Insee Focus ·
Avril 2021 · n° 231Décès en 2020 : hausse plus forte pour les personnes nées à l’étranger que pour celles
nées en France, surtout en mars-avril
En 2020, avec la pandémie de Covid-19, les décès ont fortement augmenté en France : + 9 % par rapport à 2019, toutes causes de décès confondues. Les décès de personnes nées à l’étranger ont augmenté deux fois plus que ceux de personnes nées en France : + 17 % contre + 8 %.
En mars et avril 2020, toutes causes confondues, les décès de personnes nées à l’étranger ont augmenté de 49 % par rapport à la même période en 2019, contre + 23 % pour les décès de personnes nées en France. La hausse a été la plus forte pour les personnes nées en Afrique (+ 55 % pour les décès de personnes nées au Maghreb, + 117 % pour celles nées dans un autre pays d’Afrique) ou en Asie (+ 92 %).
Entre septembre et décembre 2020, les décès de personnes nées à l’étranger ont également augmenté davantage que ceux des personnes nées en France, mais l’écart est moindre qu’en première vague : + 26 % par rapport à la même période en 2019, contre + 16 % pour les décès de personnes nées en France. Contrairement à la première vague, la hausse a été plus marquée pour les personnes nées au Maghreb (+ 36 %) que pour celles nées dans un autre pays d’Afrique (+ 29 %) ou en Asie (+ 33 %).
Les décès sont les plus fréquents aux âges élevés. Mais, lors des deux vagues, ils ont aussi nettement augmenté avant 65 ans pour les personnes nées à l’étranger.
- Une hausse des décès en 2020 plus forte pour les personnes nées en Afrique ou en Asie
- Des écarts selon les pays d’origine moins marqués lors de la deuxième vague de la pandémie de Covid-19
- Une première vague meurtrière en Île-de-France où résident souvent les personnes nées à l’étranger
- Une deuxième vague qui frappe des territoires moins concernés par l’immigration que la première
- Deuxième vague : une hausse des décès identique dans les territoires densément peuplés ou peu denses
- Forte hausse des décès avant 65 ans pour les personnes nées à l’étranger, surtout en première vague
- Pour les hommes, une hausse des décès plus marquée pour ceux nés à l’étranger
- Encadré - Une surmortalité spécifique aux personnes nées à l’étranger ?
Une hausse des décès en 2020 plus forte pour les personnes nées en Afrique ou en Asie
La crise sanitaire liée à la propagation de la Covid-19 s’est accompagnée d’une forte hausse des décès. En 2020, ils ont été nettement plus nombreux qu’en 2019 : 669 000 décès toutes causes confondues (sources) en France contre 613 000, soit + 9 %. Les décès de personnes nées à l’étranger ont augmenté deux fois plus que ceux de personnes nées en France : + 17 % contre + 8 %.
La hausse des décès est la plus forte pour les personnes nées en Afrique : + 21 % pour les personnes nées au Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie, avec 40 100 décès en 2020 contre 33 300 en 2019) et + 36 % pour celles nées dans un autre pays d’Afrique (7 400 décès contre 5 400, figure 1a, figure 1b). Elle est également très nette pour les personnes originaires d’Asie (+ 29 %, avec 6 300 décès contre 4 900). Pour les personnes nées en Europe et celles nées dans un pays d’Amérique ou en Océanie, l’augmentation des décès est proche de celle observée pour les personnes nées en France.
tableauFigure 1a - Évolution du nombre de décès enregistrés en France entre 2019 et 2020, selon le pays de naissance des personnes décédées et la période
Pays de naissance | Évolution entre 2019 et 2020 | ||
---|---|---|---|
Mars-avril | Septembre-décembre | Année entière | |
France | 23 | 16 | 8 |
Espagne, Italie, Portugal | 27 | 23 | 11 |
Autres pays d’Europe | 28 | 6 | 5 |
Maghreb | 55 | 36 | 21 |
Autres pays d’Afrique | 117 | 29 | 36 |
Asie | 92 | 33 | 29 |
Autres pays (Amériques, Océanie) | 29 | 11 | 9 |
Ensemble | 27 | 17 | 9 |
- Note : données provisoires.
