Insee Analyses NormandieLes quartiers prioritaires normands davantage touchés par la monoparentalité, le chômage et l’inactivité des jeunes

Thibaut Louza, Caroline Poupet (Insee)

En Normandie, 194 000 personnes, soit 6 % de la population régionale, vivent dans l'un des 62 quartiers prioritaires de la politique de la ville de la région. Répartie dans 21 structures intercommunales, la population de ces quartiers est concentrée à 60 % dans les agglomérations de Rouen, du Havre et de Caen. Les quartiers prioritaires concentrent une population significativement plus pauvre que celle de leur environnement urbain mais aussi plus touchée par certaines problématiques sociales comme la monoparentalité, la précarité de l’emploi ou encore les difficultés scolaires. Les quartiers normands sont aussi davantage touchés par la monoparentalité que ceux des autres régions, ainsi que par le chômage et l’inactivité des jeunes. Ces spécificités ne s’expliquent pas toujours par les tendances régionales. Des disparités existent également entre les différents quartiers prioritaires de la région, notamment en matière d'inactivité des jeunes ou de revenus.

Insee Analyses Normandie
No 70
Paru le :Paru le08/11/2019
Thibaut Louza, Caroline Poupet (Insee)
Insee Analyses Normandie No 70- Novembre 2019
ERRATUM

Les données de la figure 2 issues des estimations démographiques 2015 ont été mises à jour le 20/11/2019 suite à une erreur. Les commentaires de la publication en lien avec ces données ont également été modifiés.

194 000 habitants dans les 62 quartiers prioritaires normands

En Normandie, 194 000 habitants, représentant 6 % de la population normande, vivent dans l’un des 62 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) de la région. Cette part d’habitants place la Normandie en position médiane des régions de France métropolitaine. La Normandie accueille 4 % de la population de métropole vivant en QPV, une part un peu plus faible que le poids démographique de la région au sein des régions de métropole (5 %).

La population des QPV est relativement concentrée sur certains territoires (figure 1). Ainsi, plus de la moitié des Normands concernés habite en Seine-Maritime. Les EPCI de Rouen, du Havre et de Caen regroupent à eux seuls 60 % de la population normande en quartiers prioritaires, contre 30 % des Normands. Le Havre Seine Métropole a un volume d’habitants en QPV proche de celui de la Métropole Rouen Normandie, bien que sa population soit deux fois moins nombreuse. Ceci place Le Havre en tête des EPCI normands pour la part d’habitants vivant en quartiers (16 % de la population contre 10 % pour les EPCI de Rouen et de Caen).

Figure 1La population des QPV présente dans 21 territoires intercommunauxVolume et part d’habitants en quartiers prioritaires au sein des EPCI normands

La population des QPV présente dans 21 territoires intercommunaux
EPCI 2019 Nombre de quartiers prioritaires Population municipale en QPV Population municipale de l’EPCI Part de la population vivant dans un QPV
CU du Havre Seine Métropole 7 43 134 270 518 15,9
CA Seine Eure 3 9 579 72 783 13,2
CA Évreux Portes de Normandie 3 14 260 110 609 12,9
CA de La Région Dieppoise 3 6 070 48 381 12,5
CC Argentan Intercom 2 4 008 34 311 11,7
CU d'Alençon 2 6 358 56 617 11,2
CU Caen la Mer 7 25 816 261 485 9,9
Rouen Normandie 16 47 781 488 906 9,8
CC de Pont-Audemer Val de Risle 2 2 699 32 899 8,2
CA Fécamp Caux Littoral Agglomération 1 2 912 39 727 7,3
CA Flers Agglo 2 3 031 54 478 5,6
CA Seine Normandie Agglomération 2 4 575 82 855 5,5
CA du Cotentin 3 9 855 181 897 5,4
CC du Pays de Honfleur-Beuzeville 1 1 343 26 972 5,0
CC des Pays de L'Aigle 1 1 233 26 146 4,7
CA Lisieux Normandie 1 3 522 76 308 4,6
CA Saint-Lô Agglo 2 3 454 76 107 4,5
CC Coutances Mer et Bocage 1 1 467 48 338 3,0
CC Caux - Austreberthe 1 747 24 745 3,0
CC Intercom Bernay Terres de Normandie 1 1 359 55 511 2,4
CA Mont-Saint-Michel-Normandie 1 1 222 88 517 1,4
Normandie 62 194 425 3 328 364 5,8
  • Source : Recensement de la population 2013

