La Métropole Européenne de Lille : une plus difficile insertion des jeunes sur le marché du travail Les jeunes de la Métropole européenne de Lille
En 2012, près de 104 600 jeunes résidant sur la MEL sont en emploi. Contrairement à la plupart des autres métropoles de province, la part des jeunes non insérés, c'est-à-dire ayant terminé leurs études mais n'occupant pas un emploi, est légèrement supérieure à celle de la MEL. Leur plus faible niveau de diplôme explique en grande partie ces difficultés d'insertion. Parmi ceux en emploi, près de la moitié occupe un métier dans le domaine de la gestion, de la santé et de l'action sociale, de la distribution ou des services de proximité. Près de 14 000 jeunes en emploi et résidant sur la MEL sortent quotidiennement de l'agglomération lilloise pour aller travailler. À l'inverse, près de 23 000 jeunes viennent y travailler, soit deux jeunes en emploi sur cinq. Ces derniers occupent plus souvent un emploi dans les métiers de la gestion, alors que ceux qui sortent travaillent davantage dans les secteurs de la santé, l'action sociale et l'éducation.
Cette étude fait partie d'une série de publications sur Les jeunes de la Métropole européenne de Lille.
Les métropoles constituent des espaces de concentration de l'emploi, y compris pour les plus jeunes actifs. Toutefois, la situation apparaît très variable d'une métropole à l'autre, tant en termes d'insertion sur le marché du travail, de polarisation ou de spécificités des métiers exercés.
Davantage de jeunes non insérés sur la MEL
Parmi les 263 000 jeunes de 15-29 ans résidant sur la Métropole Européenne de Lille (MEL) en 2012, 39,8 % sont en emploi contre 41,5 % pour l'ensemble des métropoles de province (figure 1). Les jeunes non insérés, c'est-à-dire ayant terminé leurs études mais n'occupant pas un emploi, sont surreprésentés : 19,5 % contre 17,4 % pour l'ensemble des métropoles. La situation apparaît plus favorable sur les métropoles de Lyon et de Toulouse, proches en nombre d'habitants mais présentant des profils démographiques différents : la part des 15-29 ans non insérés y atteint respectivement 16,2 % et 15,5 %. Sur celle d'Aix-Marseille, la configuration est similaire à celle de la MEL. Cette plus forte prégnance du chômage et de l'inactivité chez les 15-29 ans s'explique en partie par un moindre niveau de diplôme. Ainsi, 21,5 % des jeunes de la MEL sont peu ou pas diplômés, contre 13,3 % par exemple pour la métropole toulousaine. Or, le diplôme continue de protéger contre le chômage : 35 % des chômeurs de 15-29 ans de la MEL ont un diplôme inférieur ou égal au brevet contre seulement 12 % de ceux qui sont en emploi. À l'inverse, la moitié des jeunes en emploi sont titulaires d'un diplôme supérieur au baccalauréat contre seulement 20 % des chômeurs. Ces difficultés d'insertion sont encore plus marquées dans les territoires situés à proximité de la métropole lilloise (définitions).
tableauFigure 1 – Davantage de non insérés sur la MELRépartition de la population résidente âgée de 15 à 29 ans par type d'activité en 2012
Territoire | Actifs en emploi | Non insérés | Scolarisés |
---|---|---|---|
(en %) | |||
Lille | 39,8 | 19,5 | 40,7 |
Métropoles de province | 41,5 | 17,4 | 41,1 |
Toulouse | 43,9 | 15,5 | 40,6 |
Lyon | 44,9 | 16,2 | 38,9 |
Marseille-Aix | 38,2 | 20,8 | 41,0 |
- Source : Insee, recensement de la population 2012.
graphiqueFigure 1 – Davantage de non insérés sur la MELRépartition de la population résidente âgée de 15 à 29 ans par type d'activité en 2012
Sur la MEL, comme sur les autres métropoles, la part des jeunes en emploi croît fortement avec l'âge. Ainsi, seulement 3,9 % des 15-17 ans (essentiellement en études) sont en emploi contre 71,8 % des 26-29 ans. Toutefois, quelle que soit la tranche d'âge, le constat est le même : les jeunes de la MEL sont plus rarement en emploi que dans la plupart des autres métropoles. Ainsi, 71,8 % des 26-29 ans sont en emploi sur la MEL contre 73,1 % pour l'ensemble des métropoles de province, cette proportion s'élevant même à plus de 75 % à Toulouse et Lyon.