- Lecture : toutes causes confondues, le nombre de décès enregistrés en France entre le 1er mars et le 30 avril 2020 a augmenté de 27 % par rapport à la même période en 2019. Dans le même temps, le nombre de décès en France de personnes nées en Afrique hors Maghreb a plus que doublé (+ 117 %).
- Champ : décès enregistrés en France.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil, fichier du 20 février 2021.
graphiqueFigure 1a - Évolution du nombre de décès enregistrés en France entre 2019 et 2020, selon le pays de naissance des personnes décédées et la période
Des écarts selon les pays d’origine moins marqués lors de la deuxième vague de la pandémie de Covid-19
La hausse des décès en mars-avril, lors de la première vague, a été particulièrement marquée pour les personnes nées en Afrique ou en Asie [Papon, Robert-Bobée, 2020]. Elle reste élevée lors de la deuxième vague, de septembre à décembre, mais plus modérée : les décès de personnes originaires d’un pays d’Afrique hors Maghreb ont augmenté de 117 % en mars-avril 2020 par rapport à mars-avril 2019, et de 29 % en septembre-décembre 2020 par rapport à septembre-décembre 2019 (figure 1a). Ceux de personnes nées au Maghreb ont augmenté respectivement de 55 % et 36 %, et ceux de personnes nées en Asie de 92 % et 33 %. À l’inverse de la première vague, parmi les personnes nées à l’étranger, celles originaires du Maghreb sont les plus touchées à l’automne.
Pour les décès de personnes nées en France, la hausse est aussi plus modérée lors de la deuxième vague : + 16 % en septembre-décembre 2020, contre + 23 % en mars-avril 2020 par rapport aux mêmes périodes en 2019.
Pendant la première vague de la pandémie, la hausse des décès des personnes nées à l’étranger a ainsi été 2,1 fois plus forte en moyenne que celle des personnes nées en France. Ce ratio est plus modéré pour la deuxième vague (1,7), même s’il demeure élevé.
Si la hausse relative des décès durant la deuxième vague a été moins importante que durant la première, elle a duré plus longtemps et au total le nombre de décès a plus augmenté durant cette période (+ 34 400 en septembre-décembre 2020 par rapport à septembre-décembre 2019, contre + 27 300 en mars-avril 2020 par rapport à mars-avril 2019). L’écart entre les deux vagues est plus marqué pour les personnes nées en France que pour celles nées à l’étranger : il atteint 32 % pour les premières (27 500 décès de plus en septembre-décembre 2020 qu’en 2019, contre 20 900 en mars-avril) et 7 % pour les secondes (6 900 décès de plus en septembre-décembre 2020 qu’en 2019, contre 6 500 en mars-avril).
Une première vague meurtrière en Île-de-France où résident souvent les personnes nées à l’étranger
Lors de la première vague, la hausse des décès a été particulièrement forte en Île-de-France (+ 93 % de décès entre mars-avril 2019 et 2020) et dans le Grand Est (+ 56 %, figure 2) [Le Minez, Roux, 2021]. Ces deux régions concentrent à elles seules 61 % de l’excédent des décès observé au cours de cette période par rapport à l’année précédente.
L’Île-de-France concentre 42 % de l’excès des décès durant la première vague et même 67 % s’agissant des personnes nées en Afrique ou en Asie (57 % pour les personnes nées au Maghreb, 84 % pour celles venant d’un autre pays d’Afrique et 78 % pour celles venant d’Asie). En effet, ces dernières résident beaucoup plus souvent que la moyenne en Île-de-France : c’est le cas de 32 % des personnes nées au Maghreb, de 49 % des personnes nées dans un autre pays d’Afrique et de 48 % de celles nées en Asie, contre 16 % de celles nées en France. Dans cette région la plus touchée lors de la première vague, le nombre de décès a aussi augmenté plus fortement pour les personnes nées à l’étranger : + 136 % pour celles nées au Maghreb, + 224 % dans les autres pays d’Afrique et + 171 % en Asie, contre + 79 % pour celles nées en France.