Figure 1La population des QPV présente dans 21 territoires intercommunauxVolume et part d’habitants en quartiers prioritaires au sein des EPCI normands

  • Source : Recensement de la population 2013

La taille des quartiers prioritaires varie de 700 habitants pour celui de Lalizel (Barentin) à 16 500 habitants pour le quartier de Caucriauville Soquence (Le Havre). En Normandie comme en France métropolitaine, la majorité des QPV comprend entre 1 400 et 3 600 habitants. Seuls trois quartiers normands ont plus de 10 000 habitants : Caucriauville Soquence (Le Havre), La Madeleine (Évreux) et Les Hauts de Rouen. La Normandie ne comporte pas de quartier de plus de 20 000 habitants, contrairement aux régions Île-de-France, Hauts-de-France, Grand Est, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et PACA.

Par ailleurs, la moitié des Normands vivant en géographie prioritaire réside dans les 12 plus grands quartiers de la région.

Encadré 1 - La réforme de la politique de la ville

La loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 a défini les actuels quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Les travaux de définition ont été menés par le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) à partir de données carroyées de l’Insee issues des revenus fiscaux localisés de 2011. Le critère unique du revenu par habitant a permis de délimiter leurs contours, la population devant être en décrochage du point de vue du revenu médian, qui doit être très inférieur non seulement à celui de France métropolitaine, mais aussi à celui de l’unité urbaine d’appartenance du quartier. Les quartiers prioritaires doivent comprendre également un nombre minimal d'habitants. Ces nouveaux quartiers forment le périmètre d’intervention de la nouvelle génération des contrats de ville, en remplacement de l’ancien dispositif qui comprenait les ZUS (Zones Urbaines Sensibles) et les quartiers en CUCS (Contrats Urbains de Cohésion Sociale). La Normandie compte 62 quartiers prioritaires sur les 1 296 de métropole.

Des caractéristiques propres aux quartiers prioritaires

Les quartiers prioritaires concentrent des populations à bas revenus. En 2015, 46 % des habitants des QPV normands vivent sous le seuil de pauvreté, trois fois plus que dans l’ensemble de la région (figure 2). Le médian des ménages, d’environ 12 800 euros, y est inférieur de 35 % au revenu médian en Normandie. Les revenus disponibles proviennent moins de revenus d’activités et plus souvent de prestations sociales. Ces dernières représentent un quart des revenus disponibles des ménages contre 6 % pour les ménages normands.

Figure 2Indicateurs socio-démographiques des quartiers de la politique de la ville de Normandie

