Insee Analyses NormandieLes moteurs de la croissance démographique normande à l’arrêt entre 2013 et 2018

Jonathan Brendler, Camille Hurard (Insee)

Au 1ᵉʳ janvier 2018, la population normande atteint 3 327 477 habitants et affiche une quasi-stabilité entre 2013 et 2018, le léger excédent naturel étant compensé par un déficit migratoire de même ampleur. Cette stagnation succède à une période de faible croissance démographique entre 2008 et 2013. Sous l’effet d’une diminution de l’excédent du solde naturel, certains départements normands subissent un ralentissement de leur croissance au fil de la décennie 2008-2018, d’autres une accélération de leur recul démographique. La démographie relativement dynamique des petites communes entre 2008 et 2013 s’est ensuite estompée tandis que le déclin démographique des plus grandes communes s’est atténué. Les trajectoires démographiques communales observées pendant cette décennie font apparaître des ruptures territoriales marquées au sein de la région.

Insee Analyses Normandie
No 89
Paru le :Paru le29/12/2020
Jonathan Brendler, Camille Hurard (Insee)
Insee Analyses Normandie No 89- Décembre 2020

ERRATUM : le 21/04/2021, des corrections ont été apportées au paragraphe "Un déclin qui s'amoindrit dans les grandes communes, une croissance qui s'étiole dans les petites"

Avec 3 327 477 habitants au 1ᵉʳ janvier 2018, la Normandie se classe au 10ᵉ rang (sur 13) des régions les plus peuplées de France métropolitaine. Au cours de la période 2013-2018, sa population (sources) affiche une quasi-stabilité (- 0,01 %, soit - 177 habitants, par an en moyenne). La région perd d’ailleurs un rang au profit de la Bretagne par rapport à 2013. La Normandie figure ainsi - avec Centre-Val de Loire (+ 0,02 %), Grand Est (- 0,01 %) et Bourgogne-Franche-Comté (- 0,09 %) - parmi les régions les moins dynamiques en termes d’évolution démographique (figure 1), cette stagnation faisant suite à une période de faible croissance démographique (+ 0,2 % par an entre 2008 et 2013). Ce ralentissement de la croissance démographique au cours de la décennie apparaît dans la plupart des régions métropolitaines (pour en savoir plus) et s’explique principalement, en Normandie comme ailleurs, par un affaiblissement du . L’excédent des naissances sur les décès ne contribue plus qu’à 0,1 point de croissance de la population normande entre 2013 et 2018, contre 0,3 point sur la période 2008-2013. L’évolution de la population se trouve de surcroît pénalisée par un qui reste négatif.

Figure 1Un faible dynamisme démographique à l’image des autres régions limitrophes de l’Île-de-FranceÉvolution annuelle moyenne de la population entre 2008 et 2013, et entre 2013 et 2018, par région

en %
Un faible dynamisme démographique à l’image des autres régions limitrophes de l’Île-de-France (en %)
Code région Région Évolution annuelle moyenne de la population entre 2008 et 2013 Évolution annuelle moyenne de la population entre 2013 et 2018
11 Île-de-France +0,5 +0,4
24 Centre-Val de Loire +0,3 0,0
27 Bourgogne-Franche-Comté +0,1 -0,1
28 Normandie +0,2 0,0
32 Hauts-de-France +0,2 +0,1
44 Grand Est +0,1 0,0
52 Pays de la Loire +0,8 +0,7
53 Bretagne +0,7 +0,5
75 Nouvelle-Aquitaine +0,6 +0,5
76 Occitanie +1,0 +0,7
84 Auvergne-Rhône-Alpes +0,8 +0,6
93 Provence-Alpes-Côte d'Azur +0,3 +0,4
94 Corse +1,1 +1,1
  • Sources : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018

Figure 1Un faible dynamisme démographique à l’image des autres régions limitrophes de l’Île-de-FranceÉvolution annuelle moyenne de la population entre 2008 et 2013, et entre 2013 et 2018, par région

