Insee PremièreDes moteurs de la croissance démographique différents de part et d’autre des frontières

Elena Mironova, Sophie Villaume, service Études et diffusion, direction régionale Insee Grand Est

Entre 2010 et 2015, en France, à proximité des frontières, la plupart des zones d’emploi affichent un excédent naturel, hormis à la frontière espagnole. À l’inverse, les territoires frontaliers étrangers voisins (en Allemagne, Italie et Belgique) pâtissent d’un vieillissement plus marqué de leur population et d’un solde naturel faiblement positif, voire parfois déficitaire.

Plus variable, l’attractivité résidentielle des zones d’emploi frontalières françaises diffère selon leur situation géographique. La proximité de la Suisse, dynamique sur le plan économique et démographique, a un impact sur les zones frontalières françaises voisines, tandis que l’attractivité du Luxembourg n’a d’effet que sur ses abords immédiats. Deux tiers des travailleurs frontaliers résidant en France travaillent dans l’un de ces deux pays.

Dans les zones d’emploi du Nord et du Pas-de-Calais, la hausse du nombre d’habitants n’est soutenue que par le dynamisme de la natalité, tandis que côté belge, elle provient surtout de l’excédent migratoire.

Dans la plaine d’Alsace, le nombre de naissances supérieur au nombre de décès permet des gains de population. Outre-Rhin, la population croît dans les territoires frontaliers du Bade-Wurtemberg, mais diminue dans la Sarre en lien avec un fort vieillissement de la population et une natalité en baisse.

Dans certains territoires du Sud, le vieillissement de part et d’autre des frontières italienne et espagnole est compensé par leur attractivité résidentielle.

Elena Mironova, Sophie Villaume, service Études et diffusion, direction régionale Insee Grand Est
Insee Première No 1735- Janvier 2019

La France métropolitaine, au carrefour de huit pays européens

La France métropolitaine partage ses frontières terrestres avec 8 pays (Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Italie, Monaco, Espagne et Andorre), sur 2 900 kilomètres. Certains territoires frontaliers ont des dynamiques démographiques communes de part et d’autre de la frontière, en raison d’un contexte économique favorable, de bonnes infrastructures ou encore de la proximité culturelle. Dans d’autres territoires, les évolutions divergent, car la frontière est marquée par la barrière de la langue ou des reliefs.

Excédent naturel côté français, apports migratoires dans les pays frontaliers

Entre 2010 et 2015, la population des territoires proches des frontières françaises (sources) évolue de façon très contrastée : forte croissance au Luxembourg et en Suisse ou déclin marqué dans la Sarre (figure 1). Dans les arrondissements frontaliers belges, le nombre d’habitants croît modérément ; en Espagne il reste relativement stable et en Italie, il diminue à partir de 2014. Dans les arrondissements frontaliers allemands (pris dans leur globalité), après une stabilité entre 2010 et 2014, à partir de 2015, la population progresse avec l’arrivée d’immigrés (notamment des réfugiés venant de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan). Côté français, le nombre d’habitants augmente légèrement dans les zones frontalières.

Figure 1 - Évolution de la population dans les zones frontalières à la France*

Figure 1 - Évolution de la population dans les zones frontalières à la France*
Pays 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Allemagne 100,0 99,8 99,9 100,2 100,4 100,9 102,1 102,6
Belgique 100,0 101,0 101,6 102,0 102,1 102,5 103,0 103,3
France 100,0 100,4 100,9 101,4 101,8 102,2 102,5 102,9
Espagne 100,0 100,3 100,6 100,2 99,5 99,3 99,4 99,7
Italie 100,0 100,3 99,9 99,6 99,2 99,0
Italie interpolation 100,3 100,1 100,0 99,9
Luxembourg 100,0 101,9 104,5 107,0 109,5 112,1 114,8 117,6
Suisse 100,0 101,1 102,1 103,2 104,5 105,8 107,0 108,2
  • * Données au 1er janvier.
  • Note : rupture de série en Italie entre 2011, année du recensement, et 2014, fin de validation des résultats.
  • Champ : départements pour la France et pour le reste de l‘Europe intersectant une bande de 25 kilomètres de part et d’autre des frontières de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, estimations de populations (résultats provisoires arrêtés fin 2017) ; Eurostat ; Destatis (Allemagne) ; Istat (Italie).

