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Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine · Avril 2021 · n° 26
Insee Conjoncture Nouvelle-AquitaineEn Nouvelle-Aquitaine, l'emploi résiste mieux au deuxième confinement Note de conjoncture régionale – 4ᵉ trimestre 2020

Odile Pinol, Sébastien Brumaud, Gwenaël Delamarre, Laurent Zambon (Insee)

L’activité économique régionale, à nouveau perturbée au milieu de l’automne par la mise en place du deuxième confinement, chute moins qu’au printemps. En outre, les mesures sanitaires plus ciblées et le recours à l’activité partielle permettent une relative stabilité de l’emploi au quatrième trimestre. Cependant, pour les secteurs déjà les plus exposés (notamment l’hôtellerie-restauration, le transport aérien et tous les services liés aux voyages), l’impact du deuxième confinement est important. Leur activité en fin de trimestre reste encore bien inférieure à son niveau d’avant-crise. Pour traverser cette période, les aides publiques apportent un soutien à la majorité des entreprises régionales. Le dynamisme entrepreneurial va de pair avec les nouveaux besoins de consommation des ménages.

Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine
No 26
Paru le :Paru le09/04/2021

En vigueur du 30 octobre au 14 décembre 2020, les restrictions du deuxième confinement, plus ciblées qu’au printemps, permettent une relative continuité de la production dans certains secteurs. Ainsi, les usines et les chantiers poursuivent, pour la plupart, leur activité. Davantage de magasins, notamment dans le commerce de gros, restent ouverts, et les établissements scolaires (hors enseignement supérieur) maintiennent l’accueil de leurs élèves.

Au niveau national, le deuxième confinement engendre une baisse de 7,5 % de l’activité en novembre par rapport au niveau d’avant-crise. Ce recul est quatre fois moins important que celui enregistré en avril. En décembre, la perte d’activité n’est plus que de 4,5 %, ce qui établit la moyenne trimestrielle à – 5 %. L’impact sur la consommation des ménages est également plus atténué. Celle-ci recule de 15 % en novembre par rapport à son niveau d’avant-crise, soit moitié moins qu’au début du premier confinement. En décembre, avec la réouverture des commerces « non essentiels », la consommation nationale se redresse (– 4 %). Pour l’ensemble du quatrième trimestre, elle est en retrait de 6,6 % par rapport à fin 2019.

Deuxième confinement : de moindres perturbations sur l’activité

En novembre, l’activité, mesurée par le volume de travail rémunéré dans le secteur privé, diminue de 8,3 % dans la région par rapport à son niveau de novembre 2019 (figure 1). En chute de 33,5 % en avril, elle s’établissait, depuis le mois d’août, à un niveau inférieur d’environ 3 % à l’année précédente.

Le tertiaire marchand est le secteur le plus affecté par le deuxième confinement avec une activité en baisse de 12,7 % en novembre. Celle de l’hébergement et de la restauration est à nouveau fortement affaiblie : les heures rémunérées se réduisent respectivement de 54 % et 61 % et conservent ces niveaux en décembre. Avec l’allègement des restrictions de déplacement à l’occasion des fêtes de fin d’année, le transport aérien retrouve son niveau d’avant le deuxième confinement (– 36 %) alors qu’il avait chuté de moitié en novembre. Parmi les plus touchées, l’activité des services du loisir, de la culture et du sport recule de 35 à 40 % et peine à se redresser en décembre.

Figure 1Évolution du volume mensuel de travail rémunéré par rapport au même mois de 2019

en %
Évolution du volume mensuel de travail rémunéré par rapport au même mois de 2019 (en %)
Construction Industrie Tertiaire marchand Tertiaire non marchand Ensemble
Janvier 2020 3,8 0,3 2,5 1,5 2,1
Février 2020 3,3 0,1 2,7 1,5 2,1
Mars 2020 -31,4 -10,3 -13,9 -6,3 -14
Avril 2020 -53 -27 -36,3 -17,1 -33,5
Mai 2020 -17,4 -19,7 -23,9 -9,7 -20,6
Juin 2020 -2,5 -10,2 -9,4 -2,6 -8
Juillet 2020 -1,8 -7,9 -5,7 -1,6 -5,3
Août 2020 1,3 -5,4 -3,7 -0,7 -3,3
Septembre 2020 -1,8 -5,8 -3,1 -0,4 -3,2
Octobre 2020 -2,2 -5,5 -3 0,3 -3
Novembre 2020 0,3 -5,4 -12,7 -0,5 -8,3
Décembre 2020 -1,9 -4,3 -7,4 1,5 -5,1
  • Champ : entreprises du secteur privé ; Nouvelle-Aquitaine
  • Source : DSN ; traitement provisoire

