Insee Flash GuadeloupeBilan démographique - Un vieillissement accentué par les migrations

Lise Demougeot

Au 1er janvier 2016, 394 110 personnes résident en Guadeloupe. Entre 2011 et 2016, la région a perdu plus d’habitants qu’elle n’en avait gagné lors de la période précédente (2006-2011). Cette situation s’explique par un déficit migratoire persistant et une fécondité inférieure au seuil de renouvellement des générations.

Lise Demougeot
Insee Flash Guadeloupe No 109- Janvier 2019

Au 1er janvier 2016, la population légale est de 394 110 habitants (figure 1). Entre 1990 et 2011, l’accroissement de la population guadeloupéenne a progressivement ralenti. Depuis 2011, le territoire perd des habitants (– 0,5 % par an). Au 1er janvier 2018, le nombre d’habitants en Guadeloupe est estimé à 390 704 personnes ; la population continuerait donc de baisser.

En Martinique, cette décroissance démographique est plus marquée (– 0,8 % par an) entre 2011 et 2016. À l’inverse, en Guyane et en France métropolitaine, la population augmente, respectivement de 2,5 % et de 0,4 % par an en moyenne, sur la même période.

Figure 1L'espérance de vie des Guadeloupéens toujours inférieure à celle des métropolitainsIndicateurs démographiques en Guadeloupe et en France métropolitaine en 2017, 2016* ou 2015**

L'espérance de vie des Guadeloupéens toujours inférieure à celle des métropolitains
Guadeloupe France métropolitaine
Population
Population au 1er janvier 2016 394 110 64 479 018
Population estimée au 1er janvier 2018 390 704 65 018 096
Natalité, fécondité
Naissances domiciliées 4 126 728 100
Taux de natalité (en ‰) 9,6 11,2
Âge moyen de la mère (en nombre d'années) 30,3 30,8
Indicateur conjoncturel de fécondité des femmes (en nombre d'enfants nés vivants pour 100 femmes) 174 185
Mortalité
Décès domiciliés 3 121 591 371
Taux brut de mortalité – Ensemble (en ‰) 8,2 9,0
Taux brut de mortalité – Femmes (en ‰) 7,1 8,8
Taux brut de mortalité – Hommes (en ‰) 9,4 9,3
Espérance de vie à la naissance – Femmes (en nombre d'années) 84,1 85,4
Espérance de vie à la naissance – Hommes (en nombre d'années) 77,0 79,5
Taux de mortalité infantile (en ‰) 8,5 3,6
Nuptialité
Nombre de mariages domiciliés 1 136 224 106*
Taux brut de nuptialité** (en ‰) 3,0 3,6
Nombre de Pacs conclus** 242 187 248
Nombre de divorces prononcés** 659 120 731
  • Champ : Guadeloupe et France métropolitaine
  • Sources : Insee, Recensement de la population (exploitation principale), Estimations de population, État-civil

Le déficit migratoire s’accentue

L’évolution démographique de la Guadeloupe résulte d’un double phénomène : le ralentissement de l’accroissement naturel et l’accélération du déficit migratoire.

Entre 2011 et 2016, le déficit migratoire s’accentue. Le taux de variation annuel de la population dû au solde apparent des entrées-sorties passe de – 0,5 % sur la période 2006 – 2011 à – 1,1 % sur la période suivante (figure 2). Depuis 2000, les départs sont plus nombreux que les arrivées en raison d’un chômage élevé et de l’absence de certaines filières universitaires. Ceux qui partent sont principalement des jeunes.

Le solde naturel reste positif, mais le rythme de croissance des naissances diminue. Alors qu’entre 2006 et 2011, l’excédent naturel était de 2 968 personnes en moyenne par an, il n’est plus que de 2 110 personnes sur la période suivante. Ce ralentissement est principalement dû au vieillissement de la population guadeloupéenne, aux départs d’individus en âge de procréer et à la baisse de la fécondité.

Figure 2Le déficit migratoire accentue la décroissance de la populationÉvolution et décomposition du taux d’accroissement annuel de la population guadeloupéenne (en %)

Le déficit migratoire accentue la décroissance de la population - Lecture : entre 2011 et 2016, la population guadeloupéenne diminue : le solde naturel contribue positivement à hauteur de 0,5 point à l'évolution démographique, tandis que le solde apparent des entrées-sorties y contribue négativement à hauteur de 1,1 point.
Année Taux de variation annuel Taux de variation annuel dû au solde naturel Taux de variation annuel dû au solde apparent des entrées-sorties
1968-1975 0,5 2,6 -2,1
1975-1982 0,1 1,2 -1,2
1982-1990 1,4 1,3 0,1
1990-1999 1,0 1,1 -0,1
1999-2006 0,5 1,0 -0,5
2006-2011 0,2 0,7 -0,5
2011-2016 -0,5 0,5 -1,1
  • Lecture : entre 2011 et 2016, la population guadeloupéenne diminue : le solde naturel contribue positivement à hauteur de 0,5 point à l'évolution démographique, tandis que le solde apparent des entrées-sorties y contribue négativement à hauteur de 1,1 point.
  • Champ : Guadeloupe
  • Sources : Insee, Recensements de la population (exploitations principales), État-civil

Figure 2Le déficit migratoire accentue la décroissance de la populationÉvolution et décomposition du taux d’accroissement annuel de la population guadeloupéenne (en %)

  • Lecture : entre 2011 et 2016, la population guadeloupéenne diminue : le solde naturel contribue positivement à hauteur de 0,5 point à l'évolution démographique, tandis que le solde apparent des entrées-sorties y contribue négativement à hauteur de 1,1 point.
  • Champ : Guadeloupe
  • Sources : Insee, Recensements de la population (exploitations principales), État-civil

Le nombre de naissances diminue et la fécondité baisse

En 2017, 4 126 bébés sont nés en Guadeloupe, soit 527 naissances de moins qu’en 2016. Le nombre de femmes âgées de 20 à 40 ans, celles qui sont les plus fécondes, diminue contribuant ainsi à la baisse du nombre de naissances. En 2016, l’épidémie du virus Zika et la campagne d’information sur les risques de malformations du foetus aurait par ailleurs entraîné une baisse de la natalité en Guadeloupe.

