Insee Analyses Nouvelle-AquitaineLa filière fruits et légumes en Nouvelle-Aquitaine, orientée vers la diversité et la qualité

Virginie Régnier, Insee ; Isabelle Lafargue, Draaf

De la production à la mise en marché en passant par la transformation, hors commerce de détail, la filière fruits et légumes de Nouvelle-Aquitaine emploie 10 400 salariés. Elle représente 0,6 % de l’emploi salarié régional, dans 4 300 établissements. La Nouvelle-Aquitaine se classe au quatrième rang des régions métropolitaines avec 11 % des effectifs nationaux de la filière. Elle se distingue par la diversité de ses produits et de ses modes de production. L’emploi, réparti sur l’ensemble de la région, est plus fort dans la production. En aval, les entreprises de transformation et du commerce de gros sont implantées au cœur des bassins de production, essentiellement sur quatre départements ; peu d’établissements sont de grande taille. Le Lot-et-Garonne, aux productions variées, emploie à lui seul le tiers des salariés de la région. Le salariat est majoritairement masculin, jeune, avec plus d’ouvriers qu’ailleurs en France. La rémunération moyenne des salariés est ainsi inférieure à celle de l’ensemble de l’économie régionale, et à celle du reste de la filière France entière.

Virginie Régnier, Insee ; Isabelle Lafargue, Draaf
Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine No 66- Novembre 2018

Une des plus importantes régions françaises à forte diversité de production

Des melons charentais au piment d’Espelette, de l’asperge du Blayais à la tomate de Marmande, du kiwi de l’Adour à la pomme du Limousin et la prune d’Agen, la Nouvelle-Aquitaine, par son étendue et ses conditions climatiques appropriées, offre des paysages agricoles variés et des productions diversifiées. Plus grand verger de France, elle est dans les premières places, en surface, dans les productions de prunes à pruneaux, kiwis, noisettes, noix, châtaignes et pommes pour la consommation. Elle occupe également les premières places pour le maïs doux, la carotte, la fraise, l’aubergine, le poivron et le piment et s’impose comme la première région pour la diversification de ses cultures et ses modes de production.

La Nouvelle-Aquitaine se distingue par son orientation vers des productions à plus forte valeur ajoutée labellisées (AOP ou IGP) ou de conduites en mode de production biologique. La valeur de production des fruits et légumes dépasse un milliard d’euros en 2016, plaçant la Nouvelle-Aquitaine au troisième rang des régions françaises derrière les Hauts-de-France (1,7 milliard d’euros) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (1,2 milliard d’euros) et devant l’Occitanie (800 millions d’euros).

Avec 10 400 salariés répartis dans 4 300 établissements, la filière regroupe 11 % des salariés de la filière nationale, en quatrième position derrière l’Occitanie, les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Elle pèse 0,6 % de l’emploi salarié régional contre 0,4 % dans le reste de la France métropolitaine.

Une filière aux facettes multiples

La filière s’articule autour de trois principaux segments (figure 1) qui constituent son cœur d’activité.

Figure 1Un cœur de filière structuré autour de trois segments d’activitéSchéma de la filière fruits et légumes

  • Sources : Insee, Draaf

En amont, la production de fruits et de légumes est réalisée dans les exploitations agricoles. Elle est destinée au marché du frais ou à celui de la transformation. Le marché du frais est orienté directement vers le consommateur (commerce de détail ou vente directe) ou transite par les coopératives ou les expéditeurs (commerce de gros). Les produits destinés à être transformés ou mis en conserves sont adressés à des entreprises industrielles. En aval, les produits frais ou transformés pourvoient le commerce de gros. La production locale n’est pas uniquement destinée à la consommation ou la transformation régionales ; à l’inverse, les industriels et commerçants régionaux ne sont pas exclusivement approvisionnés par des producteurs locaux : les échanges interrégionaux et internationaux sont nombreux.

En Nouvelle-Aquitaine, l’agriculture demeure le socle de la filière

Dans la région, la production agricole réunit plus de huit établissements sur dix de la filière et 41 % de son salariat (figure 2).

Figure 2Profil des régions dans la filièreSpécificité des régions de France métropolitaine selon la répartition de l’emploi salarié dans les segments

  • Note : la Nouvelle-Aquitaine présente un profil proche de la moyenne de France métropolitaine selon la répartition de son emploi dans chaque segment. Les régions Grand Est, Hauts-de-France et Bretagne concentrent davantage leur emploi dans le segment de la transformation qu’en moyenne : ce segment est donc très spécifique dans ces régions. Les régions Corse et Pays de la Loire concentrent davantage leur emploi dans la production. Les salariés en Île-de-France sont surreprésentés dans le commerce de gros par rapport à la moyenne.
  • Source : Insee, Clap 2015

La production régionale se positionne sur des cultures nécessitant de multiples interventions manuelles, et ses 4 300 salariés placent la région au troisième rang national, derrière les Pays de la Loire et PACA. En Charente-Maritime, en Dordogne et dans les Deux-Sèvres, plus de la moitié des salariés de la filière travaillent dans la production.