Figure 1Évolution du volume mensuel de travail rémunéré par rapport au même mois de 2019

  • Champ : entreprises du secteur privé ; Nouvelle-Aquitaine
  • Source : DSN ; traitement provisoire

L’hôtellerie-restauration à nouveau touchée par les mesures de restrictions

En Nouvelle-Aquitaine, l’hôtellerie-restauration est fortement mise à mal par le reconfinement alors qu’elle avait repris des couleurs au cœur de l’été. Si les mesures de novembre sont moins strictes que celles du printemps, leur ciblage concerne pleinement les entreprises du secteur. La fréquentation des établissements hôteliers perd ainsi 670 000 nuitées en novembre et 470 000 en décembre par rapport à la même période l’année précédente. Toutefois, les hôtels de la région sont un peu moins affectés qu’au niveau national : la fréquentation baisse de 47 % en Nouvelle-Aquitaine contre 64 % en France métropolitaine sur l’ensemble du quatrième trimestre. Dans l’hôtellerie, les chiffres d’affaires réalisés en novembre chutent de 74 % sur un an, soit le plus fort recul observé depuis le premier confinement (environ – 90 % en mars et avril).

La situation est également fortement dégradée dans la restauration. Les chiffres d’affaires sont en retrait de 66 % en novembre et de 59 % en décembre.

Au quatrième trimestre, l’emploi néo-aquitain résiste

Pour accompagner le deuxième confinement, de nouvelles mesures en faveur de l’activité partielle sont mises en place. L’utilisation de ce dispositif suit les fluctuations de l’activité. En Nouvelle-Aquitaine, tous secteurs confondus, la part de salariés placés en activité partielle s’élève à 8 % en novembre (contre 26 % en avril) alors qu’elle s’établissait aux alentours de 2 % depuis l’été. Avec la réouverture des commerces en décembre, la part d’activité partielle dans la région redescend à 5 %. Ce dispositif d’aide joue, comme au printemps, un rôle d’amortisseur sur l’emploi. Il permet aux entreprises de maintenir des salariés en poste malgré la baisse de l’activité économique régionale.

Ainsi, face à la détérioration de l’activité dans l’hébergement-restauration, le dispositif est à nouveau particulièrement mobilisé : il concerne plus d’un salarié sur deux en novembre et décembre, contre 11 % en octobre. Sept établissements néo-aquitains sur dix y ont recours sur les deux derniers mois de l’année, soit une proportion proche de celle du niveau national

Au quatrième trimestre, l’emploi salarié néo-aquitain reste stable alors qu’il diminue de 0,1 % en France. L’équilibre des effectifs dans la région s’établit grâce à une augmentation de 0,1 % des salariés du secteur privé (+ 1 600 emplois) qui compense la baisse de ceux du secteur public (– 0,2 %). Finalement, après un premier semestre de chute suivi par un fort rebond au troisième trimestre, l’emploi salarié à la fin de l’année 2020 est en recul de 0,6 % par rapport à son niveau de la même période en 2019 (– 1,1 % en France).

L’intérim soutient l’emploi salarié, en continuant de se redresser. Il est en hausse pour le troisième trimestre consécutif (+ 3,7 % en Nouvelle-Aquitaine et + 5,1 % au niveau national). Il progresse davantage dans la construction et le secteur tertiaire que dans l’industrie. Toutefois, il reste en recul de 4,1 % par rapport à son niveau d’avant-crise et la reprise est particulièrement lente dans l’industrie où l’emploi intérimaire reste le plus éloigné de son niveau du quatrième trimestre 2019 (– 11,4 %).