Dans le Grand Est, deuxième région la plus touchée lors de la première vague, la hausse était respectivement de 53 % pour les décès de personnes nées en France et de 122 % pour celles nées en Afrique ou en Asie. Nettement moins de personnes nées en Afrique ou en Asie résident dans le Grand Est qu’en Île-de-France (respectivement 6 % et 39 % de l’ensemble des personnes nées sur ces continents et vivant en France) ; ainsi, le Grand Est concentre seulement 8 % de l’excédent de leurs décès, contre 19 % de l’excédent des décès tous pays d’origine confondus.
tableauFigure 2 - Évolution entre 2019 et 2020 du nombre de décès dans les régions les plus touchées par la pandémie, selon le pays de naissance des personnes décédées
Décès de personnes | ||||
---|---|---|---|---|
Nées en France | Nées à l’étranger | Ensemble | ||
Île-de-France | 1re vague | 79 | 136 | 93 |
2e vague | 11 | 26 | 15 | |
Grand Est | 1re vague | 53 | 82 | 56 |
2e vague | 14 | 22 | 15 | |
Auvergne-Rhône-Alpes | 1re vague | 18 | 28 | 19 |
2e vague | 36 | 56 | 39 | |
Bourgogne-Franche-Comté | 1re vague | 25 | 46 | 26 |
2e vague | 26 | 30 | 27 | |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 1re vague | 10 | 20 | 12 |
2e vague | 21 | 27 | 22 | |
France | 1re vague | 23 | 49 | 27 |
2e vague | 16 | 26 | 17 |
- Note : les régions sont les régions de résidence des personnes ; données provisoires.
- Lecture : entre le 1er mars et le 30 avril 2020 (1re vague), en Provence-Alpes-Côte d'Azur, le nombre de décès de personnes nées à l’étranger a augmenté de 20 % par rapport au nombre de décès en mars-avril 2019.
- Champ : décès enregistrés en France.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil, fichier du 20 février 2021.
graphiqueFigure 2 - Évolution entre 2019 et 2020 du nombre de décès dans les régions les plus touchées par la pandémie, selon le pays de naissance des personnes décédées
Une deuxième vague qui frappe des territoires moins concernés par l’immigration que la première
Lors de la deuxième vague de la pandémie, les décès ont le plus augmenté dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes (+ 39 % de décès entre septembre-décembre 2019 et 2020), Bourgogne-Franche-Comté (+ 27 %) et Provence-Alpes-Côte d'Azur (+ 22 %). À elles trois, elles concentrent 45 % du surplus de décès pendant cette deuxième vague, et légèrement moins, 41 %, pour les personnes nées en Afrique ou en Asie. En effet, les personnes nées dans ces pays sont peu présentes dans ces régions, à l’exception de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, où résident 16 % des personnes nées au Maghreb et vivant en France (contre 7 % des personnes nées en France). Si l’Île-de-France est plus modérément touchée (+ 15 %) et ne représente que 11 % de l’excès de décès total de cette deuxième vague, elle concentre cependant encore une part importante (27 %) de l’excès de décès des personnes nées en Afrique ou en Asie, les personnes originaires de ces pays résidant souvent dans cette région.
Comme lors de la première vague, dans ces territoires les plus touchés par la deuxième vague de 2020, la hausse des décès est plus marquée pour les personnes nées à l’étranger que pour celles nées en France. En Auvergne-Rhône-Alpes, les décès de personnes nées en France ont augmenté de 36 % au cours de la deuxième vague et de 56 % pour les personnes nées à l’étranger. Les hausses ont été respectivement de 26 % et 30 % en Bourgogne-Franche-Comté et de 21 % et 27 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur. C’est aussi le cas en Île-de-France : au cours de la deuxième vague, les décès y ont augmenté de 32 % pour les personnes nées en Afrique ou en Asie, contre + 11 % pour celles nées en France.