  • Sources : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018

Un ralentissement démographique dans tous les départements normands

L’atonie de la croissance démographique normande se décline dans chacun de ses départements. Tous subissent un ralentissement de leur croissance entre 2008 et 2018, voire une accélération de leur recul démographique (l’Orne mais aussi la Manche), principalement sous l’effet d’une baisse du solde naturel (figure 2). En Seine-Maritime, de loin le département le plus peuplé de Normandie avec 1 255 883 habitants, la population stagne entre 2013 et 2018 (+ 255 habitants par an en moyenne) après avoir légèrement progressé entre 2008 et 2013 (+ 1 206 habitants par an). Le Calvados, deuxième département le plus peuplé avec 694 056 habitants connaît une évolution parallèle et sa population augmente de 931 habitants par an entre 2013 et 2018 quand il en gagnait 2 344 au cours de la période 2008-2013. Dans l’Eure, la population atteint 599 962 habitants ; la croissance est en net ralentissement sous l’effet conjoint d’un affaiblissement du solde naturel et d’une inversion du solde migratoire qui devient négatif sur la période 2013-2018. Ce département ne gagne plus que 984 habitants par an entre 2013 et 2018 contre 3 591 par an au cours des cinq années précédant cette période. L’Eure demeure cependant le département normand le plus dynamique démographiquement. Dans la Manche, peuplée de 495 983 habitants, le déclin démographique s’est amorcé avec une perte de 896 habitants par an entre 2013 et 2018 tandis qu’il en gagnait 601 sur la période 2008-2013. Ce déclin se renforce dans l’Orne, perdant en moyenne 1 451 habitants par an entre 2013 et 2018 (contre 687 au cours de la période 2008-2013), pour atteindre 281 593 habitants. Le recul démographique observé dans la Manche et son accélération dans l’Orne s’expliquent principalement par le solde naturel devenu déficitaire, alors qu’il était encore à l’équilibre au cours des cinq années précédentes.

Figure 2La contribution du solde naturel en diminution dans les cinq départements normandsPopulation en 2018, évolution annuelle moyenne de la population par département entre 2008 et 2013, et entre 2013 et 2018, et contributions à l’évolution du solde naturel et du solde migratoire apparent

La contribution du solde naturel en diminution dans les cinq départements normands
Population au 1er janvier 2018 Rang parmi les territoires métropolitains Évolution du rang entre 2008 et 2018 Évolution annuelle moyenne de la population (en %) Dont contribution du solde naturel (en %) Dont contribution du solde migratoire apparent (en %)
2013-2018 2008-2013 2013-2018 2008-2013 2013-2018 2008-2013
Calvados 694 056 33 = +0,1 +0,3 +0,1 +0,3 0,0 0,0
Eure 599 962 41 +1 +0,2 +0,6 +0,3 +0,5 -0,1 +0,2
Manche 495 983 52 -1 -0,2 +0,1 -0,2 0,0 0,0 +0,1
Orne 281 593 73 = -0,5 -0,2 -0,2 0,0 -0,3 -0,2
Seine-Maritime 1 255 883 16 -3 0,0 +0,1 +0,3 +0,4 -0,2 -0,3
Normandie 3 327 477 10 -1 0,0 +0,2 +0,1 +0,3 -0,1 -0,1
France métropolitaine 64 844 037 // // +0,4 +0,5 +0,3 +0,4 +0,1 +0,1
  • Avertissement : les taux de variation sont arrondis au plus près de leurs valeurs réelles. La somme des taux dus aux soldes naturels et migratoires peut être de fait légèrement différente du taux de variation de la population. On parle de hausse si le taux de variation de la population est supérieur ou égal à 0,2 %, de baisse si le taux est inférieur ou égal à - 0,2 %, de stabilité relative si le taux est égal à - 0,1 %, 0,0 % ou 0,1 %.
  • Sources : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018, État civil

Un déclin qui s’amoindrit dans les grandes communes, une croissance qui s’étiole dans les petites

