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Insee Première · Avril 2021 · n° 1850
Insee PremièreDes conséquences financières du premier confinement plus ou moins marquées selon les territoires

Annie Firlej, Émilie Pawlowski (Insee)

Un quart des personnes âgées de 15 ans ou plus considèrent que la situation financière de leur ménage s’est dégradée au cours du confinement du printemps 2020. Les départements où il y a le plus d’actifs sont les plus affectés. Les habitants d’Île-de-France, du pourtour méditerranéen, des Alpes, de Guadeloupe ou de l’Aisne, déclarent plus souvent une situation financière dégradée. D’une part, les personnes les plus modestes sont plus présentes dans ces départements, et elles ont été les plus touchées par la crise, et d’autre part, le tissu productif local est davantage tourné vers des activités à l’arrêt pendant le confinement, le tourisme notamment.

Les personnes déclarent plus souvent être passées par le chômage partiel ou technique entre le début du confinement et le mois de mai dans les départements ayant souffert de l’arrêt brutal du tourisme, tandis que le télétravail est plus fréquent en Île-de-France et dans les grandes métropoles.

À l'inverse, les habitants des départements du Centre et de l'Ouest du pays ressentent moins souvent une dégradation de leur situation financière du fait de la proportion importante des retraités, peu affectés par les répercussions économiques du confinement.

Un quart des enquêtés déclare une dégradation de sa situation financière à la suite du confinement

Du 17 mars au 11 mai 2020, la population a été confinée dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Les mesures exceptionnelles de soutien aux revenus, notamment le recours à l’activité partielle, ont permis d’amortir les conséquences pour les ménages. Néanmoins, les disparités sont marquées selon l’activité des personnes. L’enquête EpiCov (sources), dont la première vague a eu lieu en mai 2020, permet d’analyser les conséquences, notamment financières, de ce premier confinement.

En mai 2020, un quart des personnes âgées de 15 ans ou plus déclarent que la situation financière de leur ménage s’est dégradée depuis le début du confinement, tandis que pour les deux tiers, elle est restée stable. Au niveau départemental, les disparités sont marquées du fait des spécificités socio-économiques des territoires.

En Seine-Saint-Denis, un tiers des habitants déclare une dégradation de leur situation financière

La situation financière se dégrade plus souvent dans certains départements de l'Île-de-France, du Sud-Est, des Hauts-de-France mais aussi des Antilles (figure 1a). Cela concerne plus de 26 % des habitants en Haute-Corse, Guadeloupe, Val-de-Marne, Seine-et-Marne, Alpes-Maritimes et Bouches-du-Rhône, contre 23 % en moyenne nationale. En Seine-Saint-Denis, 34 % de la population subit une situation financière dégradée, soit la proportion la plus élevée de France.

À l’inverse, la situation financière des personnes vivant en Bretagne, dans les Pays-de-la-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté mais aussi en Nouvelle-Aquitaine et dans les départements auvergnats, s’est moins fréquemment dégradée (moins de 22 %). Dans les départements comme les Deux-Sèvres, l’Aveyron ou l’Ille-et-Vilaine, moins de 18 % des habitants sont concernés. L’Orne et le Finistère sont les départements où la situation financière des personnes s’est le moins souvent dégradée (au plus 17 %).

Dans les départements d’outre-mer concernés par l’enquête, les résultats sont contrastés. En Guadeloupe et Martinique, davantage de personnes déclarent une dégradation de la situation financière de leur ménage qu’en moyenne nationale (28 % et 25 %). La Guadeloupe est le troisième département le plus concerné après la Seine-Saint-Denis et la Haute-Corse. En revanche, les Réunionnais ont plus rarement déclaré une dégradation de leur situation financière (21 %).

