Les investissements pour protéger l'environnement diminuent nettement en 2016
En 2016, les établissements industriels de 20 salariés ou plus ont consacré 1,4 milliard d’euros à des investissements ou des études pour protéger l’environnement, soit 13 % de moins qu'en 2015. Quatre secteurs réalisent 69 % des dépenses : l’énergie, la chimie, les industries agroalimentaires et la métallurgie. 40 % des montants investis visent à protéger l'air ou le climat. Outre ces investissements, 2,9 milliards d’euros de dépenses courantes sont destinées à la protection de l’environnement.
- Les investissements reculent et les dépenses d’études augmentent
- Les secteurs à plus fort risque pour l’environnement dépensent le plus
- 40 % des investissements visent à protéger l’air ou le climat
- D’abord pour traiter ou éliminer les pollutions, ensuite pour les prévenir
- 2,9 milliards de dépenses courantes pour protéger l’environnement
Les investissements reculent et les dépenses d’études augmentent
En 2016, 38 % des établissements industriels employant 20 salariés ou plus ont réalisé des investissements ou des études pour protéger l’environnement. Ils y ont consacré 1,4 milliard d’euros (– 13 % par rapport à 2015). Ces dépenses sont plus fréquentes dans les grands établissements : 86 % des établissements de 500 salariés ou plus ont engagé des dépenses antipollution contre 25 % des établissements de 20 à 49 salariés. Si ces derniers représentent 56 % des établissements de 20 salariés ou plus, ils réalisent 12 % des dépenses.
Les investissements constituent l’essentiel des dépenses (80 %, soit 1,1 milliard d'euros) (figure 1). Ils ont nettement diminué en 2016 (– 17 % après – 2 % en 2015 et – 3 % en 2014). Les montants consacrés aux études ont pour leur part augmenté de 5 % par rapport à 2015.
tableauFigure 1 - Évolution des investissements et des études antipollution
Année | Investissements antipollution | Investissements antipollution (à partir de 2012) | Études antipollution | Études antipollution (à partir de 2012) |
---|---|---|---|---|
2000 | 1,380 | 0,168 | ||
2001 | 1,469 | 0,212 | ||
2002 | 1,331 | 0,331 | ||
2003 | 1,311 | 0,345 | ||
2004 | 1,276 | 0,42 | ||
2005 | 1,456 | 0,311 | ||
2006 | 1,498 | 0,32 | ||
2007 | 1,447 | 0,287 | ||
2008 | 1,531 | 0,292 | ||
2009 | 1,422 | 0,361 | ||
2010 | 1,285 | 0,315 | ||
2011 | 1,232 | 0,359 | ||
2012 | 1,351 | 1,401 | 0,354 | 0,319 |
2013 | 1,399 | 0,269 | ||
2014 | 1,360 | 0,2655 | ||
2015 | 1,337 | 0,2666 | ||
2016 | 1,111 | 0,279 |
- Note : rupture de série en 2012, changement de champ.
- Champ :
- - à partir de 2012 : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus ;
- - avant 2012 : France, industries extractive (hors extractions de houille et d'hydrocarbures) et manufacturière (hors artisanat commercial), établissements de 20 salariés ou plus.
- Sources : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).
graphiqueFigure 1 - Évolution des investissements et des études antipollution
Les secteurs à plus fort risque pour l’environnement dépensent le plus
Les sommes destinées aux investissements et aux études sont naturellement plus élevées pour les activités susceptibles d’avoir des impacts importants sur l’environnement. Ainsi, quatre secteurs concentrent 69 % des dépenses engagées (figure 2) : l’énergie (397 millions d'euros), la chimie (219 millions d'euros), les industries agroalimentaires (206 millions d'euros) ainsi que la métallurgie et les produits métalliques (133 millions d'euros).
tableauFigure 2 - Les dépenses de l'industrie en faveur de l'environnement en 2016 par secteur
Investissements | Études | Total investissements et études | Dépenses courantes | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Spécifiques* | Intégrés* | Total | En vue d'un investissement | Autres études | Total | |||
Production et distribution d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné | 212 | 45 | 258 | 22 | 118 | 140 | 397 | 496 |
Industrie chimique | 154 | 31 | 185 | 26 | 8 | 34 | 219 | 464 |
Industries agroalimentaires | 158 | 27 | 184 | 14 | 8 | 22 | 206 | 554 |
Métallurgie et produits métalliques | 90 | 19 | 109 | 15 | 10 | 25 | 133 | 327 |
Industrie des produits minéraux | 49 | 10 | 59 | 3 | 3 | 6 | 65 | 100 |
Bois et papier | 36 | 9 | 45 | 5 | 1 | 6 | 52 | 137 |
Production de combustibles et de carburants | 38 | 1 | 39 | 2 | 1 | 3 | 42 | 49 |
Autres industries | 183 | 49 | 232 | 28 | 17 | 44 | 276 | 783 |
Ensemble | 919 | 192 | 1 111 | 115 | 165 | 279 | 1 391 | 2 909 |
- * Investissements spécifiques ; Investissements intégrés.
- Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
- Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).
Par rapport à 2015, deux secteurs, la métallurgie et dans une moindre mesure les industries agroalimentaires, ont réduit leurs « investissements spécifiques », c’est-à-dire l’achat de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement. Ce repli pourrait en partie s’expliquer par la fin de cycles d’investissement antipollution dans certaines grandes entreprises, dans un contexte de législation environnementale inchangée.
À lui seul, le secteur de l’énergie finance la moitié des dépenses d’études réalisées dans les établissements industriels pour protéger l’environnement.