La Normandie rassemble 2 652 communes au 1ᵉʳ janvier 2020. Les trois quarts d’entre elles sont peuplées de moins de 1 000 habitants, au sein desquelles réside un Normand sur cinq. À l’opposé, seulement quatorze communes normandes ont plus de 20 000 habitants, lesquelles représentent également un cinquième de la population normande. Ces grandes communes connaissent, dans l’ensemble, un recul démographique depuis le milieu des années 1970. Ce recul se prolonge au cours de la période 2013-2018, mais à un rythme plus faible que celui observé pendant la période précédente (- 0,3 % par an contre - 0,5 % ; figure 3), la contribution du déficit migratoire diminuant sensiblement. La population normande étant quasi constante entre 2013 et 2018, cet affaiblissement du recul démographique dans les grandes communes a pour contrepartie un amoindrissement du rythme de croissance des plus petites communes, voire d’un creusement de leur déficit. Les communes de moins de 1 000 habitants, dont la population progressait dans l’ensemble à un rythme soutenu entre 2008 et 2013, connaissent désormais une progression plus modérée voire une stagnation pour les plus petites d’entre elles, principalement sous l’effet d’une inversion du solde migratoire qui devient déficitaire après avoir été largement excédentaire. Dans les communes de 1 000 à 20 000 habitants, on observe un ralentissement de moindre ampleur résultant principalement d’un affaiblissement du solde naturel, les plus grandes d’entre elles (10 000 habitants ou plus) basculant même dans une période de déclin démographique.

Figure 3Au cours de la période récente, des évolutions moins liées à la taille des communesÉvolution annuelle moyenne de la population des communes entre 2008 et 2013, et entre 2013 et 2018, et contributions à l’évolution du solde naturel et du solde migratoire apparent, en fonction de leur taille en 2008

Au cours de la période récente, des évolutions moins liées à la taille des communes
Taille Nombre de communes Part de la population en 2018 (en %) Évolution annuelle moyenne de la population (en %) Dont contribution du solde naturel (en %) Dont contribution du solde migratoire apparent (en %)
2013-2018 2008-2013 2013-2018 2008-2013 2013-2018 2008-2013
[0, 500[ 1 438 11,1 +0,0 +0,9 +0,4 +0,5 -0,3 +0,4
[500, 1 000[ 591 12,3 +0,2 +0,8 +0,3 +0,4 -0,1 +0,4
[1 000, 2 000[ 335 13,8 +0,4 +0,6 +0,1 +0,3 +0,3 +0,4
[2 000, 5 000[ 196 18,3 +0,1 +0,4 -0,2 +0,0 +0,3 +0,4
[5 000, 10 000[ 50 11,0 -0,1 +0,1 +0,0 +0,2 -0,1 -0,1
[10 000, 20 000[ 28 11,2 -0,2 -0,1 +0,0 +0,2 -0,2 -0,4
[20 000,… 14 22,2 -0,3 -0,5 +0,3 +0,5 -0,6 -1,0
Ensemble 2 652 100,0 +0,0 +0,2 +0,1 +0,3 -0,1 -0,1
  • Sources : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018, État civil

Certaines communes périphériques de grands pôles régionaux renouent avec la croissance démographique

Dans l’ensemble, les 42 communes normandes de plus de 10 000 habitants connaissent un recul démographique qui continue de s’affirmer au cours de la période récente. Le Havre, de loin la commune la plus peuplée de Normandie avec 169 733 habitants, affiche entre 2013 et 2018 une baisse de moindre ampleur qu’au cours de la période précédente, qui s’explique par une diminution du déficit migratoire (figure 4). La population de Rouen, qui s’établit à 111 360 habitants, progresse faiblement au cours de la décennie et affiche une quasi-stagnation sur la période la plus récente, l’effet modéré du solde naturel étant contrebalancé par un déficit migratoire de même ampleur. La commune de Caen, troisième plus peuplée avec 105 512 habitants, après une baisse affirmée pendant les années 2008-2013, connaît une baisse plus modérée au cours de la période récente. Parallèlement à ces évolutions, on observe un regain démographique dans certaines communes de leurs banlieues respectives, souvent dû à un affaiblissement du déficit migratoire voire une inversion du solde : Sotteville-lès-Rouen, Hérouville-Saint-Clair, Mont-Saint-Aignan, Bois-Guillaume, etc. D’autres communes, plutôt en position de « ville-centre » de leur agglomération, affichent en revanche une déprise assez nette : à Évreux, cinquième commune la plus peuplée avec 46 707 habitants, le déclin démographique s’accélère, ainsi qu’à Fécamp, Vire Normandie, Elbeuf, etc.