La transformation emploie 2 800 salariés, soit 27 % des effectifs régionaux de la filière. La diversité des cultures et des modes de transformation propres à chaque type de production (produits séchés, surgelés, appertisés, cuits), conjuguée au poids de la filière frais, en fait le segment le moins sollicité. La Nouvelle-Aquitaine se place ainsi en cinquième position derrière les Hauts-de-France et la Bretagne, orientés vers des légumes d’hiver et pour lesquels le segment rassemble plus de la moitié de l’emploi de la filière.

Au sein de la transformation, la valorisation industrielle des fruits en purée, compote, confiture regroupe 47 % des effectifs du segment, un peu plus que l’industrie du légume (44 %) alimentée par des productions de plein champ (maïs doux, haricots verts notamment). Moins présents, les secteurs de la préparation de jus de fruits et légumes emploient 9 % des salariés de l’industrie régionale.

Dernier maillon de cette chaîne, mais deuxième en emplois avec 3 300 salariés répartis dans 9 % des établissements de la filière, le commerce de gros comprend, d’une part, des entités émanant de producteurs, alliant commerce et logistique, d’autre part, des grossistes fortement implantés en Gironde (Groupe Pomona ou Groupe Le Saint). La région se place ainsi en quatrième position sur ce segment au niveau national, loin derrière l’Île-de-France et son marché d’intérêt national (MIN de Rungis).

Une faible concentration productive due à la diversité des productions

La région compte un seul établissement de plus de 250 salariés exerçant dans le commerce de gros (Coopérative fruitière du Limousin) et deux sites au-delà de 200 salariés dans la production (Renaud&fils, Castang). Dans la transformation, les unités industrielles sont plus petites, à l’inverse d’autres régions dont les effectifs sont concentrés sur un ou deux types de productions, favorisant les grandes structures. De fait, la concentration productive néo-aquitaine est l’une des plus faibles, les quatre premiers établissements ne rassemblant que 19 % des salariés contre 27 % en moyenne dans les autres régions.

Les unités de moins de 10 salariés concentrent plus du quart de l’emploi et la majorité des établissements. Celles de taille moyenne rassemblent 4 % des établissements pour le tiers de l’emploi. Les 38 établissements de plus de 50 salariés totalisent 4000 personnes, soit 38 % de l’ensemble de la filière.

La moitié des salariés de la filière travaillent dans une entreprise locale indépendante (ex : Lucien Georgelin, Coopérative fruitière du Limousin), un quart au sein de groupes néo-aquitains (tels Renaud&fils, Castang ou Valade). Les groupes français, dont le siège est implanté hors de la région, rassemblent 1 700 salariés et sont très présents au sein de la transformation et du commerce de gros (Bonduelle, Pomona...). Enfin, les groupes étrangers emploient 5 % du salariat de la filière, un tiers dans la transformation de fruits et deux tiers dans la conserve de légumes (Géant Vert, Dalfour).

À chaque territoire, ses productions, ses filières et ses acteurs

L’emploi dans la filière se regroupe à proximité des zones de production de la région. Ainsi, quatre départements concentrent les deux tiers des salariés (figure 3) : le Lot-et-Garonne, la Dordogne, la Corrèze et les Landes.

Figure 3L’emploi à proximité des zones de productionEffectif salarié de la filière fruits et légumes, par segment, et poids de la filière par zone d’emploi en 2015

L’emploi à proximité des zones de production
Zone d’emploi Zone d’emploi régionale Effectif salarié de la zone Effectif salarié de la filière de la zone Poids de la filière dans l’effectif salarié de la zone (en %) Effectif dans la production de la zone Effectif dans la transformation de la zone Effectif dans le commerce de gros de la zone
0050 750050 41 839 270 0,6 31 223 16
0057 750057 43 017 1 126 2,6 149 465 512
5401 755401 17 769 407 2,3 243 141 23
5402 755402 24 241 29 0,1 29 0 0
5403 755403 82 319 163 0,2 73 0 90
5404 755404 16 312 166 1,0 72 0 94
5405 755405 26 395 34 0,1 34 0
5406 755406 34 474 402 1,2 360 0 42
5407 755407 20 182 62 0,3 51 11
5408 755408 26 752 108 0,4 38 3 67
5409 755409 79 701 122 0,2 55 4 63
5410 755410 80 723 139 0,2 74 0 65
5411 755411 8 962 21 0,2 13 0 8
5412 755412 22 005 122 0,6 74 25 23
5413 755413 113 625 177 0,2 93 21 63
7201 757201 28 364 729 2,6 418 170 141
7202 757202 68 679 462 0,7 273 11 178
7203 757203 12 695 104 0,8 42 11 51
7204 757204 476 880 760 0,2 195 102 463
7205 757205 34 927 21 0,1 20 0 1
7206 757206 13 110 6 0,0 3 0 3
7207 757207 33 602 266 0,8 186 35 45
7208 757208 48 151 482 1,0 106 233 143
7209 757209 50 618 1 161 2,3 481 212 468
7210 757210 22 774 986 4,3 326 444 216
7211 757211 23 263 1 235 5,3 506 536 193
7212 757212 102 246 253 0,2 66 100 87
7213 757213 11 949 0 0,0 0
7214 757214 111 220 289 0,3 115 17 157
7401 757401 22 021 19 0,1 3 0 16
7402 757402 9 501 3 0,0 0 0 3
7403 757403 30 727 109 0,4 97 12 0
7404 757404 118 802 210 0,2 92 7 111
  • Source : Insee, Clap 2015