Indicateurs socio-démographiques des quartiers de la politique de la ville de Normandie
Démographie Revenu (4) Insertion professionnelle (2) Éducation
Population municipale 2013 (1) Part des moins de 25 ans (2) Part des familles mono-parentales(3) Part des ménages de 5 personnes et plus(3) Taux de pauvreté au seuil de 60% Médiane du revenu disponible Part des prestations sociales Taux d'emploi Part des emplois précaires parmi les emplois Part de la population sans diplôme Taux de réussite au brevet(5) Part des 16-25 ans non scolarisés et sans emploi (2)
Normandie 3 328 364 30,0 10,0 6,9 13,9 20 087 5,8 62,9 14,1 34,0 87,9 20,5
QPV normands 194 425 39,7 21,1 11,0 46,0 12 827 25,8 40,6 27,2 50,2 82,2 35,4
EPCI Quartier prioritaire de la politique de la ville
CALVADOS Caen Calvaire Saint Pierre 1 532 43,0 18,1 8,6 43,7 13 097 22,0 41,4 16,2 34,8 - nd
Centre Ville 1 330 33,1 20,6 10,5 33,2 14 073 19,8 46,6 23,0 47,7 58,7 36,0
Chemin Vert 4 125 41,2 24,3 8,5 49,5 12 451 29,0 37,9 26,6 50,9 - 37,9
Grâce De Dieu 3 908 42,1 22,1 8,2 50,4 12 276 30,0 32,8 30,0 55,7 67,2 41,4
Grande Delle - Val - Belles Portes - Grand Parc - Haute Folie 8 624 41,4 20,1 9,3 39,0 13 941 19,1 42,7 21,7 39,4 73,8 17,2
Guérinière 4 138 34,9 21,1 6,6 55,0 11 753 33,9 34,7 27,3 57,9 72,9 43,3
Pierre Heuzé 2 159 38,2 21,4 10,2 50,0 12 337 29,8 38,9 32,2 50,3 74,4 nd
Honfleur Canteloup - Marronniers - Honfleur 1 343 42,9 27,9 12,6 46,5 12 855 23,8 43,4 21,9 65,6 - 33,4
Lisieux Hauteville 3 522 37,3 25,7 8,1 43,3 12 973 24,1 40,1 25,5 56,7 82,4 47,4
EURE Bernay Le Bourg Le Comte 1 359 37,9 21,7 5,8 37,5 14 025 22,6 48,8 17,0 38,4 86,0 41,5
Évreux La Madeleine 10 501 43,5 23,5 18,3 57,5 11 320 30,6 35,7 30,2 54,3 79,0 37,1
Navarre 1 403 41,7 24,5 6,6 41,0 13 332 24,5 47,5 28,7 40,5 87,6 22,7
Nétreville 2 356 41,9 26,4 13,8 61,5 11 071 33,2 34,4 33,2 64,9 78,7 44,6
Louviers Acacias - La Londe - Les Oiseaux 1 362 42,0 25,7 12,5 45,5 12 887 27,1 40,6 29,2 58,7 - nd
Centre Ville 7 168 46,8 23,2 19,0 45,4 12 868 25,9 47,1 30,6 47,4 82,9 34,4
Maison-Rouge 1 049 35,4 21,8 15,0 47,9 12 496 28,3 37,5 42,3 58,8 - 42,3
Pont-Audemer L'Europe 1 402 40,4 25,4 7,0 40,8 13 071 24,6 47,7 34,6 55,5 - 37,4
La Passerelle 1 297 40,6 25,3 6,8 37,5 14 105 20,5 45,7 30,4 46,9 - 43,1
Vernon Boutardes 988 42,5 s 21,9 51,8 12 068 26,7 34,4 42,9 57,0 82,8 23,8
Valmeux - Blanchères 3 587 41,9 20,3 21,8 45,6 12 860 23,2 45,3 25,6 50,3 - 29,7
MANCHE Avranches La Turfaudière 1 222 26,7 16,3 s 37,0 14 066 20,3 40,1 26,0 46,4 80,0 41,7
Cherbourg-en-Cotentin Fourches - Charcot 1 429 35,4 19,9 s 39,1 14 474 18,5 50,4 22,3 31,1 - nd
Les Provinces 6 672 38,6 19,6 5,2 43,8 12 958 25,6 38,9 30,8 44,0 90,3 38,0
Maupas - Hautmarais - Brêche Du Bois 1 754 41,0 21,1 8,8 34,2 14 401 20,5 44,1 30,2 50,5 - 36,1
Coutances Claires Fontaines 1 467 37,1 24,5 s 42,6 13 520 25,1 46,2 32,1 49,7 87,2 31,1
Saint-Lô La Dollée 1 601 34,6 15,3 s 41,9 13 326 23,9 42,9 33,7 43,6 - 45,7
Val Saint Jean 1 853 31,7 17,4 5,0 34,8 14 169 18,3 52,2 31,7 45,6 78,1 20,7
ORNE Alençon Courteille 2 113 35,8 24,7 5,9 47,9 12 603 25,0 44,9 27,8 48,5 61,5 nd
Perseigne 4 245 41,4 22,9 15,3 63,7 10 902 34,1 35,8 29,9 56,1 74,6 43,1