Figure 1 - Évolution de la population dans les zones frontalières à la France

  • Note : rupture de série en Italie entre 2011, année du recensement, et 2014, fin de validation des résultats. Les pointillés correspondent à l’interpolation des données 2011 et 2014. Données au 1ᵉʳ janvier.
  • Champ : départements pour la France et pour le reste de l‘Europe intersectant une bande de 25 kilomètres de part et d’autre des frontières de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, estimations de populations (résultats provisoires arrêtés fin 2017) ; Eurostat ; Destatis (Allemagne) ; Istat (Italie).

Entre 2010 et 2015, la croissance démographique dans les territoires frontaliers étrangers est due principalement aux apports , c’est-à-dire la différence entre le nombre d’arrivées de nouveaux résidents et le nombre de départs (figure 2). À l’opposé, côté français, l’ permet l’essentiel des gains de population. Les territoires proches de la frontière espagnole font exception avec un léger déficit naturel côté français, compensé toutefois par l’attractivité résidentielle, et un déficit migratoire côté espagnol.

Figure 2 - Évolution annuelle de la population aux frontières entre 2010 et 2015 due au solde migratoire et au solde naturel

Figure 2 - Évolution annuelle de la population aux frontières entre 2010 et 2015 due au solde migratoire et au solde naturel - Lecture : en 2015, 563 000 personnes vivent au Luxembourg. Entre 2010 et 2015, le solde naturel et le solde migratoire apparent induisent des gains de population : respectivement + 0,4 % et + 1,9 % par an.
Pays Population 2010 Population 2015 Taux d’évolution annuel moyen (en %) dû au solde naturel (en %) dû au solde migratoire apparent (en %) Superficie (en km²) Densité
(nombre
d’habitants
au km²)
Allemagne 4 630 761 4 670 604 0,17 – 0,25 0,42 17 545 266
Belgique 3 812 732 3 908 823 0,50 0,04 0,46 15 357 255
Espagne - Andorre 9 287 748 9 214 256 – 0,16 0,17 – 0,33 71 535 129
France – frontière allemande 1 634 148 1 651 727 0,21 0,33 – 0,11 8 241 200
France – frontière belge 3 822 722 3 846 358 0,12 0,47 – 0,34 16 288 236
France – frontière espagnole 1 622 236 1 664 547 0,52 – 0,10 0,62 24 513 68
France – frontière italienne 1 059 272 1 064 633 0,10 0,11 – 0,01 18 591 57
France – frontière luxembourgeoise 837 107 844 747 0,18 0,28 – 0,10 4 804 176
France – frontière suisse 2 699 390 2 803 774 0,76 0,45 0,31 21 999 127
Italie - Monaco 3 559 650 3 549 102 – 0,06 – 0,25 0,19 19 686 180
Luxembourg 502 066 562 958 2,32 0,42 1,90 2 586 218
Suisse 4 264 886 4 514 003 1,14 0,21 0,93 20 740 218
  • Lecture : en 2015, 563 000 personnes vivent au Luxembourg. Entre 2010 et 2015, le solde naturel et le solde migratoire apparent induisent des gains de population : respectivement + 0,4 % et + 1,9 % par an.
  • Champ : zones d’emploi et Nuts 3 intersectant une bande de 25 kilomètres de part et d’autre des frontières de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, recensements de la population 2010 et 2015, exploitations principales ; statistiques de l’état civil ; Eurostat ; Destatis (Allemagne) ; OFS (Suisse) ; Département de Statistique d’Andorre ; IMSEE (Monaco) ; Istat (Italie).

Figure 2 - Évolution annuelle de la population aux frontières entre 2010 et 2015 due au solde migratoire et au solde naturel

  • Note : la taille des ronds est proportionnelle à la population en 2015 des territoires frontaliers.
  • Lecture : en 2015, 563 000 personnes vivent au Luxembourg. Entre 2010 et 2015, le solde naturel et le solde migratoire apparent induisent des gains de population : respectivement + 0,4 % et + 1,9 % par an.
  • Champ : zones d’emploi et Nuts 3 intersectant une bande de 25 kilomètres de part et d’autre des frontières de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, recensements de la population 2010 et 2015, exploitations principales ; statistiques de l’état civil ; Eurostat ; Destatis (Allemagne) ; OFS (Suisse) ; Département de Statistique d’Andorre ; IMSEE (Monaco) ; Istat (Italie).