40 % des investissements visent à protéger l’air ou le climat
En 2016, 40 % des investissements antipollution visent à éviter ou à limiter les effets de l’activité sur la qualité de l’air (288 millions d'euros) ou sur l’équilibre du climat via les émissions de gaz à effet de serre (159 millions d'euros) (figure 3). Pour mémoire, dans le cadre de la loi de transition énergétique de 2015, l’État français s'est fixé l'objectif de diminuer de 40 % les émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici à 2030, par rapport au niveau de 1990, au-delà de l’orientation européenne fixée à – 20 % d’ici 2020. Les autres dépenses importantes concernent les eaux usées (197 millions d'euros), les déchets (145 millions d'euros) et les sols (123 millions d'euros).
tableauFigure 3 - Investissements antipollution par domaine en 2016
Domaine | 2016 |
---|---|
Protection de l'air | 288 |
Eaux usées | 197 |
Limitation des gaz à effet de serre | 159 |
Déchets, hors radioactifs | 145 |
Sols, eaux souterraines et de surface | 123 |
Sites, paysages et biodiversité | 117 |
Bruit et vibrations | 18 |
Autres | 65 |
- Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
- Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).
graphiqueFigure 3 - Investissements antipollution par domaine en 2016
Les investissements antipollution sont de deux types : les « investissements spécifiques » représentent 83 % des montants investis en 2016, loin devant les « investissements intégrés » (17 %). Ces derniers correspondent aux surcoûts liés à l’intégration dans l’outil de production de produits ou procédés moins polluants que ceux disponibles de manière standard sur le marché.
D’abord pour traiter ou éliminer les pollutions, ensuite pour les prévenir
En 2016, 46 % des investissements spécifiques sont destinés au prétraitement, au traitement ou à l’élimination de la pollution : ils permettent aux établissements de réduire l’impact négatif de leur activité sur l’environnement (figure 4). Par ailleurs, 40 % des dépenses ont pour objet la prévention des pollutions, ce qui traduit une volonté des établissements d’agir en amont du processus de production.
tableauFigure 4 - Investissements spécifiques* pour protéger l'environnement par nature en 2016
Nature | 2016 |
---|---|
Prétraitement, traitement et élimination de la pollution | 424 |
Prévention des pollutions | 371 |
Recyclage, tri, valorisation | 95 |
Mesure et contrôle | 29 |
- * Achats de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement.
- Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
- Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).
graphiqueFigure 4 - Investissements spécifiques* pour protéger l'environnement par nature en 2016
2,9 milliards de dépenses courantes pour protéger l’environnement
En 2016, les dépenses courantes pour protéger l’environnement s’élèvent à 2,9 milliards d’euros, soit une baisse de 12 % par rapport à 2013. La moitié des dépenses courantes est affectée aux paiements de redevances, de cotisations et de taxes, 61 % de ces paiements étant liés à la récupération et au traitement des déchets (figure 5). Par ailleurs, 21 % des dépenses courantes contribuent au fonctionnement des équipements entièrement dédiés à l’environnement. 15 % correspondent à des achats de services et des frais internes consacrés au management environnemental (certifications aux normes Iso, bilan environnemental, frais de personnel ayant une activité en rapport avec l'environnement...). Enfin, 10 % concernent d’autres dépenses : primes d'assurance versées contre les risques de pollution, achats de produits destinés à la protection de l'environnement autres que ceux nécessaires au fonctionnement des équipements spécifiques.
tableauFigure 5 - Dépenses courantes antipollution par nature en 2016
Nature des dépenses | 2016 |
---|---|
Fonctionnement des équipements entièrement dédiés à l’environnement | 21,5 |
Paiements de diverses redevances, cotisations et taxes | 53,7 |
Management environnemental | 15,3 |
Autres dépenses | 9,5 |
- Champ : France, industries extractive et manufacturière (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
- Source : Insee, enquête sur les investissements pour protéger l'environnement (Antipol).
graphiqueFigure 5 - Dépenses courantes antipollution par nature en 2016
Sources
Les données sont issues de l'enquête sur les investissements pour protéger l’environnement (Antipol). Celle-ci porte sur les investissements dans des matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement, ainsi que dans des achats d’équipements de production plus performants en matière environnementale. Les investissements de renouvellement des équipements qui ne sont pas dédiés à lutter contre la pollution, mais qui bénéficient de technologies plus propres réduisant les nuisances environnementales, ne font pas partie du champ de l’enquête. L'enquête couvre les établissements de 20 salariés ou plus, implantés en France, appartenant aux secteurs des industries extractive, manufacturière et de la production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné (divisions 05 à 35 de la NAF rév. 2). L’échantillon est composé de 11 000 établissements ; le taux de sondage est de 50 %.
En 2016 et en 2013, l'enquête permet de mesurer les dépenses courantes en faveur de l'environnement.
Définitions
Investissements spécifiques : ils correspondent aux achats de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement.
Investissements intégrés : ils correspondent aux surcoûts liés à l’intégration dans l’outil de production de produits ou procédés moins polluants que ceux disponibles de manière standard sur le marché.
Dépenses courantes : il peut s’agir de
- paiements de taxes, cotisations et redevances ;
- dépenses de fonctionnement des équipements entièrement dédiés à la protection de l’environnement ;
- management environnemental ;
- autres dépenses courantes.
Elles doivent être distinguées des investissements et des études en faveur de l'environnement.
Pour en savoir plus
« Les études et investissements dans l'industrie pour protéger l'environnement en 2015 », Insee Résultats, février 2018.
Micollet M., « Les investissements pour protéger l’environnement continuent de fléchir en 2015 », Insee Focus n° 94, septembre 2017.