Deuxième vague : une hausse des décès identique dans les territoires densément peuplés ou peu denses
Pendant la première vague de la pandémie, la hausse du nombre de décès a été nettement plus forte dans les territoires les plus densément peuplés [Gascard et al., 2020], pour les personnes nées à l’étranger comme pour celles nées en France [Papon, Robert-Bobée, 2020]. Pour les personnes résidant dans une commune densément peuplée, les décès entre le 1er mars et le 30 avril 2020 de personnes nées en France ont augmenté de 41 % par rapport à la même période en 2019, contre + 77 % pour celles nées au Maghreb (figure 3a). L’accroissement des décès a été encore plus fort pour les personnes nées en Afrique hors Maghreb (+ 163 %) et les personnes nées en Asie (+ 119 %). Dans les communes de densité intermédiaire et les communes peu ou très peu denses, il a été nettement moins important, avec des différences selon le pays d’origine moins marquées que dans les communes densément peuplées.
La virulence de la pandémie en Île-de-France au printemps 2020, territoire densément peuplé, explique largement ces écarts. Hors Île-de-France, la hausse des décès demeure la plus élevée dans les territoires les plus densément peuplés, mais les différences avec les autres territoires se réduisent nettement. Toujours hors Île-de-France, la hausse des décès dans les territoires les plus densément peuplés reste la plus forte pour les personnes nées à l’étranger, mais l’écart avec les personnes nées en France est nettement atténué (figure 3c, figure 3d).
Lors de la deuxième vague, à la différence de la première vague, la hausse des décès a été quasiment la même dans les communes denses que dans celles moins densément peuplées (figure 3b). Comme lors de la première vague néanmoins, dans chaque type de territoire, elle a été plus forte pour les personnes nées à l’étranger que pour celles nées en France. Les écarts selon le lieu de naissance sont cependant nettement moins marqués. Ainsi lors de la deuxième vague, dans les communes densément peuplées, les décès de personnes nées au Maghreb (+ 38 %) ou dans un pays d’Afrique hors Maghreb ou en Asie (chacune + 31 %) ont augmenté deux fois plus que pour les personnes nées en France (+ 15 %). Lors de la première vague, ils avaient augmenté deux fois plus pour les personnes nées au Maghreb et trois à quatre fois plus pour celles nées dans un pays d’Afrique hors Maghreb ou en Asie, par rapport aux personnes nées en France (figure 3a).
tableauFigure 3a - Évolution du nombre de décès entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020, par pays de naissance selon la densité de la commune de résidence des personnes décédées
Évolution entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020 | |||
---|---|---|---|
Communes denses | Communes de densité intermédiaire |
Communes peu ou très peu denses |
|
France | 41 | 19 | 14 |
Maghreb | 77 | 27 | 24 |
Afrique hors Maghreb | 163 | 31 | 27 |
Asie | 119 | 62 | ns |
Autres pays* | 50 | 21 | ns |
Ensemble | 48 | 20 | 15 |
- * Europe hors France, Amériques, Océanie.
- ns : non significatif du fait du faible nombre de décès (moins de 100 décès).
- Note : données provisoires.
- Lecture : toutes causes confondues, le nombre de décès enregistrés en France pour des personnes nées en France et résidant dans des communes densément peuplées a augmenté de 41 % entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020.
- Champ : décès enregistrés en France.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil, fichier du 20 février 2021.
graphiqueFigure 3a - Évolution du nombre de décès entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020, par pays de naissance selon la densité de la commune de résidence des personnes décédées
Forte hausse des décès avant 65 ans pour les personnes nées à l’étranger, surtout en première vague
Pour toutes les origines, l’augmentation des décès a été la plus forte chez les personnes âgées de 65 ans ou plus (figure 4a, figure 4b), les plus touchées par la pandémie. Elles ont représenté 98 % du surplus des décès en 2020 par rapport à 2019.