Figure 3L’emploi à proximité des zones de productionEffectif salarié de la filière fruits et légumes, par segment, et poids de la filière par zone d’emploi en 2015

  • Source : Insee, Clap 2015

La production, avec des exploitations agricoles généralement petites et peu concentrées, présente un maillage relativement dense du territoire. Plus de la moitié des exploitations et de l’emploi salarié correspondant sont localisés en Lot-et-Garonne et en Dordogne. La Charente-Maritime, avec la présence de melonniers, rassemble 7 % des entreprises et 13 % de la main-d’oeuvre régionale.

Présentes sur l’ensemble du territoire de Nouvelle-Aquitaine, les entreprises d’aval sont souvent implantées au cœur des bassins de production, en raison de la nécessaire proximité avec les lieux de récolte (périssabilité et fragilité des produits, cahier des charges).

Dans la transformation, le Lot-et-Garonne absorbe 43 % des unités et de l’emploi. Les Landes, par la présence de grands groupes (Bonduelle et Géant Vert), totalisent 20 % des salariés du segment. En Corrèze, le salariat œuvre surtout chez des confituriers (grands groupes Valade et Delvert).

Enfin, s’agissant du commerce de gros, quatre départements regroupent les deux tiers des unités et du salariat. Le Lot-et-Garonne est toujours en tête (25 % des salariés), suivi de la Corrèze (16 %) qui se concentre autour de productions locales (pomme et noix) avec des groupes importants à l’image du GIE PERLIM. La Gironde compte plutôt des grossistes qui sont des expéditeurs tandis qu’en Dordogne, le commerce de gros est davantage réalisé par des entités juridiques distinctes des unités de production : par exemple, la Scica Castang commercialise les fruits que l’entreprise Domaine de Castang produit.

Le Lot-et-Garonne, un tiers de l’emploi régional

En Lot-et-Garonne, avec 3 300 salariés, la filière pèse 3,5 % de l’emploi départemental du secteur marchand, soit six fois plus que dans le reste de la Nouvelle-Aquitaine. Le département regroupe un tiers des salariés de la filière régionale avec de très nombreux producteurs et d’importants établissements dans la transformation (Sud’n’Sol, Lucien Georgelin, Dalfour) et le commerce de gros (Les Trois Domaines, GIE Rouquette, Unicoque).

Le Lot-et-Garonne fait partie des quatre premiers départements français en matière de valeur de production de fruits et légumes avec le Nord, les Bouches-du-Rhône et la Somme. La filière fruits et légumes contribue pour près de la moitié de la production agricole lot-et-garonnaise et 40 % de la valeur de la filière régionale.

Trois quarts d’ouvriers

En Nouvelle-Aquitaine, plus de trois salariés de la filière sur quatre sont des ouvriers contre 67 % au niveau national. Ils sont majoritaires dans tous les segments, mais se concentrent dans la production (53 %) où ils représentent plus de 9 salariés sur 10. Seuls 14 % des ouvriers de la filière occupent un poste qualifié, cette faible proportion étant en lien avec la part importante d’ouvriers agricoles. À l’inverse, la région est l’une de celles qui comptent le moins de professions intermédiaires, cadres et assimilés dans la filière (14 % contre 20 % au niveau national), particulièrement dans la transformation et le commerce de gros. Ce déficit est lié à la taille des établissements : plus petits qu’au niveau national, ils disposent de moins de personnels d’encadrement. Les employés, quant à eux, représentent 13 % des salariés de la filière, dont 7 sur 10 dans le commerce de gros.