Forte croissance démographique au Luxembourg et en Suisse, et à leurs frontières côté français

Le Luxembourg affiche une croissance démographique record parmi les territoires étrangers voisins. Entre 2010 et 2015, sa population a crû de 2,3 % par an (figure 3), surtout grâce à un excédent des arrivées de nouveaux habitants sur les départs. Le solde naturel contribue plus modérément à l’augmentation de la population (à hauteur de + 0,4 point). La hausse du nombre d’habitants concerne l’ensemble des cantons et varie de 1,3 % à Remich à 3,2 % à Luxembourg.

Dans les françaises proches du Luxembourg, le nombre d’habitants progresse moins vite : + 0,4 % par an dans les zones d’emploi de Thionville et de Longwy, et stabilité dans celle de Metz. La population est assez jeune et le solde naturel est positif. La proximité immédiate du Luxembourg contribue sans doute à l’attractivité migratoire de Longwy et de Thionville ; la part de travailleurs frontaliers y est particulièrement élevée (encadré). Ces zones d’emploi accueillent ainsi plus d’habitants qu’elles n’en voient partir, à l’inverse de celle de Metz.

En Suisse, l’évolution de la population aux abords de la frontière française est également largement positive, notamment autour du lac Léman (entre + 1,7 % et + 1,0 % par an), dans le canton de Fribourg et dans le canton d’Argovie au Nord du pays (+ 2,1 % et + 1,5 %). Ces territoires allient un très fort excédent migratoire et un solde naturel positif, tandis que le nombre d’habitants augmente moins vite dans les autres cantons frontaliers. À l’exception de Fribourg, Vaud, Genève et Argovie, la population des cantons suisses frontaliers est vieillissante et les naissances compensent à peine les décès. Ainsi, la croissance démographique des territoires frontaliers suisses est essentiellement le fruit de l’excédent migratoire.

Le dynamisme économique de la Suisse joue sans doute en faveur d’une hausse de la population côté français. La Suisse est la première destination des travailleurs frontaliers en provenance de la France métropolitaine. Comme au Luxembourg, le marché de l’emploi y est plus attractif, avec un taux de chômage nettement plus bas qu’en France et des rémunérations plus élevées : en 2014, le salaire brut mensuel moyen est deux fois supérieur en Suisse et 50 % plus élevé au Luxembourg qu’en France. Le nombre d’habitants s’accroît dans les zones d’emploi facilement accessibles par l’autoroute depuis Genève, notamment celles du Genevois français (+ 2,3 %), d’Annecy et de Chambéry (+ 1,4 % et + 1,0 %), ainsi que dans les zones limitrophes des cantons de Bâle, de Vaud et de Neuchâtel (entre + 1,2 % et + 0,7 % par an). Dans ces territoires, le solde naturel et le solde migratoire apparent contribuent tous les deux à l’augmentation de la population de part et d’autre de la frontière. La population des zones françaises frontalières de la Suisse est globalement plus jeune que celle de leurs voisins.

La situation démographique est moins favorable dans les zones d’emploi montagneuses de Saint-Claude (– 0,4 %), du Mont-Blanc et d’Oyonnax (– 0,3 % chacun). Malgré un solde naturel positif, elles perdent des habitants, car les départs y sont plus nombreux que les arrivées.

