Services aux entreprises : un emploi sur huit du secteur marchand
Les services aux entreprises forment un ensemble d’activités en expansion qui représentent un emploi sur huit du secteur marchand dans la région Grand Est. Leur poids est toutefois moindre et leur croissance moins forte qu’au niveau national. Les travailleurs des services aux entreprises dans le Grand Est sont majoritairement des salariés employés ou ouvriers.
Nettoyage des bâtiments, activités juridiques et comptables, services liés à la sécurité, programmation et conseil informatique, activités liées à l’emploi, architecture, études et analyses techniques, publicité, location de véhicules, conseil de gestion… le secteur des « services aux entreprises » regroupe des activités de service hétérogènes dont le point commun est un chiffre d'affaires provenant en majorité des ventes de produits à des entreprises ou des administrations.
Ces activités représentent 157 000 salariés dans la région Grand Est en 2017, soit 12,5 % de l’emploi salarié marchand. Plus de la moitié travaillent dans des établissements dont l’activité principale consiste à fournir des services administratifs et de soutien. Les activités spécialisées, scientifiques et techniques regroupent quant à elles un tiers des salariés du secteur et les activités informatiques 9 %.
La taille des unités productives varie fortement entre ces trois sous-secteurs. Ainsi, les salariés des petites et moyennes entreprises sont minoritaires dans les services administratifs et de soutien et les services informatiques tandis qu’ils représentent plus des deux tiers des effectifs des activités spécialisées, scientifiques et techniques, au sein desquelles exercent en outre de nombreux travailleurs indépendants (encadré).
Un secteur sous-représenté dans la région
Les services aux entreprises sont sous-représentés dans la région : leur poids dans l’emploi salarié de la sphère marchande y est en effet inférieur de 1,5 point au niveau de la province et de 4,6 points à celui de la métropole. L’Île-de-France se démarque nettement des autres régions, avec 24 % des salariés employés par les établissements de ce secteur.
Le poids des services aux entreprises est relativement faible dans le Grand Est parce que les activités relevant de l’informatique et des activités spécialisées, scientifiques et techniques sont globalement sous-représentées dans la région (figure 1). Les services informatiques, en particulier, ne regroupent que 9 % des salariés relevant des services aux entreprises contre 14 % à l’échelle de la province. De ce fait, leur poids régional dans l’emploi marchand est près de deux fois moindre qu’en moyenne métropolitaine hors Île-de-France. En revanche, les services administratifs et de soutien sont légèrement surreprésentés dans la région, principalement du fait du poids important des services d’entretien des bâtiments.
tableauFigure 1 – La plupart des activités des services aux entreprises sont sous-représentées dans le Grand EstTaille et spécificité des différents sous-secteurs constitutifs des services aux entreprises du Grand Est
Secteur | Effectif Grand Est | Indice de spécificité sectoriel | Position |
---|---|---|---|
Informatique | 13 900 | 0,59 | 1 |
Activités juridiques et comptables | 20 200 | 0,99 | 1 |
Conseil de gestion | 5 200 | 0,64 | 1 |
Activ architect ingénierie contrôle tech | 20 300 | 0,74 | 1 |
Publicité et études de marché | 6 400 | 0,80 | 1 |
Activités de location | 6 400 | 0,91 | 1 |
Act. liées à l'emploi | 11 500 | 0,98 | 1 |
Enquêtes et sécurité | 11 500 | 1,03 | 1 |
Services bâtiments aménagement paysager | 44 800 | 1,08 | 1 |
Act. administ activ soutien entreprises | 17 200 | 0,99 | 1 |
- Lecture : dans la région Grand Est en 2017, 45 000 salariés travaillent dans des établissements dont l’activité principale relève des services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager. Ces activités sont donc surreprésentées dans la région : leur effectif représente 3,6 % des emplois salariés de la région, soit une proportion 10 % supérieure à la moyenne française hors Île-de-France (indice de spécificité de 1,1). À l’inverse, les activités informatiques sont sous-représentées dans le Grand Est (indice de spécificité de 0,6).
- Champ : ensemble des emplois salariés hors intérim (y c. postes annexes) présents au 31 décembre 2017 dans les établissements relevant du secteur marchand.