Argentan Les Provinces 1 382 30,8 19,1 6,4 46,3 12 883 22,4 41,1 28,3 51,4 - 41,0
Saint Michel - Vallée D'Auge 2 626 31,5 17,1 6,0 43,0 13 285 22,1 38,6 27,2 58,2 s 35,1
Flers Saint Michel 1 047 nd 21,6 s 49,2 12 480 29,7 37,8 nd 62,4 - nd
Saint Sauveur 1 984 42,6 17,0 15,6 51,6 12 178 26,8 37,0 27,6 51,9 - 35,4
L’Aigle La Madeleine 1 233 36,0 21,4 8,1 58,2 11 367 34,1 35,5 23,1 65,1 92,3 47,3
SEINE-MARITIME Barentin Lalizel 747 26,0 19,8 s 41,3 13 174 21,4 50,0 18,4 53,7 86,0 nd
Dieppe Les Bruyères 1 809 36,4 18,7 9,5 44,1 13 204 24,9 39,1 20,8 55,4 84,7 42,2
Neuville 3 241 36,4 19,7 9,8 44,7 12 869 23,8 39,7 25,6 52,5 76,5 44,4
Val Druel 1 020 35,4 21,5 9,7 48,1 12 511 31,9 38,2 30,4 53,8 - 52,2
Fécamp Parc Du Ramponneau 2 912 38,2 20,1 8,5 37,6 13 744 22,0 42,1 31,1 57,3 - 35,3
Le Havre Bléville Nord 1 841 44,6 28,1 16,9 39,8 13 500 26,7 39,2 22,4 48,3 78,4 nd
Bléville Sud 2 628 35,2 19,9 8,7 31,0 15 285 17,6 49,6 21,3 41,0 78,4 nd
Bois-De-Bléville 1 915 44,7 19,2 23,4 46,2 12 984 28,5 35,1 26,6 45,2 - 40,8
Caucriauville Soquence 16 493 40,7 22,2 12,7 43,9 13 119 25,3 40,4 27,2 48,0 83,0 36,8
Centre Ancien - Quartiers Sud 9 221 38,5 19,1 7,6 40,8 13 522 23,3 41,8 30,0 46,7 83,2 30,4
Centre Ville 1 998 38,0 20,1 12,5 36,0 13 747 23,6 45,8 31,8 54,4 76,6 34,9
Mont Gaillard 9 038 39,1 20,9 14,0 41,9 13 183 24,2 40,9 22,4 51,3 74,3 36,3
Rouen Buisson - Gallouen 2 241 38,6 20,9 11,3 40,4 13 437 22,8 45,3 18,7 48,7 80,2 40,2
Centre Ville 6 573 37,4 19,7 8,1 40,9 13 485 23,4 38,6 31,9 49,6 89,1 40,3
Diderot - Les Mesliers 1 099 40,1 20,6 14,2 41,4 13 056 25,5 44,1 27,2 39,9 s 34,4
Grammont 1 981 nd 19,3 13,9 51,6 12 104 31,7 44,2 29,2 51,5 - nd
Le Quartier Jean Moulin 1 247 40,0 22,2 8,2 48,8 12 508 27,7 43,9 27,8 42,9 - 41,5
Les Bouttières 1 063 39,3 20,2 12,6 44,0 13 051 28,5 45,7 29,0 44,1 86,5 37,2
Les Hauts De Rouen 10 314 42,1 23,0 11,9 57,1 11 455 34,8 35,6 30,9 51,7 80,0 36,8
Oissel Sur Seine Nord 1 880 38,5 22,5 9,0 41,8 13 192 23,7 47,8 26,6 51,8 88,7 38,1
Parc Du Robec 1 883 38,0 23,5 8,1 43,8 13 166 28,1 37,8 25,5 54,7 92,7 44,0
Plateau 5 089 38,1 16,9 10,0 42,7 13 082 24,2 42,3 20,4 49,6 84,8 33,8
Quartier Château Blanc 4 779 40,0 13,6 21,1 57,9 11 440 32,7 30,3 29,5 61,6 83,7 40,0
Quartier De Binche 1 407 33,4 23,5 6,6 44,2 13 029 23,8 46,9 20,1 50,2 80,3 36,4
Quartier De La Piscine 3 003 39,0 20,3 12,7 49,7 12 372 27,4 43,9 18,3 42,8 80,2 30,1
Quartier Des Arts Et Des Fleurs – Feugrais 2 749 45,1 26,5 15,7 46,6 12 942 27,5 40,2 32,1 54,0 81,4 33,6
Quartier Hartmann - La Houssière 1 333 42,8 20,4 16,1 37,8 13 961 24,0 46,3 21,1 44,8 93,1 nd
Quartier Thorez - Grimau 1 140 47,3 s 20,9 39,1 13 959 22,1 45,7 nd 40,8 - nd
  • s : secret statistique
  • nd : données non diffusable ou non disponible
  • - : absence de résultat due à la nature des choses (par exemple, nombre d'écoliers dans une zone sans école)
  • Sources : (1) Recensement de la population 2013 ; (2) Recensement de la population 2015 ; (3) Insee-DGFIP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSoFi 2014) ; (4) Insee-DGFIP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSoFi 2015) ; (5) Fichier des élèves 2015 de la Depp