Cependant, parmi les personnes nées à l’étranger hors Europe, le nombre de décès de personnes de moins de 65 ans a fortement augmenté, surtout pendant la première vague de la pandémie : + 31 % entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020 pour les personnes nées dans un pays du Maghreb, + 101 % pour celles nées dans un autre pays d’Afrique et + 79 % pour celles nées en Asie, alors qu’il est quasiment stable pour les personnes nées en Europe et augmente faiblement pour les personnes nées en France (+ 4 %). Entre septembre-décembre 2019 et septembre-décembre 2020, l'augmentation est de 9 % pour les personnes nées dans un pays du Maghreb, de 16 % pour celles nées dans un autre pays d’Afrique et de 25 % pour celles nées en Asie, contre + 3 % pour les personnes nées en France.
La hausse des décès avant 65 ans a ainsi touché plus spécifiquement les habitants nés à l’étranger, surtout pendant la première vague. Les personnes nées en Afrique ont notamment été parmi les plus exposées au risque de contamination en première vague, exerçant plus souvent des professions dont l’activité s’est poursuivie pendant le premier confinement [Papon, Robert-Bobée, 2020].
tableauFigure 4a - Évolution du nombre de décès entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020, par pays de naissance selon l’âge des personnes décédées
Moins de 65 ans | 65 ans ou plus | Ensemble | |
---|---|---|---|
France | 4 | 27 | 23 |
Autres pays d’Europe | 1 | 31 | 28 |
Maghreb | 31 | 58 | 55 |
Afrique hors Maghreb | 101 | 131 | 117 |
Asie | 79 | 97 | 92 |
Autres pays (Amériques, Océanie) | 7 | 46 | 29 |
Ensemble | 9 | 30 | 27 |
- Note : données provisoires.
- Lecture : toutes causes confondues, le nombre de décès enregistrés en France pour des personnes nées au Maghreb et âgées de moins de 65 ans a augmenté de 31 % entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020.
- Champ : décès enregistrés en France.
- Source : Insee, statistiques de l’état civil, fichier du 20 février 2021.
graphiqueFigure 4a - Évolution du nombre de décès entre mars-avril 2019 et mars-avril 2020, par pays de naissance selon l’âge des personnes décédées
Pour les hommes, une hausse des décès plus marquée pour ceux nés à l’étranger
Pour les personnes nées en France, la hausse des décès entre 2019 et 2020 est quasi identique quel que soit le sexe (+ 23 % pour les décès toutes causes confondues lors de la première vague pour les femmes comme pour les hommes, + 15 % pour les femmes lors de la deuxième vague et + 16 % pour les hommes). Pour les personnes nées à l’étranger, elle est en revanche nettement plus forte pour les hommes que pour les femmes, surtout lors de la première vague. En première vague, cet écart entre hommes et femmes est marqué à la fois pour les personnes nées au Maghreb (+ 62 % pour les hommes, contre + 44 % pour les femmes) et pour celles nées dans un autre pays d’Afrique (+ 135 % pour les hommes et + 91 % pour les femmes), ou encore pour celles nées en Asie (+ 102 % et + 80 %).
Les écarts sont moindres lors de la deuxième vague. Entre septembre-décembre 2019 et 2020, l’augmentation des décès d’hommes nés au Maghreb est de + 38 %, contre + 32 % pour les femmes. Pour les personnes nées dans un autre pays d’Afrique, elle est de + 35 % pour les hommes, contre + 22 % pour les femmes ; et pour celles nées en Asie, elle est respectivement de + 39 % et + 26 %.
Encadré - Une surmortalité spécifique aux personnes nées à l’étranger ?