Des métiers principalement liés à la gestion, la santé, la distribution et les services de proximité
En 2012, près de 104 600 jeunes résidant sur la MEL ont un emploi. La moitié d'entre eux (figure 2) occupe un métier dans les domaines de la gestion (professions de la banque et de l'assurance, techniciens des services comptables et financiers, etc.), de la santé et de l'action sociale (médecins, pharmaciens, assistants de service social, etc.), de la distribution (personnels du commerce de l'alimentation, du tabac et de la presse, boulangers, pâtissiers, etc.) ou des services de proximité (personnels de l'hôtellerie et de la restauration, aides à domicile, etc.). Ils sont toutefois un peu moins présents dans la logistique (conducteurs routiers, livreurs, taxis, ambulanciers, etc.) et la fabrication (ingénieurs de l'industrie, ouvriers qualifiés et non qualifiés, artisans en mécanique générale, etc.).
tableauFigure 2 – Des métiers davantage orientés vers la gestion, la santé et la logistiqueRépartition des actifs en emploi résidents âgés de 15 à 29 ans pour la MEL et l'ensemble des métropoles de province
Territoire | Lille | Métropoles de province | Lyon | Aix-Marseille | Toulouse |
---|---|---|---|---|---|
(en %) | |||||
Gestion | 14,7 | 13,0 | 15,1 | 13,2 | 11,5 |
Santé-action sociale | 13,7 | 11,7 | 10,3 | 11,7 | 11,3 |
Distribution | 11,9 | 11,7 | 10,9 | 11,9 | 11,1 |
Services de proximité | 10,2 | 11,3 | 10,8 | 12,2 | 10,6 |
Logistique | 7,8 | 6,6 | 6,8 | 7,5 | 5,6 |
Fabrication | 6,5 | 6,3 | 6,4 | 5,8 | 7,4 |
Entretien-~réparation | 5,4 | 6,2 | 5,3 | 7,0 | 5,8 |
Administrations publiques | 5,2 | 5,7 | 4,9 | 6,0 | 4,6 |
Prestations intellectuelles | 5,0 | 5,4 | 6,5 | 4,6 | 6,7 |
BTP | 5,0 | 6,0 | 5,0 | 6,5 | 4,8 |
Éducation-formation | 4,1 | 3,9 | 3,9 | 3,4 | 3,9 |
Commerce inter-entreprises | 3,8 | 3,9 | 4,7 | 3,5 | 3,8 |
Conception-recherche | 3,4 | 5,1 | 5,7 | 3,5 | 9,9 |
Culture-loisirs | 2,8 | 2,8 | 3,4 | 2,6 | 2,9 |
Agriculture | 0,4 | 0,4 | 0,2 | 0,5 | 0,2 |
- Source : Insee, recensement de la population 2012.
graphiqueFigure 2 – Des métiers davantage orientés vers la gestion, la santé et la logistiqueRépartition des actifs en emploi résidents âgés de 15 à 29 ans pour la MEL et l'ensemble des métropoles de province
Comparé aux autres métropoles de province, les jeunes en emploi de la MEL exercent des métiers davantage orientés vers la santé et l'action sociale. Ces activités concernent 13,7 % des 15-29 ans, soit 2 points de plus par rapport à l'ensemble des métropoles de province. Ils sont également un peu plus présents dans les fonctions transversales (définitions) où ils sont 7,8 % à occuper un poste (1,2 point de plus). À l'inverse, ils travaillent moins souvent dans certaines activités présentielles comme les services de proximité, et dans les fonctions productives, notamment dans le BTP. Ils restent par contre surreprésentés dans certaines fonctions métropolitaines comme la gestion (14,7 % exercent un métier dans ce domaine, soit 1,8 point de plus), mais sous-représentés dans les métiers de la conception-recherche (3,4 % travaillent dans ce domaine contre 5,1 % pour l'ensemble des métropoles de province).