Hors intérim, c’est également dans l’industrie que l’emploi salarié peine le plus à se rétablir (figure 2). Il est en baisse depuis le premier trimestre 2020, cumulant sur l’année une destruction nette de 4 250 emplois. Au quatrième trimestre, dans ce secteur, le deuxième confinement engendre une perte d’emplois (– 1 400) moins importante cependant que celle enregistrée au printemps (– 2 400). Comme au deuxième trimestre, la fabrication de matériels de transport souffre de la mise en œuvre des restrictions sanitaires (– 0,8 %). Mais la baisse la plus importante ce trimestre concerne la fabrication d’équipements électriques et électroniques (– 1 %) alors que le premier confinement avait davantage affaibli la fabrication de denrées alimentaires et de boissons. Au quatrième trimestre 2020, l’emploi salarié du secteur industriel est inférieur de 1,6 % par rapport à son niveau d’avant-crise.

L’évolution est identique (– 1,6 %) pour les services marchands (hors intérim). Les effectifs diminuent légèrement au quatrième trimestre (– 0,3 %), après le rebond de la période précédente et le recul du premier semestre. Les baisses les plus fortes ce trimestre concernent l’hébergement-restauration (– 2,7 %), et les autres activités de service (– 2,8 %). Ces deux branches, les plus exposées aux mesures sanitaires, étaient également les plus touchées par les pertes d’emploi lors du premier confinement (respectivement – 8,7 % et – 3,3 %). Elles totalisent 5 300 destructions nettes d’emplois au quatrième trimestre, soit un tiers des pertes annuelles du secteur marchand.

A contrario, l’emploi dans les activités pour la santé humaine progresse depuis trois trimestres consécutifs pour tenter d’absorber le pic d’activité provoqué par la pandémie. Son évolution tire donc l’emploi salarié du tertiaire non marchand à la hausse. Celui-ci augmente légèrement (+ 0,1 %), malgré la baisse des effectifs de l’enseignement. Le secteur atteint d’ailleurs fin 2020 un niveau d’emploi supérieur de 0,9 % à celui d’avant-crise.

C’est dans la construction que la progression est la plus forte : + 2,3 % (hors intérim) au quatrième trimestre, par rapport à la même période en 2019. En Nouvelle-Aquitaine, même au plus fort de la crise, l’emploi salarié de la construction s’est maintenu, sans doute parce que l’ajustement de court terme s’est traduit par l’arrêt du recours à l’intérim. Au quatrième trimestre, 1 200 créations nettes d’emplois sont ainsi enregistrées (soit une hausse de 0,9 %), confirmant le dynamisme observé lors de la reprise générale de l’activité au troisième trimestre (+ 1 500 emplois).

Figure 2Évolution de l'emploi salarié par secteur - Nouvelle-Aquitaine

indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010
Évolution de l'emploi salarié par secteur - Nouvelle-Aquitaine (indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010)
Construction Industrie Tertiaire marchand hors intérim Tertiaire non marchand
T4 2010 100 100 100 100
T1 2011 99,91 99,86 100,31 100,23
T2 2011 99,58 100,1 100,65 100,32
T3 2011 99,35 100,03 100,81 100,13
T4 2011 99,06 99,78 100,65 100,38
T1 2012 99,01 99,7 100,86 100,44
T2 2012 98,52 99,34 100,77 100,7
T3 2012 98,37 99,34 100,67 101,02
T4 2012 98,2 99,42 100,72 101,48
T1 2013 97,5 99,13 100,8 101,52
T2 2013 96,77 98,79 100,34 101,9
T3 2013 96,59 98,62 100,6 102,36
T4 2013 96,07 98,62 100,79 103,04
T1 2014 95,85 98,33 100,78 103,12
T2 2014 95,17 98,05 100,99 103,38
T3 2014 94,09 97,99 100,85 103,53
T4 2014 92,89 97,66 101,04 103,62
T1 2015 91,85 97,56 101,06 103,49
T2 2015 91,22 97,32 101,23 103,66
T3 2015 90,6 97,06 101,56 103,59
T4 2015 90,52 97,05 101,74 103,76
T1 2016 90,17 96,85 102,13 104,03
T2 2016 90,25 96,67 102,49 104,15
T3 2016 90,35 96,6 102,86 104,46
T4 2016 90,18 96,42 103,04 104,46
T1 2017 90,32 96,24 103,74 104,55
T2 2017 90,54 96,27 104,22 104,57
T3 2017 90,87 96,41 104,88 104,42
T4 2017 91,6 96,94 105,3 104,26
T1 2018 92,11 96,95 105,77 104,18
T2 2018 92,27 97,26 106,26 103,96
T3 2018 92,78 97,53 106,57 103,73
T4 2018 93,63 97,99 107,05 103,98
T1 2019 94,35 98,36 107,83 104
T2 2019 94,65 98,54 108,14 104,01
T3 2019 95,22 98,52 108,36 103,87
T4 2019 95,9 98,59 108,84 103,83
T1 2020 95,89 98,5 107,61 103,69
T2 2020 96,08 97,6 105,61 103,05
T3 2020 97,22 97,55 107,45 104,64
T4 2020 98,13 97,04 107,11 104,73
  • Notes : données CVS, en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