Figure 3 - Évolution annuelle moyenne de la population entre 2010 et 2015

Figure 3 - Évolution annuelle moyenne de la population entre 2010 et 2015
Pays Zone d’emploi / Nuts 3 Population 2010 Population 2015 Taux d’évolution annuel moyen (en %)
Allemagne Freiburg im Breisgau, Stadtkreis 209 301 222 203 1,2
Karlsruhe, Stadtkreis 289 207 300 051 0,7
Breisgau-Hochschwarzwald 245 497 252 749 0,6
Landau in der Pfalz, Kreisfreie Stadt 43 277 44 465 0,5
Baden-Baden, Stadtkreis 52 402 53 342 0,4
Emmendingen 156 368 159 708 0,4
Lörrach 218 894 223 692 0,4
Trier-Saarburg 142 563 145 227 0,4
Karlsruhe, Landkreis 423 914 431 315 0,3
Ortenaukreis 410 180 415 639 0,3
Germersheim 124 353 126 266 0,3
Rastatt 222 080 224 687 0,2
Calw 151 360 152 766 0,2
Enzkreis 191 544 193 728 0,2
Waldshut 163 263 165 211 0,2
Südliche Weinstraße 108 692 109 735 0,2
Freudenstadt 116 448 115 147 – 0,2
Zweibrücken, Kreisfreie Stadt 34 387 34 011 – 0,2
Regionalverband Saarbrücken 329 647 325 604 – 0,2
Kaiserslautern, Landkreis 105 909 104 288 – 0,3
Merzig-Wadern 104 430 102 987 – 0,3
Saarlouis 199 491 195 632 – 0,4
Saarpfalz-Kreis 146 531 143 532 – 0,4
Pirmasens, Kreisfreie Stadt 41 109 40 046 – 0,5
Südwestpfalz 98 971 96 410 – 0,5
Neunkirchen 136 616 133 021 – 0,5
St. Wendel 90 956 88 259 – 0,6
Kusel 73 371 70 883 – 0,7
Belgique Arr. Arlon 57 850 60 675 1,0
Arr. Neufchâteau 59 861 62 500 0,9
Arr. Mouscron 72 380 75 198 0,8
Arr. Marche-en-Famenne 54 214 56 525 0,8
Arr. Gent 527 248 545 427 0,7
Arr. Dinant 105 998 109 782 0,7
Arr. Namur 301 472 312 113 0,7
Arr. Philippeville 64 811 66 981 0,7
Arr. Roeselare 145 024 149 106 0,6
Arr. Ath 83 752 86 187 0,6
Arr. Soignies 183 169 188 678 0,6
Arr. Oudenaarde 119 995 122 732 0,5
Arr. Diksmuide 49 675 50 885 0,5
Arr. Oostende 150 841 154 924 0,5
Arr. Mons 251 901 258 320 0,5
Arr. Virton 52 037 53 351 0,5
Arr. Tielt 90 274 92 042 0,4
Arr. Brugge 276 313 280 535 0,3
Arr. Kortrijk 281 112 285 969 0,3
Arr. Charleroi 425 110 430 899 0,3
Arr. Thuin 149 082 151 554 0,3
Arr. Tournai 144 486 146 944 0,3
Arr. Veurne 60 299 60 990 0,2
Arr. Ieper 105 828 106 506 0,1
Espagne-Andorre Navarra 633 023 636 402 0,1
Gipuzkoa 705 974 707 316 0,0
Girona 741 848 740 373 0,0
Zaragoza 972 287 966 604 – 0,1
Barcelona 5 488 633 5 432 802 – 0,2
Lleida 434 183 430 661 – 0,2
Huesca 226 785 222 084 – 0,4
Andorre 85 015 78 014 – 1,7
France – frontière Allemande Strasbourg 570 711 585 683 0,5
Molsheim - Obernai 132 741 135 638 0,4
Colmar 194 858 198 815 0,4
Sélestat 83 512 84 941 0,3
Haguenau 200 043 202 506 0,2
Wissembourg 40 747 40 488 – 0,1
Sarreguemines 112 399 111 378 – 0,2
Saverne 78 254 77 055 – 0,3
Forbach 220 883 215 223 – 0,5
France – frontière Belge Roubaix - Tourcoing 419 519 430 236 0,5
