Insee Flash Hauts-de-FranceL’industrie : un quart d’emploi en moins en 10 ans Les grands secteurs économiques des Hauts-de-France

Virginie Gamblin (Insee)

Dans les Hauts-de-France, l’industrie emploie 245 000 personnes, soit près de 12 % des actifs occupés de la région. Le secteur, notamment spécialisé dans la métallurgie et l’industrie automobile, a perdu plus d’un quart de ses effectifs en 10 ans. Il reste néanmoins très présent dans le Valenciennois et le Dunkerquois.

Insee Flash Hauts-de-France
No 105
Paru le :Paru le28/09/2020
Virginie Gamblin (Insee)
Insee Flash Hauts-de-France No 105- Septembre 2020

Cette étude fait partie d'une série de publications sur les grands secteurs économiques des Hauts-de-France des Hauts-de-France.

245 000 actifs travaillent dans l’industrie

En 2016, le secteur de l’industrie (hors industrie agroalimentaire) emploie 245 000 salariés dans les Hauts-de-France, soit 11,6 % des actifs occupés qui résident dans la région. C’est 1,5 point de plus qu’au niveau national, même si ce poids est plutôt modéré comparé à d’autres régions de province, Bourgogne-Franche-Comté en tête (figure 1). Entre 2006 et 2016, le secteur a perdu plus d’un quart de ses effectifs (– 26,4 %), soit le plus fort recul enregistré en métropole. Cela s’explique notamment par une spécialisation des activités industrielles dans la région marquée par la métallurgie et l’automobile et soumises à une intense concurrence internationale (encadré).

Figure 111,6 % des actifs de la région travaillent dans l’industriePart de l’industrie dans l’ensemble des actifs occupés par région de France métropolitaine en 2016

11,6 % des actifs de la région travaillent dans l’industrie - Lecture : dans les Hauts-de-France, en 2016, 11,6 % des actifs occupés travaillent dans le secteur de l’industrie. Leur nombre, 245 000 en 2016, a baissé de 26 % en 10 ans. Les cercles sont proportionnels aux effectifs du secteur dans la région.
Région Actifs occupés du secteur dans la région Part du secteur dans l’emploi de la région (en %) Évolution brute des emplois du secteur dans la région entre 2006 et 2016 (en %)
Île-de-France 383 300 6,7 -22,1
Centre-Val de Loire 131 804 13,5 -21,1
Bourgogne-Franche-Comté 151 650 14,1 -24,8
Normandie 165 620 13,0 -20,5
Hauts-de-France 244 437 11,6 -26,4
Grand Est 274 869 13,3 -23,3
Pays de la Loire 188 017 12,4 -14,6
Bretagne 105 911 8,1 -15,3
Nouvelle-Aquitaine 215 714 9,3 -17,1
Occitanie 179 204 8,2 -7,5
Auvergne-Rhône-Alpes 421 136 13,2 -17,0
Provence-Alpes-Côte d'Azur 132 410 7,0 -9,3
Corse 4 583 3,5 13,6
  • Lecture : dans les Hauts-de-France, en 2016, 11,6 % des actifs occupés travaillent dans le secteur de l’industrie. Leur nombre, 245 000 en 2016, a baissé de 26 % en 10 ans. Les cercles sont proportionnels aux effectifs du secteur dans la région.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

Figure 111,6 % des actifs de la région travaillent dans l’industriePart de l’industrie dans l’ensemble des actifs occupés par région de France métropolitaine en 2016

  • Lecture : dans les Hauts-de-France, en 2016, 11,6 % des actifs occupés travaillent dans le secteur de l’industrie. Leur nombre, 245 000 en 2016, a baissé de 26 % en 10 ans. Les cercles sont proportionnels aux effectifs du secteur dans la région.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

Des ouvriers plus nombreux et un peu plus qualifiés

Dans les Hauts-de-France, les ouvriers représentent la moitié des effectifs de l’industrie (51 %, contre 46 % en moyenne en province), avec une proportion d’hommes supérieure à la moyenne nationale. En effet, le secteur est davantage spécialisé dans des activités peu féminisées.

Les actifs du secteur sont presque tous salariés (96,6 %), titulaires d’un CDI/CDD (respectivement 89,4 % et 4,4 %) et travaillent à temps complet. Ils sont aussi moins souvent diplômés de l’enseignement supérieur. Ils perçoivent en moyenne 14,88 € net de l’heure, soit 1 € de moins qu’en province, mais cette rémunération est supérieure à celle des salariés autres secteurs économiques de la région, avec comme ailleurs de fortes disparités. Les salaires varient ainsi de 12,55 € dans l’industrie du textile et de l’habillement à 20,92 € dans les activités de cokéfaction-raffinage.