Ces spécificités locales tiennent en partie à la nature du tissu productif. Les jeunes de la MEL se répartissent dans les différents métiers de manière légèrement différente de l'ensemble des actifs. Ils occupent plus fréquemment des métiers dans la distribution (4,4 points de plus par rapport à l'ensemble des actifs résidant sur la MEL) et la santé et l'action sociale (2,8 points de plus). À l'opposé, ils sont moins présents dans les métiers de l'administration publique (3,6 points de moins) ou de l'éducation-formation (2 points de moins).
Un flux excédentaire de 13 200 jeunes navetteurs
Un peu plus d'un jeune sur dix en emploi et résidant sur la MEL, soit 13 700 personnes, quittent chaque jour la métropole lilloise pour aller travailler. Près de 3 300 d'entre eux se déplacent à l'étranger, essentiellement en Belgique. Les trois quarts des 10 400 restant travaillent dans les territoires situés à proximité de la MEL. D'une manière générale, le taux de sortie des jeunes du territoire est plus faible dans la MEL : 10 % contre 13 % dans l'ensemble des métropoles de province. Cette relative faiblesse du taux de sortie concerne les flux aussi bien vers l'environnement proche que vers les territoires les plus éloignés.
Dans l'autre sens, 23 600 jeunes travaillent sur la MEL sans y résider, soit près d'un jeune en emploi sur cinq. Ces entrées se font à 90 % en provenance des territoires environnants. Comparé aux métropoles de province, le taux d'entrée des jeunes en emploi sur la MEL est un peu plus faible : 20,6 % contre 21,4 %. Si le taux d'entrée en provenance de l'environnement proche est analogue, les navettes de plus longue distance restent moins fréquentes : 1,9 % contre 3 %. Il s'agit du plus faible taux des 13 métropoles de province.
Principal moteur économique de la région, la MEL concentre une grande part des emplois dans la région : le solde des entrées-sorties via les navettes domicile-travail est de ce fait positif. L'excédent atteint ainsi près de 13 200 jeunes (hors flux avec l'étranger), soit 12,6 % des jeunes actifs en emploi résidant sur la MEL, une proportion supérieure de 2,4 points à l'ensemble des métropoles de province. Cette proportion est plus faible dans les métropoles de Toulouse, Lyon et surtout d'Aix-Marseille.
Un profil de métiers différent pour les navetteurs entrants et sortants
Au-delà de cette différence de volume entre entrées et sorties, les jeunes venant travailler sur la métropole n'occupent pas les mêmes métiers que ceux qui partent travailler à l'extérieur (figure 3). Ainsi, ceux qui viennent travailler sur la MEL occupent plus souvent des métiers dans la gestion et, dans une moindre mesure, dans la distribution, le BTP ou les services de proximité. À l'inverse, les jeunes actifs sortants occupent plus souvent des emplois liés à la santé et l'action sociale de même qu'à l'éducation et la formation. L'écart entre entrants et sortants est maximal dans les métiers de la gestion et de la santé. La gestion emploie ainsi près de 17 % des jeunes qui viennent travailler sur la MEL, contre 11 % de ceux qui font le chemin inverse. À l'opposé, les métiers de la santé représentent 16 % des jeunes actifs qui partent travailler à l'extérieur de la MEL, contre 10 % de ceux qui viennent y travailler.
tableauFigure 3 – Plus de gestion chez les entrants, davantage de fabrication chez les sortantsRépartition des navetteurs âgés de 15 à 29 ans entrants et sortants par fonction en 2012
Zone de travail | Entrées de jeunes actifs en provenance du territoire national | Sorties de jeunes actifs en provenance vers le territoire national |
---|---|---|
(en %) | ||
Gestion | 17,3 | 11,3 |
Distribution | 10,6 | 6,8 |
Santé action sociale | 10,4 | 16,3 |
Logistique | 8,7 | 6,6 |
BTP | 7,9 | 5,6 |
Services de proximité | 7,0 | 4,6 |
Fabrication | 6,7 | 7,7 |
Entretien-réparation | 6,3 | 4,9 |
Administrations publiques | 6,2 | 7,3 |
Prestations intellectuelles | 5,9 | 5,8 |
Commerce inter-entreprises | 4,8 | 5,8 |
Conception-recherche | 3,7 | 4,7 |
Éducation-formation | 2,3 | 8,3 |
Culture-loisirs | 1,7 | 3,5 |
Agriculture | 0,4 | 0,6 |
- Source : Insee, recensement de la population 2012.