Figure 1a - Part des personnes déclarant une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement

en %
Figure 1a - Part des personnes déclarant une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement (en %) - Lecture : en mai 2020, 34 % des personnes de Seine-Saint-Denis déclarent que leur niveau de vie a baissé depuis le début du confinement, contre 23 % en France.
Part
Ain 22,3
Aisne 25,6
Allier 19,2
Alpes-de-Haute-Provence 22,3
Hautes-Alpes 23,9
Alpes-Maritimes 26,7
Ardèche 23,8
Ardennes 20,8
Ariège 20,6
Aube 19,6
Aude 24,8
Aveyron 17,2
Bouches-du-Rhône 26,4
Calvados 21,6
Cantal 18,8
Charente 21,1
Charente-Maritime 21,3
Cher 19,0
Corrèze 22,9
Côte-d'Or 20,9
Côtes-d'Armor 17,2
Creuse 20,8
Dordogne 23,3
Doubs 21,1
Drôme 21,1
Eure 23,6
Eure-et-Loir 22,1
Finistère 17,0
Corse-du-Sud 23,9
Haute-Corse 28,5
Gard 24,4
Haute-Garonne 24,1
Gers 19,8
Gironde 25,2
Hérault 23,8
Ille-et-Vilaine 17,8
Indre 18,3
Indre-et-Loire 21,8
Isère 24,3
Jura 19,0
Landes 22,2
Loir-et-Cher 21,1
Loire 22,1
Haute-Loire 19,3
Loire-Atlantique 22,2
Loiret 23,2
Lot 19,8
Lot-et-Garonne 22,0
Lozère 18,7
Maine-et-Loire 17,9
Manche 18,4
Marne 21,3
Haute-Marne 19,5
Mayenne 21,0
Meurthe-et-Moselle 20,8
Meuse 22,3
Morbihan 19,6
Moselle 20,9
Nièvre 21,2
Nord 24,4
Oise 24,1
Orne 16,6
Pas-de-Calais 23,7
Puy-de-Dôme 20,3
Pyrénées-Atlantiques 21,3
Hautes-Pyrénées 17,5
Pyrénées-Orientales 23,2
Bas-Rhin 23,2
Haut-Rhin 23,8
Rhône 23,4
Haute-Saône 18,0
Saône-et-Loire 19,5
Sarthe 19,6
Savoie 24,6
Haute-Savoie 25,3
Paris 23,6
Seine-Maritime 22,8
Seine-et-Marne 27,0
Yvelines 22,3
Deux-Sèvres 17,1
Somme 20,4
Tarn 19,7
Tarn-et-Garonne 22,7
Var 24,9
Vaucluse 23,9
Vendée 21,1
Vienne 18,5
Haute-Vienne 22,1
Vosges 21,9
Yonne 22,3
Territoire de Belfort 20,2
Essonne 25,8
Hauts-de-Seine 22,9
Seine-Saint-Denis 33,9
Val-de-Marne 27,4
Val-d'Oise 24,5
Guadeloupe 28,2
Martinique 25,1
La Réunion 21,4
France 23,0
  • Lecture : en mai 2020, 34 % des personnes de Seine-Saint-Denis déclarent que leur niveau de vie a baissé depuis le début du confinement, contre 23 % en France.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1.

Figure 1a - Part des personnes déclarant une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement

  • Lecture : en mai 2020, 34 % des personnes de Seine-Saint-Denis déclarent que leur niveau de vie a baissé depuis le début du confinement, contre 23 % en France.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1.

Les départements avec plus de retraités ont été relativement épargnés

Les retraités ont été davantage épargnés par les conséquences financières du confinement puisque leurs pensions de retraites n’ont pas été impactées. Seuls 6 % des retraités déclarent que la situation financière de leur ménage s’est dégradée avec le premier confinement. Si les causes n’en sont pas connues, le revenu du conjoint pourrait avoir baissé, par exemple s’il était encore en activité. Les retraités, qui représentent 27 % des habitants de 15 ans ou plus du pays, sont inégalement répartis sur le territoire : dans la Creuse ou la Nièvre, ils représentent plus de 37 % de la population alors qu’ils ne dépassent pas le quart des habitants en Île-de-France, dans le Rhône ou en Haute-Garonne.

Dans les départements où la part des retraités est plus élevée, la situation financière des habitants s’est en général moins souvent dégradée qu’en moyenne nationale. Ainsi dans l’Orne, les Hautes-Pyrénées, les Côtes-d’Armor ou l’Aveyron où il y a beaucoup de retraités (plus de 34 % de la population), moins de 18 % des personnes déclarent avoir subi une dégradation de leur situation financière.

