Insee PremièreEn 2016, les femmes cadres ont un peu moins d’enfants que les employées

Fabienne Daguet (Insee)

En France, en 2016, la fécondité des femmes qui travaillent (ou ont déjà travaillé) varie peu selon le groupe social : l’indicateur conjoncturel de fécondité va de 1,64 enfant par femme pour les cadres à 1,91 pour les employées. Les femmes qui n’ont jamais travaillé ont de loin la plus forte fécondité (2,57).

Les groupes sociaux se différencient aussi par leur âge moyen à l’accouchement : 30 ans pour les employées et les ouvrières, 33 ans pour les cadres. Les comportements varient nettement selon l’âge, en particulier avant 30 ans. Après 30 ans, lorsqu’elles vivent en couple, les cadres ont autant d’enfants que les femmes sans profession.

Les écarts de niveau de fécondité entre groupes sociaux sont faibles parmi les femmes non immigrées, forts parmi les femmes immigrées. En revanche, les femmes d’un même groupe social accouchent en moyenne au même âge, qu’elles soient immigrées ou non.

En 2016, les hommes qui ont le plus d’enfants sont les agriculteurs et les artisans ou commerçants (2,1 enfants par homme). Ils sont aussi les pères les plus jeunes. Au contraire, les hommes qui n’ont jamais travaillé, plus rarement en couple, ont moins d’enfants.

Fabienne Daguet (Insee)
Insee Première No 1769- Août 2019

En 2016, en moyenne, les ouvrières et les employées ont leurs enfants à 30 ans

En France, en 2016, en moyenne, les femmes ont 1,91 enfant ( - ICF) et à 30,5 ans (sources).

Globalement, plus les femmes qui travaillent ou ont déjà travaillé appartiennent à un élevé, moins leur fécondité est forte en 2016 et surtout, plus elle est tardive.

Les employées sont les plus fécondes (1,91 enfant par femme ; figure 1) ; suivent les ouvrières (1,76), les femmes exerçant une profession intermédiaire (1,75), et les artisanes, commerçantes ou cheffes d’entreprise (1,70). La fécondité des cadres est la plus faible (1,64). Les femmes qui n’ont jamais travaillé (« femmes sans profession ») se distinguent par une fécondité forte (2,57). Parmi elles, 29 % ne sont ni élèves ni étudiantes (figure 2) et leur ICF atteint alors 3,24 enfants par femme.

Après les femmes sans profession qui ne sont pas étudiantes, les ouvrières et les employées sont les mères les plus jeunes : elles ont en moyenne 30 ans à la naissance de leurs enfants en 2016, soit 3,0 ans de moins que les cadres, 1,3 an de moins que les professions intermédiaires, et 0,4 an de moins que les artisanes ou commerçantes.

Figure 1 - Principaux indicateurs de fécondité des femmes par groupe social en 2016 et en 1999

indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) en nombre d'enfants par femme, âge moyen des mères en années révolues
Figure 1 - Principaux indicateurs de fécondité des femmes par groupe social en 2016 et en 1999 (indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) en nombre d'enfants par femme, âge moyen des mères en années révolues) - Lecture : si une femme avait tout au long de sa vie les taux de fécondité observés à chaque âge en France en 2016 parmi les employées, elle aurait 1,91 enfant.
2016 1999
ICF Âge moyen des mères ICF Âge moyen des mères
Non immigrées Immigrées Ensemble
Artisanes, commerçantes, cheffes d'entreprise 1,64 2,11 1,70 30,4 2,00 28,2
Cadres 1,63 1,77 1,64 33,0 1,60 31,9
Professions intermédiaires 1,72 2,14 1,75 31,3 1,66 30,6
Employées 1,82 2,54 1,91 30,0 1,78 28,6
Ouvrières 1,63 2,48 1,76 29,9 1,78 28,2
Jamais travaillé 1,72 3,65 2,57 31,2 2,03 30,2
dont hors étudiantes* 2,37 4,17 3,24 29,3 2,87 27,5
Ensemble 1,79 2,72 1,91 30,5 1,78 29,3
  • * ICF calculés à l'aide d'un indice hybride (méthode proposée par A. Greulich et L. Toulemon).
  • Note : les agricultrices ne sont pas assez nombreuses pour que l’on puisse mesurer ici leur fécondité.
  • Lecture : si une femme avait tout au long de sa vie les taux de fécondité observés à chaque âge en France en 2016 parmi les employées, elle aurait 1,91 enfant.
  • Champ : France hors Mayotte, femmes de 15 à 50 ans en âge révolu vivant en ménage ordinaire.
  • Source : Insee, recensement de 1999, enquêtes de recensement de 2016 et 2017 (exploitations complémentaires).