L’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit en 2017 à 1,74 enfant par femme en âge de procréer (15-49 ans) alors qu’il était de 2,12 en 2016, passant sous le seuil de renouvellement des générations fixé à 2,05.

Le nombre de décès progresse

En 2017, 3 121 personnes sont décédées en Guadeloupe, c’est moins qu’en 2016 mais plus qu’en 2015. Depuis un peu plus d’une vingtaine d’années, le nombre de décès progresse en lien avec le vieillissement de la population et se rapproche du nombre de naissances. Le solde naturel se réduit alors d’années en années, passant de 4 255 en 1994 à 1 005 en 2017.

Le taux brut de mortalité s’élève à 8,2 ‰, comme en 2016, et reste inférieur au niveau national (9,1 ‰ en France métropolitaine). C’est surtout en termes d’inégalités hommes-femmes que la Guadeloupe se distingue de la Martinique, de la Guyane et de la France métropolitaine. Le taux de mortalité des hommes est plus élevé que celui des femmes. Par ailleurs, l’espérance de vie à la naissance est de 84,1 ans pour les Guadeloupéennes et de 77,0 ans pour les Guadeloupéens contre respectivement 85,4 ans et 79,5 ans en France métropolitaine. L’écart hommes-femmes a tendance à se réduire. Quant au taux de mortalité infantile, il est toujours très élevé aux Antilles-Guyane : 8,5 ‰ en Guadeloupe contre 3,6 ‰ en France métropolitaine. La grande prévalence des maladies chroniques liées aux comportements et aux conditions de vie (diabète, maladies cardiovasculaires, hypertension artérielle) semble impacter le bon déroulement des grossesses et des naissances.

La forte réduction de l’accroissement naturel modifie la structure de la population guadeloupéenne et implique un vieillissement à venir rapide de la population, accentué par les migrations.

Deux Pacs conclus pour huit mariages célébrés

En Guadeloupe, le mariage reste la forme d’union la plus répandue. Seulement deux Pacs sont conclus pour huit mariages célébrés.

En 2017, 1 136 mariages ont été célébrés, dont cinq entre personnes de même sexe. Le nombre de mariages de 32 % en 20 ans. Par ailleurs, 242 pactes civils de solidarité (Pacs) ont été conclus en Guadeloupe en 2015, soit 48 de moins qu’en 2014, année où le nombre de Pacs a atteint un niveau record.

Encadré n°1 : démographie des îles voisines

En 2014, la Dominique compte 71 575 habitants. La natalité y est plus forte qu’en Guadeloupe (12 ‰ contre 9,6 ‰) et la mortalité équivalente. Quant au taux de mortalité infantile, il est 2,5 fois plus élevé qu’en Guadeloupe (20,8 ‰).

Montserrat compte 4 976 habitants en 2014, Antigua en compte 90 801 en 2010. À Montserrat, la natalité est équivalente à celle de Guadeloupe (10 ‰) ; elle est plus forte à Antigua (13,8 ‰). En termes de mortalité, les taux enregistrés dans les îles du nord sont plus bas que ceux de Guadeloupe.Quant au taux de mortalité infantile, il est près de deux fois plus élevé à Antigua qu’en Guadeloupe (15,3 ‰ en 2012).

Encadré n°2 : le recensement en ligne, c’est simple, sûr et rapide. 

Le 17 janvier 2019 débutera l’enquête annuelle de recensement de la population en France. Le recensement de la population évolue en offrant aux habitants la possibilité de répondre par internet. Une notice d’informations (avec codes d’accès) décrit la procédure. Les questionnaires électroniques sont accessibles sur le site Ouvrir dans un nouvel ongletle recensement et moi. La confidentialité des informations recueillies est garantie par l’Insee selon des procédures approuvées par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).

Définitions

Solde naturel

Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d'une période.

Solde apparent des entrées sorties

Le solde apparent des entrées sorties est la différence entre le nombre de personnes entrées sur un territoire donné et le nombre de personnes qui en sont sorties, au cours de la période considérée.

Le taux de natalité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l'année à la population totale moyenne de l'année.

L’indicateur conjoncturel de fécondité est la somme des taux de fécondité par âge observés une année donnée.

Pour en savoir plus

F. Cratère, Recensement de la population en Guadeloupe : « la population guadeloupéenne à son niveau le plus bas depuis 2004 », Insee Flash Guadeloupe n° 81, janvier 2018

A. Couillaud, D. Delver, « Croissance démographique : vers une inversion de tendances », Insee Analyses Guadeloupe n° 17, janvier 2017

L. Le Corre, « La croissance démographique en 2013 : équilibre précaire », Insee Analyses Guadeloupe n° 9, janvier 2016