- Source : Insee, Flores 2017.
graphiqueFigure 1 – La plupart des activités des services aux entreprises sont sous-représentées dans le Grand EstTaille et spécificité des différents sous-secteurs constitutifs des services aux entreprises du Grand Est

- Lecture : dans la région Grand Est en 2017, 45 000 salariés travaillent dans des établissements dont l’activité principale relève des services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager. Ces activités sont donc surreprésentées dans la région : leur effectif représente 3,6 % des emplois salariés de la région, soit une proportion 10 % supérieure à la moyenne française hors Île-de-France (indice de spécificité de 1,1). À l’inverse, les activités informatiques sont sous-représentées dans le Grand Est (indice de spécificité de 0,6).
- Champ : ensemble des emplois salariés hors intérim (y c. postes annexes) présents au 31 décembre 2017 dans les établissements relevant du secteur marchand.
- Source : Insee, Flores 2017.
Une majorité d’ouvriers et d’employés
Cette répartition de l’emploi spécifique à la région explique en partie pourquoi, comparés à leurs homologues de province, les salariés des services aux entreprises du Grand Est exercent plus fréquemment un emploi d’ouvrier ou d’employé (+ 8 points). En effet, les services administratifs et de soutien se singularisent au sein de l’ensemble du secteur avec une très forte proportion d’employés et d’ouvriers parmi les salariés (figure 2). Les femmes y sont majoritaires (58 % des salariés). La rémunération des salariés exerçant ces professions est souvent relativement faible, notamment du fait de la fréquence des temps partiels et des contrats de courte durée — en moyenne, le salaire effectivement perçu est même inférieur au salaire minimum pour un temps plein. Dans les établissements dont l’activité principale appartient aux activités spécialisées, scientifiques et techniques et surtout aux activités informatiques, les emplois de cadres et de professions intermédiaires sont les plus fréquents.
tableauFigure 2 – Des employés et des ouvriers très majoritaires dans les activités qui comptent le plus d’emploisCatégorie socio-professionnelle des salariés des sous-secteurs constitutifs des services aux entreprises du Grand Est
Employés ou ouvriers | Professions intermédiaires | Cadres, professions intellectuelles sup. | Autres | |
---|---|---|---|---|
Informatique | 2 400 | 3 500 | 7 700 | 300 |
Activités spécialisées | 23 800 | 13 200 | 14 000 | 1 100 |
Services administratifs et de soutien | 79 200 | 7 100 | 4 500 | 600 |
- Lecture : parmi les 91 000 salariés des services administratifs et de soutien, 79 000 relèvent de la catégorie socioprofessionnelle des employés ou des ouvriers, 7 000 des professions intermédiaires et 5 000 des cadres.
- Champ : Grand Est, ensemble des emplois salariés hors intérim (y c. postes annexes) présents au 31 décembre 2017 dans les établissements relevant du secteur marchand.
- Source : Insee, Flores 2017.
graphiqueFigure 2 – Des employés et des ouvriers très majoritaires dans les activités qui comptent le plus d’emploisCatégorie socio-professionnelle des salariés des sous-secteurs constitutifs des services aux entreprises du Grand Est

- Lecture : parmi les 91 000 salariés des services administratifs et de soutien, 79 000 relèvent de la catégorie socioprofessionnelle des employés ou des ouvriers, 7 000 des professions intermédiaires et 5 000 des cadres.
- Champ : Grand Est, ensemble des emplois salariés hors intérim (y c. postes annexes) présents au 31 décembre 2017 dans les établissements relevant du secteur marchand.
- Source : Insee, Flores 2017.
Des activités dynamiques et polarisées
De 2008 à 2017, dans un contexte régional de net recul de l’emploi salarié marchand, les effectifs des établissements du secteur des services aux entreprises sont en croissance, à un rythme toutefois sensiblement plus faible que la moyenne de la métropole hors Île-de-France. Dans le Grand Est comme ailleurs, les activités de services aux entreprises se concentrent dans les zones où l’activité économique est la plus importante. Les zones d’emploi de Strasbourg, Nancy, Metz, Mulhouse et Reims rassemblent ainsi les deux tiers des salariés du secteur, contre la moitié des salariés tous secteurs confondus. Or, dans le cas des activités spécialisées, scientifiques et techniques et surtout des activités informatiques, la concentration spatiale de l’activité tend à se renforcer. Ainsi, pour ces activités, la zone d’emploi de Strasbourg contribue à elle seule pour moitié à l’augmentation de l’effectif salarié des établissements de la région entre 2008 et 2017.