Figure 2 - Population des femmes par groupe social en 2016 et en 1999

effectifs en millions, parts en %
Figure 2 - Population des femmes par groupe social en 2016 et en 1999 (effectifs en millions, parts en %) - Lecture : en 2016, les employées de 15 à 50 ans sont 5,6 millions. Parmi elles, 32,7 % ont moins de 30 ans. 12,2 % des employées sont immigrées.
Artisanes, commerçantes, cheffes d'entreprise Cadres Professions intermédiaires Employées Ouvrières Jamais travaillé** dont hors étudiantes Ensemble
2016
Effectifs de 15 à 50 ans 0,4 1,6 3,4 5,6 1,1 2,6 0,7 14,7
Part des moins de 30 ans 14,6 20,0 27,9 32,7 32,2 84,4 47,2 38,7
Part des immigrées 12,5 10,3 7,6 12,2 16,7 16,6 39,8 12,0
Répartition par groupe social 2,6 10,8 22,9 38,2 7,7 17,5 5,0 100,0
dont : non immigrées 2,6 11,0 24,1 38,1 7,3 16,6 3,4 100,0
immigrées 2,7 9,2 14,4 38,7 10,7 24,2 16,7 100,0
Part des femmes de 20 à 42 ans en couple* 63,5 58,1 60,7 59,4 57,7 54,3 60,2 59,2
20-29 ans 49,0 35,9 43,0 45,3 45,0 35,2 47,4 42,5
30-42 ans 74,7 75,1 74,4 70,3 67,4 68,9 70,1 72,1
1999
Effectifs de 15 à 50 ans 0,4 1,0 2,7 6,2 1,5 3,2 1,0 15,2
Part des immigrées 8,7 6,9 5,0 7,7 12,1 11,8 26,9 8,5
  • * Proportions  ; 97 % des naissances se concentrent parmi les femmes de 20 à 42 ans.
  • ** Y compris élèves et étudiantes n'ayant jamais travaillé (1,8 million en 2016 et 2,2 millions en 1999).
  • Note : les agricultrices ne sont pas assez nombreuses pour que l’on puisse détailler leurs résultats.
  • Lecture : en 2016, les employées de 15 à 50 ans sont 5,6 millions. Parmi elles, 32,7 % ont moins de 30 ans. 12,2 % des employées sont immigrées.
  • Champ : France hors Mayotte, femmes vivant en ménage ordinaire.
  • Source : Insee, recensement de 1999, enquêtes de recensement de 2016 et 2017 (exploitations complémentaires).

Passés 30 ans, les femmes cadres ont le plus d’enfants

Les comportements selon le groupe social diffèrent avec l’âge, surtout avant 30 ans (figure 3). En 2016, la fécondité varie du simple au triple chez les moins de 30 ans qui ont déjà travaillé : 0,31 enfant par femme chez les cadres, 0,93 chez les employées. Ces différences sont en partie liées à la durée des études. Les comportements à 30 ans ou plus sont moins contrastés : 1,32 enfant par femme chez les cadres, 0,88 chez les ouvrières. Ainsi, les cadres se singularisent : avant 30 ans, leur fécondité est de loin la plus basse alors qu’elle est, à l’inverse, la plus forte après 30 ans parmi les femmes ayant une profession, et dépasse même entre 32 et 35 ans celle des femmes n’ayant jamais travaillé. Ces dernières ont, autrement, la fécondité la plus élevée à tout âge. Avant 25 ans toutefois, elles ont le même niveau de fécondité que les ouvrières et les employées. À ces âges en effet, la majorité des femmes sans profession sont étudiantes, et il est rare d’être mère pendant ses études. En revanche, celles qui n’ont jamais travaillé et ne sont pas étudiantes ont une fécondité plus élevée (1,70 enfant par femme avant 30 ans).