Cette différence dans la composition des revenus disponibles est liée au faible taux d’emploi. En 2015, alors que les deux tiers de la population normande en âge de travailler exercent un emploi, cette proportion n’est que de 40 % dans les quartiers prioritaires. La population en emploi est aussi plus précarisée dans les QPV puisque la part d’ y est deux fois plus importante qu’en Normandie (27 % contre 14 % dans la région). Ceci peut être mis en lien avec le faible niveau de qualification des habitants : alors que seul un tiers de la population normande n’a aucun diplôme, c’est le cas de la moitié des habitants des quartiers prioritaires. La population active est plus durement frappée par le chômage mais, en revanche, le chômage de longue durée n’est pas plus présent dans les QPV.

Alors qu’un tiers des établissements de la région est employeur en 2015, ce n’est le cas que d’un quart des établissements implantés en QPV. De plus, le tissu productif local est fortement structuré autour d’établissements relevant du commerce, du transport et de la restauration (40 % des établissements contre 32 % en Normandie), secteurs où la rotation de la main d’œuvre est plus élevée, et les emplois plus souvent précaires.

La composition des ménages dans les quartiers prioritaires diffère de celle de l’ensemble de la région. Alors que les familles monoparentales ne représentent que 10 % des ménages normands, c’est deux fois plus dans les quartiers prioritaires. Les personnes seules et les familles nombreuses sont aussi plus présentes. La part d’étrangers y est cinq fois plus importante (14 % contre 3 %) et la population significativement plus jeune que dans le reste de la Normandie : deux personnes de moins de 20 ans pour une personne de 60 ans ou plus, alors qu’il y a équilibre entre ces classes d’âge dans l’ensemble de la population régionale.

Les jeunes sont moins souvent scolarisés dans les quartiers prioritaires. Ainsi, 35 % des jeunes de 16 à 25 ans ne sont pas scolarisés et sont sans emploi contre seulement 20 % en Normandie. Les élèves scolarisés dans ces quartiers sont plus en difficulté, ce qui peut se mesurer à travers deux critères, le taux de retard scolaire et le taux de réussite au brevet. En 2015, le taux de retard à l’entrée en 6e est de 17 % dans les QPV contre 9 % dans l’ensemble des collèges normands. Pour la même année, le taux de réussite au brevet est de 82 % dans les collèges des quartiers prioritaires, six points de moins qu’en Normandie. Deux ans après la troisième, les élèves des quartiers ne sont que 35 % à être en première générale, contre 48 % en Normandie.