Figure 4Un quart des communes de plus de 10 000 habitants est en progression démographique sur la période 2013-2018Population et évolution de la population, entre 2008 et 2018, des communes de plus de 10 000 habitants

Un quart des communes de plus de 10 000 habitants est en progression démographique sur la période 2013-2018
Département / commune Population au 1er janvier 2018 Rang régional Évolution du rang régional entre 2008 et 2018 Évolution annuelle moyenne de la population (en %) Dont contribution du solde naturel (en %) Dont contribution du solde migratoire apparent (en %)
2013-2018 2008-2013 2013-2018 2008-2013 2013-2018 2008-2013
Calvados
Caen 105 512 3 -1 -0,3 -0,5 +0,2 +0,3 -0,6 -0,8
Hérouville-Saint-Clair 22 638 12 = +1,1 -0,8 +0,7 +1,1 +0,4 -1,9
Lisieux 20 171 14 -1 -0,9 -0,9 -0,3 +0,1 -0,6 -1,0
Vire Normandie 16 885 19 -1 -1,2 -0,6 -0,5 -0,2 -0,7 -0,4
Bayeux 13 017 27 -1 -1,3 +0,6 -0,4 -0,1 -0,8 +0,7
Ifs 11 567 34 +2 +0,1 +1,2 +0,5 +0,9 -0,3 +0,3
Eure
Évreux 46 707 5 = -1,2 -0,4 +0,6 +0,9 -1,9 -1,3
Vernon 23 777 11 = -0,2 -0,8 +0,5 +0,7 -0,8 -1,4
Louviers 18 348 17 +2 +0,4 -0,2 +0,2 +0,4 +0,2 -0,5
Val-de-Reuil 13 114 26 -1 +0,2 -1,1 +1,4 +1,4 -1,2 -2,5
Gisors 11 674 31 = +0,8 -0,8 -0,1 +0,1 +0,9 -1,0
Pont-Audemer 10 120 41 = -1,2 +1,2 -0,6 -0,3 -0,6 +1,5
Manche
Cherbourg-en-Cotentin 79 144 4 = -0,5 -0,8 0,0 +0,2 -0,4 -1,0
Saint-Lô 19 024 16 +1 -0,3 +0,2 -0,2 0,0 -0,1 +0,2
Granville 12 567 28 -1 -0,8 0,0 -1,0 -0,8 +0,2 +0,8
La Hague 11 387 35 -3 -0,9 +0,4 +0,3 +0,6 -1,2 -0,2
Avranches 10 246 38 = +0,1 -0,4 -0,4 -0,3 +0,6 -0,1
Carentan-les-Marais 10 084 42 -3 -0,2 -0,2 -0,3 -0,2 +0,1 0,0
Orne
Alençon 25 775 9 = -0,4 -1,0 0,0 +0,3 -0,5 -1,2
Flers 14 779 22 = 0,0 -1,2 -0,2 +0,1 +0,2 -1,3
Argentan 13 730 25 -1 -0,3 -0,8 -0,2 +0,1 -0,1 -0,9
Seine-Maritime
Le Havre 169 733 1 = -0,3 -0,8 +0,3 +0,5 -0,6 -1,2
Rouen 111 360 2 +1 +0,1 +0,2 +0,5 +0,6 -0,4 -0,4
Sotteville-lès-Rouen 28 958 6 +1 +0,2 -0,9 +0,2 +0,2 0,0 -1,1
Dieppe 28 561 7 -1 -1,1 -2,1 -0,4 -0,2 -0,7 -1,9
Saint-Étienne-du-Rouvray 28 500 8 = -0,2 +0,5 +0,7 +0,7 -0,9 -0,2
Le Grand-Quevilly 25 771 10 = +0,6 -0,7 +0,1 +0,2 +0,5 -0,9
Le Petit-Quevilly 22 291 13 +1 -0,1 +0,5 +0,9 +0,9 -1,1 -0,4
Mont-Saint-Aignan 19 262 15 = +0,1 -0,8 -0,1 0,0 +0,2 -0,9
Fécamp 18 251 18 -2 -1,2 -0,1 -0,4 0,0 -0,8 -0,1
Elbeuf 16 205 20 = -1,3 +0,2 +0,6 +0,9 -1,9 -0,7
Montivilliers 15 564 21 = -0,8 -0,1 0,0 +0,4 -0,8 -0,5
Bois-Guillaume 14 309 23 +5 +1,9 +0,1 -0,3 -0,1 +2,2 +0,2
Canteleu 14 244 24 -1 -0,5 -0,3 +0,7 +0,9 -1,2 -1,2
Barentin 12 211 29 = +0,4 -0,6 +0,2 +0,6 +0,2 -1,2
Oissel 12 102 30 +5 +1,0 -0,1 +0,4 +0,6 +0,6 -0,7
Yvetot 11 627 32 +1 -0,4 +0,4 -0,4 -0,2 0,0 +0,6
Bolbec 11 605 33 -3 +0,1 -0,4 +0,1 +0,4 0,0 -0,8
Maromme 10 730 36 -2 -0,8 -0,7 +0,3 +0,5 -1,1 -1,2
Déville-lès-Rouen 10 461 37 +3 +0,3 +0,1 +0,5 +0,5 -0,2 -0,4
Port-Jérôme-sur-Seine 10 157 39 +5 +1,2 -0,1 +0,3 +0,3 +0,9 -0,3
Caudebec-lès-Elbeuf 10 156 40 +3 0,0 +1,1 +0,1 +0,1 -0,1 +1,1
  • Avertissement : les taux de variation sont arrondis au plus près de leurs valeurs réelles. La somme des taux dus aux soldes naturels et migratoires peut être de fait légèrement différente du taux de variation de la population. On parle de hausse si le taux de variation de la population est supérieur ou égal à 0,2 %, de baisse si le taux est inférieur ou égal à - 0,2 %, de stabilité relative si le taux est égal à - 0,1 %, 0,0 % ou 0,1 %.
  • Sources : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018, État civil