Figure 3 - Décomposition de l’indicateur conjoncturel des femmes (ICF) par groupe d’âges selon le groupe social en 2016

enfant par femme
Figure 3 - Décomposition de l’indicateur conjoncturel des femmes (ICF) par groupe d’âges selon le groupe social en 2016 (enfant par femme) - Lecture : si une femme avait tout au long de sa vie la fécondité par âge observée en 2016 parmi les artisanes, commerçantes et cheffes d'entreprises, elle aurait 0,75 enfant en moyenne avant 30 ans et 0,95 enfant en moyenne entre 30 et 50 ans, soit 1,70 enfant en moyenne (ICF de ce groupe social).
Cadres Professions intermédiaires Artisanes, commerçantes, cheffes d'entreprise Ouvrières Employées Jamais travaillé Jamais travaillé hors étudiantes
Avant 30 ans 0,31 0,65 0,75 0,88 0,93 1,07 1,70
30 ans ou plus 1,32 1,11 0,95 0,88 0,97 1,50 1,50
  • Note : somme des de 15 à 29 ans et de 30 à 50 ans.
  • Lecture : si une femme avait tout au long de sa vie la fécondité par âge observée en 2016 parmi les artisanes, commerçantes et cheffes d'entreprises, elle aurait 0,75 enfant en moyenne avant 30 ans et 0,95 enfant en moyenne entre 30 et 50 ans, soit 1,70 enfant en moyenne (ICF de ce groupe social).
  • Champ : France hors Mayotte, femmes de 15 à 50 ans en âge révolu vivant en ménage ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes de recensement de 2016 et 2017 (exploitations complémentaires).

Figure 3 - Décomposition de l’indicateur conjoncturel des femmes (ICF) par groupe d’âges selon le groupe social en 2016

  • Note : somme des de 15 à 29 ans et de 30 à 50 ans.
  • Lecture : si une femme avait tout au long de sa vie la fécondité par âge observée en 2016 parmi les artisanes, commerçantes et cheffes d'entreprises, elle aurait 0,75 enfant en moyenne avant 30 ans et 0,95 enfant en moyenne entre 30 et 50 ans, soit 1,70 enfant en moyenne (ICF de ce groupe social).
  • Champ : France hors Mayotte, femmes de 15 à 50 ans en âge révolu vivant en ménage ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes de recensement de 2016 et 2017 (exploitations complémentaires).

Même en couple, les femmes cadres ont moins d’enfants avant 30 ans

Neuf enfants sur dix naissent au sein d’un . En 2016, les écarts de fécondité d’un groupe social à l’autre reflètent avant tout les différences de fécondité des femmes en couple et, de façon moins déterminante, les différences de fécondité des femmes sans conjoint et de propension à vivre en couple. Ainsi, les gradations de la fécondité selon le groupe social sont les mêmes, avant et après 30 ans, pour les femmes en couple et pour l’ensemble des femmes.

Avant 30 ans, les femmes sans profession qui vivent en couple ont une fécondité nettement plus forte que les autres. Ainsi, parmi 100 femmes de chaque groupe social âgées de 20 à 29 ans vivant en couple, 23 femmes sans profession ont eu un enfant en 2016 (28 en excluant les étudiantes), contre 16 employées ou ouvrières,12 professions intermédiaires, artisanes ou commerçantes, et seulement 6 cadres (figure 4). Mais les employées et les ouvrières sont plus souvent en couple que les femmes sans profession à ces âges (figure 2) : c’est pourquoi la fécondité de ces trois groupes est proche avant 30 ans. Les cadres vivent plus longtemps à deux avant d’avoir leur premier enfant, et souhaitent sans doute consolider leur situation professionnelle avant de fonder une famille [Volant, 2017], d’où leur faible fécondité en couple avant 30 ans.