Figure 2Évolution de l'emploi salarié par secteur - Nouvelle-Aquitaine

  • Notes : données CVS, en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

 

Embauches et recherches d’emploi à nouveau perturbées par la situation de confinement

Le premier confinement avait provoqué, dans tous les secteurs, un ajustement du niveau de l’emploi à celui de l’activité grâce à plusieurs réactions de court terme : chute du recours à l’intérim, gel des embauches, non-renouvellement des contrats courts. Le deuxième confinement, davantage ciblé, a d’autres conséquences.

Si l’emploi intérimaire reste en progression au quatrième trimestre, les déclarations préalables à l’embauche (hors intérim) se replient à nouveau, freinées par le contexte sanitaire et économique. Les recrutements de plus d’un mois (en CDD ou CDI) recule de 13 % dans la région (– 14 % au niveau national). Au printemps, l’arrêt quasi total des activités avait davantage détérioré ces projections d’embauches, celles-ci ayant chuté de 36 % au deuxième trimestre puis rebondi de 72 % au troisième.

Le nombre d’offres d’emploi collectées par Pôle emploi révèle également un impact moindre du deuxième confinement sur le marché du travail : 2,2 % d’offres supplémentaires par rapport au trimestre précédent sont recensées fin 2020 en Nouvelle-Aquitaine, contre une chute de 39 % au deuxième trimestre.

Le deuxième confinement modifie à nouveau les comportements habituels de recherche d’emploi, mais dans une moindre mesure. Si la disponibilité des chômeurs avait été fortement perturbée au printemps par les restrictions de circulation et les difficultés d’organisation en cas de garde d’enfants, cet empêchement n’est plus d’actualité pendant ce deuxième confinement. Le repli des déclarations préalables à l’embauche et des offres d’emploi collectées en octobre et novembre perturbe la recherche d’emploi, mais dans de plus faibles proportions qu’au deuxième trimestre, où certains secteurs d’activité étaient à l’arrêt.

Pour autant, le recul des démarches de « recherche active d’un emploi » conduit les personnes à être comptabilisées dans le halo autour du chômage parce qu’elles ne remplissent plus ce critère permettant de définir et mesurer le nombre de chômeurs. Ainsi, le taux de chômage recule à nouveau au quatrième trimestre (– 1,2 point) pour s’établir à 7,2 % en Nouvelle-Aquitaine (8 % au niveau national).

Cette baisse est en partie « en trompe-l’œil ».

Contrairement au premier confinement, le nombre de demandeurs d’emploi (catégories A,B,C) est aussi en baisse au quatrième trimestre dans la région (– 2,0 %) alors qu’il avait bondi de 6,9 % au deuxième trimestre, marquant la subite difficulté à trouver un emploi et, en conséquence, à sortir des listes de Pôle emploi. Ainsi le recul des sorties est moins important en fin d’année 2020 (– 7 % contre – 27 % au printemps). En dépit de la diminution observée depuis le troisième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi progresse de 3,7 % sur un an en Nouvelle-Aquitaine (+ 4,5 % en France métropolitaine).

Avertissement sur le marché du travail

La situation des personnes sur le marché du travail a été fortement affectée depuis le début de la crise sanitaire (secteur d’activité à l’arrêt, contrainte de garde d’enfant par exemple). Pour être considéré comme chômeur, il faut être sans emploi, disponible pour travailler et avoir fait des démarches actives de recherche d’emploi. La baisse du chômage au sens du BIT ne traduit pas une amélioration du marché du travail mais un effet de confinement des personnes sans emploi. L'introduction de la déclaration sociale nominative (DSN) peut entraîner des révisions accrues sur les données, durant la phase de montée en charge du dispositif.