Lille 788 230 804 423 0,4
La Flandre - Lys 122 808 125 366 0,4
Saint-Omer 116 228 118 523 0,4
Cambrai 179 287 181 042 0,2
Valenciennes 349 621 351 836 0,1
Béthune - Bruay 291 551 292 686 0,1
Laon 100 888 100 650 0,0
Lens - Hénin 363 835 363 741 0,0
Dunkerque 254 082 253 279 – 0,1
Maubeuge 232 692 231 565 – 0,1
Douai 248 609 245 619 – 0,2
Verdun 63 233 62 659 – 0,2
La Thiérache 60 017 58 773 – 0,4
Charleville-Mézières 232 122 225 960 – 0,5
France - frontière Espagne-Andorre Perpignan 334 031 354 281 1,2
Bayonne 313 365 331 563 1,1
Céret 71 887 73 212 0,4
Prades 42 625 43 545 0,4
Pau 339 617 342 118 0,1
Foix - Pamiers 113 352 114 204 0,1
Saint-Gaudens 58 547 58 704 0,1
Oloron-Sainte-Marie 42 073 41 893 – 0,1
Tarbes - Lourdes 229 517 228 499 – 0,1
Limoux 44 501 44 264 – 0,1
Saint-Girons 32 721 32 264 – 0,3
France – frontière Italie-Monaco Gap 103 829 106 869 0,6
Briançon 34 752 35 673 0,5
La Tarentaise 108 135 109 164 0,2
Nice 618 916 621 237 0,1
Digne-les-Bains 71 684 71 326 – 0,1
Menton - Vallée de la Roya 81 439 81 071 – 0,1
La Maurienne 40 517 39 293 – 0,6
France – frontière Luxembourg Longwy 110 577 112 574 0,4
Thionville 218 196 223 127 0,4
Metz 508 334 509 046 0,0
France – frontière Suisse Le Genevois Français 369 267 413 133 2,3
Annecy 275 927 295 626 1,4
Morteau 45 223 47 897 1,2
Le Chablais 92 370 98 132 1,2
Chambéry 278 090 291 671 1,0
Pontarlier 60 036 62 826 0,9
La Vallée de l'Arve 57 613 60 239 0,9
Saint-Louis 117 929 122 056 0,7
Besançon 300 834 308 405 0,5
Mulhouse 426 892 432 083 0,2
Belfort - Montbéliard - Héricourt 373 318 372 836 0,0
Lons-le-Saunier 120 043 119 945 0,0
Oyonnax 65 979 65 025 – 0,3
Le Mont Blanc 60 930 60 074 – 0,3
Saint-Claude 54 939 53 826 – 0,4
Italie-Monaco Monaco 35 400 37 600 1,2
Cuneo 589 586 592 060 0,1
Valle d'Aosta/Vallée d'Aoste 127 866 128 298 0,1
Torino 2 297 598 2 291 719 – 0,1
Savona 287 315 282 607 – 0,3
Imperia 221 885 216 818 – 0,5
Luxembourg Luxembourg 502 066 562 958 2,3
Suisse Freiburg 273 159 303 377 2,1
Vaud 701 526 761 446 1,7
Valais 307 392 331 763 1,5
Aargau 600 040 645 277 1,5
Genève 453 292 477 385 1,0
Solothurn 252 748 263 719 0,9
Bern 974 235 1 009 418 0,7
Neuchâtel 171 647 177 327 0,7
Jura 70 134 72 410 0,6
Basel-Landschaft 272 815 281 301 0,6
Basel-Stadt 187 898 190 580 0,3
  • Champ : zones d’emploi pour la France et Nuts 3 pour le reste de l‘Europe intersectant une bande de 25 kilomètres de part et d’autre des frontières de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, recensements de la population 2010 et 2015, exploitations principales; statistiques de l’état civil, Eurostat ; Destatis (Allemagne) ; OFS (Suisse) ; Département de Statistique d’Andorre ; IMSEE (Monaco) ; Istat (Italie).