graphiqueFigure 3 – Plus de gestion chez les entrants, davantage de fabrication chez les sortantsRépartition des navetteurs âgés de 15 à 29 ans entrants et sortants par fonction en 2012
Enfin, près d'un quart des sorties se font vers l'étranger. Le profil de ces jeunes actifs qui partent de la MEL pour aller travailler essentiellement en Belgique est très spécifique. Près de 29 % occupent un métier de la fabrication et 16 % de la logistique. Ce profil atypique est lié au tissu productif de la Flandre, orienté vers les activités industrielles.
En 2012, les jeunes non insérés, c'est-à-dire ayant terminé leurs études mais n'occupant pas un emploi, représentent 24,9 % des 15-29 ans résidant dans les territoires situés à proximité de la MEL. Il s'agit de la plus forte proportion observée à l'échelle des métropoles de province (figure 4). Elle est nettement plus faible dans les métropoles de Toulouse et de Lyon. Même l'environnement d'Aix-Marseille est caractérisé par une moindre part de non insérés, alors même que cette métropole est dans une position moins favorable que la MEL.
tableauFigure 4 – Un environnement nettement dégradéQuelques indicateurs relatifs aux environnements des métropoles
Territoire | Lille | Ensemble | Lyon | Toulouse | Aix-Marseille |
---|---|---|---|---|---|
(en %) | |||||
Métropole | |||||
15-29 ans en emploi | 39,8 | 41,5 | 44,9 | 43,9 | 38,2 |
15-29 ans scolarisés | 40,7 | 41,1 | 38,9 | 40,6 | 41,0 |
15-29 ans non insérés | 19,5 | 17,4 | 16,2 | 15,5 | 20,8 |
Environnement de la métropole | |||||
15-29 ans en emploi | 41,1 | 46,9 | 48,8 | 45,5 | 43,6 |
15-29 ans scolarisés | 34,0 | 33,7 | 33,8 | 36,3 | 34,4 |
15-29 ans non insérés | 24,9 | 19,4 | 17,4 | 18,1 | 22,0 |
- Source : Insee, recensement de la population 2012.
Dans ces territoires situés à proximité de la MEL, les métiers exercés par les jeunes ne sont pas les mêmes par rapport à ceux qui travaillent sur la MEL. Ils sont ainsi davantage présents dans les fonctions productives : 23 % contre 12 %. C'est notamment le cas des métiers de la fabrication qui concernent 12 % des jeunes en emploi contre 6 % seulement sur la MEL. De même, 18 % relèvent des fonctions transversales comme la logistique, contre 14 % pour la MEL. À l'inverse, les fonctions métropolitaines y sont nettement sous-représentées : elles concernent 17 % des jeunes en emploi contre 31 % sur la MEL. C'est en particulier le cas des métiers de la gestion : 9 % contre 16 % sur la MEL.
Définitions
Environnements proches des métropoles : de manière à préciser le contexte local propre à chaque métropole, un environnement avec les territoires situés à proximité a été défini pour chacune d'entre elle. Cet environnement « proche » correspond à l'ensemble des communes localisées à moins d'une heure de la ville-centre, hors celles appartenant à la métropole. Il forme ainsi un vaste espace de près de 265 000 actifs en emploi âgés de 15 à 29 ans.
Analyse fonctionnelle de l'emploi : les actifs en emploi sont répartis en 15 fonctions définies à partir de la profession exercée. Ces 15 fonctions peuvent être de nature productive (agriculture, fabrication, BTP), présentielle (administrations publiques, éducation-formation, santé et action sociale, distribution, services de proximité), transversale (logistique, entretien-réparation) ou métropolitaine (conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter-entreprises, gestion, culture-loisirs).
Pour en savoir plus
« La Métropole Européenne de Lille : un espace qui attire les jeunes des territoires situés à proximité », Insee Analyses, n° 41, Insee Hauts-de-France, janvier 2017