La santé des entreprises néo-aquitaines en suspens

Outre l’activité partielle permettant de limiter l’augmentation du chômage, les entreprises peuvent recourir à d’autres mesures d’aides publiques exceptionnelles pour faire face aux difficultés économiques : fonds de solidarité, délais de paiement d’échéances fiscales, prêts garantis par l’État, etc. En Nouvelle-Aquitaine, au cours de l’année 2020, près de 64 000 aides ont été accordées par le dispositif de garanties visant à faciliter l’accès au crédit bancaire et plus de 530 000 dans le cadre du fonds de solidarité État/Région venant en aide aux petites entreprises.

Les mesures d’urgence en faveur des entreprises ont sans doute contribué à ralentir les procédures de défaillances d’entreprises. D’une part, des amendements temporaires à la réglementation ont été instaurés dès le début de la crise, retardant les dates de caractérisation et d’enregistrement des cessations de paiement par les juridictions concernées. D’autre part, l’accès facilité à l’endettement et aux subventions ont bénéficié également à certaines entreprises, déjà affaiblies avant la crise. Dans ce contexte, la chute du nombre de défaillances enregistrées (– 40 % en cumul annuel en Nouvelle-Aquitaine, soit un niveau équivalent à la moyenne nationale), ne saurait véritablement refléter les difficultés économiques des entreprises régionales. D’ailleurs, les plus forts reculs de défaillances sur un an s’observent notamment dans des secteurs ayant bénéficié du dispositif des prêts garantis par l’État : construction et industrie (– 47 %), commerce (– 42 %).

Si les mesures d’urgence aident de nombreuses entreprises à survivre, leur viabilité à plus long terme dépend cependant de facteurs complémentaires. En effet, le risque pesant sur les entreprises endettées est qu’elles ne soient pas suffisamment robustes pour relancer leur activité le moment venu. C’est notamment à travers leurs investissements qu’elles pourraient se doter d’une capacité potentielle de croissance. Les données nationales montrent en ce sens, que l’investissement des entreprises non financières a diminué de 9,6 % en 2020 par rapport à son niveau de 2019. La crise sanitaire a intensifié les investissements en services, notamment ceux concernant les technologies numériques (logiciels informatiques par exemple) au détriment de ceux en produits manufacturés ou en construction, en raison de l’arrêt de l’activité dans ces secteurs durant le premier confinement.

 

Un dynamisme entrepreneurial en lien avec le contexte sanitaire

La vigueur économique régionale dépend par ailleurs de son dynamisme entrepreneurial (figure 3). Au quatrième trimestre, le nombre de créations d’entreprises augmente de 6 % en Nouvelle-Aquitaine (après le rebond de 46 % du trimestre précédent). Au total, en 2020, les créations progressent de 3,1 % dans la région par rapport à l’année précédente et de 4 % en France, un niveau record. En effet, des travailleurs affectés par une réduction ou une perte d’activité liée aux restrictions sanitaires ont pu être incités à créer leur propre emploi dans un contexte de contraction des embauches. De même, les jeunes particulièrement pénalisés par les tensions sur le marché du travail sont également susceptibles d’être attirés par la solution de l’entrepreneuriat. D’ailleurs, en 2020, la part des créateurs d’entreprises individuelles de moins de 30 ans en France atteint 41 %, en hausse de 3 points par rapport aux deux années précédentes. Cette proportion est même plus élevée parmi les micro-entrepreneurs.