Hors retraités, 29 % des personnes déclarent que leur situation financière s’est dégradée. Les contrastes sont également marqués à l’échelle départementale (figure 1b). Pour six départements, au moins un tiers des personnes hors retraités ont le sentiment d’une dégradation de leur situation financière : l’Aisne, le Var, les Alpes-Maritimes et l’Aude, ainsi que la Seine-Saint-Denis et la Haute-Corse. C’était déjà le cas sur l’ensemble de la population en Seine-Saint-Denis et, dans une moindre mesure, en Haute-Corse. En revanche, dans l’Aude, où les retraités représentent un tiers de la population (34 %), le sentiment de dégradation augmente de 10 points quand on exclut les retraités (35 % contre 25 % ; figure 1c).

Les personnes qui étaient déjà les plus pauvres ont plus durement subi la crise

Les différences entre départements quant à la dégradation de la situation financière de leurs habitants peuvent s’expliquer par la part des personnes ayant un faible , et plus précisément inférieur au 1ᵉʳ . C’est le cas pour l’Aude, la Seine-Saint-Denis et, dans une moindre mesure, la Haute-Corse. En effet, la situation financière se dégrade d'autant plus que le niveau de vie était faible avant le confinement. Ainsi, parmi les 10 % de ménages les plus modestes (ceux dont le niveau de vie est inférieur au 1ᵉʳ décile), 35 % ont perçu une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement. Hors retraités, la situation financière se dégrade également d’autant plus que le niveau de vie était faible (figure 2).

Figure 2 - Part des personnes déclarant une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement selon le niveau de vie

en %
Figure 2 - Part des personnes déclarant une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement selon le niveau de vie (en %) - Lecture : en mai 2020, parmi les 10 % des ménages dont le niveau de vie est le plus faible, 35 % des personnes déclarent que leur niveau de vie a baissé depuis le début du confinement ; hors retraités, elles sont 38 %.
Niveau de vie du ménage Ensemble Hors retraités
Inférieur au 1ᵉʳ décile 34,8 37,9
Du 1ᵉʳ au 3ᵉ décile 29,7 35,2
Du 3ᵉ au 5ᵉ décile 23,5 30,3
Du 5ᵉ au 7ᵉ décile 19,9 26,6
Du 7ᵉ au 9ᵉ décile 16,1 22,1
Supérieur au 9ᵉ décile 15,5 20,9
  • Lecture : en mai 2020, parmi les 10 % des ménages dont le niveau de vie est le plus faible, 35 % des personnes déclarent que leur niveau de vie a baissé depuis le début du confinement ; hors retraités, elles sont 38 %.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1.

Figure 2 - Part des personnes déclarant une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement selon le niveau de vie

  • Lecture : en mai 2020, parmi les 10 % des ménages dont le niveau de vie est le plus faible, 35 % des personnes déclarent que leur niveau de vie a baissé depuis le début du confinement ; hors retraités, elles sont 38 %.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1.

Recours fréquent au chômage partiel et dégradation de la situation financière vont souvent de pair

En général, la situation financière s’est plus souvent dégradée dans les départements où le recours au total est plus fréquent entre mi-mars et mai (figure 3). En effet, pour les salariés concernés, les mesures de chômage partiel ne compensent pas toujours les baisses de salaires. Par ailleurs, un fort recours à ce dernier témoigne d’un ralentissement économique plus marqué sur le territoire. Parmi les départements où le recours au chômage partiel ou technique total a été le plus important (supérieur à 19 %, contre 16 % en moyenne nationale), la part de personnes déclarant une dégradation de leur situation financière est supérieure au niveau national (Aisne, Alpes-Maritimes, Savoie et Seine-Saint-Denis) ou proche (Corrèze, Ardennes et Corse-du-Sud).