Figure 3 - Évolution annuelle moyenne de la population entre 2010 et 2015 (en %)

  • Champ : zones d’emploi pour la France et Nuts 3 pour le reste de l‘Europe intersectant une bande de 25 kilomètres de part et d’autre des frontières de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, recensements de la population 2010 et 2015, exploitations principales ; statistiques de l’état civil ; Eurostat ; Destatis (Allemagne) ; OFS (Suisse) ; Département de Statistique d’Andorre ; IMSEE (Monaco) ; Istat (Italie).

Hausse de population en Belgique grâce aux apports migratoires

Tous les arrondissements belges situés aux abords de la frontière française gagnent des habitants ; en particulier ceux proches du Luxembourg (entre + 0,8 % et + 1,0 % par an), mais aussi Gand, Namur, Mouscron et Philippeville (entre + 0,7 % et + 0,8 %). Partout, les arrivées sont plus nombreuses que les départs, notamment sur la côte belge et autour de la pointe des Ardennes. En revanche, le vieillissement de la population est important, surtout dans la région flamande. Les naissances compensent à peine les décès, voire n’y suffisent pas, contrairement à ce qui est observé dans l’ensemble de la Belgique. L’excédent naturel contribue positivement à l’évolution du nombre d’habitants dans quelques arrondissements seulement, notamment à proximité du Luxembourg, où la population est plus jeune, ou encore à Gand et Namur.

En France, près de la frontière belge, dans le Nord et le Pas-de-Calais, le nombre d’habitants augmente jusqu’à + 0,5 % par an, tandis qu’au nord des Ardennes et de l’Aisne, il diminue, en lien avec le vieillissement de la population et la faible attractivité résidentielle (entre – 0,5 % et – 0,2 %). Toutefois, contrairement aux provinces belges voisines, dans la majorité des zones frontalières du Nord de la France, la population est très jeune et les naissances sont dynamiques. Ainsi, le solde naturel contribue fortement à la hausse de la population, compensant souvent le manque d’attractivité résidentielle.

Malgré un espace francophone commun, la Belgique attire beaucoup moins de travailleurs frontaliers que la Suisse et le Luxembourg. Néanmoins, près de 34 000 personnes résidant à proximité de la frontière vont y travailler. Le niveau moyen des salaires y est plus élevé qu’en France (14 % de plus en 2014) et le chômage un peu moins présent.

Côté allemand : déficit naturel compensé par de nouveaux arrivants

Dans les territoires frontaliers franco-allemands, deux dynamiques démographiques se dessinent. Confrontée à un fort vieillissement de la population et à une natalité en recul, l’Allemagne connaît une baisse de la population dans la Sarre et au sud de la Rhénanie-Palatinat. La population y baisse de plus de 0,2 % par an, malgré un solde des entrées et sorties légèrement positif. Voisins de la Sarre coté français, Forbach, Saverne et Sarreguemines perdent également des habitants (entre – 0,5 % et – 0,2 % par an). Ceci est lié à un excédent des départs sur les arrivées ; le nombre de naissances y égale ou dépasse très légèrement le nombre de décès.

Dans les autres arrondissements allemands, situés principalement à l’est du Rhin et à proximité de la Suisse, l’excédent migratoire entraîne des gains de population, malgré un déficit naturel. Notamment, le nombre d’habitants croît fortement dans les villes-arrondissements de Karlsruhe (+ 0,7 % par an) et de Fribourg-en-Brisgau (+ 1,2 %), seule à afficher un solde naturel positif.

Dans la plaine d’Alsace voisine, les évolutions de population sont également favorables (entre + 0,5 % et + 0,3 %), avec un léger excédent naturel, tandis que les migrations y sont globalement à l’équilibre. Seules Molsheim-Obernai et Colmar comptent plus d’arrivées que de départs, tandis que la zone d’emploi de Strasbourg enregistre un léger déficit migratoire.

Malgré un faible taux de chômage et des facilités d’accès, l’Allemagne attire relativement peu de travailleurs en provenance de France. La concurrence luxembourgeoise et suisse, la barrière de la langue ainsi que le niveau des rémunérations comparable à la France n’incitent pas les résidents français à traverser la frontière pour aller travailler.

Population vieillissante de part et d’autre des frontières espagnole et italienne

Les provinces frontalières italiennes sont fortement concernées par le vieillissement de la population et le déficit des naissances : le solde naturel y engendre une baisse parfois importante du nombre d’habitants (jusqu’à – 0,6 % par an), plus marquée que dans l’ensemble du pays. Ces territoires gagnent toutefois des habitants grâce à l’excédent migratoire.

