Sur la période 2008-2013, la croissance de la consommation des ménages s'est assez sensiblement écartée de celle du pouvoir d'achat du revenu : d'abord à la baisse jusqu'en 2009, puis à la hausse. Deux pistes d'explication directement liées à la grande récession et à ses conséquences en termes de finances publiques sont examinées. La première piste correspondant à la composition du revenu des ménages n'est pas conclusive. De fait, certains revenus ont progressé, au premier chef les prestations notamment d'assurance chômage, tandis que d'autres ont diminué, tels les revenus des indépendants ; et la part dédiée à la consommation de ces deux revenus diffère. Cette modification aurait donc pu expliquer une partie de la déconnexion entre consommation et pouvoir d'achat, mais l'impact mesuré de ces « effets de structure » ne permet de réduire l'écart entre la consommation observée et expliquée. La seconde piste correspond à l'influence qu'aurait pu avoir la politique budgétaire, avec une forte hausse du déficit public en 2009, en lien avec les plans de relance mis en place au plus fort de la crise, et un rétablissement progressif des finances publiques amorcé depuis. D'après les estimations, ce facteur expliquerait une partie des évolutions de la consommation sur la période récente. Face à une hausse du solde public, la consommation connaîtrait une hausse légère et temporaire. La faiblesse inattendue de la consommation en 2009 pourrait ainsi être due à la nette dégradation des finances publiques cette année-là. Ces résultats pourraient aussi capter l'ajustement de l'épargne de précaution à la situation économique particulière de cette période et à la forte incertitude quant à la trajectoire de l'économie française après la récession de 2009.