Au sein de l’Île-de-France, à Paris, dans les Hauts-de-Seine et dans les Yvelines, la situation financière des personnes hors retraités s’est moins souvent dégradée qu’au niveau national. Dans ces départements, outre une part importante de ménages aisés, le recours massif au télétravail exclusif pendant le premier confinement (à Paris, 65 % des personnes ont exclusivement télétravaillé la semaine précédant l’enquête, 60 % dans les Hauts-de-Seine et 47 % dans les Yvelines) a pu limiter les baisses de revenu (encadré 1). En revanche, la situation est différente dans l’Est francilien. La Seine-Saint-Denis est le département où la dégradation de la situation financière a été la plus fréquente (encadré 2). En Essonne, dans le Val-de-Marne et en Seine-et-Marne, ce sentiment chez les non retraités est moins marqué mais reste plus élevé qu’au niveau national (environ 32 % contre 29 %). Dans ces trois départements, comme dans l’Ouest francilien, la part de personnes en emploi est relativement élevée, mais elles ont davantage été totalement au chômage partiel ou technique entre mi-mars et mai. En Seine-et-Marne, où le poids du secteur des parcs d’attractions est important, les restrictions liées au confinement ont pu accentuer le recours au chômage partiel.

Figure 3 - Part de personnes passées totalement par le chômage partiel lors du premier confinement

en %
Figure 3 - Part de personnes passées totalement par le chômage partiel lors du premier confinement (en %) - Lecture : en mai 2020, 23 % des personnes de Seine-Saint-Denis en emploi avant le confinement déclarent être passées totalement par un dispositif de chômage partiel ou technique, contre 16 % en France.
Part
Ain 14,6
Aisne 19,8
Allier 18,7
Alpes-de-Haute-Provence 9,3
Hautes-Alpes 17,9
Alpes-Maritimes 19,9
Ardèche 12,2
Ardennes 20,2
Ariège 14,8
Aube 15,9
Aude 18,1
Aveyron 12,6
Bouches-du-Rhône 15,0
Calvados 17,3
Cantal 13,1
Charente 11,1
Charente-Maritime 15,6
Cher 12,6
Corrèze 19,3
Côte-d'Or 14,4
Côtes-d'Armor 11,5
Creuse 11,5
Dordogne 16,8
Doubs 16,9
Drôme 14,3
Eure 11,6
Eure-et-Loir 16,2
Finistère 12,7
Corse-du-Sud 20,5
Haute-Corse 15,3
Gard 17,9
Haute-Garonne 14,8
Gers 12,9
Gironde 14,3
Hérault 15,5
Ille-et-Vilaine 14,0
Indre 14,2
Indre-et-Loire 14,9
Isère 15,6
Jura 13,2
Landes 16,1
Loir-et-Cher 13,3
Loire 17,0
Haute-Loire 10,0
Loire-Atlantique 15,5
Loiret 14,0
Lot 10,3
Lot-et-Garonne 13,9
Lozère 10,5
Maine-et-Loire 14,0
Manche 13,3
Marne 14,4
Haute-Marne 12,5
Mayenne 13,7
Meurthe-et-Moselle 13,3
Meuse 17,5
Morbihan 12,5
Moselle 15,1
Nièvre 11,9
Nord 18,2
Oise 15,9
Orne 14,5
Pas-de-Calais 17,3
Puy-de-Dôme 15,0
Pyrénées-Atlantiques 16,9
Hautes-Pyrénées 15,6
Pyrénées-Orientales 13,9
Bas-Rhin 17,7
Haut-Rhin 17,8
Rhône 13,6
Haute-Saône 13,6
Saône-et-Loire 14,0
Sarthe 12,4
Savoie 20,0
Haute-Savoie 17,3
Paris 13,2
Seine-Maritime 14,3
Seine-et-Marne 17,3
Yvelines 12,5
Deux-Sèvres 12,9
Somme 14,0
Tarn 13,8
Tarn-et-Garonne 18,6
Var 16,5
Vaucluse 17,6
Vendée 15,4
Vienne 15,6
Haute-Vienne 14,2
Vosges 16,2
Yonne 18,8
Territoire de Belfort 15,9
Essonne 17,4
Hauts-de-Seine 14,0
Seine-Saint-Denis 22,5
Val-de-Marne 16,8
Val-d'Oise 18,4
Guadeloupe 14,9
Martinique 11,9
La Réunion 17,6
France 15,5
  • Lecture : en mai 2020, 23 % des personnes de Seine-Saint-Denis en emploi avant le confinement déclarent être passées totalement par un dispositif de chômage partiel ou technique, contre 16 % en France.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus en emploi au début du confinement, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1.