À l’instar des territoires transalpins voisins, la population des zones d’emploi françaises à la frontière italienne est vieillissante. Malgré cela, le solde naturel reste positif dans la plupart de ces zones, sauf à Menton-Vallée de la Roya et à Digne-les-Bains. Ces dernières perdent ainsi des habitants, tout comme la Maurienne. Partout ailleurs, la population croît, jusqu’à + 0,6 % à Gap et + 0,5 % à Briançon chaque année entre 2010 et 2015. Les zones situées dans la partie sud comptent plus d’arrivées que de départs, à l’exception de Nice. Celles situées dans les Alpes plus au nord enregistrent un déficit migratoire.

La principauté de Monaco gagne des habitants au rythme de 1,2 % par an, uniquement grâce à son attractivité résidentielle, les naissances et décès y étant à l’équilibre.

À la frontière espagnole, la population augmente principalement dans les territoires proches du littoral. Dans ces derniers, la hausse est bien plus prononcée côté français (entre + 1,2 % et + 0,4 %). Côté espagnol, l’évolution est relativement atone. La province de Barcelone, de loin la plus peuplée, fait figure d’exception et perd des habitants (– 0,2 %). Au cœur des Pyrénées, dans des territoires déjà peu peuplés, la population diminue également. De part et d’autre des Pyrénées, la population vieillit. Le solde naturel est négatif dans la majorité des zones d’emploi côté français (à l’exception de celles de Pau et Perpignan), et seul l’excédent migratoire fait progresser le nombre d’habitants. Inversement, la plupart des provinces espagnoles affichent un solde naturel légèrement positif, mais comptent plus de départs que d’arrivées. Le solde migratoire y est un peu plus déficitaire que dans l’ensemble de l’Espagne.

Andorre bénéficie d’une population plus jeune que ses voisins. Malgré cela, elle perd des habitants (– 1,7 % par an). Le dynamisme naturel ne compense pas un solde des entrées et sorties largement déficitaire (– 2,2 %).

Les échanges de travailleurs entre la France et l’Espagne et l’Italie sont très peu nombreux. Les barrières naturelles jouent sans doute grandement, tout comme le faible dynamisme de l’emploi et le niveau des rémunérations moins élevé (en 2014, le salaire brut moyen est respectivement 30 % et 10 % plus faible en Espagne et en Italie qu’en France).

Deux tiers des frontaliers résidant en France travaillent en Suisse et au Luxembourg

En 2015, 375 000 personnes résident à proximité des frontières métropolitaines et travaillent à l’étranger (figure). Une sur deux travaille en Suisse et une sur cinq au Luxembourg. Dans les zones d’emploi voisines du Luxembourg, le travail frontalier est le plus fréquent : 20,9 % des personnes en emploi travaillent dans le Grand Duché. À la frontière suisse, cette proportion est également forte, avec 14,7 % de frontaliers vers ce pays. En effet, la Suisse et le Luxembourg conjuguent une accessibilité géographique, un niveau de rémunérations plus élevé et une faible barrière linguistique, ce qui les rend attractifs pour les Français.

L’Allemagne et Monaco emploient chacun 5,9 % des actifs des zones frontalières voisines, tandis que la Belgique en accueille 2,4 %. L’Espagne, l’Italie et Andorre réunis n’en captent que 0,6 %.

La France attire quant à elle beaucoup moins de travailleurs frontaliers. Environ 10 000 salariés résident dans les territoires étrangers voisins et viennent travailler côté français (hors travailleurs détachés), dont la majorité de Belges.

Nombre de travailleurs frontaliers de proximité par frontière

Nombre de travailleurs frontaliers de proximité par frontière - Lecture : en 2015, 44 600 actifs en emploi résidant dans les zones d’emploi frontalières de l’Allemagne travaillent à l’étranger, dont 92 % en Allemagne.
Nombre de travailleurs sortants
Toutes destinations dont
France - frontière Allemagne 44 600 Allemagne :     92 %
France - frontière Belgique 35 900 Belgique :        94 %
France - frontière Espagne - Andorre 5 200 Espagne :        70 %
France - frontière Italie - Monaco 27 100 Monaco :         95 %
France - frontière Luxembourg 79 500 Luxembourg : 91 %   
France - frontière Suisse 182 600 Suisse :             98 %
Ensemble 374 800
  • Note : sont qualifiés de sortants les personnes résidant en France et travaillant à l’étranger (salariés ou non). Leur nombre est faible vers Andorre et l’Italie.
  • Lecture : en 2015, 44 600 actifs en emploi résidant dans les zones d’emploi frontalières de l’Allemagne travaillent à l’étranger, dont 92 % en Allemagne.
  • Champ : zones d’emploi pour la France et Nuts 3 pour le reste de l‘Europe intersectant une bande de 25 kilomètres de part et d’autre des frontières de France métropolitaine.
  • Sources : Insee, recensement de la population 2015, exploitation principale.