Cette étude compare l’évolution des décès entre 2019 et 2020 des personnes nées à l’étranger et de celles nées en France, en utilisant les données de décès enregistrés dans les statistiques d’état civil en 2019 et 2020 (Sources). Ces dernières ne donnent cependant pas d’informations sur les conditions de vie des personnes (taille des logements, professions, moyens de transports pour se rendre au travail), ou l’état de santé des personnes, notamment l’obésité, le diabète ou les maladies respiratoires chroniques qui jouent sur les risques de décès [Ouvrir dans un nouvel ongletMangeney et al., 2020]). Or les personnes nées en Afrique ou en Asie occupent par exemple des logements plus petits et utilisent plus souvent les transports en commun pour aller travailler [Papon, Robert-Bobée, 2020]. Faute d’informations suffisantes sur les personnes décédées, cette étude ne permet pas d’expliquer la différence de surmortalité entre les personnes nées à l’étranger et celles nées en France, et de conclure quant à une surmortalité particulière des personnes nées à l’étranger, une fois prises en compte les conditions de vie et de santé notamment. À cet égard, Ouvrir dans un nouvel ongletWarszawski et al. (2020) montrent que la séroprévalence plus élevée, observée en mai 2020, parmi les personnes immigrées nées hors Europe que parmi les personnes non immigrées, s’expliquait par leurs conditions de vie moins favorables.
Sources
Cette étude utilise les données de décès enregistrés dans les statistiques d’état civil en 2019 et 2020. Les statistiques diffusées sont provisoires pour l’année 2020. Elles sont issues du fichier en date du 20 février 2021. Ces données ne renseignent pas sur la cause du décès. Elles contiennent en revanche des informations socio-démographiques sur les personnes décédées, comme la date de naissance, la commune de résidence, l’âge et le pays de naissance. L’étude complète celle publiée en juillet sur les décès de mars-avril 2020 en comparant les décès lors de la première et de la deuxième vague de la pandémie de Covid-19. Les estimations réalisées alors pour la première vague ont été révisées, des décès ayant eu lieu au printemps étant remontés depuis à l’Insee. Ainsi, on comptabilisait 129 020 décès toutes causes confondues ayant eu lieu en mars-avril 2020 d’après les données extraites le 4 juin 2020, contre 130 117 d’après l’extraction du 20 février 2021.
Sept groupes de pays de naissance sont distingués : France ; Espagne, Portugal, Italie ; autres pays d’Europe hors ex-URSS ; Maghreb ; autres pays d’Afrique ; Asie (y compris Turquie) ; autres pays. Ils sont parfois regroupés pour les analyses présentées selon les effectifs. Les décès sont comptabilisés dans le département de résidence des personnes.
Définitions
La première vague de la pandémie de Covid-19 couvre ici la période entre le 1er mars et le 30 avril 2020, et la deuxième vague, celle entre le 1er septembre et le 31 décembre 2020.
La grille communale de densité permet de comparer le degré d’urbanisation des communes, avec une méthodologie européenne homogène et relativement indépendante des découpages administratifs de chaque pays. Elle s’appuie sur la répartition de la population dans une grille de carreaux de 1 km².
Pour en savoir plus
Des données complémentaires sont disponibles dans le fichier de données en téléchargement.
Insee, Nombre de décès quotidien, Chiffres détaillés.
Le Minez S., Roux V., « 2020 : une hausse des décès inédite depuis 70 ans », Insee Première n° 1847, mars 2021.
Papon S., Robert-Bobée I., « Une hausse des décès deux fois plus forte pour les personnes nées à l’étranger que pour celles nées en France en mars-avril 2020 », Insee Focus n° 198, juillet 2020.
Warszawski J., Bajos N. et al., « Ouvrir dans un nouvel ongletEn mai 2020, 4,5 % de la population vivant en France métropolitaine a développé des anticorps contre le SARS-CoV-2. », Études et Résultats n° 1167, Drees, octobre 2020.
Gascard N., Kauffmann B., Labosse A., « 26 % de décès supplémentaires entre début mars et mi-avril 2020 : les communes denses sont les plus touchées », Insee Focus n° 191, mai 2020.
Bernard V., Gallic G., Léon O., Sourd C., « Logements suroccupés, personnes âgées isolées... : des conditions de confinement diverses selon les territoires », Insee Focus n° 189, avril 2020.
Mangeney C., Bouscaren N., Telle-Lamberton M., Saunal A., Féron V., « Ouvrir dans un nouvel ongletLa surmortalité durant l’épidémie de Covid-19 dans les départements franciliens, premiers éléments d’analyse », Focus santé en Île-de-France, Observatoire régional de santé, avril 2020.