Après 30 ans, la fécondité des femmes en couple est la plus élevée chez les femmes sans profession, qui ne comptent quasiment pas d’étudiantes, et chez les cadres. En 2016, 100 femmes cadres en couple âgées de 30 à 42 ans ont eu 13 enfants, soit presque autant que 100 femmes en couple sans profession (14). Pourtant, la fécondité de ces dernières est plus élevée après 30 ans (1,50 enfant par femme) : les cadres résident plus souvent en couple que les femmes sans profession, mais lorsqu’elles résident sans conjoint, ces dernières ont une fécondité supérieure à celles des cadres.

Figure 4a - Taux de fécondité* des femmes vivant en couple selon l'âge et le groupe social en 2016

enfants pour 100 femmes
Figure 4a - Taux de fécondité* des femmes vivant en couple selon l'âge et le groupe social en 2016 (enfants pour 100 femmes) - Lecture : en 2016, 100 ouvrières âgées de 20 à 29 ans qui vivent en couple ont eu 15,7 enfants.
Cadres Professions intermédiaires Artisanes, commerçantes, cheffes d'entreprise Ouvrières Employées Jamais travaillé Jamais travaillé hors étudiantes Ensemble
20-29 ans 5,9 11,6 12,3 15,7 16,1 23,3 27,8 15,3
30-42 ans 12,9 10,6 8,6 8,4 9,1 13,6 13,7 10,3
  • *  ; 97 % des naissances se concentrent parmi les femmes de 20 à 42 ans.
  • Lecture : en 2016, 100 ouvrières âgées de 20 à 29 ans qui vivent en couple ont eu 15,7 enfants.
  • Champ : France hors Mayotte, femmes de 20 à 42 ans en âge révolu, vivant en couple en ménage ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes de recensement de 2016 et 2017 (exploitations complémentaires).

Figure 4a - Taux de fécondité* des femmes vivant en couple selon l'âge et le groupe social en 2016

  • *  ; 97 % des naissances se concentrent parmi les femmes de 20 à 42 ans.
  • Lecture : en 2016, 100 ouvrières âgées de 20 à 29 ans qui vivent en couple ont eu 15,7 enfants.
  • Champ : France hors Mayotte, femmes de 20 à 42 ans en âge révolu, vivant en couple en ménage ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes de recensement de 2016 et 2017 (exploitations complémentaires).

Les femmes en couple avec un ouvrier ont le plus d’enfants en 2016

Les femmes cadres ayant un conjoint cadre sont un peu plus fécondes en 2016 que celles ayant un conjoint exerçant une profession intermédiaire. Au contraire, les employées et les professions intermédiaires ont une fécondité d’autant plus forte que leur conjoint occupe une profession peu élevée dans l’échelle sociale. Les femmes en couple les plus fécondes en 2016 sont les employées ayant un conjoint ouvrier ou artisan.

Parmi 100 femmes de 20 à 42 ans vivant en couple, 13 ont mis au monde un enfant quand leur conjoint est agriculteur, artisan, commerçant ou ouvrier en 2016, 12 quand il est employé et 11 quand il est cadre ou profession intermédiaire.

Faibles écarts parmi les femmes non immigrées, forts parmi les immigrées

La fécondité est plus élevée parmi les femmes que parmi les non immigrées (encadré). Plus la position dans l’échelle sociale est élevée, plus l’écart entre la fécondité des immigrées et celle des non immigrées est faible. Parmi les cadres, il est de 0,14 enfant de plus par femme, 0,72 parmi les employées, et 1,93 (1,80 en excluant les étudiantes) parmi les femmes sans profession.

Les différentiels sociaux de fécondité sont faibles au sein des femmes non immigrées : les cadres sont aussi fécondes que les ouvrières (1,63 enfant par femme), les professions intermédiaires aussi fécondes que les femmes sans profession (1,72 enfant par femme). Se détachent les femmes qui n’ont jamais travaillé et ne sont pas étudiantes (2,4 enfants par femme), mais qui ne représentent que 3 % des femmes de 15 à 50 ans. À l’inverse, les écarts entre groupes sociaux sont plus importants au sein des femmes immigrées. Les plus fécondes sont également celles qui n’ont jamais travaillé et qui ne sont pas étudiantes, qui représentent 17 % des immigrées de 15 à 50 ans.