Figure 3Créations d'entreprises

indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010
Créations d'entreprises (indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010)
Nouvelle-Aquitaine y compris micro-entrepreneurs France entière y compris micro-entrepreneurs
T4 2010 100 100
T1 2011 92,12 91,91
T2 2011 95,38 92,61
T3 2011 93,68 92,92
T4 2011 94,92 92,9
T1 2012 96,67 95,21
T2 2012 93,69 92,78
T3 2012 97,19 92,73
T4 2012 91,06 90,48
T1 2013 95,84 90,89
T2 2013 96,31 91,17
T3 2013 96,17 90,45
T4 2013 101,71 92,06
T1 2014 96,74 92,55
T2 2014 98,4 92,68
T3 2014 100,55 93,81
T4 2014 96,89 93,97
T1 2015 93,46 87,89
T2 2015 92,36 88,04
T3 2015 93,23 88,76
T4 2015 92,27 90,04
T1 2016 92,76 91,37
T2 2016 97,92 96,3
T3 2016 94,03 93,07
T4 2016 94,17 92,49
T1 2017 98,26 95,38
T2 2017 100,13 96,2
T3 2017 102,51 100,33
T4 2017 109,17 107,32
T1 2018 115,11 111,68
T2 2018 120,69 117,93
T3 2018 120,48 116,63
T4 2018 123,33 121,47
T1 2019 134,66 132,37
T2 2019 133,93 137
T3 2019 142,27 138,52
T4 2019 143,94 144,15
T1 2020 132,14 128,85
T2 2020 109,35 111,8
T3 2020 159,56 166,36
T4 2020 169,29 166,49
  • Note : données trimestrielles corrigées des variations saisonnières (CVS).
  • Champ : ensemble des activités marchandes hors agriculture.
  • Source : Insee, REE (Répertoire des Entreprises et des Établissements - Sirene).

Figure 3Créations d'entreprises

  • Note : données trimestrielles corrigées des variations saisonnières (CVS).
  • Champ : ensemble des activités marchandes hors agriculture.
  • Source : Insee, REE (Répertoire des Entreprises et des Établissements - Sirene).

De plus, la pandémie provoque des changements dans les comportements et les habitudes de consommation si bien que de nouveaux besoins apparaissent. En 2020, l’essor des micro-entrepreneurs en France est considérablement marqué dans les secteurs du transport-entreposage (+ 37 % par rapport à 2019) et de l’hébergement-restauration (+ 31 %), reflétant la recrudescence de la livraison à domicile et de la vente à emporter. Ces activités sont également celles pour lesquelles le rebond des créations d’entreprises en Nouvelle-Aquitaine (toutes catégories confondues) est le plus fort depuis le troisième trimestre. Ainsi l’augmentation de la proportion des micro-entreprises parmi les créations en 2020 (65 % en France, soit 3 points supplémentaires par rapport à 2019) peut conduire à relativiser le potentiel économique escompté vis-à-vis de ce dynamisme. En effet, l’intensification du recours à des travailleurs des plateformes numériques, dont beaucoup sont par exemple des livreurs exerçant comme micro-entrepreneurs, illustre la précarité que peuvent revêtir ces activités entrepreneuriales.

Encadré 1 - Contexte international – La reprise économique reste tributaire de la situation sanitaire

En 2020, la crise sanitaire a affecté l’ensemble des économies occidentales, en particulier les secteurs du commerce, des transports et de l’hébergement-restauration, provoquant un recul inédit de la consommation privée. Au quatrième trimestre, la production industrielle s’est maintenue, tandis que la consommation a davantage été affectée par le renforcement des mesures de restrictions (confinements et couvre-feux notamment). Le maintien de ces mesures en Europe depuis le début de l’année 2021 fait craindre une nouvelle baisse de l’activité dans les pays les plus touchés.

Encadré 2 - Contexte national – En France, la baisse d’activité économique liée au deuxième confinement a été plus limitée que prévu

Au quatrième trimestre 2020, le deuxième confinement a conduit à une baisse du PIB d’ampleur plus limitée que le premier (– 1,4 % par rapport au troisième trimestre), affectant surtout les secteurs les plus exposés aux mesures de restrictions (hébergement-restauration, transports, loisirs…). La consommation des ménages a davantage diminué (– 5,4 %), du fait de la fermeture des commerces « non-essentiels » en novembre et malgré le net rebond observé en décembre. Au total, en moyenne annuelle, le PIB français a diminué de 8,2 % en 2020.

Début 2021, le renforcement des mesures de restrictions (couvre-feu avancé à 18 h, fermetures de centres commerciaux, confinements locaux…) aurait limité la reprise de la consommation. La production industrielle a quant à elle à nouveau progressé en janvier, accentuant le contraste avec les services les plus affectés.

Publication rédigée par :Odile Pinol, Sébastien Brumaud, Gwenaël Delamarre, Laurent Zambon (Insee)