Être retraité et travailler, une situation encore rare mais qui se développe

Début 2015, en Auvergne-Rhône-Alpes, 34 400 personnes sont retraitées tout en exerçant une activité professionnelle selon les résultats du recensement de la population (source). Cette situation se développe ses dernières années, les effectifs ayant progressé de 22 % depuis 2010, une augmentation plus rapide que celle de la population de même âge.

Néanmoins, le cumul emploi-retraite reste rare, puisque seulement 1,9 % des 1,8 million de personnes qui se déclarent retraitées sont en emploi, une valeur proche de la moyenne métropolitaine. Cette part décroît avec l’âge (figure 1). Ainsi, dans la région, 8 % des retraités et préretraités de moins de 60 ans travaillent. Ils sont encore 4 % entre 60 et 64 ans, puis cette proportion descend rapidement en dessous de 2 %.

Parmi les actifs ayant un emploi, seuls 1 % sont retraités. Ce taux est similaire à la moyenne métropolitaine. Entre 60 et 64 ans, une personne en emploi sur dix est retraitée. Au-dessus de 65 ans, c’est près d’une sur deux.

Les hommes retraités qui travaillent sont plus nombreux que les femmes, sauf avant 60 ans et aux âges les plus élevés. Qu’on les compare aux retraités ou aux actifs, à âge identique, les hommes sont toujours sur-représentés parmi les retraités en emploi.

En 2015, l’âge moyen des retraités qui travaillent est de 65,6 ans. Celui-ci a nettement augmenté en 5 ans (figure 2), les jeunes retraités ou préretraités occupant un emploi étant moins nombreux en 2015 qu’en 2010 (– 28 % pour les moins de 60 ans) alors que les effectifs de ceux qui sont âgés de 65 à 75 ans ont fortement augmenté. Ce vieillissement des retraités qui travaillent est plus rapide que celui de la population en général, conséquence des évolutions législatives en matière de retraite (pour en savoir plus) : relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite, allongement de la durée d’assurance nécessaire pour obtenir le taux plein…

Les retraités qui travaillent sont 71 % à exercer à temps partiel, un taux nettement plus élevé que pour l’ensemble des personnes en emploi, même à âge égal (figure 3). Cette part a augmenté de 5 points depuis 2010 et cette hausse ne s’explique que très partiellement par l’effet du vieillissement des retraités qui travaillent. Ainsi, dans toutes les tranches d’âge, la part du travail à temps partiel augmente. Cette évolution se retrouve aussi au niveau national, mais la pratique du temps partiel est plus fréquente en Auvergne-Rhône-Alpes, que ce soit pour l’ensemble des actifs de 55 ans ou plus ayant un emploi ou, plus encore, pour les retraités qui travaillent.

Deux retraités qui travaillent sur trois sont salariés. Ce taux est proche du niveau national, mais nettement inférieur à celui de l’ensemble des actifs ayant un emploi (huit sur dix sont salariés parmi les 55 ans ou plus). Cette plus forte présence du non-salariat s’explique par la nature des professions exercées par les retraités qui travaillent. Ainsi, 29 % d’entre eux sont commerçants, professions libérales, artisans, agriculteurs exploitants ou chefs d’entreprise, alors que ce n’est le cas que de 17 % des actifs de 55 ans ou plus ayant un emploi (figure 4). Inversement, les retraités qui travaillent sont moins souvent employés ou occupent moins souvent une profession intermédiaire que les actifs ayant un emploi de 55 ans ou plus.

Parmi les professions les plus couramment exercées par des retraités, outre les commerçants, artisans et professions libérales, on trouve les personnels de services aux particuliers (aide à domicile ou garde d’enfant essentiellement) et les chauffeurs (figure 5). Pour certaines professions, les retraités représentent près de 20 % des actifs de plus de 55 ans ayant un emploi. C’est le cas des indépendants prestataires de services divers, des activités de conseil libéral (en études économiques ou techniques), mais aussi des conducteurs routiers de transports en commun, des moniteurs ou éducateurs sportifs, ou encore, de façon plus anecdotique, des membres du clergé. Les professions exercées par les retraités de la région qui travaillent sont semblables à celles qu’on observe au niveau national.

Certaines d’entre elles correspondent à des niveaux de qualification relativement bas, comme les personnels de services aux particuliers ou les chauffeurs. Les retraités qui exercent ces métiers sont peu diplômés (un sur deux n’a aucun diplôme). Ce sont des professions très sexuées (89 % des personnels de services aux particuliers sont des femmes tandis que 92 % des chauffeurs sont des hommes) dont huit sur dix sont à temps partiel. Il est probable qu’il s’agisse majoritairement de personnes pour qui travailler renvoie à une nécessité économique. À l’opposé, certaines activités comme celles de conseil libéral sont occupées par des personnes très qualifiées (76 % ont un diplôme d’études supérieures), souvent des hommes (79 %), dont on peut penser que la poursuite d’un emploi peut aussi être motivée par des raisons extra-financières. En situation intermédiaire, les commerçants et artisans sont peu diplômés (32 % n’ont aucun diplôme et 34 % ont un CAP ou BEP). Il s’agit majoritairement d’hommes (66 % des commerçants et 84 % des artisans), à temps plein dans 36 % des cas, soit près de 10 points de plus que la moyenne des retraités qui travaillent.