Dans la région, de très hauts revenus plus souvent issus d’activités salariées

En 2017 en France, 10 % des personnes vivent dans un ménage fiscal qui perçoit un revenu initial par unité de consommation supérieur à 3 850 euros par mois, c’est-à-dire un revenu avant retenue des impôts directs et versement des prestations sociales, et qui tient compte de la composition du ménage. Parmi ces hauts revenus, les « très hauts revenus », qui représentent 1 % de la population française, appartiennent à des ménages gagnant au moins 9 060 euros par mois (figure 1), soit 2,4 fois plus, la détention d’un patrimoine n’étant ici pas prise en compte. Parmi eux, les « très aisés » (encadré), soit 0,1 % de la population française, forment des ménages dont le revenu initial par unité de consommation dépasse 22 360 euros par mois.

Inégalement répartis, la plupart des très hauts revenus vivent en Île-de-France (43 %) puis en Auvergne-Rhône-Alpes (11 %) où ils représentent 73 300 personnes, soit 0,95 % de la population régionale. Ce taux, parmi les plus hauts des régions françaises, reste toutefois loin de celui de l’Île-de-France (2,3 %). Ces très hauts revenus forment ainsi 31 500 ménages, soit 0,9 % des ménages de la région.

Les personnes à très hauts revenus d’Auvergne-Rhône-Alpes résident principalement dans les quatre métropoles, dans les grandes agglomérations, ainsi qu’autour de la frontière suisse (figure 2). La Métropole de Lyon en concentre à elle seule un quart (en particulier à Lyon, première ville de province en nombre de très hauts revenus, derrière Paris et Neuilly-sur-Seine). Pour l’ensemble des métropoles de la région, cette part atteint les deux tiers. Les très hauts revenus sont localisés dans la ville centre, même si certaines de leurs communes périphériques en concentrent un nombre important. La partie française du pôle métropolitain de Genève, qui rassemble notamment les intercommunalités du Pays de Gex, de Thonon Agglomération et du Genevois, abrite par ailleurs 18 % des très hauts revenus. Ils sont également nombreux dans le sillon alpin, de Valence à Annecy, en passant par Chambéry et le Grésivaudan.

Ainsi, trois très hauts revenus sur quatre habitent le Rhône, la Haute-Savoie, l’Ain ou l’Isère. Dans les trois premiers, la part de très hauts revenus dans la population départementale (2 % en Haute-Savoie, 1,3 % dans l’Ain et le Rhône) fait partie des dix plus élevées des départements français derrière Paris, les Hauts-de-Seine et les Yvelines.

Les très hauts revenus perçoivent un revenu initial six fois plus important que celui de l’ensemble des ménages de la région (contre près de sept fois en France). Il s’élève en moyenne à 14 150 euros par mois pour une personne seule et 29 700 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.

Ces revenus proviennent surtout d’activités salariées (48 %, figure 3), proportion bien supérieure à celle des autres régions de province. Auvergne-Rhône-Alpes, deuxième région économique française, concentre les emplois parmi les mieux rémunérés. Un emploi de la région sur dix est ainsi celui d’un cadre des fonctions métropolitaines (15 % dans le Rhône et 12 % dans l’Isère).

De plus, de nombreux ménages frontaliers travaillent en Suisse, où les revenus salariaux sont en moyenne plus élevés. Ainsi, dans l’Ain et la Haute-Savoie, où respectivement 20 % et 7 % des ménages perçoivent des salaires de source étrangère, la part des revenus des activités salariées atteint 60 % pour les très hauts revenus.

Les très hauts revenus sont aussi plus souvent concernés par la perception de revenus du patrimoine (26 %) ou issus d’activités non salariées (15 %). Ces types de revenus pèsent trois fois plus dans leur revenu que dans celui de l’ensemble de la population.

Par ailleurs, ils contribuent davantage à la redistribution que le reste de la population par la progressivité de l’impôt sur le revenu et la quasi-absence de perception de prestations sociales. Les impôts pèsent en moyenne moins pour les ménages à très hauts revenus de la région, du fait de la présence dans l’Ain et la Haute-Savoie de frontaliers travaillant en Suisse. Ils y règlent leurs impôts qu’ils n’ont pas à repayer en France, le canton de Genève versant chaque année à la France une compensation financière.

Parmi les ménages à très hauts revenus, 45 % ont à leur tête une personne âgée d’au moins 60 ans. Ce sont plutôt des couples, le plus souvent sans enfants à charge. Cet âge et cette composition familiale, plus fréquents que dans l’ensemble de la population, reflètent une position sociale plus avancée dans le cycle de vie, qui leur a permis d’avoir des revenus d’activité importants et d’accumuler du patrimoine procurant des revenus.

Cependant, ces parts de ménages plus âgés et de couples sans enfants sont un peu plus faibles qu’en France. C’est dans l’Ain et la Haute-Savoie que le profil des ménages à très hauts revenus s’éloigne du profil national. Ces ménages ont plus souvent une personne de référence de moins de 50 ans, et comptent quasiment autant de couples avec que sans enfants.