Un niveau de vie comparable à celui des QPV des autres régions

Avec un dans les quartiers prioritaires de 46 % et un niveau de vie de 12 800 euros en 2015, la Normandie se situe dans la médiane des régions de France métropolitaine. Il existe toutefois des particularités dans la structure du revenu disponible. Ainsi, la Normandie a la troisième plus forte part de prestations sociales dans le revenu disponible des ménages habitant un QPV et une des plus faibles parts de revenus d’activités (9e sur 13).

La région abrite quelques-uns des quartiers les plus pauvres de France. Les quartiers de Perseigne (Alençon), Nétreville (Évreux), La Madeleine (Évreux et L’Aigle), Château Blanc (Rouen) et Les Hauts de Rouen font partie des 100 quartiers les plus pauvres de France métropolitaine (sur 1 296 quartiers). À l’opposé, le quartier de Bléville Sud (Le Havre) fait partie des moins défavorisés et se détache nettement des autres quartiers normands.

Mais l’un des plus forts taux de chômage

En 2015, les quartiers prioritaires normands sont parmi les plus touchés par le chômage (37 % de la population active au sens du recensement). Seuls les QPV de Bourgogne-Franche-Comté ont un taux de chômage plus élevé. La population active en Normandie n’étant pas sensiblement plus touchée par le chômage que les autres régions, cette caractéristique est propre aux quartiers prioritaires normands. Si le taux d’emploi dans les quartiers prioritaires normands ne se détache pas nettement de celui des autres régions, les emplois y sont plus souvent précaires. Les QPV semblent ici suivre la tendance régionale, puisque la Normandie est l’une des régions les plus touchées par la précarité dans l’emploi, en raison du poids de l’industrie, fortement employeur, notamment, d’intérimaires.

Au sein de la région, les taux d’emploi et de chômage sont très variables d’un quartier prioritaire à l’autre. Les deux indicateurs sont très corrélés, les plus forts taux d’emploi correspondant aux plus faibles taux de chômage. Dans Château Blanc (Rouen), seulement 30 % des personnes en âge de travailler occupent un emploi, quand cette part atteint 52 % pour Val Saint Jean (Saint Lô), un niveau toutefois inférieur au niveau régional (63 %). En revanche, dans certains quartiers, la précarité de l’emploi est légèrement moins marquée et peut s’approcher du niveau régional (14 %). C’est le cas dans les QPV de Calvaire Saint Pierre (Caen) et Le Bourg Le Comte (Bernay).

La plus forte part de familles monoparentales

Dans les quartiers prioritaires normands, les familles monoparentales représentent 21 % des ménages, soit la plus forte part parmi les treize régions, alors que la Normandie n’est globalement pas plus touchée par la monoparentalité. En revanche, les QPV normands suivent la tendance régionale pour la part de jeunes et la part d’étrangers dans la population. De même que la Normandie a l’une des plus fortes parts de jeunes de moins de 25 ans dans sa population, cette part est l’une des plus élevées dans les quartiers prioritaires normands, même si les nuances sont faibles entre les régions. La Normandie est aussi l’une des régions où les étrangers sont les moins présents, caractéristique que l’on retrouve au sein des quartiers prioritaires, puisque les QPV de la région, avec 14 % d'étrangers se classent avant derniers devant ceux des Hauts-de-France.

La part de familles monoparentales parmi les ménages atteint un maximum à Bléville Nord (Le Havre) et est minimale au sein du quartier de Château Blanc (Rouen). Ce dernier est toutefois concerné par d’autres problématiques puisque sa population comporte une part importante de familles nombreuses.