La moitié des salariés ont moins de 40 ans, l’âge moyen de la filière étant de 39,2 ans, plus jeune qu’en moyenne dans l’économie régionale. Les 30 ans et moins sont même plus nombreux que les plus de 50 ans et répondent à la demande de métiers physiques à forte pénibilité dans la production. La part des femmes dans la filière est plus importante dans la région qu’au niveau national (39 % contre 36,5 %), et plus élevée dans la transformation et le commerce de gros que dans la production.

Avec de faibles rémunérations

Le salaire brut annuel moyen de la filière s’élève à 27 300 € en 2015, un niveau nettement inférieur à celui mesuré dans l’ensemble de l’économie néo-aquitaine (32 400 €). La forte présence d’ouvriers non qualifiés, de jeunes et le poids du segment de la production font que les néo -aquitains de la filière gagnent 2 100 € de moins que leurs homologues des autres régions de province. Cet écart est plus marqué dans les segments de la transformation et du commerce de gros, en raison de la moindre présence de cadres et de professions intermédiaires. Si les hommes sont mieux payés que les femmes dans l’ensemble de la filière (10,8 € contre 9,8 € net de l’heure), l’égalité salariale est quasi atteinte dans le segment de la production.

3 000 non-salariés, en majorité des chefs d’exploitations agricoles

Près de 3 000 non-salariés complètent l’emploi dans la filière fruits et légumes en Nouvelle-Aquitaine en 2015 ; ils représentent 1 % de l’ensemble des non-salariés néo-aquitains. La région regroupe 14 % des non-salariés de la filière. Neuf sur dix sont présents dans le segment de la production avec une répartition équilibrée entre culture de légumes et culture de fruits. Exerçant au cœur des zones de production, plus de la moitié d’entre eux se concentrent dans quatre départements. Ils sont plus âgés que les salariés permanents, mais plus jeunes que leurs homologues des autres filières agricoles. La moitié des non-salariés ont moins de 50 ans, 10 % ont plus de 60 ans. Si la part des femmes est inférieure à celle observée chez les salariés, elle se rapproche de celle des salariées de la production.

De nombreux travailleurs occasionnels

En production de fruits et légumes, les pics d’activité entraînent des besoins en main-d’œuvre irréguliers. La moitié des exploitations fruitières ou maraîchères ont recours à une main-d’œuvre saisonnière ou occasionnelle. Selon les données de la MSA, en 2015, ces exploitations ont souscrit 40 000 contrats occasionnels (moins de trois mois travaillés dans l’année), pour 5,5 millions d’heures travaillées. La masse salariale s’élève à 62,8 millions d’euros, soit 20 % des 319 millions enregistrés par la MSA pour le secteur des cultures spécialisées.

Pour comprendre

Le périmètre de la filière fruits et légumes retenu dans cette étude intègre toutes les activités qui, d’amont en aval, valorisent les fruits et les légumes, dans une logique de production. Les activités de commerce de détail, relevant davantage d’une logique de consommation, sont exclues, comme celles induites telles l’entretien, la restauration, ou génériques telles la formation, la coopération, etc. Le périmètre « conventionnel » de la filière fruits et légumes est défini à partir d’une liste de codes d’activités de la nomenclature d’activités française. Ces activités sont réparties selon leur degré d’implication dans la filière :

  • les activités du « cœur de la filière », totalement tournées vers la filière (production de fruits et légumes, transformation et conservation de fruits et légumes, préparation de jus de fruits et légumes, commerce de gros de fruits et légumes). Tous les établissements de ces activités appartiennent à la filière ;
  • les activités « partielles », dont une partie seulement concourent à la production de la filière (intrants agricoles, machines agricoles et industrielles, conditionnement, stockage, entreposage, transport, organismes professionnels). Pour les établissements de ces activités, il est souvent impossible de déterminer la part de leur activité spécifiquement dévolue à la filière.

Par conséquent, cette étude se concentre uniquement sur les activités de cœur de filière. Les activités de culture de la vigne, et celles liées à la filière viti-vinicole, ont été exclues du périmètre de l’étude (cf. Insee Analyses « Bordeaux-Aquitaine et Charentes-Cognac, piliers de la filière viti-vinicole »).

De même, certains établissements tels Blédina, Marie surgelés, etc., transformant des fruits et légumes, enregistrés dans d’autres secteurs d’activité principale, ne sont pas comptabilisés dans cette étude.

Pour en savoir plus

Lafargue I, Balan S, Bonotaux J ; « Ouvrir dans un nouvel ongletFilière arboriculture fruitière » Agreste Nouvelle- Aquitaine, Septembre 2017

Léger F, Bertrand Ph ; « Les exploitants agricoles de la vallée du Rhône au cœur de la filière fruits », Insee Analyses Rhône-Alpes n° 38, septembre 2015

Bonotaux J , Lampin D ,Régnier V ; « Bordeaux-Aquitaine et Charentes-Cognac, piliers de la filière viti-vinicole », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 55, avril 2018