Des trajectoires démographiques qui illustrent les clivages territoriaux au sein de la région

Un regard sur les évolutions de population au cours des périodes 2008-2013 et 2013-2018 révèle des ruptures territoriales assez nettes au sein de la Normandie. Les communes connaissant des phases de croissance successives forment des « paquets » territoriaux autour des communes de Caen, Évreux, et Cherbourg-en-Cotentin, mais aussi au nord-ouest de l’Eure et au sud-ouest de la Manche, etc. (figure 5). De même, celles qui connaissent des baisses successives de leur population pendant ces deux périodes sont concentrées dans le sud-est et sud-ouest de l’Orne, etc.

Figure 5Autant de communes en croissance que de communes en baisse de population entre 2013 et 2018Type d’évolution observée entre 2008 et 2018

  • Avertissement : Les taux de variation sont arrondis au plus près de leurs valeurs réelles. On parle de hausse si le taux de variation de la population est supérieur ou égal à 0,2 %, de baisse si le taux est inférieur ou égal à - 0,2 %, de stabilité relative si le taux est égal à - 0,1 %, 0,0 % ou 0,1 %.
  • Sources : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018

Encadré : une forte recomposition de la carte communale en Normandie en moins d’une décennie

La Normandie a connu, au cours de la période récente, une profonde modification de sa géographie communale. Un grand nombre de , issues de regroupements de communes, a émergé. En corollaire, le nombre de communes a nettement diminué, passant de 3 232 en 2010 à 2 652 en 2020. La Normandie et les Pays-de-la-Loire sont, de loin, les régions qui connaissent la plus forte diminution du nombre de communes (- 18 % dans ces deux régions contre - 5 % à 0 % dans les autres régions de France métropolitaine). Ces fusions permettent souvent d’assembler des communes de petite taille comme dans le cas de Mesnil-en-Ouche (Eure) ou de Gouffern en Auge (Orne). Parfois des communes de petite taille viennent s’ajouter à une commune de taille importante comme dans le cas de Vire Normandie (Calvados) ou de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime). L’agrégation de plusieurs communes de taille importante comme dans le cas de Cherbourg-en-Cotentin (Manche) reste assez exceptionnelle. En conséquence de ces fusions, la taille des communes progresse fortement en Normandie passant de 1 019 habitants en moyenne en 2008 à 1 255 habitants en 2018 et la médiane de 375 à 448. La distribution de la taille des communes en Normandie se rapproche de la distribution observée dans l’ensemble des régions de France de province, notamment par une nette diminution du nombre de communes de moins de 500 habitants qui représentent en 2018 une part équivalente à la moyenne nationale.