Tous rangs de naissance confondus, l’âge moyen à l’accouchement des immigrées est très proche de celui des non immigrées. En effet, les immigrées ont leur premier enfant plus tôt en moyenne que l’ensemble des femmes [Volant, 2017] ; mais, plus souvent mères de familles nombreuses [Blanpain et Lincot, 2015], elles ont également des maternités tardives plus fréquentes. Dans chaque groupe social, l’âge moyen à l’accouchement des immigrées est très proche de celui des non immigrées, même quand l’ICF présente des écarts.

Des différentiels sociaux comparables à ceux de 1999, sauf pour les femmes sans profession

Parmi les femmes qui ont une profession, la gradation entre les groupes sociaux est comparable entre 1999 et 2016.

Les différences entre les femmes qui ont une profession et celles qui n’ont jamais travaillé se sont accrues. L’ICF de ces dernières a augmenté de 0,54 enfant par femme (0,37 parmi celles qui ne sont pas étudiantes). Les femmes sans profession et non étudiantes sont moins nombreuses (5 % des femmes de 15 à 50 ans en 2016 et 7 % en 1999), et plus fréquemment immigrées (40 % en 2016 et 27 % en 1999). Cependant les immigrées sans profession et non étudiantes représentent toujours une faible part de la population, 2 % des femmes de 15 à 50 ans en 1999 comme en 2016, alors que la proportion d’immigrées au sein des femmes à ces âges est passée de 8,5 % à 12 %.

En 2016, les mères ont leurs enfants plus tard qu’en 1999 dans tous les groupes sociaux. L’âge moyen a le moins augmenté pour les sans profession, passant de 30,2 ans à 31,2 ans. Parmi celles ayant une profession, la hausse est la plus forte pour les artisanes ou commerçantes et pour les ouvrières, qui accouchaient le plus tôt, et la plus faible pour les cadres et pour les professions intermédiaires, qui accouchaient le plus tard. Aussi l’écart entre l’âge moyen le plus élevé (les cadres) et le plus jeune (les ouvrières) s’est réduit, passant de 3,7 ans à 3,1 ans. Le calendrier des naissances est plus homogène.

Un calendrier des naissances proche au sein de chaque groupe social

En 2016, l’âge moyen à l’accouchement est de l’ordre de 33 ans pour toutes les catégories de femmes cadres. Parmi elles, les professionnelles de l’information, des arts et des spectacles ont une faible fécondité (1,3), au contraire des professeures et professions scientifiques (1,7), et des femmes exerçant une profession libérale (1,8).

Parmi les employées, la fécondité est la plus forte pour les employées de commerce et personnels des services directs aux particuliers (2,0), catégories qui comprennent des emplois peu qualifiés. Mais l’âge moyen à l’accouchement se situe autour de 30 ans pour toutes.

Au sein du groupe des professions intermédiaires, les professions administratives de la fonction publique ont une fécondité faible (1,4) ; les professeures des écoles et assimilées (1,8) et professions intermédiaires de la santé et du travail social (1,9) ont une fécondité plus forte. Mais toutes accouchent en moyenne à 31,0 ou 31,5 ans.

Dans ces groupes sociaux, la fécondité est proche en général entre salariées du public et du privé. Les ouvrières non qualifiées ont en moyenne un peu moins d’enfants (1,7) que les ouvrières qualifiées (1,8), mais accouchent en moyenne au même âge (30 ans).

Les hommes agriculteurs, artisans et ouvriers ont le plus d’enfants

En 2016, les hommes les plus féconds sont les agriculteurs et les artisans, commerçants ou chefs d’entreprise (2,1 enfants par homme), et les ouvriers (2,0). Les cadres ont moins d’enfants (1,9), de même que les employés et professions intermédiaires (1,8). Ceux qui n’ont jamais occupé un emploi ont la plus faible fécondité (1,4 enfant par homme). Leurs paternités sont aussi plus tardives : 36,0 ans en moyenne, contre 33,4 ans pour l’ensemble des hommes (figure 5). Inversement, les plus féconds (ouvriers, artisans et agriculteurs) sont aussi les (moins de 33 ans).