Cependant ces évolutions ne sont pas uniformes. La domination des zones les plus peuplées n’empêche pas un dynamisme prononcé des services aux entreprises dans des zones d’emplois plus petites comme Forbach, Épernay — croissance des établissements offrant des services de nettoyage, liés à des grands groupes ou à des PME dynamiques — ou Romilly-sur-Seine avec une croissance des activités spécialisées. De même, selon les activités, l’emploi salarié des établissements est en hausse — édition de logiciels, programmation, comptabilité, centres d’appels — ou en baisse — publicité, architecture, nettoyage courant des bâtiments, activités juridiques. Dans ces deux derniers cas, le léger repli des effectifs salariés contraste avec le dynamisme de l’emploi non salarié.
Encadré - L’emploi non salarié dans les services aux entreprises
Les services aux entreprises représentent 12 % de l’emploi non salarié de la région contre 15 % en province. Parmi ces 22 000 travailleurs indépendants, 40 % sont micro-entrepreneurs. La majorité exerce des métiers relevant des activités juridiques, du conseil de gestion et de l’architecture et l’ingénierie. Près d’un cinquième cumulent leur activité avec un emploi salarié, exercé dans le même secteur ou non.
Dans l’ensemble, l’emploi non salarié croît plus rapidement que l’emploi salarié au cours de la période récente et ceci est particulièrement vrai pour les services aux entreprises, y compris dans certaines activités où le travail non salarié reste très minoritaire comme le nettoyage.
Sources
Les données concernant la situation de l’emploi salarié en 2017 ont été obtenues à partir du Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores). Cette nouvelle source repose pour l’heure principalement et à terme exclusivement sur les informations contenues dans les déclarations sociales nominatives (DSN) complétées chaque mois par les employeurs. Elle se substitue à compter du millésime 2017 aux données issues du dispositif Connaissance localisée de l’appareil productif (Clap), constituées à partir des déclarations annuelles de données sociales (DADS). Les niveaux des effectifs salariés en 2008 ayant servi de base aux analyses en évolution sont issus de ce dernier dispositif. Un travail de réconciliation des sources Clap et Flores a été mené à l’occasion de la constitution d’une base de données permettant l’analyse de la démographie des entreprises et des établissements.
Les chiffres concernant l’emploi non salarié proviennent quant à eux de données mises à disposition par l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss). Ceux relatifs à la taille des entreprises sont issus du répertoire des entreprises et des établissements Sirene et de la base de données Liaisons financières (Lifi).
Définitions
Dans le cadre de cette étude, les « services aux entreprises » sont les activités couvertes par la définition européenne des business services et les activités relevant de la section N (activités de services administratifs et de soutien) de la Nomenclature des activités françaises (Naf rév. 2), sauf la division 79 (activités des agences de voyage et voyagistes). Le secteur des services aux entreprises tel qu’il est défini ici peut être divisé en trois grands sous-ensembles que sont les activités informatiques, les activités spécialisées, scientifiques et techniques et enfin les services administratifs et de soutien (cf. figure), conformément au découpage retenu dans la Naf rév. 2.
Secteur | Effectifs |
---|---|
Édition de logiciels | 2 430 |
Programmation, conseil et autres activités informatiques | 9 830 |
Traitement et hébergement de données ; portails Internet | 1 680 |
Activités juridiques | 7 560 |
Activités comptables | 12 660 |
Conseil de gestion | 5 190 |
Activités d'architecture et d'ingénierie | 14 290 |
Activités de contrôle et analyses techniques | 5 990 |
Publicité | 6 050 |
Études de marché et sondages | 380 |
Location et location-bail de véhicules automobiles | 1 060 |
Location et location-bail de biens personnels et domestiques | 2 890 |
Location et location-bail d'autres machines, équipements et biens | 2 380 |
Location-bail de propriété intellectuelle et de produits similaires | 40 |
Activités des agences de placement de main-d'œuvre | 540 |
Activités des agences de travail temporaire | 3 160 |
Autre mise à disposition de ressources humaines | 7 820 |
Activités de sécurité privée | 10 580 |
Activités liées aux systèmes de sécurité | 870 |
Activités d'enquête | 10 |
Activités combinées de soutien lié aux bâtiments | 70 |
Activités de nettoyage | 40 650 |
Services d'aménagement paysager | 4 130 |
Activités administratives | 4 930 |
Activités de centres d'appels | 4 280 |
Organisation de salons professionnels et congrès | 1 070 |
Autres activités de soutien aux entreprises | 6 950 |
- Lecture : dans le Grand Est, les activités de nettoyage employaient fin 2017 près de 41 000 salariés, hors intérimaires.