Entre 2008 et 2018, la taille des communes normandes augmente sous l’effet des fusionsRépartition de la taille des communes normandes en 2008 et en 2018 (en %) et écart à la France de province (en point)

Entre 2008 et 2018, la taille des communes normandes augmente sous l’effet des fusions
2008 2018 Écart à la France de province 2008 Écart à la France de province 2018
[0, 500[ 61,20 54,22 4,74 0,34
[500, 1 000[ 21,16 22,29 2,20 3,29
[1 000, 2 000[ 10,18 12,63 -1,95 -0,38
[2 000, 5 000[ 4,86 7,39 -3,13 -1,58
[5 000, 10 000[ 1,39 1,89 -1,25 -1,21
[10 000, 20 000[ 0,74 1,06 -0,35 -0,18
[20 000,… 0,46 0,53 -0,26 -0,28
  • Sources : Insee, recensements de la population 2008 et 2018

Entre 2008 et 2018, la taille des communes normandes augmente sous l’effet des fusionsRépartition de la taille des communes normandes en 2008 et en 2018 (en %) et écart à la France de province (en point)

  • Sources : Insee, recensements de la population 2008 et 2018

Sources

Cette étude s’appuie sur les populations communales, dites « populations municipales légales », issues des recensements de la population réalisés par l’Insee, en partenariat avec les communes, en date de référence au 1ᵉʳ janvier 2018, au 1ᵉʳ janvier 2013 et au 1ᵉʳ janvier 2008.

Le concept de population municipale est défini par le décret n°2003-485 publié au Journal officiel du 8 juin 2003, relatif au recensement de la population. La population municipale comprend les personnes ayant leur résidence habituelle (au sens du décret) sur le territoire de la commune, dans un logement ou une communauté, les personnes détenues dans les établissements pénitentiaires de la commune, les personnes sans-abri recensées sur le territoire de la commune et les personnes résidant habituellement dans une habitation mobile recensée sur le territoire de la commune. Les données de population au 1ᵉʳ janvier 2018 dans les limites territoriales des communes existant au 1ᵉʳ janvier 2020 seront officielles dès leur authentification par décret. Ces populations officielles entrent en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2021.

Afin d’améliorer la prise en compte de la multi résidence, notamment pour les enfants en résidence partagée, le questionnaire du recensement de la population a évolué en 2018. La croissance de population mesurée entre 2013 et 2018 est ainsi affectée d’un très léger effet questionnaire, qui est négligeable sur cette période (Insee, note technique, 2020).

Les statistiques de l’état civil sur les naissances et les décès sont issues d’une exploitation des informations transmises par les mairies à l’Insee.

Définitions

Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.

Le solde migratoire apparent est la différence entre le nombre de personnes entrées sur un territoire donné et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de la période considérée. Il est obtenu par différence entre la variation totale de la population au cours de la période considérée et le solde naturel.

La création de commune nouvelle a été prévue par la loi du 16 décembre 2010 de réforme territoriale afin de permettre une fusion plus simple des communes et de mieux lutter contre l’émiettement communal. Une commune nouvelle peut être créée à l’initiative :

  • de tous les conseils municipaux des communes fusionnées ;
  • des deux tiers des conseils municipaux des communes d’un même établissement public de coopération intercommunale (EPCI), à la condition qu’ils représentent plus des deux tiers de la population totale ;
  • de l’organe délibérant de l’EPCI à fiscalité propre en vue de la création d’une commune nouvelle en lieu et place de toutes ses communes membres ;
  • du préfet.

Pour en savoir plus

Vallès V. (service Recensement national de la population, Insee), « Le dynamisme démographique faiblit entre 2013 et 2018, avec la dégradation du solde naturel », Insee Focus n°221, décembre 2020

Poupet C., Roger P., « Bilan démographique 2019 : la population normande diminue », Insee Analyses Normandie n°82, septembre 2020

Hurard C., Mura B., « Une croissance démographique au ralenti en Normandie entre 2012 et 2017 », Insee Flash Normandie n°74, décembre 2019

« Rénovation du questionnaire du recensement de la population 2018. Méthode d’estimation de l’effet questionnaire à partir des enquêtes annuelles de recensement », Insee, note technique, janvier 2020