Pour les hommes, comme pour les femmes, le niveau de fécondité varie assez peu d’un groupe social à l’autre parmi ceux qui travaillent ou ont travaillé : l’écart d’ICF entre les plus et les moins féconds est de 0,3 enfant par homme. En revanche, la fécondité des hommes sans profession est nettement plus faible que celles des hommes travaillant ou ayant déjà travaillé, alors que c’est l’inverse pour les femmes.

De même que pour les femmes, les écarts entre groupes sociaux sont beaucoup plus marqués parmi les immigrés que parmi les non immigrés.

Les hommes sans profession sont moins concernés par la paternité parce qu’ils le sont moins par la conjugalité. En moyenne entre 32 ans et 46 ans, 37 % d’entre eux vivent en couple, contre les deux tiers ou plus des hommes des autres groupes sociaux. Les mêmes raisons (notamment des problèmes de santé) les écartent à la fois du marché matrimonial et du marché de l’emploi. En revanche, quand ils vivent en couple, les hommes sans profession, immigrés ou non, ont plus d’enfants que les autres.

Figure 5 - Principaux indicateurs de fécondité des hommes par groupe social en 2016 et en 1999

indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) en nombre d'enfants par homme, âge moyen des pères en années révolues
Figure 5 - Principaux indicateurs de fécondité des hommes par groupe social en 2016 et en 1999 (indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) en nombre d'enfants par homme, âge moyen des pères en années révolues) - Lecture : si un homme avait tout au long de sa vie les taux de fécondité observés à chaque âge en France en 2016 parmi les ouvriers, il aurait 32,7 ans en moyenne à la naissance de ses enfants.
2016 1999
ICF Âge moyen des pères ICF Âge moyen des pères
Non immigrés Immigrés Ensemble
Agriculteurs 2,07 2,68 2,09 32,2 1,78 31,7
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 2,00 2,92 2,13 32,8 1,93 31,5
Cadres 1,86 2,24 1,89 34,6 1,92 33,4
Professions intermédiaires 1,76 2,59 1,83 33,6 1,69 32,4
Employés 1,66 2,98 1,83 33,7 1,69 31,8
Ouvriers 1,81 3,24 2,04 32,7 1,90 31,3
Jamais travaillé 0,72 2,63 1,36 36,0 0,84 35,3
dont hors étudiants 0,78 3,00 1,50 35,2 1,00 34,1
Ensemble 1,79 2,84 1,92 33,4 1,77 32,1
  • * ICF calculés à l'aide d'un indice hybride (méthode proposée par A. Greulich et L. Toulemon).
  • Lecture : si un homme avait tout au long de sa vie les taux de fécondité observés à chaque âge en France en 2016 parmi les ouvriers, il aurait 32,7 ans en moyenne à la naissance de ses enfants.
  • Champ : France hors Mayotte, hommes de 18 à 60 ans en âge révolu vivant en ménage ordinaire.
  • Source : Insee, recensement de 1999, enquêtes de recensement de 2016 et 2017 (exploitations complémentaires).

Encadré - Fécondité plus élevée pour les femmes immigrées que pour les non immigrées

Les indicateurs conjoncturels de fécondité (ICF) neutralisent les différences de structure par âge entre différents groupes de population (ici les groupes sociaux), et permettent ainsi de comparer leur fécondité. Ils permettent des analyses sur les années récentes à la différence de la descendance finale (nombre moyen d’enfants mis au monde par une génération de femmes au cours de leur vie, qui nécessite d’attendre qu’elles aient dépassé 50 ans).

En 2016, l’ICF des immigrées est de 2,72 enfants par femme et celui des non immigrées de 1,79 enfant par femme, soit un écart de 0,93 enfant par femme. L’ICF total des femmes, immigrées ou non, est de 1,91 enfant par femme. Sans les immigrées, le niveau de la fécondité en France en 2016 serait donc inférieur de 0,12 enfant par femme (1,91 moins 1,79). Le surcroît de fécondité des femmes immigrées mesuré d’après l’ICF se lit aussi au travers de la part des naissances de mères immigrées dans l’ensemble des naissances en France (19 %, Ouvrir dans un nouvel ongletVolant et al., 2019), qui est plus élevée que la part des femmes immigrées parmi la population féminine de 15 à 50 ans (12 %, cette proportion variant de 4 % à 16 % selon les âges).