La plus forte part de jeunes non scolarisés sans emploi

Au sein des quartiers prioritaires normands, 35 % des jeunes de 16 à 25 ans sont non scolarisés et sans emploi, soit cinq points de plus que dans l’ensemble des QPV de métropole. C’est également la part la plus importante des 13 régions, bien que la Normandie ne soit dans son ensemble pas plus concernée par l’inactivité des jeunes. Les élèves scolarisés dans un collège d’un quartier prioritaire normand sont généralement moins souvent en retard à l’entrée en 6e que dans les quartiers des autres régions. En revanche, ils ne réussissent pas mieux au brevet des collèges.

Dans certains QPV, comme à Grande Delle – Val- Belles Portes – Grand Parc – Haute Folie (Caen), la part de jeunes non scolarisés et sans emploi est inférieure au taux normand (17,2 % contre 20 %). À l’inverse, dans un quartier prioritaire comme Val Druel (Dieppe), plus d’un jeune sur deux est dans cette situation. De fortes nuances existent aussi pour le taux de réussite au brevet, les établissements de certains quartiers dépassant le taux de réussite régional. Le taux de réussite des filles dépasse de plus de 20 points celui des garçons dans les quartiers de Pierre Heuzé (Caen) et Neuville (Dieppe).

Encadré 2 - Plus de mobilité résidentielle dans les quartiers normands

En Normandie, 14 % des habitants des quartiers prioritaires ont déménagé entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2016, soit deux points de plus que sur l’ensemble de la France. Ce taux place la Normandie en 4ᵉ position des régions métropolitaines derrière l’Occitanie, la Bourgogne-Franche-Comté et les Pays de la Loire. Cette mobilité relativement forte dans les quartiers prioritaires normands pourrait, en partie, résulter d’un effet de structure, la part de jeunes, population par nature plus mobile, y étant une des plus fortes parmi les régions métropolitaines. D’importantes disparités existent toutefois entre les quartiers, l’importance de la mobilité pouvant être dépendante, une année donnée, des programmes de rénovation urbaine.

Parmi la population déménageant, 27 % reste dans le même quartier, 10 % se dirige vers un autre quartier et 63 % sort de la géographie prioritaire. Ces proportions sont très proches des taux nationaux qui sont, respectivement, de 28 %, 13 % et 59 %. Les distances parcourues sont généralement courtes, près des trois quarts des déménagements se faisant au sein de la même unité urbaine. Les logements HLM, très présents dans les quartiers prioritaires, restent la destination privilégiée des déménagements en dehors des QPV (85 % d’entre eux). Cela peut expliquer la petite distance parcourue, le parc social étant généralement situé à proximité de ces quartiers.

Dans la grande majorité des QPV (53 sur 62), la population sortante de la géographie prioritaire a un niveau de vie plus élevé que celle qui y entre. Les sortants ont fréquemment un niveau de vie supérieur à la population stable (45 quartiers), celle-ci ayant elle-même un niveau de vie souvent plus élevé que celui des entrants (50 quartiers). L’installation en quartier prioritaire s’accompagne souvent d’une baisse significative du niveau de vie, de 6 % entre 2015 et 2016, soit une baisse de 800 euros sur un an.

Définitions

Niveau de vie :Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage. Les unités de consommation sont généralement calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’OCDE modifiée qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Emplois précaires : Sous le terme formes particulières d'emploi, ou parfois emplois précaires, sont regroupés les statuts d'emploi qui ne sont pas des contrats à durée indéterminée. Ce sont l'intérim, les contrats à durée déterminée, l'apprentissage et les contrats aidés.

Taux de pauvreté : Le taux de pauvreté correspond à la proportion d’individus (ou de ménages) dont le niveau de vie est inférieur pour une année donnée à un seuil, dénommé seuil de pauvreté (exprimé en euros). On privilégie en Europe le seuil de 60 % du niveau de vie médian.