Figure 3 - Part de personnes passées totalement par le chômage partiel lors du premier confinement

  • Lecture : en mai 2020, 23 % des personnes de Seine-Saint-Denis en emploi avant le confinement déclarent être passées totalement par un dispositif de chômage partiel ou technique, contre 16 % en France.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus en emploi au début du confinement, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1.

Dans les Alpes et le Sud, les habitants subissent l’arrêt du tourisme

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans tous les départements à l’exception des Alpes-de-Haute-Provence, la situation financière du ménage des enquêtés s’est plus souvent dégradée qu’au niveau national (pour plus de 30 % des habitants non retraités). Dans les Alpes-Maritimes, le Var, le Vaucluse et les Hautes-Alpes, départements où le tourisme est particulièrement important dans l’économie locale, le passage par le chômage partiel total pendant le premier confinement a été fréquent : de 17 % dans le Var à 20 % dans les Alpes-Maritimes. Dans les Bouches-du-Rhône, malgré un recours plus faible au chômage partiel (15 %) et davantage au télétravail, 33 % des personnes hors retraités ont perçu une dégradation de leur situation financière ; cette dégradation s’expliquerait plutôt par une forte proportion de personnes vivant dans un ménage situé sous le 1ᵉʳ décile de niveau de vie.

En Savoie et en Haute-Savoie, la saison touristique d’hiver a été interrompue brutalement avec le début du confinement et la fermeture des stations de ski. Ainsi, une personne sur trois, hors retraités, déclare que sa situation financière s’est dégradée. Dans ces départements, la part de personnes vivant dans un ménage situé sous le 1ᵉʳ décile de niveau de vie est faible mais le recours au chômage partiel total a été important pendant le premier confinement (respectivement 20 % et 17 %).

Dans les Hauts-de-France, la situation est contrastée selon les départements. Dans quatre départements sur cinq, la situation financière des personnes non retraitées se dégrade comme en moyenne nationale, voire moins souvent dans la Somme. L’Aisne se démarque du reste de la région avec 33 % de personnes hors retraités ayant perçu une dégradation de leur situation financière. Dans ce département, le passage au chômage partiel total a été plus élevé que dans le reste de la région. Par ailleurs, les personnes vivant dans un ménage sous le 3ᵉ décile de niveau de vie sont surreprésentées.

En Bretagne, la part des personnes ayant déclaré une dégradation de leur situation financière est plus faible qu’au niveau national. En Ille-et-Vilaine et dans le Finistère, où moins d’un quart des personnes non retraitées ont déclaré une dégradation de leur situation financière, les niveaux de vie intermédiaires sont surreprésentés, et les personnes à bas revenus sous-représentées.

Encadré 1 - Un essor très contrasté du télétravail

Le confinement du printemps 2020 a généré de fortes mutations dans les conditions de travail, en particulier avec l’essor du télétravail. La semaine précédant l’enquête, 44 % des personnes en emploi déclarent avoir télétravaillé (28 % exclusivement et 16 % partiellement). Les disparités entre départements sont fortes puisque 8 % des personnes en emploi ont exclusivement télétravaillé dans l’Orne contre 65 % à Paris (figure). D’une manière générale, le recours au télétravail dépend très fortement de la nature de l’activité. Ainsi, au niveau national, 57 % des cadres ont exclusivement télétravaillé pendant le premier confinement, tandis que cette situation est rare chez les ouvriers et concerne moins de 30 % des employés et professions intermédiaires.