Les ICF, qui reposent sur les naissances ayant eu lieu en France, surestiment le niveau de fécondité des immigrées. En effet, l’immigration repousse souvent les naissances après l’arrivée en France : la fécondité est faible avant la migration et forte après. Les femmes ayant immigré avant l’âge de 15 ans ont, quant à elles, une fécondité très proche des femmes nées en France [Ouvrir dans un nouvel ongletVolant et al., 2019]. La descendance finale, qui inclut toutes les naissances, survenues en France ou non, reste cependant plus élevée pour les immigrées.

Sources

Les enquêtes annuelles de recensement (EAR) donnent, pour la France hors Mayotte, la profession actuelle et l’ancienne profession des personnes qui ne travaillent pas. Les bulletins de naissances de l’État civil ne sont pas utilisés, car la profession des parents est souvent mal renseignée.

La méthode des enfants déclarés au foyer (DEF) est appliquée aux EAR de 2016 et 2017, cumulées afin d’obtenir des résultats plus robustes. Elle consiste à rattacher les enfants de moins d’un an vivant au sein des ménages ordinaires à leur mère (ou à leur père). Ainsi, 99 % des enfants sont rattachés à une mère (rattachement amélioré grâce à la méthode de Tomkinson et Breton (2017)) et 88 % à un père (rattachement suffisant pour appliquer la méthode aux hommes). Pour compenser les défauts de rattachement, les données sont recalées sur les taux de fécondité par âge des femmes et des hommes mesurés à l’État civil en 2016.

Définitions

L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) est la somme des taux de fécondité par âge observés en France une année donnée. C’est le nombre moyen d’enfants qu’aurait une génération fictive de femmes (d’hommes) si les taux de fécondité observés l’année considérée à chaque âge demeuraient inchangés. L’ICF des femmes cadres, par exemple, est le nombre moyen d’enfants que mettrait au monde une femme si elle avait, tout au long de sa vie féconde, la fécondité observée cette année-là pour les cadres.

L’âge moyen à l’accouchement (âge moyen des pères) est calculé pour une génération fictive de femmes (d’hommes) qui auraient tout au long de leur vie les taux de fécondité par âge de l’année considérée.

Dans cette étude, six groupes sociaux sont distingués selon les professions (actuelles ou passées). Y est ajouté un groupe pour les personnes « sans profession », qui n’ont jamais occupé d’emploi.

Le taux de fécondité à un âge donné est le nombre d’enfants nés vivants des femmes de cet âge au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge. Les taux de fécondité des personnes en couple sont ici standardisés par âge (moyenne arithmétique des taux par âge détaillé), de même que les proportions de personnes en couple. Ainsi, les comparaisons par groupe social ne sont pas affectées par les différences de structure par âge entre groupes.

Un couple est, dans cette étude, un couple cohabitant de personnes mariées ou non qui partagent la même résidence principale.

Un immigré est une personne résidant en France née à l’étranger et de nationalité étrangère à sa naissance.

Pour en savoir plus

Volant S. et al., « Ouvrir dans un nouvel ongletLa France a la plus forte fécondité d’Europe. Est-ce dû aux immigrées ? », Population et Sociétés n° 568, Ined, juillet 2019.

Volant S., « Un premier enfant à 28,5 ans en 2015 : 4,5 ans plus tard qu’en 1974 », Insee Première n° 1642, mars 2017.

Tomkinson J., Breton D., « Ouvrir dans un nouvel ongletComment mieux identifier les mères adolescentes dans le recensement français ? Améliorations de la méthode du « décompte des enfants au foyer »  , Cahiers québécois de démographie, volume 45 - numéro 2, 2016.

Blanpain N., Lincot L., « Avoir trois enfants ou plus à la maison », Insee Première n° 1531, janvier 2015.

Davie E., Niel X., « Mesurer la fécondité par secteur d’activité et par catégorie sociale à partir des recensements », Document de travail n° F1203, Insee, avril 2012.

Buisson G., Daguet F., « Qui vit seul dans son logement ? Qui vit en couple ? », Insee Première n° 1392, février 2012.