes de 18-24 ans dans le Grand Est en 2017

Situation des jeunes de 18-24 ans dans le Grand Est en 2017 - Lecture : en 2017, environ 48 000 jeunes sont inscrits dans un établissement d’enseignement et travaillent.
Salariés en CDI Non salariés En emploi précaire (CDD, intérim, contrat aidé, apprentissage, stage) Chômeurs (au sens du recensement) ou inactifs (hors étudiants) Élèves ou étudiants sans emploi
Inscrits dans un établissement d’enseignement 9 000 1 000 38 000 14 000 164 000
Non inscrits dans un établissement d’enseignement  77 000 5 000 57 000 87 000 3 000
  • Lecture : en 2017, environ 48 000 jeunes sont inscrits dans un établissement d’enseignement et travaillent.
  • Champ : jeunes âgés de 18 à 24 ans résidant dans le Grand Est.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017, exploitation complémentaire.

Figure 1Situation des jeunes de 18-24 ans dans le Grand Est en 2017

  • Lecture : en 2017, environ 48 000 jeunes sont inscrits dans un établissement d’enseignement et travaillent.
  • Champ : jeunes âgés de 18 à 24 ans résidant dans le Grand Est.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017, exploitation complémentaire.

Hors des pôles, davantage de jeunes en emploi précaire ou non insérés

Les jeunes sont particulièrement présents dans les , où ils représentent 14 % de la population adulte, et même encore davantage dans les grands pôles étudiants. Ainsi, les moins de 25 ans représentent 22 % des adultes résidant dans le pôle de Nancy, 18 % dans celui de Reims et 17 % dans celui de Strasbourg.

Les jeunes qui résident dans les pôles sont majoritairement étudiants : 57 % sont inscrits dans un établissement d’enseignement (figure 2). Cette proportion est particulièrement forte à Strasbourg, Nancy, Reims et Metz. Dans les et surtout hors des , les jeunes sont bien moins souvent étudiants et davantage en emploi précaire ou non insérés (ni en études ni en emploi).

Ces réalités varient toutefois fortement d’un territoire à l’autre du Grand Est. Dans certains pôles comme ceux de Charleville-Mézières, Sarreguemines, Saint-Dié-des-Vosges, Saint-Dizier, Forbach ou Sedan, la part des jeunes non insérés dans l’emploi ou dans un parcours d’études approchait ou dépassait le seuil de 30 % en 2017. Elle est élevée aussi à Mulhouse (26 % en 2017), où se concentrent de nombreux jeunes sortis précocement du système scolaire. La proportion de jeunes non insérés est ainsi légèrement plus élevée dans les pôles du Grand Est que dans l’ensemble des pôles métropolitains (+ 3 points).

Figure 2Situation des jeunes de 18 à 24 ans selon le type d’espace dans le Grand Est en 2017

(en %)
Situation des jeunes de 18 à 24 ans selon le type d’espace dans le Grand Est en 2017 ((en %)) - Lecture : dans les pôles, 57 % des jeunes de 18-24 ans sont inscrits dans un établissement d’enseignement.
Part des 18-24 ans Inscrits dans un établissement d’enseignement En emploi précaire Ni en emploi, ni en études
Pôles 57,4 18,3 17,8
Couronnes 40,7 23,8 20,7
Hors aire d’attraction des villes 31,5 27,1 23,1
Ensemble 49,7 20,9 19,2
  • Lecture : dans les pôles, 57 % des jeunes de 18-24 ans sont inscrits dans un établissement d’enseignement.
  • Champ : jeunes âgés de 18 à 24 ans résidant dans le Grand Est.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017, exploitation complémentaire.

Figure 2Situation des jeunes de 18 à 24 ans selon le type d’espace dans le Grand Est en 2017

  • Lecture : dans les pôles, 57 % des jeunes de 18-24 ans sont inscrits dans un établissement d’enseignement.
  • Champ : jeunes âgés de 18 à 24 ans résidant dans le Grand Est.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017, exploitation complémentaire.

Les jeunes déjà très touchés par les conséquences économiques de la crise

Les jeunes actifs de moins de 25 ans occupent plus souvent des professions qui étaient à l’arrêt lors du premier confinement de la population, ou qui présentaient des possibilités limitées de télétravailler. A l’échelle régionale comme nationale, 60 % des jeunes occupent de tels métiers contre 51 % de l’ensemble des actifs en emploi de la région. À l’inverse, leurs métiers sont moins souvent totalement ou partiellement télétravaillables (19 % contre 33 %). Lorsqu’ils travaillent, les jeunes exercent davantage dans des secteurs d’activité très affectés par la crise, comme la restauration, l’hébergement, les activités culturelles et sportives, ou encore les commerces fermés au début du deuxième confinement. Dans le Grand Est, ces secteurs employaient 16 % des jeunes en emploi contre 9 % de l’ensemble des actifs occupés. Les jeunes actifs pourraient ainsi être particulièrement vulnérables face à la crise, d’autant qu’ils disposent plus fréquemment de contrats précaires (21 % contre 12 %).