Hors Île-de-France, le recours au télétravail est logiquement plus élevé dans les départements incluant des métropoles (Rhône, Gironde, Haute-Garonne, Loire-Atlantique et dans une moindre mesure, Isère, Bouches-du-Rhône, Nord, Ille-et-Vilaine, Bas-Rhin). Ces taux restent toutefois en général inférieurs à ceux de l’Île-de-France : parmi les 10 départements où le télétravail a été le plus fréquent, 7 appartiennent à la région capitale. Dans deux d’entre eux (Paris et les Hauts-de-Seine), plus de la moitié des personnes en emploi ont télétravaillé.

Figure encadré 1 - Part des personnes déclarant avoir exclusivement télétravaillé

en %
Figure encadré 1 - Part des personnes déclarant avoir exclusivement télétravaillé (en %) - Lecture : en mai 2020, à Paris, 65 % des personnes qui avaient travaillé la semaine précédant l’enquête déclarent avoir télétravaillé, contre 28 % en France.
Part
Ain 23,8
Aisne 19,8
Allier 12,7
Alpes-de-Haute-Provence 23,4
Hautes-Alpes 16,5
Alpes-Maritimes 26,4
Ardèche 20,8
Ardennes 18,3
Ariège 14,2
Aube 21,8
Aude 17,1
Aveyron 12,4
Bouches-du-Rhône 29,0
Calvados 17,6
Cantal 9,8
Charente 13,9
Charente-Maritime 20,4
Cher 13,8
Corrèze 13,5
Côte-d'Or 22,4
Côtes-d'Armor 15,2
Creuse 13,9
Dordogne 12,7
Doubs 17,9
Drôme 19,6
Eure 15,7
Eure-et-Loir 19,7
Finistère 21,0
Corse-du-Sud 16,7
Haute-Corse 13,5
Gard 18,4
Haute-Garonne 39,6
Gers 18,8
Gironde 31,9
Hérault 31,5
Ille-et-Vilaine 29,8
Indre 15,3
Indre-et-Loire 26,0
Isère 28,1
Jura 17,2
Landes 13,2
Loir-et-Cher 17,5
Loire 18,8
Haute-Loire 15,3
Loire-Atlantique 34,1
Loiret 28,0
Lot 14,7
Lot-et-Garonne 11,0
Lozère 16,4
Maine-et-Loire 17,5
Manche 17,9
Marne 22,4
Haute-Marne 16,4
Mayenne 16,3
Meurthe-et-Moselle 25,9
Meuse 15,2
Morbihan 16,4
Moselle 24,4
Nièvre 14,8
Nord 28,1
Oise 24,3
Orne 8,3
Pas-de-Calais 17,9
Puy-de-Dôme 22,4
Pyrénées-Atlantiques 19,0
Hautes-Pyrénées 20,0
Pyrénées-Orientales 19,7
Bas-Rhin 25,9
Haut-Rhin 22,4
Rhône 38,2
Haute-Saône 14,1
Saône-et-Loire 14,1
Sarthe 15,6
Savoie 20,1
Haute-Savoie 21,9
Paris 64,9
Seine-Maritime 23,0
Seine-et-Marne 33,8
Yvelines 47,3
Deux-Sèvres 16,0
Somme 20,5
Tarn 17,7
Tarn-et-Garonne 17,1
Var 16,4
Vaucluse 19,4
Vendée 15,0
Vienne 17,9
Haute-Vienne 19,7
Vosges 14,1
Yonne 15,4
Territoire de Belfort 30,9
Essonne 38,7
Hauts-de-Seine 59,6
Seine-Saint-Denis 38,2
Val-de-Marne 48,6
Val-d'Oise 37,2
Guadeloupe 19,1
Martinique 15,6
La Réunion 17,2
France 28,1
  • Lecture : en mai 2020, à Paris, 65 % des personnes qui avaient travaillé la semaine précédant l’enquête déclarent avoir télétravaillé, contre 28 % en France.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus ayant travaillé au moins une heure la semaine précédant l’enquête, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1.

Figure encadré 1 - Part des personnes déclarant avoir exclusivement télétravaillé

  • Lecture : en mai 2020, à Paris, 65 % des personnes qui avaient travaillé la semaine précédant l’enquête déclarent avoir télétravaillé, contre 28 % en France.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus ayant travaillé au moins une heure la semaine précédant l’enquête, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1.

