Le chômage recule en Martinique Enquête emploi en continu en Martinique

En Martinique, en 2019, la population active au sens du Bureau International du Travail (BIT) est estimée à 153 600 personnes âgées de 15 ans ou plus comprenant 130 800 actifs en emploi et 22 800 chômeurs. Le reste de la population de 15 ans ou plus constitue la population inactive et s’établit à 147 100 personnes. Parmi ces dernières, 24 800 sont des élèves étudiants ou stagiaires en formation et 64 500 des retraités.

Le taux d’activité des 15-64 ans atteint 68 % en Martinique. Il reste le plus fort taux parmi les départements d’outre-mer mais demeure inférieur à celui de France métropolitaine (72 %). Entre 15 et 29 ans, deux jeunes sur cinq sont actifs (en emploi ou au chômage) en Martinique. En France métropolitaine, les jeunes de 15 à 29 ans sont plus actifs qu’en Martinique (53 %). Parmi les jeunes inactifs, nombreux sont ceux qui sont soit en études ou soit en difficulté d’insertion sur le marché du travail.

Le taux d’activité des 30-49 ans est de 82 %, inférieur à celui de la France métropolitaine (89 %). Le marché du travail en Martinique est marqué par le poids important des seniors, phénomène accentué par le recul de l’âge du départ à la retraite. De fait, 71 % des 50-64 ans sont actifs en Martinique ; ils sont 67 % en France métropolitaine dans la même situation.

En Guadeloupe, la population active continue de diminuer en 2019 et concerne 150 600 personnes âgées de 15 ans ou plus. Le taux d’activité des 15-64 ans s’y stabilise autour de 63 %.

En 2019, 22 800 personnes sont au chômage au sens du BIT. Après deux années de stabilité, le chômage recule en Martinique. Le taux de chômage passe de 17 % en 2017 à 15 % en 2019. Ce recul s’explique par une augmentation du nombre d’emplois alors que la population active est stable en 2019. Il concerne essentiellement les chômeurs de moins d’un an.

Le taux de chômage en Martinique est inférieur à celui de Guadeloupe (21 %) mais il est deux fois supérieur à celui de France métropolitaine (8 %). En Martinique, comme dans les autres DOM, le chômage est d’abord structurel. Il résulte de l’étroitesse du marché du travail insulaire mais également de l’inadéquation entre l’offre et la demande de main-d’œuvre. Certains métiers pour lesquels les offres augmentent sont difficilement pourvus en raison d’un manque de qualification des chômeurs (encadré – Le travail dans le secteur de la santé). L’éloignement géographique du bassin d’emploi, concentré dans le centre de l’île, peut renforcer les difficultés d’accès à l’emploi.

En Martinique, les jeunes de 15 à 29 ans sont les premiers touchés par le chômage de masse (36 %), particulièrement les jeunes sortis précocement du circuit scolaire qui sont davantage exposés au chômage que leurs aînés. Par ailleurs, les jeunes occupent souvent des emplois précaires, alors que les principales perspectives d’embauches sont dans des secteurs dominés par les seniors (55 ans ou plus). Ainsi, les métiers de cadres administratifs, comptables et financiers sont occupés par les seniors, alors que les jeunes s’orientent plutôt vers les métiers de vendeurs ou professionnels de l’action culturelle et sportive. Ces familles de métiers sont caractérisées par des contrats de courtes durées. En Guadeloupe, le taux de chômage des jeunes est également élevé (41 %).

En Martinique, la part des femmes sur le marché du travail est plus importante que celle des femmes en Guadeloupe. En début de vie active, elles sont plus souvent en emploi que les hommes (53 % contre 36 % moins de cinq ans après la fin des études). Cet écart persiste entre cinq et dix ans écoulés depuis la fin des études même s’il se réduit de moitié (65 % contre 57 %). En revanche, au-delà de dix ans d’ancienneté professionnelle, le taux d’emploi des hommes (70 %) dépasse celui des femmes qui plafonne à 65 %.