- Champ : Grand Est, ensemble des emplois salariés hors intérim (y c. postes annexes) présents au 31 décembre 2017 dans les établissements relevant du secteur marchand.
- Source : Insee, Flores 2017.

- Lecture : dans le Grand Est, les activités de nettoyage employaient fin 2017 près de 41 000 salariés, hors intérimaires.
- Champ : Grand Est, ensemble des emplois salariés hors intérim (y c. postes annexes) présents au 31 décembre 2017 dans les établissements relevant du secteur marchand.
- Source : Insee, Flores 2017.
C’est pour mieux identifier les activités correspondant effectivement à des services aux entreprises que cette étude mobilise une définition spécifique de ces activités. En effet la notion de services aux entreprises la plus souvent utilisée dans les publications de l’Insee couvre l’ensemble des « activités spécialisées, scientifiques et techniques » et des « activités administratives et de soutien » des sections M et N de la Naf. Or cette définition standard inclut certaines activités davantage orientées vers les particuliers que vers les entreprises (vétérinaires, agences de voyage…), des activités tournées vers des besoins internes aux entreprises (activités des sièges sociaux) ou encore des activités très spécifiques (recherche et développement). La définition standard laisse en revanche de côté d’autres activités qui réalisent une large majorité de leur chiffre d’affaires auprès d’une clientèle constituée d’entreprises.
La définition des business services au sens d’Eurostat est inspirée du concept de knowledge intensive business services (KIBS) issu des travaux d’économistes et de gestionnaires. Les KIBS regroupent, comme leur nom l’indique, des activités impliquant la prestation de services « intensifs en connaissance » principalement destinés aux entreprises ou aux administrations. Sont visées certaines activités informatiques issues de la section J de la Naf, la plupart des activités spécialisées, scientifiques et techniques (section M) hormis les activités des sièges sociaux, de recherche-développement et les activités vétérinaires, et enfin les activités liées à l’emploi (section N, division 78). Pour tenir compte de la diversité des services aux entreprises et se rapprocher de la définition la plus souvent retenue à l’Insee, les services administratifs et de soutien de la section N de la Naf autres que les activités des agences de voyage (division 79) sont ajoutés à la définition européenne.
Le secteur des services aux entreprises ainsi défini rassemble un ensemble de groupes d’activités, au sens du niveau A272 de la Naf rév. 2 (figure), dont le chiffre d’affaires provient à plus de 80 % des ventes aux entreprises ou aux administrations, à l’exception des activités juridiques (groupe 691) et des activités de location et location-bail de biens personnels et domestiques (groupe 772). Un autre trait distinctif de cet ensemble de groupes d’activités est le poids important des frais de personnels dans la valeur ajoutée, celui-ci s’élevant à au moins 75 % pour la plupart des activités, hormis là aussi les activités juridiques et certaines activités plus capitalistiques comme les activités de location et location-bail (division 77). Ces données proviennent des fiches sectorielles issues du dispositif d'Élaboration des statistiques annuelles d’entreprise (Esane).
Références :
- Eurostat, « Ouvrir dans un nouvel ongletGlossary: Business Services », 2013
- Insee, Fiches sectorielles – 2017, secteur des services, niveau groupe, mai 2020
Champ
La mesure de l’emploi effectuée dans le cadre de cette étude se limite aux activités relevant du secteur marchand. Les travailleurs intérimaires ne sont pas pris en compte. Les salariés disposant d’un poste dit « annexe », c’est-à-dire faisant l’objet d’un contrat court, d’une rémunération limitée et/ou d’un temps très partiel sont pris en compte s’ils sont présents dans l’établissement au 31 décembre 2017, mais sont en revanche exclus des analyses en évolution.
Pour en savoir plus
Andrieux V. et alii, « Les ventes des entreprises en services marchands restent très dynamiques en 2019, avant de chuter au printemps 2020 », Insee Première, n°1807, juillet 2020
Clément L. et alii, « La région n’a pas retrouvé son niveau d’avant-crise », Insee conjoncture Grand Est, n°24, octobre 2020
Insee, « Une économie diminuée », Note de conjoncture, 6 octobre 2020
Souquet C., « Services aux entreprises : une reprise en 2014 », Insee Focus, n°47, 2015
Souquet C. et Geay M., « Le secteur du nettoyage », Insee Première, n°1690, 2018