Encadré 2 - Des conséquences financières peu liées à la situation sanitaire

Les conséquences financières du premier confinement de la population ont été plus diffuses que les conséquences sanitaires. En effet, les restrictions de mobilité et donc d’activité ont concerné de manière identique tout le pays. Certains départements, peu affectés sur le plan sanitaire, ont été touchés par les conséquences économiques du confinement (Haute-Corse, Alpes-Maritimes). À l’inverse, dans le Haut-Rhin, malgré une situation sanitaire dégradée, la part de personnes ayant un sentiment de dégradation de leur situation financière est proche du niveau national (figure). La Seine-Saint-Denis a été impactée à la fois par un nombre de décès important et une dégradation de la situation financière plus forte qu’ailleurs.

Figure encadré 2 – Nombre de décès pendant l'épisode de Covid-19 du printemps 2020 rapporté à celui de la période de référence

Figure encadré 2 – Nombre de décès pendant l'épisode de Covid-19 du printemps 2020 rapporté à celui de la période de référence - Lecture : dans l’Ain, le nombre de décès a augmenté de 27 % pendant la Covid-19 au printemps 2020 par rapport à la moyenne sur la même période entre 2016 et 2019 (période de référence).
Ratio de surmortalité Covid-19
Ain 1,27
Aisne 1,45
Allier 0,98
Alpes-de-Haute-Provence 0,99
Hautes-Alpes 0,96
Alpes-Maritimes 1,11
Ardèche 1,29
Ardennes 1,10
Ariège 0,93
Aube 1,16
Aude 1,12
Aveyron 1,06
Bouches-du-Rhône 1,25
Calvados 1,03
Cantal 1,02
Charente 0,99
Charente-Maritime 1,01
Cher 1,12
Corrèze 0,98
Côte-d'Or 1,36
Côtes-d'Armor 1,02
Creuse 1,02
Dordogne 0,97
Doubs 1,55
Drôme 1,22
Eure 1,22
Eure-et-Loir 1,26
Finistère 0,99
Corse-du-Sud 1,25
Haute-Corse 0,99
Gard 1,10
Haute-Garonne 1,05
Gers 1,07
Gironde 1,04
Hérault 1,14
Ille-et-Vilaine 1,00
Indre 1,30
Indre-et-Loire 1,05
Isère 1,16
Jura 1,27
Landes 0,99
Loir-et-Cher 1,14
Loire 1,26
Haute-Loire 0,95
Loire-Atlantique 1,13
Loiret 1,11
Lot 1,13
Lot-et-Garonne 1,07
Lozère 0,91
Maine-et-Loire 1,11
Manche 1,05
Marne 1,38
Haute-Marne 1,38
Mayenne 1,11
Meurthe-et-Moselle 1,33
Meuse 1,36
Morbihan 1,08
Moselle 1,60
Nièvre 1,12
Nord 1,19
Oise 1,57
Orne 1,10
Pas-de-Calais 1,13
Puy-de-Dôme 1,04
Pyrénées-Atlantiques 1,00
Hautes-Pyrénées 1,08
Pyrénées-Orientales 1,08
Bas-Rhin 1,69
Haut-Rhin 2,35
Rhône 1,48
Haute-Saône 1,35
Saône-et-Loire 1,17
Sarthe 1,12
Savoie 1,20
Haute-Savoie 1,36
Paris 1,92
Seine-Maritime 1,13
Seine-et-Marne 1,63
Yvelines 1,74
Deux-Sèvres 1,10
Somme 1,30
Tarn 0,99
Tarn-et-Garonne 0,90
Var 1,13
Vaucluse 1,02
Vendée 1,04
Vienne 1,05
Haute-Vienne 0,97
Vosges 1,66
Yonne 1,11
Territoire de Belfort 1,74
Essonne 1,89
Hauts-de-Seine 2,03
Seine-Saint-Denis 2,31
Val-de-Marne 2,03
Val-d'Oise 2,10
  • Notes :
  • - le nombre de décès observés pendant l’évènement est rapporté à la moyenne des décès sur la même période pendant les quatre années précédentes ;
  • - les données 2019 et 2020 sont provisoires.
  • Lecture : dans l’Ain, le nombre de décès a augmenté de 27 % pendant la Covid-19 au printemps 2020 par rapport à la moyenne sur la même période entre 2016 et 2019 (période de référence).
  • Champ : France métropolitaine, décès répertoriés à la commune de résidence, survenus entre le 10 mars et le 8 mai (Covid-19, années 2016 à 2020).
  • Source : Insee, statistiques de l’État civil 2016-2020, fichier du 9 juillet 2020.