Sources

Les données utilisées dans cette étude sont issues, pour la France, du recensement de la population et des statistiques de l’état civil. Pour les autres pays, les données sont celles diffusées par Eurostat, ainsi que par les offices statistiques nationaux allemand (Destatis), italien (Istat), suisse (OFS), monégasque (IMSEE) et andorran.

Le périmètre géographique considéré est celui des territoires proches des frontières (ou « frontalier de proximité »), c’est-à-dire ceux intersectant une bande de 25 km de part et d’autre des frontières terrestres métropolitaines. Le zonage utilisé est celui des zones d’emploi pour la France, et celui des pour les autres pays. En France, le niveau Nuts 3 correspond aux départements, territoires plus étendus que les Nuts 3 des autres pays, hormis en Espagne. Les zones d’emploi françaises sont regroupées par frontière, en fonction du pays étranger le plus proche. Si la zone est située à proximité de plusieurs pays étrangers, celui qui attire le plus de travailleurs parmi les résidents de la zone d’emploi est retenu.

Des ruptures de série liées au changement de méthode de recensement sont présentes dans les données Eurostat pour l’Allemagne au 01/01/2011 et pour l’Italie au 01/01/2014. L’Office fédéral de la statistique d’Allemagne, Destatis, a rétropolé les données au niveau des Länder ; ces évolutions ont été appliquées au niveau des arrondissements allemands. Pour l’Italie, les données officielles de population résidente des années 2010 et 2011 et ultérieures à 2014, basées sur les registres municipaux publiés par l’Institut national de la statistique d’Italie (Istat), ont été retenues.

Définitions

La nomenclature statistique commune des unités territoriales (Nuts) est un découpage territorial de l’Espace économique européen. Chaque État est subdivisé en unités territoriales de niveau Nuts 1, chacune de celles-ci étant scindée en unités territoriales de niveau Nuts 2, elles-mêmes partagées en unités territoriales de niveau Nuts 3. Ces niveaux sont définis en fonction de seuils de population, et correspondent généralement à des unités administratives existantes ou à des regroupements de ces unités.

Le solde migratoire apparent des entrées-sorties est la différence entre le nombre de personnes entrées sur un territoire donné et le nombre de personnes qui en sont sorties, au cours de la période considérée. Il est obtenu par différence entre la variation totale de la population au cours de la période considérée et le solde naturel.

Le solde naturel (déficit ou excédent naturel de population) est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.

Une zone d’emploi est un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l’essentiel de la main d’œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts.

Pour en savoir plus

Bellamy V., « Un vieillissement plus marqué en Allemagne qu’en France ou au Royaume-Uni », Insee Focus n° 88, juin 2017.

Cacheux L., Creusat J., Eichwald-Isel A., « Les dynamiques socio-économiques du Grand Est dans son environnement régional et transfrontalier », Insee Dossier Grand Est n° 4, décembre 2016.

Challand C., Kayali M.-L., « Population du Grand Est en 2035 : entre le choc démographique allemand et la prospérité du Luxembourg et de la Suisse », Insee Analyses Grand Est n° 79, septembre 2018.

Charton C., Bouriez M., René Y., Hmamda N., « Arc jurassien franco- suisse : quatre territoires pour une coopération diversifiée », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté n° 44, novembre 2018.

Papon S., Beaumel C., « Bilan démographique 2018 », Insee Première n° 1730, janvier 2019.

Ouvrir dans un nouvel ongletObservatoire statistique transfrontalier Ain-Haute-Savoie – Genève-Vaud, synthèse 2018.

Fiche « Démographie en Europe », Cadrage européen, in Insee Références « France, portrait social », édition 2018.