En début de carrière (moins de cinq ans après la fin de leurs études initiales), les femmes de Martinique sont plus présentes sur le marché du travail que les hommes. Au-delà de cinq ans, la tendance s'inverse avec un plus fort taux d'activité des hommes (en emploi ou au chômage), même si ces derniers sont plus nombreux à être au chômage que les femmes. Ensuite, la tendance s’inverse avec un plus fort taux d’activité (en emploi ou au chômage) des hommes. Ainsi, entre cinq à dix ans après la fin des études initiales, leur taux atteint 85 %, cinq points de mieux que les femmes. L’écart se creuse au-delà de dix ans de sortie de formation avec respectivement 80 % et 73 %. Selon l’Enquête Emploi en Continu, avec l’ancienneté professionnelle, les problèmes de santé deviennent la principale raison pour laquelle les hommes et les femmes ne souhaitent pas travailler (respectivement 48 % et 33 %).

Les hommes et les femmes s’orientent vers des carrières différentes. Les femmes privilégient le secteur tertiaire et le statut de salarié. Elles sont 53 % à travailler dans l’administration publique, l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale, alors qu’ils ne sont que 30 % des hommes. Elles occupent également davantage les fonctions d’employées que les hommes (respectivement 41 % et 13 %) et les professions intermédiaires, même si l’écart est bien moindre (18 % contre 7 %). La catégorie socio-professionnelle des ouvriers est la deuxième activité la plus exercée chez les hommes en Martinique (29 %), alors que seuls 6 % des femmes sont concernées.

En début de vie active, les femmes sont moins exposées au chômage que les hommes. En 2019, 45 % des hommes actifs débutant sur le marché du travail sont au chômage alors que les femmes ne sont que 26 % dans cette situation. Cet écart s’explique, surtout, par le fait que les jeunes femmes ont un niveau de qualification plus élevé que celui des hommes au même âge. Le taux de chômage baisse ensuite fortement avec l’ancienneté sur le marché du travail, mais davantage pour les hommes. Ainsi au-delà de dix ans d’ancienneté professionnelle, le taux de chômage féminin est supérieur de deux points à celui des hommes (respectivement 13 % et 11 %).

Certaines personnes sont considérées inactives ou en emploi alors que leurs situations s’approchent de celle des chômeurs. Le halo du chômage et le sous-emploi sont deux indicateurs permettant de compléter l’analyse du marché du travail.

En moyenne sur la période 2017 - 2019, le halo autour du chômage concerne 22 300 Martiniquais âgés de 15 à 64 ans. Parmi eux, certains sont disponibles, mais ne recherchent pas d’emploi ou ont arrêté leurs démarches par découragement, soit 12 700 personnes (composante 2 du halo). D’autres inactifs ne sont ni disponibles, ni en recherche active d’emploi, soit 6 400 personnes (composante 3). Le reste du halo regroupe les personnes qui sont en recherche d’emploi mais qui ne sont pas disponibles pour travailler, soit 3 200 personnes (composante 1).

Ainsi, 10 % des Martiniquais âgés de 15 à 64 ans se retrouvent dans le halo autour du chômage. Le poids du halo est de niveau comparable en Guadeloupe (11 %). En France métropolitaine, le halo ne représente que 4 % de la population de 15 ans ou plus.

À la frontière du chômage et de l’emploi, le sous-emploi regroupe les personnes ayant un emploi mais qui souhaiteraient travailler plus. Il concerne un actif occupé sur dix âgés de 15 à 64 ans, soit 12 800 individus en Martinique, sur la période 2017- 2019. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes en sous-emploi (respectivement 13 % et 7 %). Cette situation de sous-emploi est plus fréquente en Guadeloupe (12 %) mais nettement moins en France métropolitaine où elle ne concerne que 5 % des actifs en emploi.