Figure encadré 2 – Nombre de décès pendant l'épisode de Covid-19 du printemps 2020 rapporté à celui de la période de référence

  • Notes :
  • - le nombre de décès observés pendant l’évènement est rapporté à la moyenne des décès sur la même période pendant les quatre années précédentes ;
  • - les données 2019 et 2020 sont provisoires.
  • Lecture : dans l’Ain, le nombre de décès a augmenté de 27 % pendant la Covid-19 au printemps 2020 par rapport à la moyenne sur la même période entre 2016 et 2019 (période de référence).
  • Champ : France métropolitaine, décès répertoriés à la commune de résidence, survenus entre le 10 mars et le 8 mai (Covid-19, années 2016 à 2020).
  • Source : Insee, statistiques de l’État civil 2016-2020, fichier du 9 juillet 2020.
Publication rédigée par :Annie Firlej, Émilie Pawlowski (Insee)

Sources

L’enquête Épidémiologie et conditions de vie (EpiCov) a été mise en place par la Drees, l’Inserm, Santé Publique France et l’Insee dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Son objectif est double : estimer la dynamique de l’épidémie à un niveau national et départemental, et étudier l’effet du confinement et de l’épidémie sur les conditions de vie. La première vague de l’enquête s’est déroulée entre le 2 mai et le 2 juin 2020, à cheval entre le confinement de la population et le début du déconfinement. 135 000 personnes âgées de 15 ans ou plus au 1ᵉʳ janvier 2020, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Martinique, en Guadeloupe et à la Réunion, ont été sélectionnées dans la base Fidéli 2018 de l’Insee et interrogées. L’enquête s’est déroulée principalement sur Internet mais aussi par téléphone : le recours à ce second mode permettant d’augmenter le taux de participation et d’interroger des personnes sans accès Internet ou en ayant un usage limité, et d’assurer ainsi la représentativité des réponses recueillies. Les niveaux de vie sont connus grâce à la base Fidéli.

L’enquête comprend des questions détaillées sur la situation vis-à-vis de l’emploi (notamment sur l’activité partielle), les conditions de travail, en particulier le recours au télétravail et le temps de travail. Afin de réduire le temps de passation de l’enquête, certaines questions, comme celles portant sur l’évolution ressentie du temps de travail, n’ont été posées qu’à environ 10 % des enquêtés. Ce sous-échantillon reste représentatif de la population cible, mais la précision de la mesure sur ces questions peut être plus faible.

Définitions

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage. Les unités de consommation sont généralement calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’OCDE modifiée qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Si on ordonne la distribution des niveaux de vie, les déciles sont les valeurs qui partagent cette distribution en dix parties égales. Ainsi, le premier décile est le niveau de vie au-dessous duquel se situent 10 % des niveaux de vie ; le neuvième décile est le niveau de vie au-dessous duquel se situent 90 % des niveaux de vie.

Le chômage partiel ou technique est un dispositif qui permet à l’employeur en difficulté de faire prendre en charge tout ou partie du coût de la rémunération des salariés. Pour réduire les conséquences économiques liées à la crise sanitaire, le décret n° 2020-325 du 25 mars 2020 relatif à l’activité partielle a largement étendu la possibilité de recours à ce dispositif, réduit le délai d’acceptation et augmenté l’allocation compensatrice versée aux entreprises. Pendant la période de confinement, un salarié en activité partielle percevait au minimum 70 % de sa rémunération brute (environ 84 % du salaire net), sans que ce montant puisse être inférieur au Smic. Ici, sont prises en compte les personnes s’étant déclarées au moins en partie au chômage partiel ou technique (certaines pouvant l’être totalement).