Figure 2Un secteur peu féminiséCaractéristiques des actifs travaillant dans le secteur de l’industrie en Hauts-de-France et en province

Un secteur peu féminisé
Hauts-de-France Moyenne des régions de province
Industrie Ensemble des secteurs Industrie
Taux de féminisation des emplois (%) 21,5 48,0 25,7
Part des actifs âgés de 25 à moins de 40 ans (%) 34,0 44,7 32,7
Part des actifs de plus de 55 ans (%) 14,5 14,9 15,2
Part des artisans, commerçants, chefs d’entreprise (%) 2,8 5,3 4,3
Part des cadres (%) 12,9 13,8 16,2
-dont cadres d’entreprises (%) 9,0 3,2 11,7
Part des professions intermédiaires (%) 27,5 25,9 29,1
Part des ouvriers (%) 51,0 24,4 44,0
-dont ouvriers qualifiés (%) 31,3 14,3 26,7
-dont ouvriers spécialisés (%) 19,7 9,3 17,1
Part des actifs sans diplôme (%) 17,8 16,6 14,8
Part des actifs diplômés du supérieur (%) 29,1 36,4 33,9
Part des salariés (%) 96,6 90,7 94,7
Part des actifs en CDI/CDD (%) 93,8 75,9 92,1
Part des actifs à temps complet (%) 96,6 81,5 94,7
  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

D’importants établissements dans l’industrie automobile

L’industrie regroupe un peu plus de 17 000 établissements dans la région. La moitié d’entre eux sont non-employeurs et relèvent de l’artisanat.

Les 8 300 établissements employeurs de la région comptent en moyenne 30 salariés (contre 25 en province). C’est dans les Hauts-de-France que l’industrie ferroviaire emploie le plus de personnes et la région est également la 3e en volume d’emploi dans l’industrie automobile. Ainsi, la plupart des établissements comptant le plus de salariés exercent leur activité dans ces secteurs : Toyota et Peugeot-Citroën près de Valenciennes, Renault près de Douai, ou encore la Française de Mécanique à Béthune pour l’automobile, Bombardier et Alstom près de Valenciennes pour l’industrie ferroviaire. La région accueille également sur son territoire d’autres établissements d’envergure internationale comme le verrier Arc International à Arques, principal employeur du secteur avec 5 000 salariés en 2015, le métallurgiste Arcelor Mittal à Grande-Synthe ou encore la centrale EDF de Gravelines.

Les 10 principaux établissements concentrent 11 % des salariés du secteur, soit un niveau plutôt moyen comparé aux autres régions de province (de 5 % en Auvergne-Rhône-Alpes à 20 % en Occitanie).

Un secteur encore très présent localement

Dans certaines zones, l’industrie conserve un poids important dans l’emploi local. Le secteur emploie ainsi un tiers des actifs de la Vallée de la Bresle-Vimeu. Ce territoire est spécialisé dans les activités artisanales du travail du bois et de la verrerie. L’industrie est également très présente dans les zones de Valenciennes et de Dunkerque (respectivement 19 et 18 % des actifs occupés) : la 1re grâce à l’implantation d’importants établissements des industries automobile et ferroviaire ; la 2de avec les activités de cokéfaction-raffinage, de la métallurgie et de la production d’électricité.

Dans la région, les effectifs de l’industrie sont assez concentrés géographiquement : un actif de l’industrie sur trois travaille ainsi dans les zones d’emploi de Lille, Valenciennes (23 000 actifs chacune), Amiens et Dunkerque (17 000). Entre 2006 et 2016, l’emploi industriel, bien qu’en forte baisse, a mieux résisté dans ces quatre zones (de – 16,5 à – 18,5 %). Les effectifs ont été par contre divisés par deux dans celle de Saint-Omer (– 51 %). Le verrier Arc International, qui offre plus de la moitié des emplois industriels dans cette zone, a en effet subi de lourdes restructurations durant la dernière décennie.

Encadré - la métallurgie et l’automobile très présentes dans la région

Dans les Hauts-de-France, la métallurgie, la fabrication de matériels de transport (automobile, ferroviaire…) et de produits en caoutchouc, plastiques et minéraux emploient 45 % des actifs de l’industrie. Parmi ces activités, l’automobile, la métallurgie, la verrerie sont plus présentes qu’en province. D’autres activités sont également davantage implantées dans la région, comme l’industrie textile (en particulier la fabrication de textiles) et l’industrie chimique, qui emploient respectivement 5 et 7 % des actifs de la région (4 et 5 % en province).

Parallèlement à la baisse des effectifs, une recomposition sectorielle s’opère dans l’industrie. Entre 2006 et 2016, l’emploi a ainsi augmenté dans la collecte et le traitement des eaux usées et des déchets (+ 8,4 %) et, contrairement aux autres régions de province, dans la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques (+ 7,2 %) ainsi que dans l’industrie pharmaceutique (+ 3,2 %).

Au contraire, les effectifs ont diminué de façon plus marquée encore qu’en province dans les principaux domaines de spécialisation de l’industrie régionale : de – 30 % pour la chimie et la métallurgie à – 50 % pour le textile. L’industrie automobile tire un peu mieux son épingle du jeu (– 20 % contre – 30 % en province).

Sources

La source Clap (connaissance localisée de l’appareil productif) fournit des statistiques localisées au lieu de travail et permet de dénombrer les effectifs salariés des établissements du secteur.

La source DADS (déclaration annuelle de données sociale) permet de produire des statistiques sur l’emploi et une analyse fine des salaires du secteur.

Définitions

Le recensement de la population offre une approche de l’emploi total dans l’agriculture et les IAA. Il permet en outre de caractériser les actifs occupés du secteur.

Le taux d’emploi rapporte le nombre d’actifs ayant un emploi au nombre total de personnes en âge de travailler (15-64 ans).

Pour en savoir plus

« Bilan économique 2019 – Hauts-de-France », Insee Conjoncture Hauts-de-France n° 22, juin 2020

« 100 000 personnes dans la région travaillent dans l’agriculture et les IAA », Insee Flash Hauts-de-France n° 101, juillet 2020