Entre le 4ᵉ trimestre 2019 et le 4ᵉ trimestre 2020, malgré les difficultés potentielles à faire des actes positifs de recherche d'emploi, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans n’ayant pas du tout travaillé sur le mois ou ayant seulement travaillé à temps incomplet (catégories A, B et C) s’est accru de 6 % dans le Grand Est (figure 3). Tout en étant légèrement supérieure à celle de leurs aînés, cette hausse demeure un peu moindre que celle de l’ensemble des moins de 25 ans résidant en métropole (- 1 point). En l’espace d’un an, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a très fortement augmenté dans le Bas-Rhin et la Meuse (respectivement + 10 et + 9 points), alors que celui-ci est resté stable dans les Ardennes et a même légèrement décru dans les Vosges (- 2 points).

Ces difficultés que rencontrent les jeunes sur le marché du travail pourraient compromettre leur autonomie résidentielle, a fortiori s’ils ne sont pas (ou plus) soutenus financièrement par leur famille. En 2017, 39 % des jeunes de moins de 25 ans de la région avaient quitté le domicile des parents et étaient locataires de leur logement. Un peu moins de la moitié d’entre eux était en emploi. La proportion de jeunes locataires de leur propre logement atteignait 53 % dans les pôles et même respectivement 65 et 70 % dans ceux de Reims et de Nancy.

Figure 3Évolution du nombre de demandeurs d’emploi sur un an au 4e trimestre 2020

(en %)
Évolution du nombre de demandeurs d’emploi sur un an au 4e trimestre 2020 ((en %)) - Lecture : dans le Grand Est, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a augmenté de 6 % entre le 4e trimestre 2019 et le 4e trimestre 2020.
Moins de 25 ans Ensemble
Ardennes 0 +3
Aube +7 +3
Marne +7 +4
Haute-Marne +4 +1
Meurthe-et-Moselle +6 +4
Meuse +9 +4
Moselle +8 +6
Bas-Rhin +10 +6
Haut-Rhin +7 +7
Vosges -2 +1
Grand Est +6 +5
France métropolitaine +7 +5
  • Lecture : dans le Grand Est, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans a augmenté de 6 % entre le 4e trimestre 2019 et le 4e trimestre 2020.
  • Champ : Grand Est, demandeurs d’emplois de catégories A, B, C.
  • Sources : STMT - DARES, Pôle emploi.

Encadré - Des dispositifs de soutien encore assez limités

Les jeunes de moins de 25 ans ne peuvent pas prétendre à l’obtention du revenu de solidarité active (RSA), sauf s’ils sont parents isolés ou s’ils justifient d’une certaine durée d’activité professionnelle.

Ceux les plus éloignés de l’emploi et des études peuvent bénéficier d’un accompagnement et d’une allocation via la « garantie jeunes » : en octobre 2020, ce dispositif bénéficiait à 6 300 jeunes de 16 à 25 ans dans la région.

Pour aider les jeunes à traverser la crise, différents dispositifs d’aide ont par ailleurs été créés à l’échelle nationale, régionale ou locale.

Mis en place lors de la rentrée universitaire de septembre, les repas à 1 € ont ainsi été servis à 22 500 étudiants boursiers du Grand Est entre septembre et décembre 2020. Depuis le 25 janvier 2021, et pendant la durée de la crise sanitaire, tous les étudiants, boursiers ou non, peuvent désormais bénéficier de deux repas par jour au tarif de 1 €.

En janvier, 900 étudiants du Grand Est ont par ailleurs bénéficié d'une aide du Crous (Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires), attribuée en cas de graves difficultés financières.

Publication rédigée par :Thomas Ducharne, Sophie Villaume (Insee)

Sources

Les résultats présentés dans cette étude concernant la part des jeunes et leur situation (études, emploi, logement) sont issus du recensement de la population 2017. Les statistiques relatives au nombre de demandeurs d’emploi proviennent de Pôle Emploi, celles sur la Garantie Jeunes et les aides destinées aux étudiants sont issues du tableau de bord de suivi mensuel des prestations de solidarité pendant la crise diffusé par la Drees.

Définitions

Dans cette étude, les contrats précaires regroupent les contrats qui ne sont pas des contrats à durée indéterminée. Ce sont l'intérim, les contrats à durée déterminée, l'apprentissage, les contrats aidés et les stages.

Les pôles sont déterminés principalement à partir de critères de densité et de population totale, suivant une méthodologie cohérente avec celle de la grille communale de densité. Un seuil d’emplois est ajouté de façon à éviter que des communes essentiellement résidentielles, comportant peu d’emplois, soient considérées comme des pôles.

Les couronnes sont des communes dont au moins 15 % des actifs résidents travaillent dans le pôle de l’aire et qui ne sont pas déjà attirées par un pôle de niveau plus élevé d’une autre aire.

L’aire d’attraction d’une ville est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle de population et d’emploi et son aire d’influence mesurée par les déplacements domicile-travail (couronne).

Pour en savoir plus

Ducharne T., Villaume S.,« Vulnérabilité économique suite à la crise de la Covid-19 : malgré des disparités, tous les territoires sont touchés », Insee Analyses Grand Est n° 132, avril 2021.

Ducharne T., Eichwald A., « Les jeunes du Grand Est : une multitude de profils et des conditions de logement hétérogènes selon les territoires », Insee Analyses Grand Est n° 114, juillet 2020.

- Cabannes P-Y., Calvo M., Echegu O., « Ouvrir dans un nouvel ongletPlus de 2 millions d’allocataires du RSA fin octobre 2020 », Drees, Études et Résultats n° 1175, décembre 2020.